Section 1 : Processus d'estimation
L'analyse économétrique d'un
phénomène économique impose une certaine discipline dans
la démarche à suivre. De ce point de vue, après avoir
collecté les données, il convient de les analyser afin
d'éviter des régressions fallacieuses.
1.1. Analyse des données
Les tests économétriques s'appuient sur des
séries macroéconomiques annuelles. Nous utilisons la base de
données de la Banque mondiale (Cdroom, World Bank Indicators, 2007), des
annexes des rapports de la BAD (2009) et de la BEAC (2009). La période
couverte est de 20 ans (1990-2009). Les séries sont exprimées en
milliards de franc CFA.
L'analyse des données dans une démarche
économétrique passe nécessairement par des tests
préliminaires (TODA, 1995). Il s'agit pour l'essentiel des tests de
racine unitaire et de cointégration. Notre désir de mettre en
évidence la relation causale entre l'emprunt et l'investissement public
oriente notre choix vers le test de cointégration.
Le test de cointégration de JOHANSEN (1988) permet de
vérifier s'il est possible d'établir une relation
d'équilibre entre différentes variables explicatives et
expliquée d'un phénomène donné. Ce test a
été réalisé en trois
24
étapes : en premier lieu, il nous a permis de
déterminer le décalage optimal à expliquer pour
l'estimation du modèle. Dans notre étude, le décalage
optimal est d'une période et correspond au décalage maximal
obtenu selon la méthode de NEWEY WEST (1987)6
Il est ensuite indispensable d'effectuer le
résumé du test de rang de cointégration tableau de
l'annexe n° 2. Ce dernier relève l'existence d'une seule relation
de cointégration entre les variables retenues. En plus de la
présomption d'existence de la relation de cointégration, le test
de rang de cointégration a également permis de choisir le
modèle qui ajuste au mieux les données disponibles. Il s'agit du
modèle qui minimise l'un des deux critères d'information ci
après : le critère d'AKAIKE et le critère de SCHWARS.
Enfin, Nous avons effectué notre test de
cointégration sous l'hypothèse suivante :
H0 : Il existe une relation cointégration ;
H1 : Il n'existe pas de relation de cointégration.
Règle de décision du test de
cointégration de JOHANSEN :
Pour un seuil de significativité donné,
l'hypothèse nulle situant l'existence de relation de
cointégration entre les variables du modèle est acceptée,
si la valeur de la trace (TR) est inferieure à sa valeur critique
tabulée (OSTERWALD-LENUM, 1992). En revanche, une valeur de la trace
supérieure à sa valeur critique implique qu'il n'existe pas de
relation de cointégration entre les variables.
6 Selon NEWEY WEST le lag optimal est approximé par la
formule suivante : lag=(4(n/100))2 ; n= nombre d'observation
Résultats du test
Le test indique l'existence d'une relation de
cointégration au seuil de 5 % d'après le critère de la
trace et de la valeur propre maximale, d'une part (cf. annexe n° 1), et le
critère d'information de SCHWARZ, d'autre part (cf. annexe n° 2).
En effet, nous rejetons l'hypothèse de plusieurs vecteurs de
cointégration entre la variable expliquée et les variables
explicatives du modèle. Le fait que les variables soient
cointégrées implique que leurs évolutions au cours du
temps soient parallèles.
Le tableau ci-dessous présente le résumé du
test de rang de cointégration de JOHANSEN (cf. annexe n° 2).
Data
Trend: None None Linear Linear Quadratic
No
Test Type Intercept Intercept Intercept
Intercept Intercept No Trend No Trend No Trend Trend Trend
Trace 1 1 2 2 4
Max-Eig 1 1 1 2 2
A la lecture de ce tableau nous avons cinq types de
modèle ayant une relation de cointégration. Les critères
de la valeur propre maximale et la trace nous permettent de conclure qu'il
existe une relation de cointégration. Le critère d'information de
SCHWARZ nous permet ainsi de choisir le modèle 2 (c'est-à-dire le
modèle non linéaire avec constante et sans tendance) (cf. annexe
1).
