Transport de voyageurs en Afrique subsaharienne : le sud Bénin doit-il se réconcilier avec le chemin de fer ?( Télécharger le fichier original )par Sebastien BRION Ecole Supérieure des Transports (Paris) - Manager Transport et Logistique 2012 |
PREMIERE PARTIE. LE TRANSPORT DE VOYAGEURS SUR UNE MAUVAISE VOIEBien que la structure ferroviaire existe, on s'obstine à transporter les voyageurs par la voie terrestre routière. Combinés entre eux, certains facteurs nous amènent à penser qu'au Sud Bénin, le transport de voyageurs est dans l'impasse. CHAPITRE 1. Le Sud Bénin, un espace géographique en métamorphoseSection 1. Une dynamique d'urbanisation au SudEn 2012, on peut estimer la population du Bénin à 9 millions d'habitants. Le Sud du Bénin a connu une mutation rapide, à la différence de tout le reste du pays. La concentration croissante de la population dans les milieux urbains, a surtout profité aux villes de Porto Novo (la capitale politique) et très largement à Cotonou (la capitale économique). Pour mieux comprendre cette urbanisation, il faut s'intéresser, d'abord à la géographie physique puis à l'histoire des déplacements des populations. D'abord le Bénin est un pays contrasté, avec au Nord un climat sahélien, caractérisé par une longue saison sèche avec des températures élevées, tandis que le Sud, moins hostile, présente un climat équatorial, plus favorable à l'agriculture. Puis les populations vont se fixer naturellement sur le littoral, plus propice à l'installation des hommes (climat moins difficile, facilitation des échanges commerciaux, accès aux ressources halieutiques). Ensuite, plusieurs vagues successives de migrations internes traditionnelles, provenant de l'intérieur du pays, vont peupler le plateau de Porto Novo (au Sud du pays, à l'Est de Cotonou), ayant été l'un des royaumes les plus durables de l'Afrique de l'Ouest. Mais, l'établissement des populations au Bas Bénin est principalement motivé par l'exode rural à partir du 20ème siècle, et surtout l'occupation progressive des espaces économiques et notamment agricoles (culture du palmier à huile). Après l'indépendance, il fut observé un phénomène d'output - input1(*) entre les villes, au Sud du Bénin, Cotonou faisant figure du plus grand marché pour l'emploi du pays. Les paysans ont délaissé les conditions difficiles du milieu rural du nord et du centre du pays, en quête d'un travail, de l'accès aux services et dans l'espoir de bénéficier du confort urbain. Section 2. Evolution de l'espace de référenceDes villages suburbains au Grand Cotonou. L'histoire de la formation de Cotonou commence avec « l'assemblage » urbain de deux rives. La rive droite (née des comptoirs commerciaux) et la rive gauche (issue d'un ancien village) se sont regroupées, par le fait des systèmes de quartiers périphériques, développés à partir de villages suburbains2(*). Les villes africaines s'étendent surtout sur des espaces principalement horizontaux et non verticaux. Les populations migratoires, ne pouvant toutes être installées dans les centres, se sont sédentarisées autour des villes du Sud du Bénin, ayant pour conséquence l'étalement urbain. Ces grandes aires urbaines ne vont pas sans jouer sur la mobilité des individus. Un système de faubourgs périphériques se met progressivement en place entre Cotonou et les villes secondaires, finissant par bâtir, au fil du temps, un ensemble urbain, qu'on appelle aujourd'hui communément « le Grand Cotonou ». Une agglomération formée par la réunion de plusieurs centres urbains, initialement séparés par des espaces ruraux, définit une conurbation3(*). Cette définition vaut pour expliquer la juxtaposition des aires urbaines des communes, qui composent le « Grand Cotonou ». En Septembre 2006, la conurbation du Grand Cotonou est un processus achevé, puisque le schéma directeur d'aménagement et d'urbanisme4(*) s'accorde à définir une agglomération étalée sur 1 453 kilomètres carrés, composée de cinq communes, dont Cotonou, Porto Novo, Abomey-Calavi, Semé Kpodji et Ouidah (situation du « Grand Cotonou », en annexe 1). En 2010, le Grand Cotonou avait un poids de population et une étendue géographique comparables à l'unité urbaine de Lyon. FIGURE 1 - UNITE URBAINE DE COTONOU COMPAREE A CELLES DE NANTES, MULHOUSE, LYON ET PARIS. Source : S. BRION, 2012 Du Grand Cotonou au Sud Bénin. Bien qu'il n'existe aujourd'hui aucune intégration régionale, nous identifions malgré tout, un espace de référence, dans lequel se concentre quasiment la moitié de la population du Bénin (45%), répartie sur seulement 8%5(*) de la superficie du pays. Ce territoire, que nous appellerons « Sud Bénin » remembre, à lui seul, trente communes ou circonscriptions urbaines, dont celles du Grand Cotonou. Le Sud Bénin s'étend sur environ 8 800 kilomètres carrés, soit un peu plus de la superficie de la Corse. Avec près de 4 millions d'habitants en 2011 (estimation de la population du Sud Bénin par ville en 2011, en annexe 2), le Sud Bénin devient un grand foyer de peuplement, avec une densité moyenne de 459 habitants au kilomètre carré. Les trente circonscriptions urbaines incluses dans cet espace géographique font ressortir entre elles, différents degrés de conurbation et de rurbanisation6(*), dont les processus sont très largement observables aujourd'hui. C'est à partir de cette distinction que l'on peut procéder à un découpage territorial du Sud Bénin et nommément lui désigner trois zones: le « Grand Cotonou » et ses 5 communes, « la moyenne couronne » et ses 12 communes, puis « la grande couronne » avec ses 13 communes (carte du Sud Bénin et découpage territoriale, en annexe 3). FIGURE 2 - POPULATION ET DECOUPAGE TERRITORIALE DU SUD BENIN. Source : S. BRION, 2012 * 1 [SOT, 2009] * 2 [MON, 1977] * 3 [INS] - http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=definitions/conurbation.htm * 4 Rapport diagnostic qui fait la synthèse des études existantes, des communications présentées au comité technique ad 'hoc mais également des résultats de recherches complémentaires. * 5 8 800 ÷ 114 763 * 6 Espaces en voie ou en cours d'urbanisation, constituant des zones à caractères rurales et villageoises, en phase d'absorption. |
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