Section 4. Des transports non
démocratiques
La configuration actuelle des transports Sud Béninois
révèle des inégalités en termes
d'accessibilité. L'offre de transport actuelle ne semble pas avoir pris
en compte les déplacements des populations les plus fragiles socialement
parlant. Les personnes âgées, les familles nombreuses, les
mères accompagnées d'enfants en bas âge et tous les
individus en situation de précarité ont renoncé à
effectuer leurs déplacements, du fait de l'inadaptation et du coût
des transports. Ces populations se sont donc résignées dans
l'isolement. Ce sentiment est d'autant plus renforcé par une
mobilité circonscrite aussi bien dans les quartiers qu'à
l'échelle des villes. L'absence de transport pratique et
démocratique réduit les chances d'accéder à
l'emploi, aux services et à l'éducation et entraîne des
inégalités importantes.
Section 5. Le transport de
personnes est générateur de multiples nuisances
La première des nuisances du transport motorisé
la plus perceptible, en arrivant dans le Grand Cotonou, est d'ordre
environnemental. P. Adoléhouémé, chercheur en
économie des transports pour l'Afrique Subsaharienne, rappelle les
effets non négligeables de l'activité des transports sur la
santé publique. En l'absence de statistiques fiables, ces polluants
nocifs (plomb, particules d'hydrocarbures volatiles...) sont responsables de
maladies.
Puis, la congestion du réseau routier est aussi l'une
des caractéristiques majeures de la circulation au Sud Bénin,
n'arrangeant en rien le phénomène de pollution
atmosphérique. En cause de cette pollution, l'âge avancé
moyen (de 14 à 17 ans) du parc motorisé mais aussi la forte
concentration de véhicules de faible capacité et le recours
à un carburant de mauvaise qualité.
FIGURE 15 - ACCIDENT SUR LA ROUTE A 50 KM AU NORD
DE COTONOU.
Source : Photographies S. BRION, Janvier 2012
Le Sud Bénin est aussi au tableau noir de la
sécurité routière. En 2009, 725 personnes ont
trouvé la mort sur les routes au Bénin. Mais, c'est en
agglomération que les accidents sont les plus fréquents. Leur
nombre est tel que 55%, de tous ceux enregistrés par le CNSR sur le
territoire national, concerne la ville de Cotonou à elle seule. De
nouvelles mesures commencent seulement à être prise, mais nous
sommes malheureusement encore très loin des standards des pays
occidentaux.
A compter du 1er Avril 2012, tous les motocyclistes
en circulation dans les départements de Littoral et Atlantique doivent
porter un casque. Cette mesure vient sonner comme un coup de tonnerre dans les
habitudes des Béninois et mettra certainement encore du temps à
être perçu comme un élément indispensable pour la
sécurité.
Hors agglomération, la dégradation des routes,
la vétusté des véhicules, l'imprudence de certains
conducteurs, l'insuffisance des moyens de contrôle ainsi que l'absence de
signalétique routière, sont les principaux facteurs de risque
d'accident au Sud Bénin. Les usagers comme les conducteurs sont
prêts à prendre des risques inconsidérés au
détriment de leur sécurité. En ce qui concerne les plus
grandes distances et quels que soient les axes, la route continue de tuer. Les
minibus et taxis break sont pour la plupart déséquipés de
leurs agréments de sécurité, l'habitacle ayant
été modifiés pour accueillir plus de passagers.
Aujourd'hui, la rentabilité prime sur la sécurité. Pour ne
pas être inquiétés par les contrôles routiers, les
conducteurs n'hésitent plus à acheter le silence des agents de
police et des brigades routières.
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