Etant donné l'existence de la relation de
cointégration, nous pouvons passer à l'estimation du
modèle vectoriel à correction d'erreur (MVCE).
26
Section 2 : Résultat de l'estimation du
modèle vectoriel à correction d'erreur (MVCE)
La relation de cointégration étant
certifiée, il est possible de recourir au modèle vectoriel
à correction d'erreur (MVCE). Ce modèle, lorsque les variables
sont intégrées d'ordre 1, aboutit à des relations
très intéressantes.
L'équation ci-après du modèle vectoriel
à correction d'erreurs est une équation du long terme. Ce choix
se justifie clairement du fait que l'endettement est beaucoup plus une question
structurelle (donc de long terme) que conjoncturelle.
Les principaux résultats de l'estimation du
modèle vectoriel à correction d'erreur (MVEC) sont
consignés dans le tableau ci après (cf. annexe 3).
Variables
|
FBCF (-1)
|
DP
|
SB
|
TX
|
Elasticités
|
-0.742095
|
-0.278
|
2.089
|
5.087
|
T-Student
|
-5.81003
|
-7.26113
|
+5.47166
|
+9.94129
|
|
0.782515
|
|
T-Fischer
|
8.635264
|
La fiabilité des résultats s'apprécie
à travers la valeur et le signe des coefficients des paramètres
estimés. La régression de la formulation du modèle
vectoriel à correction d'erreur (MVCE) donne les résultats
suivants pour le long terme. Ces derniers sont obtenus après calcul des
coefficients de la représentation de l'équation par le logiciel
Eviews 5.
La relation dynamique de long terme peut alors s'écrire
comme suit :
D(FBCF)= - 0.742*FBCF (-1) - 0.278*DP + 2.089*SB + 5.087
*TX - 0.144
(-5.810) (-7.271) (5.461) (9.941)
Les chiffres entre parenthèses représentent la
statistique de STUDENT.
Globalement, l'ajustement statistique est de bonne
qualité. La représentation à correction d'erreur est
validée puisque le coefficient du terme de correction d'erreurs(force de
rappel) qui représente, d'une part, les déviations des valeurs
d'équilibre de long terme et, d'autre part, la réponse à
court terme nécessaire pour que l'investissement public se
déplace vers son niveau d'équilibre de long terme, est
significativement négatif et inferieur à l'unité en valeur
absolue (-0.742) au seuil de 5 % car le T-Student est supérieur à
1.967 en valeur absolue (5.810) et toutes les variables sont
significatives à long terme. Ainsi, d'une année à l'autre,
la variable endogène (FBCF/PIB t) converge lentement vers son niveau
d'équilibre de long terme (FBCF/PIB*t).
De même, globalement, les coefficients sont
significativement différents de zéro (T-Fischer = 8.635). La
valeur de R2 (78.25 %), signifierait que notre modèle n'est
expliqué qu'à hauteur 78.25 % par les variables explicatives.
Autrement dit, l'évolution de l'investissement public n'est pas
seulement sensible aux seuls ratios de la dette et de la taxation mais aussi
à d'autres facteurs.
S'agissant des signes attendus, seul le ratio de la dette sur
le Produit Intérieur Brut (PIB) présente un coefficient
négatif. Ce qui n'est pas le cas des ratios taxation sur le PIB et
déficit budgétaire sur le PIB. Néanmoins, la
significativité de la force de rappel permet de souligner la pertinence
du modèle à fournir une explication du moins en partie de
l'évolution de l'Investissement Public.
7 Valeur tabulée du Student
CHAPITRE IV
INTERPRETATION DES RESULTATS
28
Partant des observations faites des résultats ci-dessus
présentés, il est question dans ce chapitre de procéder
à leurs analyses, ce qui nous permettrait de mettre en évidence
les implications en matière de politique économique.
|