I.2. Production laitière et importation des produits
laitiers
Le commerce et la consommation du lait local sont
essentiellement basés sur la production bovine, comme sont
indiqués dans le tableau III.
Tableau III: Estimation de la production
laitière en litre en 2009
Province
|
Effectif bovin laitier
|
Vache en lactation
|
|
Production estimée (l)
|
|
Ville de Kigali
|
6
|
485
|
3
|
599
|
3
|
170
|
495
|
Nord
|
80
|
473
|
22
|
741
|
4
|
501
|
079
|
Sud
|
116
|
938
|
39
|
792
|
11
|
179
|
115
|
Est
|
195
|
449
|
80
|
744
|
20
|
967
|
981
|
Ouest
|
75
|
495
|
24
|
311
|
5
|
075
|
349
|
|
Source: MINAGRI, 2010
La production laitière est plus importante dans la
province de l'Est par rapport aux autres provinces du pays .Cette production
est due à un grand effectif de bovin laitier dans cette zone.
Ainsi, la production laitière locale dominante ne
permet pas de couvrir toute la demande (Tableau IV). Les besoins de
consommation en lait et produits laitiers sont couverts à hauteur de 40%
par les importations. Le lait et les produits laitiers importés
envahissent le marché Rwandais par l'intermédiaire des
importateurs que sont: l'Etat et les privés [CAPMER,
2005]. Ces produits sont revendus successivement entre
intermédiaires: les grossistes, les semi-grossistes puis les
détaillants. Il existe également des intermédiaires
supplémentaires entre les détaillants et les
particuliers. C'est le cas des cantiniers quiproposent une
restauration de proximité, notamment au petit déjeuner. Ainsi, le
lait
concentré, lait fermenté et en poudre figurent
parmi les produits laitiers de la consommation [NSIGAYEHE,
2010].
On ne peut cependant pas ignorer le fait qu'il existe
parallèlement aux importations commerciales officielles, des
importations non déclarées (marché parallèle du
lait), pour approvisionner frauduleusement le marché.
Cependant, suite aux initiatives du programme Girinka de
distribuer les vaches hautes productrices aux familles pauvres, la production
laitière est multipliée par cinq en 2008 par rapport à la
production laitière de 2000 (Figure 1), ceci a eu un impact
considérable sur l'importation du lait et des produits laitiers
[RARDA, 2009].
![](Les-performances-de-la-filiere-laitiere-periurbaine-de-la-ville-de-Kigali-Rwanda3.png)
Figure 1: Evolution de la production et
importation du lait entre 1994 et 2008. Source: RARDA, 2009
En effet, avec un taux d'accroissement annuel de 2,9%, la
population rwandaise atteindra à peu près 14 millions en l'an
2020 si le rythme se maintient. Dans ce cas, pour couvrir les besoins, les
projections des effectifs bovins et des productions seront respectivement de
505 816 têtes de bovins améliorés et 906 857 tonnes de lait
comme sont indiqués dans le tableau IV:
Tableau IV: Evolution et projection de la
production laitière par rapport à la demande nationale
Année
Population
|
Besoins (tonnes)
|
Production laitière nationale
(tonnes)
|
2008
|
9 674
|
975
|
386
|
999
|
364
|
084
|
2009
|
9 955
|
549
|
398
|
222
|
368
|
623
|
2010
|
10 244
|
260
|
409
|
770
|
379
|
642
|
2011
|
10 541
t
|
344
|
421
|
654
19
|
416
|
845
|
2012
|
10 847
|
043
|
433
|
882
|
490
|
052
|
2013
|
11 161
|
607
|
446
|
464
|
00
518
|
224
|
2014
|
11 485
|
293
|
459
|
412
|
549
00
|
312
|
2015
|
11 818
|
367
|
472
|
735
|
583
|
521
|
2016
|
12 161
|
099
|
486
|
444
|
00
621
|
078
|
2017
|
12 513
|
771
|
500
|
551
|
738
|
743
|
2018
|
12 876
|
671
|
515
|
067
|
790
|
003
|
2019
|
13 250
|
094
|
530
|
004
|
00
845
|
922
|
2020
|
13 634
|
347
|
545
|
374
|
906
|
857
|
|
Source: RARDA, 2009
Chapitre II. Objectifs et stratégies de
développement du sous secteur de l'élevage II. 1.
