Ayant pour capitale Luanda, et pour une superficie de
1.246.700km (y compris l'enclave du Cabinda), l'Angola est un pays
charnière entre l'Afrique centrale et l'Afrique australe, ouvert sur
l'océan
atlantique.il est aux
frontières de la RDC(nord et nord-est), de la Zambie (est) et de la
Namibie (au sud).l'enclave du Cabinda (31 km au nord de l'Angola) se
délimite ellemême aux limites du Congo Brazzaville (nord) et de la
RDC (est et sud).l'ouest du pays côtoie l'océan atlantique sur une
distance de 1650km.
Pour une population estimée en 1997 à 11,1
millions d'habitants, sa densité est environ 9 habitants au km avec un
taux d'accroissement naturel de 3,7% par an et une croissance économique
de 1,3%.le PNB de l'Angola en 1994, a atteint 4,6 milliards de dollars.
Seulement 37,6 % de la population ont accès à l'eau potable.
L'Angola comptait en 1995, une population analphabète
estimée à 60% ce, malgré la gratuité de
l'enseignement.son unité monétaire est le nouveau kwanza. Sa
langue officielle est le portugais, appuyée par cinq langues
vernaculaires : l'Umbunda, le kikongo, le kinbundu, le Quioco et le Gangela. Le
pays est à dominance chrétienne (plus de 50%)
L'élevage pratiqué essentiellement dans le sud
demeure une activité de subsistance. La pêche traditionnelle est
importante.
L'Angola a un potentiel agricole considérable, mais
30% seulement du territoire est exploitée en 1994. La principale culture
d'exportation est le café (4260 tonnes en 2002). La production du bois
quant à elle est de 4,36 millions de mètres cubes (m3) en
2001.
Les deux richesses du pays sont le pétrole et le
diamant.la production
pétrolière en 1994 était estimée à 27,5
tonnes et représentait 40% du PNB, il constitue l'essentiel des revenus
de l'état, car la commercialisation du diamant, à cause de la
guerre échappait le plus souvent au contrôle de l'administration.
La production du diamant s'estime à 46.000 carats. Le réseau
routier est de 73900 km et le réseau ferroviaire de 2800 km.
Malgré ses richesses agricoles, mais surtout
minières, l'Angola demeure un pays pauvre dont la majorité des
revenus provient de l'exportation pétrolière. Son
développement a été entravé par le départ
brutal des portugais, par la guerre civile et par une politique
étatique.la naissance du conflit
angolais relève des antagonistes entre les différents mouvements
de libération et la lutte pour le pouvoir. Conflit
pérennisé par l'immixtion ouverte des grandes puissances, URSS et
USA pendant la période de la guerre froide18.
Ce conflit angolais n'est pas seulement
caractérisé par sa longue durée ; 14 ans pour la
lutte
de l'indépendance et de 27 ans pour la guerre civile, mais
surtout les répercutions ou l'impact
18 Manuel Jorge, « Angola : crise et politique sociale
» in présence Africaine 1996, p 335
qu'il a eu dans la sous-région d'une manière
générale et dans la société angolaise en
particulier.
1. Le Contexte Politique
La décolonisation de l'Angola est moins le
résultat de la lutte armée que de la désintégration
de l'empire portugais après la révolution des oeillets au
Portugal avril 1974.
La lutte pour l'indépendance a été
menée par trois groupes nationalistes rivaux de composition ethnique
très marqués : le Front National de Libération de l'Angola
(FNLA) de Holden Roberto, recrute les bacongos, les Quioco et les gangelas, le
Mouvement Populaire de l'Angola (MPLA) d'Agostino Neto, s'appui sur les
métis des villes et les Kimbundus et l'union des peuples de
l'Angola(UPA) avec sa branche armé l'Union Nationale pour
l'indépendance Totale de l'Angola(UNITA) de Jonas SAVIMBI dominé
par les Ovimbundus.
