II - Le modèle de l'analyse de la croissance
économique
La modélisation est une formalisation de la
théorie, elle constitue une étape importante dans la mise en
oeuvre d'une théorie économique. Pour qu'une théorie
économique soit valide, il faudrait que celle-ci repose sur une
vérification empirique à partir d'une représentation
schématique. La croissance économique fait partie du
« carré magique » de Kaldor, ainsi donc
tout objectif de la politique monétaire concourt directement ou
indirectement à l'objectif de croissance d'une économie. La
croissance économique peut être influencée par certains
phénomènes économiques, ceci implique l'explication de la
croissance du PIB par plusieurs autres indicateurs.
1) L'équation de la croissance
économique
Dans le modèle d'étude de l'impact de la
politique monétaire sur la croissance économique, nous retenons
un modèle économétrique. L'équation de croissance
retenue s'inspire des travaux empiriques et tient compte de notre objectif.
Ainsi après une revue de littérature à la première
partie, nous avons émis des hypothèses dont la deuxième
est la suivante : H2 : la croissance de la
masse monétaire a un impact faible sur la croissance économique
au Cameroun.
En tenant compte de cette hypothèse, nous avons
défini des variables endogènes et exogènes qui sont
liées schématiquement. Nous avons représenté la
croissance économique par le taux de croissance du PIB réel de la
période t que nous avons noté ÄPIBt. La variable
exogène quant à elle est le taux de croissance de la masse
monétaire de la période t noté ÄMt.
Pour vérifier notre hypothèse, nous utilisons un
modèle en séries temporelles. Nos variables prennent des valeurs
annuelles.
Nous cherchons à mesurer l'impact de la croissance de
la masse monétaire sur la croissance économique. Ainsi le taux de
croissance du PIB réel en période t sera expliqué par le
taux de croissance de la masse monétaire de la même
période.
L'équation de la croissance suivante est
inspirée des travaux de Paho (2005). Nous utilisons une équation
de régression simple.
ÄPIBt = b0 +
b1ÄMt + åt
Avec t = 1990, 1991, 1992,................., 2004
n = 15
ÄPIBt = le taux de croissance du PIB
réel de la période t
ÄMt = le taux de croissance de la masse
monétaire de la période t
åt = le terme de l'erreur de
spécification
b0 et b1 sont les paramètres du
modèle assimilables aux coefficients de régression
affectés aux variables exogènes. Le signe attendu du coefficient
de la croissance de la masse monétaire est positif d'après notre
hypothèse.
2) Les variables du modèle
Le modèle de l'équation de la croissance retenu
est un modèle qui met en relation deux variables : une variable
endogène à savoir la croissance économique qui sera
expliquée par la croissance de la masse monétaire de la
même période. Ainsi, notre modèle de croissance peut
être spécifié comme un modèle de régression
simple. Nos variables représentent des phénomènes
observés à intervalle de temps régulier en particulier
l'année. Les variables que nous avons retenues dans le cadre de ce
modèle rendent compte de l'évolution dans le temps du
phénomène économique étudié.
a) La variable endogène
La variable expliquée dans le modèle de
croissance est le taux de croissance annuel du PIB réel de la
période t noté ÄPIBt. Pourquoi avoir
privilégié cette variable plutôt que les autres ? La
réponse est double d'après Chambas et al (1999). D'une part sur
le plan théorique, les modèles de croissance malgré leurs
diversités conduisent à expliquer le taux de croissance et non le
niveau de produit par tête. D'autre part, d'un point de vue
économétrique, retenir une variable en taux de croissance
plutôt qu'en niveau permet d'écarter les difficultés de
traitement des données liées à la non-stationnarité
des variables.
Le PIB réel est la valeur totale des biens et services
produits à l'intérieur de l'économie. Le terme réel
explicite le fait que ce total soit corrigé de l'inflation dans
l'économie considérée et de la même
période.