Objectifs
L'objectif global assigné au sous-secteur de
l'élevage est de développer et de promouvoir les productions
animales de manière durable de façon à contribuer à
la sécurité alimentaire et intégrer l'élevage dans
l'économie de marché [MINAGRI, 2009].
Les objectifs spécifiques du sous-secteur de
l'élevage sont les suivants:
> Créer les conditions propices pour l'accroissement
des productions animales; > Organiser le circuit de commercialisation des
productions animales;
> Contribuer à l'augmentation des revenus
monétaires des populations rurales;
> Contribuer à la protection de l'environnement par la
conservation et la protection des sols.
II.2. Stratégies
En fonction des avantages stratégiques des
différentes productions et espèces animales, les orientations
suivantes ont été retenues: bovins pour la production du lait,
les petits ruminants pour la production de la viande, les volailles pour la
production de la viande et des oeufs. Le fumier et autres sous-produits de
l'élevage seront exploités mais ne sont plus
considérés comme objectif premier de l'élevage mais pour
la sécurité alimentaire et l'accroissement des revenus
monétaires de l'exploitant [MINAGRI, 2009]. Pour
atteindre ces objectifs, des orientations stratégiques suivantes ont
été données en matière des productions animales:
+ Stratégies d'ordre organisationnel et
institutionnel:
· Renforcement des capacités du RARDA en vue
d'améliorer les performances du développement de la gestion du
sous-secteur;
· et l'intensification de la production par une approche
« filière » et la spécialisation régionale des
spéculations.
+ Stratégies d'ordre technique:
· amélioration des conditions zootechniques et
sanitaires du cheptel;
· amélioration génétique, et autres
mesures d'accompagnement;
· transformation et commercialisation du lait de la
viande;
· et l'amélioration du contrôle qualité
et de la collecte.
Chapitre III. Principaux systèmes des productions
animales et importance socio économique de l'élevage
bovin
Au Rwanda, la production laitière est assurée
essentiellement par les races bovines. Dans les différents bassins
laitiers, quatre types génétiques sont utilisés pour la
production laitière: Frisonnes, Jersey, Brun suisse et Ankolé
[SHEM, 2004]. La production laitière des petits
ruminants (ovins et caprins) reste très faible; elle est utilisée
essentiellement pour les besoins de consommation familiale.
Ainsi, selon le type de conduite des animaux, les niveaux
d'utilisation d'intrants, l'organisation de la commercialisation et les
objectifs de production, trois systèmes de production laitière
ont été décrits à savoir, système extensive,
semi-intensive et intensive [ADF, 2000].
III.1. Principaux systèmes des productions
animales
III.1.1. Système de production extensif ou
traditionnelle
Dans ce système, les animaux pâturent sur les
pâturages naturels ou améliorés (Figure 2). Le lait produit
est autoconsommé en priorité et les surplus sont vendus. C'est le
cas des systèmes de production laitière dans l'Est du pays
essentiellement dans la zone d'Umutara. La production laitière dans le
système extensif est caractérisée par l'absence
d'utilisation d'intrants, la dépendance vis-à-vis des facteurs
environnementaux, la faiblesse du potentiel génétique des races
utilisées et l'inorganisation de la commercialisation.
![](Les-performances-de-la-filiere-laitiere-periurbaine-de-la-ville-de-Kigali-Rwanda4.png)
Figure 2: Les races locales «Ankolé »
dans les pâturages d'Umutara
III.1.2. Système de production semi
intensif
Le système de production semi-intensif consiste en une
amélioration du système traditionnel de production notamment la
conduite des animaux et l'organisation de la production.
