Contribution et analyse des conflits forestiers en milieu rural. cas de territoire de Bagata, province de Bandundu (RDC)( Télécharger le fichier original )par p. Basile SAKATA SELEBAY Université Catholique de Louvain - Master complementaire en Développement. environnement et société 2010 |
3.2.7. Rapports « communautés locales » et organisations non gouvernementales internationales.Dans le territoire de Bagata, nous n'avons pas connaissance de l'existence d'une organisation internationale qui opère dans le domaine de l'environnement et particulièrement de la forêt. A l'Est de la République, elles travaillent directement avec les communautés locales à la conservation et à la protection des parcs nationaux. Et dans le cadre du partenariat pour les forêts du bassin du Congo, quelques organisations internationales sont opérationnelles et poursuivent, en impliquant les communautés locales, la diminution de la destruction de l'habitat, une gestion durable des ressources naturelles dans le bassin du Congo et la conservation du potentiel de la biodiversité. Les principaux partenaires de ce programme sont : « AWF, CARE, CI, WCS, WWF et IRM ». 3.3. ETUDE DE CAS3.3.1. Province de l'Equateur114(*)Situé au nord-est de la RDC la province de l'Equateur s'étend sur 403.292Km², soit 17% du territoire national. Elle occupe la troisième place en superficie, en 2005 elle comptait près de 5.8 millions d'habitants soit 10,7% de la population nationale, avec une densité faible « 14 hab/km² » par rapport à la moyenne nationale « 24 hab/km² ». La partie nord de la province est couverte d'une savane secondaire tandis que la grande forêt ombrophile sempervirente et la forêt édaphique couvrent près de 72% de la superficie de la province. Avec cette couverture, la province de l'Equateur détient à lui seul 25,7% des forêts de la RDC. Les forêts sont la principale richesse de la province pour son développement et créent pas mal de tension entre, le gouvernement central, les autorités provinciales, les exploitants et la population locale qui souvent considère, cette forêt comme étant la leur. A. Les modes locaux de gestion des forêts par les communautés localesDans certaines contrées de la province de l'Equateur, notamment chez les Ekonda, les Ntomba et les Elanga, le rôle du chef est passif en matière de gestion des terres et des forêts. Sa fonction dans ces contrées se limite à la gestion politique de lignage et à la régulation des conflits fonciers et forestiers qui se poseraient au sein de l'entité115(*). Ce sont plutôt les familles qui gèrent réellement les terres et les forêts, mais en tenant régulièrement le chef informé de leur gestion. B. Les genres des conflits116(*)En RDC le genre des conflits est presque toujours le même, depuis le début du processus de la mise en oeuvre de la loi n° 011/2002 et loi n°007-2002 du 11/07/2002 portant code forestier et minier, financer par la banque mondiale ; l'exploitation des ressources naturelles de la RDC prend de l'ampleur de manière désordonnée au grand dam des peuple autochtones Pygmées qui vivent dans la forêt et de la forêt. Par exemple, les communautés autochtones Pygmées des villages des Yeimbo et Banga dans la province de l'Equateur au nord-ouest de la RDC n'avaient pas été préalablement informées que des concessions forestières seraient mises en exploitation sur leurs terres par la SIFORCO (société industrielle et Forestière du Congo) et SEDAF (société d'exploitation développement agricole et forestière).
