Transport de voyageurs en Afrique subsaharienne : le sud Bénin doit-il se réconcilier avec le chemin de fer ?( Télécharger le fichier original )par Sebastien BRION Ecole Supérieure des Transports (Paris) - Manager Transport et Logistique 2012 |
Section 2. Viser l'interopérabilité des transportsLa redéfinition du réseau ferroviaire, comme la première pierre à l'édification d'un système logique de transport au Sud Bénin. Pour coordonner un tel ensemble, il faudrait revoir d'abord le format du réseau ferroviaire, pierre angulaire du système des transports et des déplacements au Sud Bénin. L'allongement des longueurs d'inter-stations est un levier qui permettrait au train de se spécialiser sur les trajets de moyenne distance. L'allongement des longueurs d'inter-stations est aussi un levier qui permet la réduction des coûts d'entretien liés à la gestion des bâtiments (diminution du nombre de gares, ainsi que les coûts relatifs au personnel, une diminution des coûts de maintenance du matériel roulant (systèmes de freinage moins sollicités, car moins d'arrêts) et une vitesse commerciale sensiblement améliorée. Les prérequis de l'interopérabilité dans le transport de voyageurs au Sud Bénin Puis, il ne faut pas opposer les solutions techniques entre elles, mais plutôt faire disparaitre la compétition entre les modes terrestres routiers, terrestres ferroviaires et chercher davantage la complémentarité de ces modes. En revanche, rien ne doit brider le jeu de la concurrence entre les moyens de déplacement, au sein d'un mode de transport, afin de conserver un levier permettant de faire jouer les prix, en faveur des usagers. L'interopérabilité recherchée doit s'effectuer selon au moins deux conditions : · Le redéploiement de l'offre existante autour des gares ferroviaires, · La mise en place d'une tarification intelligente. Premièrement, la restructuration de l'offre existante de transport doit se faire sous la forme d'un redéploiement en étoile autour des gares ferroviaires, concept d'organisation des transports emprunté à l'expérience issue des pays développés. Cette refonte est d'autant plus nécessaire, aussi bien pour faciliter les interrelations que la massification des flux passagers. En ce qui concerne l'aménagement des gares, celles-ci doivent être raccordées au mode terrestre routier (borne taxi bus, borne moto taxi), de telle sorte à viser un réseau plus communiquant et plus attractif. Cette connectivité avec la gare permettrait au train comme aux minibus, d'assurer une meilleure complémentation et d'optimiser la prise en charge des voyageurs.
FIGURE 24 - ORGANISATION DES FLUX AUTOUR DES GARES. Source : S. BRION, 2012 Deuxièmement, cette profonde restructuration amène au concept d'inter-modalité dans les transports collectifs, qui consiste à emprunter plusieurs modes de transport au cours d'un déplacement. Le voyageur se déplace, non plus grâce à un mode et un moyen de transport, mais sur un réseau. Ce réseau serait fiable, sûr, cohérent. Les exploitants seraient sélectionnés, selon les exigences imposées par un cadre réglementaire et institutionnel préalablement défini. L'inter-modalité nécessite une coordination sans faille entre les différents acteurs (opérateurs de transports, gestionnaires d'infrastructures) et aussi ne peut être facilitée que par la création d'une entité commerciale, une corporation ou encore un syndicat de transport. Lorsque l'interopérabilité et l'inter-modalité se rejoignent, on pense notamment à un système de tarification commun à tous les opérateurs affiliés au réseau. L'instauration d'une billetterie unique irait dans le sens d'une meilleure gestion commerciale et financière du transport de voyageurs (un ticket de transport valable pour un trajet et ce quel que soit le mode de transport emprunté) et un tel système permettrait une meilleure répartition des recettes entre exploitants et créerait des emplois (les rabatteurs de terminus se convertiraient alors en contrôleurs ou guichetiers). « La question d'une production de transport à moindre coût, pour le rendre accessible au plus grand nombre, est inévitablement posée et demeure l'un des grands chantiers d'une refonte des politiques de transport dans les villes africaines »58(*). Il convient effectivement de mettre en place des tarifs minorés et qui soient aussi déconnectés des fluctuations importantes des prix du carburant. Instaurer un cadre corporatiste et réglementaire pour prévenir la déroute Un cadre réglementaire plus stricte s'impose pour mieux encadrer le secteur du transport de voyageurs au Sud Bénin. Aussi banal soit-il, l'ancien système d'attribution des licences d'exploitation de transport doit être réformé, au profit d'un nouveau système, introduisant des conditions plus strictes d'accès à la profession de transporteur de voyageurs (prescriptions particulières d'aménagement des véhicules, règles d'exploitations et de gestion plus précises). Les anciens opérateurs auraient un certain temps pour se mettre en conformité avec les nouvelles directives. Collecter et traiter l'information. Le transport de voyageurs doit pouvoir être mesurable afin d'avoir une visibilité de son activité et ses performances, sans laquelle il est impossible de réajuster les paramètres pour son bon fonctionnement. Pilotage et organisation sont indissociablement liés. Le pilotage de l'organisation doit pouvoir s'effectuer sur les flux (flux d'informations, flux physiques, flux financiers...), afin de viser une exploitation plus rationnelle des transports. * 58 [GOD, 2002] |
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