1.2. L'APPROCHE PAR COMPETENCES
L'émergence du concept de
compétence et le
développement progressif de
l'approche par compétence en
formation, constituent une
réponse à la
préoccupation d'apporter des
solutions aux problèmes et aux
limites identifiés
ci-haut dans l'approche
précédente. Une approche
pédagogique par compétences utilise les
compétences
nécessaires
dans un domaine ou une pratique comme
point de départ dans
la conception et le
développement d'une
activité.
En effet, cette approche par
compétence trouve ses origines dans
les mouvements
sociopolitiques plutôt
que dans une théorie
d'apprentissage. Son
développement dans
l'enseignement-apprentissage
menait les apprenants I
répondre aux critères
nécessaires pour s'intégrer
dans un domaine ou une pratique. Pour
bien comprendre les perspectives de
cette approche, nous
allons I cet effet, aborder
les points suivants
:
1.2.1. Notion de compétence
Des nombreux chercheurs ayant creusé
le concept de compétence s'accordent I
dire que toute compétence résulte
d'une mobilisation de ressources,
elle se met en oeuvre dans une situation bien
précise et elle est faite pour
résoudre des
situations-problèmes.
Dans cet optique,
Philippe PERRENOUD (2000) définit
la compétence comme étant une
capacité d'action
efficace face I une famille
de situation,
qu'on arrive I
maîtriser parce qu'on
dispose I la fois des connaissances
nécessaires et de la capacité
de les mobiliser I bon escient,
en temps opportun, pour
identifier et résoudre
des vrais
problèmes.
De KETELE J.M (2006)
soutient que la compétence
est un ensemble ordonné de
capacités,
activités qui
s'exercent sur des contenus
dans une catégorie donnée de
situations pour
résoudre des problèmes
posés par
celles-ci.
Ainsi, il
distingue
trois éléments
structurels de la compétence :
le contenu, la capacité et la
situation.
Nous dirons I ce propos qu' « une
compétence est un pouvoir que possède
l'apprenant et qui
lui permet de mobiliser et
d'intégrer dans un
tout cohérent des
savoirs, des savoirs-faires
et des savoirs-être en
vue de résoudre des problèmes dans des
situations de la vie ».
Dans le cadre de ce travail, une compétence
désigne la
mobilisation d'un ensemble
de ressources en vue de résoudre une
situation-problème. A
l'école, nous dirons
qu'un élève a
acquis
une compétence lorsqu'il saura quoi
faire, comment faire et pourquoi faire dans
une situation-problème.
1.2.2. De la pédagogie par objectifs I la
pédagogie par compétences
Les modèles
d'enseignement-apprentissage
nous ont conduits à l'adoption de
certaines approches
pédagogiques parmi
lesquelles, nous
sommes en face de deux : la
pédagogie par objectifs issue du
modèle Béhavioriste et
la pédagogie par compétences
issue des modèles
Béhavioriste et
Constructiviste.
Pierre MUKENDI WA MPOYI (2011) a
souligné que c'est une erreur
d'établir une correspondance entre
objectifs (opérationnels) et
compétences.
Celles-ci sont innées,
latentes, potentielles. Tandis que
les objectifs ne sont pas
innés, ils
sont décrits en
termes de comportements
observables,
extérieurs au sujet.
Ainsi, ce courant béhavioriste de
la pédagogie par objectif a
été influencé par
la notion de performance. Donc,
c'est à la performance que
l'enseignant applique les
critères d'évaluation
qu'il a défini dans
l'objectif
opérationnel.
Alors que l'approche par
compétence fait
référence à un ensemble de ressources que
le sujet peut mobiliser pour traiter une
solution avec
succès.
En effet, Diem QUYEM NGUYENI & Jean-Guy
BLAIS (2007) réclament que ces deux approches
répondent au souci de rendre efficace
l'enseignement et
l'apprentissage, en offrant
un cadre structurant pour planifier
adéquatement les
activités pédagogiques en
accord avec les buts
explicitement
identifiés de la
formation.
Elles visent donc
à expliciter les
finalités des
programmes de formation et à
structurer les
activités de
planification
pédagogique.
La pédagogie par
objectifs consistait
à découper les
apprentissages en objectifs
opérationnels à
atteindre par les
apprenants. Elle amenait à
répondre à la question «
Qu'est-ce qu'un
élève doit savoir ou doit
savoir-faire à la fin
d'une
activité donnée ?
