1-1 les causes de décès des enfants en
Côte d'Ivoire
Dans les pays à revenu intermédiaire et faible,
plus de 3,5 millions de mères et d'enfants de moins de cinq ans meurent
chaque année pour cause sous-jacentes de malnutrition et des millions
d'autres sont handicapés à vie en raison des effets physiques et
mentaux d'un apport nutritionnel trop pauvre durant les premiers mois de
vie.
Selon le RASS 2000, le paludisme, la diarrhée, les
infections respiratoires aigues (IRA) sont les principales causes de
mortalité chez les enfants. En effet, selon les statistiques
disponibles, le paludisme représente la première cause de
morbidité et de la mortalité en Côte d'Ivoire chez les
enfants de moins de cinq ans. Ce fléau constitue un véritable
problème de santé publique en Cote d'Ivoire. En 2006, l'incidence
du paludisme dans la population générale était de 69,25%o.
Pour les enfants de moins de cinq ans cette maladie avait une prévalence
de 110,89%o.
Le plan stratégique national de lutte contre le
VIH/SIDA 2006-2010 indique que Chez l'enfant, les IRA, le paludisme, la
diarrhée et la malnutrition constituent les principales causes de
morbidité et de mortalité. La Côte d'Ivoire a
enregistré plus de 1.710.000 cas d'IRA chez les moins de cinq ans et
environ 850.000 cas de diarrhée en 1999 et 2000. Le paludisme a
touché plus de 1.350.000 personnes environ pour cette même
période. Certaines maladies à caractère
épidémique tels que le choléra, les méningites
purulentes et la fièvre jaune continuent d'être des menaces
constantes sur l'état de santé de la population.
Selon le DSRP, le profil épidémiologique des
enfants de moins de cinq ans en 2006 indiquait des incidences de : 110,89%o
pour le paludisme, 83,96%o pour les infections respiratoires aiguës et
152,01%o pour les maladies diarrhéiques.
De plus, 33,9% des enfants souffrent de malnutrition
chronique et 0,19%o de la rougeole. Les facteurs qui concourent à
l'émergence des affections résident dans le manque
d'hygiène du cadre de vie, l'insuffisance de conseils et d'informations
aux mères, la faible pratique de l'allaitement exclusif et le sevrage
précoce, la persistance des problèmes culturels et le faible taux
d'alphabétisation des femmes.
Le même rapport indique que les maladies infectieuses
et parasitaires représentent 60% de la morbidité
diagnostiquée. Malgré les efforts du gouvernement, l'incidence
des maladies endémiques reste toujours élevée,
principalement chez les enfants. Ces maladies sont le paludisme, le VIH/sida,
la tuberculose, la trypanosomiase. Au su de ces causes, il importe de
décrire le phénomène afin de mieux appréhender ses
caractéristiques.
1-2 Description de la mortalité infantile en
Côte d'Ivoire
L'État de santé de la population ivoirienne est
caractérisé par un taux élevé de mortalité
estimé à 14,2%o imputables notamment à l'infection au
VIH/SIDA, au paludisme, à la diarrhée, aux infections
respiratoires aiguës (IRA). Les résultats de l'enquête MICS
2006 montrent que sur le territoire ivoirien, seulement 17% des enfants
âgés de moins de cinq ans ont dormi sous une moustiquaire la nuit
précédent l'enquête. Cette proportion n'était que de
3% pour les moustiquaires imprégnées. Le coût moyen d'une
moustiquaire imprégnée s'élevait à 3500 FCFA dans
le service public et 5000 FCFA dans celui du privé.
Les enfants de 12 à 23 mois sont les plus
touchés par le paludisme que les autres (31%). Seulement 36% des enfants
fébriles ont reçu un traitement antipaludéen
approprié, 30% ont reçu du paracétamol et 20% ont
reçu des médicaments traditionnels. Dans les 24 heures qui
suivent les symptômes du paludisme, 26% des enfants fébriles ont
reçu un traitement antipaludéen approprié.
Les résultats de l'enquête (MICS, 2006),
indiquent par ailleurs que 39% des antipaludéens des enfants proviennent
du secteur public où ils coûtent en moyenne 1800 FCFA alors que ce
coût moyen est de 1930 FCFA dans le secteur privé. En ce qui
concerne les infections respiratoires, 5% des enfants de moins de cinq ans ont
souffert d'une infection respiratoire aigue (IRA). Seulement 35% des enfants
souffrant d'une IRA ont bénéficié des prestations d'un
personnel de soins de santé appropriés. Parmi les filles malades,
41% ont été traitées par les prestataires de soins
appropriés, contre 30% chez les garçons.
Elle montre par ailleurs que plus de 4% des enfants
âgés de moins de 6 mois sont exclusivement allaités au sein
maternel. A l'âge de 6-9 mois, 54% des enfants reçoivent du lait
maternel et des aliments solides ou semi-solides. A l'âge de 20-23 mois,
37% des enfants continuent d'être allaités au sein maternel.
Seulement 23% des enfants de moins de 12 mois sont nourris convenablement. Au
cours des 6 mois précédent l'enquête, plus de la moitie
(55%) des enfants âgés de 6 à 59 mois ont reçu une
dose élevée en vitamine A ; tandis que 29% n'en ont jamais
reçu.