L'objectif principal de production dans le système
semi-intensif est d'assurer une production laitière continue en toutes
saisons. L'objectif d'autoconsommation devient secondaire, le lait intervient
principalement comme source de revenus monétaires pour l'exploitant
[SHEM, 2004]. Ce système est caractérisé
par l'amélioration des conditions zootechniques; l'amélioration
de la santé des animaux; l'amélioration génétique;
et une meilleure organisation de la commercialisation du lait.
III.1.3. Système de production
intensif
Au Rwanda, la production laitière intensive est
essentiellement concentrée dans la zone périurbaine de Kigali
où le climat doux est propice à l'élevage des races
laitières exotiques. Les unités de production sont
constituées par des fermes laitières. Les races utilisées
sont les Jerseyaises, Frisonnes, Brun suisse et les croisées
[SHEM, 2004].
Le système de production intensif se caractérise
également par un niveau élevé d'utilisation d'intrants,
l'utilisation des biotechnologies et l'utilisation d'une main-d'oeuvre
salariée spécialisée. Les niveaux de production obtenus
sont de loin supérieurs à ceux des autres systèmes de
production.
III.2. Importance socio-économique de
l'élevage bovin
L'élevage revêt aussi une importance
socio-économique puisqu'il occupe 80% de la population, fait vivre de
façon exclusive 20% de la population Rwandaise [NAS, 2008]
et dans cette optique, la stratégie de lutte contre la
pauvreté élaborée par les autorités politiques
attribue au sous-secteur de l'élevage un rôle moteur pour
répondre au défi de la lutte contre la pauvreté dans les
ménages.
Parmi les activités génératrices de
revenu qui se placent au coeur des stratégies de réduction de la
pauvreté et d'amélioration de la sécurité
alimentaire des ménages, la vente du lait occupe une place centrale.
Le lait est une composante stratégique de l'apport en
protéines en Afrique subsaharienne.
Il a un poids économique considérable sur la
balance des paiements dans la plupart des pays et représente un souci
permanent dans le contrôle des équilibres macro-économiques
puisque la production est largement en deçà des besoins des
populations et le déficit est compensé par des importations
massives [LY, 2001].
Au Rwanda, la promotion de la filière laitière
fait partie des programmes prioritaires retenus, en raison notamment du
rôle important du lait dans le processus de sécurisation
alimentaire. Ainsi, le lait et ses produits dérivés sont des
éléments importants de l'alimentation de la population. Les
laitages améliorent les revenus et apportent, en effet, 18% des
calories, 22% de protéines, 60% de la vitamine B2, 40% de la vitamine A,
68% de calcium [DENIS et al., 1984].
Le troupeau laitier se constitue, en général,
à partir de prêts, de donations, de l'héritage, et d'achat
qui tissent un réseau d'obligations de relations de dépendance,
de subordination, assurent la cohésion des familles et des groupes
sociaux et matérialisent les hiérarchies entre groupes
différents [PAGOT, 1985]. L'époux doit apporter
à la famille de sa future épouse, lors de mariage, une dot en
espèce et en nature constituée d'une vache de haute
potentialité laitière [SHEM, 2004].
En conclusion à cette première partie, afin de
mieux situer le contexte global de la filière laitière
périurbaine de Kigali, l'étude bibliographique donne des
repères sur le développement de la filière laitière
au Rwanda, l'élevage dans l'économie nationale, les
systèmes de production animale et l'importance socio-économique
de l'élevage bovin. Dans la deuxième partie, le cas
spécifique de la filière laitière périurbaine de la
ville de Kigali est analysé afin d'en connaître les
performances.
Deuxième partie
Les performances de la filière laitière
périurbaine de la yille de Kigali (Rwanda).
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