La CEDEAO et les crises socio-politiques dans les pays membres: cas du Liberia et de la Côte d'Ivoire( Télécharger le fichier original )par Winnie TSHILOBO MATANDA Université officielle de Bukavu - Licence en relations internationales 2011 |
§3. L'ANTAGONISME DANS LES RAPPORTS ET L'INFLUENCE GRANDISSANTE DES « RELATIONS HORIZONTALES » ENTRE ETATS-MEMBRESLes autres pièges auxquels est exposée la « Pax Ouest Africana » sont liés entre autres, à la complexité de l'environnement sous-régional. En effet, ce dernier est constitué de pays, quoique siégeant au sein d'un même organe communautaire, aux rapports divergents et parfois même antagonistes tel a été le cas de la division au sein de la Communauté concernant l'envoi des troupes au Liberia si bien que les Etats francophones reprochaient au Nigeria l'utilisation de l'ECOMOG comme un outil de sa politique étrangère et ne voulaient d'une intervention militaire au Liberia . Par conséquent, étant entendu que les Etat doivent traiter d'égal à égal, au travers des relations obligatoirement horizontales, ce sont les efforts déployés en faveur d'une sécurité commune qui sont souvent pris en otage. On assiste dès lors à la paralyse du mécanisme de gestion des conflits mis en place par l'organisation sous régionale. En tout état de cause, les résultats des actions de l'organisation en faveur de la paix ne peuvent être que mitigés si bien que l'on doute de sa capacité à édifier la paix. Cela a poussé l'A.I.P. à dire : « Les points forts et les points faibles de la CEDEAO et de l'ECOMOG sont que ces organes reflètent, en dernier ressort, les problèmes de gouvernements et d'instabilité de leurs Etats constitutifs ».133(*) Ainsi, dans presque toutes les crises, la tendance générale est à la rivalité de personnalités étatiques. Des conflits larvés opposent certains chefs d'Etat et de gouvernement qui, chacun de son côté, déclenchent un mécanisme pour les résoudre, tel par exemple la rivalité de Charles Taylor, président du Liberia et Joseph Momoh, président de la Sierra Leone. Charles Taylor voulait se venger du soutien qu'octroyait le président sierra-léonais, Joseph Momoh, à la force d'intervention régionale et qui rendait une victoire plus difficile qui s'est soldé par son soutien matériel et financier à Foday Sankoh, l'un de ses vieux compagnons qu'il a chargé de constituer début 1991, un mouvement de lutte armée, le Front Uni Révolutionnaire (RUF) en vue de déstabiliser le régime de Joseph Momoh134(*). Ces conflits atteignent leur paroxysme lorsque des soutiens - internes ou externes - sont apportés aux parties. Dans ces conditions, leur résolution devient complexe et les opérations de l'ECOMOG se révèlent également minées.135(*) * 133 Rapport A.I.P. / C.E.D.E.A.O., septembre 2001, p.14. * 134 MAHOUNON, M., op.cit., p.18 * 135 MUSILA, C., « Les facteurs d'instabilité et d'insécurité », conférence donnée lors du 4ème forum de l'Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale sur le continent africain, du 12 au 27 juin 2003. |
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