Un autre conflit est celui des quinze paysans du village Yaewonge dans le secteur de Lueko, territoire de Bumba, dans la province de l'Equateur arrêté sur l'ordre de la société industrielle et forestière du Congo Siforco, en sigle. Selon des activistes du « Réseau Ressources Naturelles, RRN », sur place ces paysans auraient barricadé la route pour exiger de Siforco la renégociation du cahier de charge. Pour rappel, en novembre 2009, Greenpeace, organisation oeuvrant dans la protection des ressources naturelles, en collaboration avec la société civile de Bumba à organiser un atelier sur l'avenir de forêts de la province de l'Equateur. Et pour la première fois l'exploitant Siforco avait pris part à cet atelier, au cours duquel certains villageois présents en profitèrent pour présenter au public les stigmates des tortures dont ils avaient fait l'objet de la part des agents de l'ordre sur instigation de la Siforco117(*). Les populations de « Bolomba et de Bikoro » dans la province de l'Equateur sont aux abois. Ceci suite aux pressions exercées sur les forêts de leurs territoires qui, si l'on' y prend garde, pourraient perdre 2/3 de leur superficie, conséquence de la mauvaise politique de reboisement. Le dernier conflit qui défraie la chronique dans cette partie de la province est celui qui oppose la communauté locale de Bikoro à l'entreprise ITB, conflit qui a conduit à des tensions persistantes entre le représentant de la communauté et l'entreprise. Sur place, un mouvement associatif, dénommé communauté des anciens élèves des écoles catholiques du doyenné de Bolomba, Caneec/Bolomba, dans son rapport annuel déplorait le fait que l'exploitation forestière à Bolomba ne profite même pas aux écoles puisque la plupart des élèves étudient à même le sol, faute de bancs, alors que le cahier de charge des exploitants prévoit des investissements dans ce domaine précis. Voilà un cas de non-respect du cahier de charge. Selon les mêmes ressortissants de Bolomba, la désinvolture avec laquelle les exploitants forestiers se comportent est à la base de l'aggravation de la pauvreté, de la dégradation et de la déforestation118(*). La Siforco entretient avec les communautés locales des relations historiquement conflictuelles. Un article de presse que la direction n'a apparemment jamais démenti, affirme qu'au début de l'année 2005, la police, appelée pour réprimer une manifestation anti-Siforco à Bumba dans la province de l'Equateur, aurait ouvert le feu sur la foule, faisant quatre morts et 17 blessés119(*) Dans une étude récente sur les entreprises allemandes en RDC, le journaliste d'investigation Dominic Johnson cite un document interne de la société du 29 mars 2007, décrivant un incident survenu à MBA, au cours duquel des villageois, manifestant pour dénoncer le non-respect de l'engagement de la société à construire une école, auraient temporairement séquestré plusieurs de ses collaborateurs. Selon la source, l'incident se serait soldé par l'arrivée d'autorités politiques et par la répression physique et l'arrestation des manifestants villageois qui, selon le groupe Danzer, avaient l'habitude d'exercer des pressions. En août 2007 suite à une plainte des employés de Lisala dans la province de l'Equateur auprès du directeur de SODEFOR concernant les « violations systématiques du droit de travail » par la direction locale, il apparut que les employés travaillaient depuis trois ans sans contrat. Lors d'une conférence sur la gestion des conflits forestiers, Olivier KAFORO membre de la société civile estime que les conflits forestiers sont devenus, depuis quelques années, très fréquent en RDC. Et parmi les causes qui occasionnent ces conflits, il a lieu de noter la faible implication des communautés locales et autochtones dans les processus de prise de décisions relatives à l'affectation et à la gestion des ressources forestières ainsi que la marginalisation et la discrimination des groupes minoritaires et vulnérables, notamment les pygmées tant par l'Etat que par les autres acteurs. Le manque de vrais leaderships autochtones constitue également l'une des causes de conflits forestiers. * 114 Programme des nations unies pour le Développement * 115 G.AKWAH et A. YOKO, cité par la FAO, actes de l'atelier national sur le Développement de la foresterie communautaire en RDC Kinshasa 15-16 Mai 2007, Pg 51 * 116 Afrique Centrale-Pygmées, sixième session du forum permanent sur les questions Autochtones. Territoire, Terre et ressource naturelle. New York, 14-25 Mai 2007, http://gitpa.org/peuple%20GITPA%20500/GITPA%20flash consulté 20 Nov. 2010 * 117 WWW.dia_afrique.org Agence catholique document et information pour l'Afrique D.I.A consulté le 22 nov. 2 * 118 WWW.lobservateur.cd/index.php?option=com_content&vieuw=article&id consulté le 22 nov.2010 * 119 WWW.greenpeace.org, Etude sectorielle-Exploitation forestière en RDC, consulté 23 nov. 2010 |
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