I - Le modèle utilisé pour l'analyse de
l'inflation
Le but clé de la politique monétaire de
plusieurs banques centrales est de maintenir le taux d'inflation faible. Mais,
dans une économie de marché, la banque centrale ne peut pas
contrôler directement l'inflation, c'est ainsi qu'elle utilise des
instruments comme le taux d'intérêt. Des études empiriques
ont montré que le taux d'inflation est associé à plusieurs
variables.
1) L'équation de l'inflation
On parle de stabilité des prix lorsque l'inflation est
faible pour influencer les décisions des agents économiques. Le
taux d'inflation correspond à l'augmentation en pourcentage que les prix
moyens enregistrent au cours d'une année. Le maintien de taux
d'inflation bas contribue à instaurer un climat favorable à la
modération des taux d'intérêt aux investissements
productifs à long terme, ce qui stimule la croissance économique
et la création d'emploi.
Plusieurs études empiriques ont été
menées sur l'impact de la politique monétaire sur l'inflation.
C'est ainsi que Black et al (1998) pour analyser les coûts et les
avantages de la stabilité des prix au Canada, ont utilisé un
modèle trimestriel de prévision qui comprend une fonction
endogène de réaction de politique monétaire. Ils ont
trouvé que la banque centrale ne peut maîtriser directement
l'inflation, les chocs que subit l'économie se répercutent sur
celle-ci. La politique monétaire fait sentir donc ses effets sur
l'inflation avec retard. Couramment pour évaluer les coûts
liés à la réduction de l'inflation, la méthode
employée consiste à estimer une courbe de Phillips.
L'équation d'inflation retenue dans la présente
étude dérive du modèle utilisé par Nubukpo (2003)
pour étudier l'efficacité de la politique monétaire en
Afrique de l'Ouest après 1989. En effet le modèle exposé
ci-après est beaucoup plus explicite car il tient compte de notre
première hypothèse à savoir,
H1 : les taux d'intérêt directeurs de
la BEAC influencent négativement l'inflation. Les
déterminants de l'offre de monnaie dépendent des variations des
taux d'intérêt directeurs de la banque centrale et du PIB
réel.
Le prix à la consommation peut être écrit
comme la variable qui représente le prix des biens vendus dans un pays.
L'indice des prix à la consommation (IPC) mesure l'évolution de
ces prix. Supposons que l'IPC dépende du coût des biens
domestiques (IPD) et de l'indice des prix des biens importés (IPM). On
a ainsi :
IPC = C + á IPD + (1 - á) IPM + å
(1)
Avec 0< á < 1, C = constante,
å = terme de l'erreur
Le prix domestique (IPD) dépend des tensions existant
sur le marché de monnaie et celui des biens et services. Il est fonction
de l'offre de monnaie, de la demande de monnaie et de la variation du PIB.
L'offre de monnaie dépend à son tour des taux
d'intérêt directeurs de la banque centrale à savoir le taux
d'intérêt d'appel d'offre (TIAO) et le taux d'intérêt
de prise en pension (TIPP) et de la variation du PIB. La demande de monnaie
quant à elle, elle dépend du revenu réel des agents
économiques. On a donc :
IPD = - â1 TIAO - â2 TIPP +
â3 ÄPIB (2)
Avec â1, â2,
â3 = 0
En intégrant l'équation (2) dans
l'équation (1) on aura :
IPC = C - á â1 TIAO - á
â2 TIPP + á â3 ÄPIB + (1-
á) IPM + å (3)
Ou encore :
IPC = C + a1 TIAO + a2 TIPP +
a3 ÄPIB + a4 IPM + å
(4)
Avec
a1 = -á â1
a2 = - á â2
a3 = á â3
a4 = 1 - á
En résumé, le taux d'inflation est lié
aux taux d'intérêt directeurs de la banque centrale, à la
variation du produit intérieur brut et au prix à l'importation.
Ainsi se présente le modèle économique nous permettant
d'analyser l'impact de la politique monétaire (les taux
d'intérêt directeurs de la banque centrale) sur l'inflation. Nous
utiliserons la régression multiple cette analyse.