Suite aux accords d'Alvor, le transfert du pouvoir aux
angolais par le nouveau régime de Lisbonne a été
accepté. 1975 a été l'année d'apogée de la
lutte pour la libération nationale. C'est également courant cette
période que les rivalités entre ces trois mouvements se creusent
davantage en se livrant a une véritable lutte pour le pouvoir qui se
manifeste par la détérioration de leurs relations
contribuée par les soutiens extérieurs.
En novembre, les combats entre principaux mouvements de
libération changent le cours des événements : la guerre de
libération devient une guerre civile.
La victoire du MPLA sur l'UNITA et le FNLA pour la lutte de
la conquête de Luanda, permis que le MPLA proclame l'indépendance
de l'Angola le 11 novembre 1975 grâce au soutien du Congo Brazzaville, de
l'Union soviétique et de Cuba, ainsi que sa reconnaissance au plan
international. Pour contrecarrer cet événement, l'UNITA et le
FNLA mettent également en place leur gouvernement à Huambo sur le
plateau de Bié.
La guerre civile angolaise est un cas pratique des exemples
les plus marquant des rivalités Est-ouest au lendemain de la seconde
guerre mondiale. Il met à jour les différents mécanismes
géopolitiques et géostratégiques mises en oeuvre par les
deux grandes puissances de l'époque : USA et URSS. Ces puissances ont
utilisé une stratégie indirecte qui consistait par ces
dernières d'agir en Angola par l'intermédiaire d'autres pays
satellites à savoir : l'Afrique du sud, la RDC, alliés aux USA
pour le compte de l'UNITA d'une part, le Cuba, la Zambie, la République
du Congo, alliés à l'Union soviétique pour le compte du
MPLA. De ce fait, le soutien des deux superpuissances a donné à
ce conflit une nouvelle connotation à savoir idéologique. C'est
ainsi que Manuel Jorge relève dans « Cahier de présence
Africaine » : « la guerre en Angola n'est pas l'expression d'un
conflit interethnique. Il suffit de s'entretenir avec les principaux
protagonistes du théâtre de la guerre pour se rendre compte, ce
qui en cause, c'est l'organisation politique et administrative de l'Etat.
Dans ce contexte, le Congo a été un centre de
transit très actif pour le compte du MPLA, la RDC et l'Afrique du sud de
leur part pour l'UNITA. Pour des raisons d'ordre sécuritaire, sous
prétexte de pourchasser les rebelles namibiens de la SWAPO dans leurs
sanctuaires qu'il ya eu des incursions de l'Afrique du sud dans le territoire
angolais. Son repli au conflit angolais a
été conditionné par le retrait des
troupes cubaines de l'Angola et au contrôle des activités de la
SWAPO, mouvement rebelle à l'occupation sud africaine de la Namibie
à idéologie socialiste.
L'évolution de cette guerre civile a fait naitre des
nouveaux appétits à savoir le réseau de blanchissement et
de vente des diamants de SAVIMBI, réseau incluant plusieurs chefs d'Etat
africains. Ce réseau par le biais des diamants achète
auprès des occidentaux des armes de guerre pour le compte de l'UNITA, ce
qui fit perdurer la guerre. L'intensification des combats au conflit angolais
entre les deux belligérants a été respectivement et
à des périodes différentes sujet à rebondissement,
en faveur de l'une ou l'autre partie.
L'effondrement du bloc communiste et le renoncement de
l'Afrique du sud à l'apartheid ont été a l'origine de
bouleversements des intérêts d'ordre stratégiques du
conflit angolais. Ce conflit ne présente plus aucun intérêt
stratégique pour les USA. C'est pourquoi, dans la poursuite de sa lutte
armée et pour regagner l'attention et la confiance des USA, SAVIMBI
change de stratégie : conquérir les villes
pétrolières occupées par le MPLA. Objectif qu'il n'a
jamais atteint. C'est ainsi que l'UNITA perd ses alliés au profit de
Luanda (MPLA). Ce qui obligea l'UNITA à négocier. De ce fait,
plusieurs accords ont vu le jour mais aucun n'a été
respecté.