Selon les résultats de l'EDS 1998-1999, seulement 41%
des femmes sans aucun niveau d'instruction avaient vacciné leur enfant
contre 63% et 89% respectivement pour les niveaux primaire et secondaire et ces
proportions sont sensiblement les mêmes pour les soins prénataux.
En ce qui concerne l'allaitement, la tendance n'est plus la même c'est
plutôt les femmes non instruites qui allaitent plus leurs enfants au sein
soit 54% d'elles contre 50% pour le niveau secondaire et plus. Pour ce qui est
du rang de naissance, ce sont les enfants du rang 1 qui sont plus victimes des
IRA avec un taux de 19% contre 15% pour les autres rangs. Quant au sexe, il
semble ne pas constituer un facteur de différenciation de la
prévalence des IRA (16% pour les garçons et 17% pour les
filles).
Selon l'enquête MICS 2006, en Côte d'Ivoire 75%
des enfants âgés de 12 à 23 mois ont reçu tous les
vaccins recommandés. Parmi les enfants âgés de 12 à
23 mois vaccinés à cette date, 85% ont reçu le BCG ; 79%
la DTCHepB3 ; 81% le polio3 ; 83% la fièvre jaune et 84% la rougeole.
Selon la même enquête, 85% des femmes âgées de 15
à 49 ans ayant donné naissance au cours des deux dernières
années précédent l'enquête ont reçu des soins
prénatals des professionnels de santé. La proportion des femmes
ayant reçu des soins de la part des infirmiers et sages femmes est de
82%. Lors des visites prénatales, 83% des femmes ont fait prendre leur
poids, 81% ont fait la prise de tension, 71% ont fait un
prélèvement d'urines et seulement 47% ont fait le test de
sang.
L'Enquête sur les Indicateurs du Sida (EIS, 2005),
montre qu'en Côte d'Ivoire, le taux de mortalité
infanto-juvénile est estimé à 125%o.Un enfant
âgé de moins de cinq ans sur cinq (20 %) souffre d'insuffisance
pondérale dont 4 % sous une forme sévère. Un peu plus d'un
tiers des enfants (34%) de 0-59 mois souffre d'un retard de croissance dont 16
% de cas sévères. L'anémie ferriprive chez les enfants de
moins de cinq ans est retrouvée chez 67,4% des sujets. La carence en
vitamine A touche 27 % des enfants en dessous de cinq ans (INSP, UFR-SPB,
2007).
Les pathologies courantes associées à la
malnutrition présentent un tableau non moins reluisant. Ainsi, l'on
n'estime que seuls 26 % des enfants fébriles ayant
présenté les symptômes du paludisme ont reçu un
traitement approprié. La diarrhée affecte 15,6 % des enfants de
moins de cinq ans.
Il existe un éventail de possibilités pour
prévenir et éliminer virtuellement la malnutrition, de la
conception à la fin des trois premières années de vie de
l'enfant. Il est important de savoir désormais que pour chaque affection
qui contribue à une invalidité ou à un décès
lié à un état nutritionnel, l'on peut opposer des
interventions éprouvées et pleinement efficaces. Parmi ces
interventions, la promotion de l'allaitement maternel, l'alimentation de
complément adaptée et diversifiée, l'apport en vitamine A,
fer, acide folique, iode et zinc, la nutrition de la femme enceinte et
allaitante et la gestion appropriée de la malnutrition aigue
sévère de l'enfant sont les actions les plus prometteuses en ce
qui concerne la réduction de la mortalité infantile et de la
charge future de morbidité liées à la malnutrition.
1-3 Les causes de décès des enfants au CHU
de Yopougon
L'enquête réalisée au CHU de Yopougon a
permis de regrouper les enfants malades reçus en pédiatrie II et
les maladies en plusieurs rubriques.
1-3-1 Classification des enfants selon le
statut
L'analyse des données d'enquête a permis de
distinguer curieusement quatre types d'enfants repartis dans le tableau 2-1 en
fonction du type considéré :
Exeats : ce sont les malades reçus en
pédiatrie qui ont fait tous les soins recommandés par le
médecin et qui ont recouvré la santé.
Décès (DCD) : il s'agit des
enfants décédés malgré les soins reçus par
le personnel médical.
Déchargés(S/D) : ce sont les
enfants dont les parents ne supportent plus le coût des soins et par
conséquent demande officiellement de rentrer avec l'enfant malade quant
bien même qu'il ne soit pas guéri. Dans ce cas précis, le
médecin exige la signature d'une décharge qui désengage sa
responsabilité. Dans quelques rares cas, certains signent les
décharges pour cause de durée de séjour longue imputable
à une mauvaise qualité des soins ou se disent sujets à un
mauvais traitement (accueil et suivi).
Évadés : contrairement à
la situation précédente, les parents ne supportant plus les frais
qu'ils disent exorbitants, rentrent à la maison à l'insu du
médecin.
Référés : les enfants
transférés dans un autre CHU ou à la PISAM sur
décision du médecin sont ceux qui souffrent d'une maladie dont le
traitement n'est pas possible pour deux principales raisons :
- absence ou défaillance du plateau technique
- absence d'un service spécialisé, c'est le cas du
service de cardiologie qui n'existe qu'au CHU de Treichville.
Tableau 2-1 Classification des enfants de
pédiatrie II