», elle permettait aussi à
l'enseignant de
vérifier si
l'objectif de son
intervention est atteint ou
non, à travers de petites
évaluations, en cours ou à
la fin de cette
activité.
Mais, cette pédagogie
a présenté des limites dont
certains sont identifiés dans la
présente étude. Raison par
laquelle, l'approche par
compétences constitue à son
tour, une réponse pour apporter
des solutions à ces
limites, malgré
qu'elle s'appuie aussi sur
leurs avancées.
La pédagogie par
compétences met
l'accent sur la capacité de
l'apprenant
d'utiliser concrètement ce
qu'il a appris à l'école dans
des tâches et situationsnouvelles et
complexes, à l'école tout comme
dans la vie. C'est par essai
et erreur qu'il sera en mesure de comparer ce
qu'il possède déjà avec
ses nouvelles
expériences. A cela,
l'enseignant
devient un facilitateur, un
accompagnateur, qui guide cet
élève et le pousse à
utiliser son esprit
critique, à résoudre
des problèmes.
L'approche par compétence est
définitivement ancrée dans des
situations. Ces dernières
deviennent alors le point de départ
des activités
d'apprentissage.
Selon les perspectives
et les implications de
cette approche ; les savoirs doivent
être liés à des
situations
qui permettent l'apprenant
d'agir au delà de
l'école ;
c'est une vision
plus dynamique de
l'action éducative et
des processus
d'enseignement-apprentissage
; une approche conforme aux besoins
spécifiques des apprenants par
rapports aux objectifs
d'apprentissage ; un moyen
de lutte efficace contre
l'échec scolaire et le
redoublement.
1ii.1. Apport du Socioconstructivisme
A l'heure actuelle,
le
socioconstructivisme
est dans toutes les
lèvres, il provient
de deux approches : le
constructivisme et
l'approche sociale
cognitive. La théorie
socioconstructivisme repose
sur l'idée selon
laquelle,
l'acquisition de connaissances
durables est favorisée par la prise en compte du champ
social
dans laquelle, elle est
située. Elle est donc basée sur
le processus social de
l'apprentissage.
Le socioconstructivisme
souligne « les rôles que la
société a à jouer dans
le développement d'un
individu ». Selon VYGOTSKI
l'apprentissage est le
fruit d'une
interaction
sociale. Cela
signifie que
l'apprentissage
et l'acquisition des
connaissances devraient se faire dans un
cadre social et
nécessite donc l'interaction entre
différents
individus.
Philippe JONNAERT (2009) souligne qu'il y a
possibilité
d'établir dans un perspectif
socioconstructiviste, les connaissances en
situations dans un certain contexte social et
physique. Dans un perspectif
socioconstructiviste, les
compétences ne peuvent être
construites
qu'en situation.
De ce fait, le concept de
situation devient
l'élément central de
l'apprentissage car c'est en
situation que l'élève se
construit, modifie et
réfute des
connaissances.
Le constructivisme se base sur les principes
suivants :
certaines connaissances ne peuvent
pas simplement être
transmises de
l'enseignant vers
l'apprenant ;
celui-ci doit les
construire
activement,
c'est-à-dire
en faisant des
actions.
Ainsi, cela
tend à favoriser un
apprentissage autonome. Le
socioconstructivisme
accorde l'importance sur
l'aspect
motivationnel de cet
apprentissage, car la
motivation sert en
général de moteur pour le
désir de l'élève
à apprendre.
A la lumière des
thèses qui précédent,
nous
établissons une parenté entre
les idées de cette
théorie à la notion de
compétence. Cette parenté se
trouve sur les aspects
ci-après :
I le fait de s'affronter
à des tâches complexes :
l'approche par compétence redonne à
l'apprentissage sa dimension
de la transformation en profondeur du sujet ;
I l'idée
d'action, de la tâche à
résoudre : la tâche conduit à la mise en
activité des élèves et
évite la décomposition
; cela redonne de la finalité et du
sens au
savoir ;
I l'idée de
mobilisation : pour
qu'il y ait compétence,
il ne suffit pas que
l'élève possède
ces éléments,
il faut encore qu'il
soit capable de les
mobiliser.
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