2) Les variables du modèle
Une variable est une grandeur qui peut être
mesurée et qui est susceptible de prendre des valeurs différentes
dans le temps et dans l'espace. Elle est souvent assimilée à un
indicateur qui rend compte de l'évolution dans le temps et dans l'espace
d'un phénomène quantifiable. Dans le cadre de l'équation
de l'inflation, on aura une variable endogène et des variables
exogènes.
a) La variable à expliquer
La variable endogène est le principal indicateur dont
on cherche à mesurer ou à expliquer à travers d'autres
variables. Ce modèle vise à évaluer l'impact des taux
d'intérêt directeurs (instrument de la politique monétaire)
sur l'inflation au Cameroun. Ainsi, le but de l'équation de l'inflation
est de déterminer l'effet des taux d'intérêt directeurs
dans la lutte contre l'inflation en particulier et de toutes les variables des
prix en générale. Ici, notre variable à expliquer est le
taux de croissance de l'inflation, dans la mesure où nous cherchons
à vérifier l'évolution du taux de croissance de
l'inflation suite à une manipulation des instruments de la politique
monétaire au Cameroun.
Le taux de croissance de l'inflation est un indicateur qui
permet de mesurer l'évolution de la hausse du niveau
général des prix dans une économie et durant une
période. Les économistes font appel à plusieurs
méthodes pour mesurer la croissance de l'inflation dans une
économie, la plus courante est l'indice des prix à la
consommation (IPC).
Il y a au moins trois façons de mesurer la croissance
de l'inflation. Il est important de savoir laquelle est utilisée et de
bien saisir les différences qui existent entre elles. Parmi ces mesures
on a :
- le taux de croissance trimestriel annualisé de
l'inflation,
- le taux de croissance en glissement annuel de
l'inflation,
- le taux de croissance annuel moyen de l'inflation.
On calcule le taux de croissance trimestriel annualisé
en comparant l'inflation de deux trimestres consécutifs, puis en
ramenant le résultat sur une année. Cette mesure donne un
aperçu de l'évolution récente de l'inflation dans une
économie.
Le taux de croissance en glissement annuel s'obtient en
comparant le taux de croissance de l'inflation d'un trimestre donné
à celui du même trimestre de l'année
précédente.
On obtient le taux de croissance annuel de l'inflation en
faisant la moyenne de taux de croissance de l'inflation par trimestre.
Le taux de croissance de l'inflation peut
mesurer l'influence de l'évolution des prix sur la liquidité
d'une économie. C'est ainsi que plusieurs travaux empiriques sur le
sujet ont utilisé des variables telles que :
- les taux d'intérêt,
- les prix à l'importation et les prix domestiques,
- le niveau de dépenses publiques,
- la croissance du PIB
Ces différents indicateurs permettent
d'appréhender l'inflation dans une économie. A notre niveau, en
ce qui concerne le Cameroun, nous retiendrons l'évolution de l'indice
des prix à la consommation en moyenne annuelle pour représenter
le taux d'inflation.
b) Les variables explicatives
La variable explicative est un indicateur économique
qui permet d'expliquer un phénomène économique, qu'elle
est susceptible d'influencer. Elle est encore appelée variable de
contrôle.
Pour le modèle nous permettant d'analyser l'inflation,
nous retiendrons les variables explicatives suivantes : les taux
d'intérêt directeurs de la BEAC ; le taux de croissance du
PIB réel et l'indice des prix à l'importation du Cameroun.
Les taux d'intérêt directeurs sont les
différents taux appliqués par la banque centrale pour ses
interventions sur le marché monétaire. Ainsi, au niveau de la
BEAC, on peut retenir deux taux d'intérêt qui peuvent servir des
taux d'intérêt directeurs :
- le taux d'intérêt d'appel d'offre
(TIAO) ;
- le taux d'intérêt de prise en pension
(TIPP).
Le taux de croissance du PIB réel, nous permet de
mesurer ou de rendre compte de l'évolution de la richesse d'une
économie ou d'un pays. Le PIB réel est la valeur totale des biens
et services produits dans une économie. Le terme réel signifie
que ce total est corrigé de l'inflation.
L'indice des prix à l'importation (IPM) mesure
l'évolution des prix des biens importés c'est-à-dire des
biens produits par d'autres pays, mais vendus dans notre pays. L'IPM est
mesuré annuellement.
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