Il y a plusieurs façons de mesurer la croissance du PIB
réel dans une économie. Il importe de savoir laquelle est
utilisée et de saisir la différence qui existe entre elles. Les
trois principales mesures les plus répandues sont :
- le taux de croissance trimestriel annualisé, ici on
compare le PIB réel de deux trimestres consécutifs, puis on
ramène le résultat sur une base annuelle. Cette mesure donne un
aperçu de l'évolution économique récente.
- Le taux de croissance en glissement annuel, on obtient ce
taux de croissance en comparant le niveau du PIB d'un trimestre donné au
niveau qu'il avait au même trimestre de l'année
précédente.
- Le taux de croissance annuel moyen, c'est la moyenne
annuelle des taux de croissance durant l'année civile ou l'année
budgétaire.
Le taux de croissance du PIB réel peut être
mesuré par des différentes variables permettant
d'opérationnaliser ce concept. C'est ainsi que dans d'autres travaux
empiriques on utilise des variables comme le taux de scolarisation, le
degré d'ouverture commerciale de l'économie et le niveau de
dépenses publiques dans le PIB.
b) La variable exogène
C'est une grandeur susceptible d'influencer ou d'expliquer un
phénomène économique ou social. Nous retiendrons comme
variable explicative le taux de croissance de la masse monétaire
à l'instant t.
On entend par masse monétaire l'ensemble de toutes les
liquidités d'un système financier (Gillis et al, 1998). Ce
concept est aujourd'hui difficile à appréhender avec les
innovations financières. A la quantité de monnaie
immédiatement disponible, on peut ajouter les différentes formes
de placement qui permettent d'obtenir la monnaie disponible plus ou moins
rapidement dans le temps et dans l'espace. On distingue les agrégats
monétaires suivants :
- La masse monétaire M1, qui est la somme de
la monnaie en circulation hors banque et les dépôts à vue.
C'est l'ensemble des moyens de paiement.
- La masse monétaire M2, elle englobe
M1 à laquelle on ajoute les dépôts à
terme et d'épargne, qu'on appelle les quasi-monnaies.
- La masse monétaire M3, plus large, elle
inclut M2 à laquelle sont ajoutés les engagements des
établissements spécialisés. Ce sont les actifs
détenus par les agents non financiers résidents, qui sont
gérés par les institutions financières et le trésor
public et qui peuvent être utilisés comme moyen de paiement ou
être transformés en moyen de paiement sans risque de perte en
capital.
Aujourd'hui, on parle déjà de plus en plus de la
masse monétaire M4 qui est la continuité des autres
masses monétaires. En dehors de ces masses monétaires, on a les
placements financiers et monétaires (P). Parmi ces placements on
a :
- P1 qui comprend les formes d'épargne
contractuelle (plan d'épargne logement, plan d'épargne populaire)
et les bons de capitalisation émis par les établissements
d'assurance.
- P2 c'est l'ensemble des obligations et des titres
d'OPCVM obligataires détenus par les agents non financiers.
- P3 est constitué des actions et des titres
d'OPCVM actionnaires détenus par les agents non financiers.
A la différence des masses monétaires M, les
agrégats de placements monétaire et financier P, ne
s'emboîtent pas entre eux et ni avec les masses monétaires.
Dans le cadre de notre étude et compte tenu de
l'agrégat monétaire utilisé dans notre contexte, nous
utiliserons la masse monétaire M2. Le taux de croissance de
la masse monétaire utilisé comme variable exogène tiendra
compte de l'évolution de l'agrégat M2.
Section II : l'impact de la politique
monétaire sur l'inflation et la croissance économique au
Cameroun
La politique monétaire est l'un des principaux
éléments de la politique économique, ainsi ses instruments
ont un impact sur les objectifs économiques d'un pays. Pour analyser cet
impact nous ferons un bref rappel des instruments statistiques d'analyse d'une
part et d'autre part nous procéderons à la présentation
des données et la méthode d'estimation nous permettant d'analyser
nos données.
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