La fin de la décennie 1992-2002 a été
marqué par la disposition du leaders de l'UNITA Jonas SAVIMBI le 22
février 2002, mort ayant entrainé l'affaiblissement de l'UNITA,
ouvrant ainsi de nouvelles perspectives dans le processus de paix avec la
signature du protocole de Luanda le 04 avril 2002 entre l'UNITA et le MPLA.
La particularité du conflit angolais est le rôle
des pays voisins d'une part, avec l'implication plus ou moins du Congo
Brazzaville et de la RDC, créant ainsi un climat
d'insécurité au niveau des frontières partagées par
ces trois pays et à des relations interpersonnelles comme en
témoigne la fin de la guerre angolaise avec la mort du leader de l'UNITA
d'autre part
2. Situation sécuritaire en Angola
Le problème de l'insécurité concerne la
sécurité au sein même de l'Etat en conflit et la
sécurité au niveau des frontières sources de contagion de
divers conflits que connait l'Afrique centrale. Ainsi écrit Jean BARREA
: « la sécurité c'est toujours l'autre au sens ou l'autre
est celui qui ne pose un problème de sécurité à son
égard, au même que je suis, pour ma part, à l'origine de
son problème de sécurité a lui »19
Dans un contexte de sécurité interne, le
conflit angolais a été à l'origine de l'exode massive
d'une partie de la population à l'intérieur du pays comme en
témoigne le communiqué de presse du haut commissariat aux
refugiés (HCR), sur 12.500.000 habitants, les déplacés de
l'intérieur sont de l'ordre de 4.000.000.20
19 Jean Barrea. « La sécurité
c'est l'autre » in les études stratégiques, paris, 1989,
p417-434
20 Communiqué de presse du HCR, Nairobi 25
juin 1998
Cette situation est à l'origine du désastre
humanitaire occasionné par la famine. Il ya eu de même des
massacres et des épidémies au sein de cette même
population.
Les stratégies militaires conduites par les deux
parties ont été au mépris de la population civile :
déplacements et enroulements forcés, violences
généralisées, pratique d'une politique de terre
brulée. A cela s'ajoute l'utilisation a grande échelle par les
deux belligérants, des mines anti personnelles qui a causé une
vaste insécurité généralisée dans le
déplacement des populations dans les zones de conflit.
L'un des faits marquant de la plupart des conflits en Afrique
Centrale est sans doute la tendance à leur propagation et diffusion hors
des frontières nationales. Le conflit angolais a eu pour
conséquence le déplacement massif de la population vers les pays
voisins. Sur près de 435.000 réfugiés angolais
recensés par le HCR, plus de 2/3 vivent en Afrique Centrale dont 1200 au
Congo Brazzaville et plus de 200.000 en RDC. Cette dernière a
été plus sollicitée certainement à cause de la
position et de la grandeur de leur frontière commune.21 Cette
situation a toujours été une menace à la
sécurité sociale dans les pays d'accueil et est à
l'origine de certains phénomènes sociaux tels que : la
prostitution, le banditisme, le commerce des armes, etc.
Malgré quelques incursions de l'armée angolaise
dans la poursuite des rebelles du Front de Libération de l'enclave du
Cabinda (FLEC), le problème de sécurité au niveau des
frontières entre le Congo Brazzaville et l'Angola s'est
réellement posé avec le régime de Pascal LISSOUBA suite
aux accords militaires que son parti, l'Union Panafricaine pour la
Démocratie Sociale (UPADS) a eu à conclure avec l'UNITA,
permettant ainsi a ce dernier d'utiliser le territoire congolais comme base
arrière. Thèse officiellement défendue par le gouvernement
angolais22. Suite audits accords, l'Angola considère sa
présence au Congo comme prolongement de la guerre mené contre
l'UNITA23.
Le problème de sécurité au niveau des
frontières entre la RDC et l'Angola remonte du temps de la guerre froide
et, ceci pour des raisons idéologiques, qui se stipule par le soutien
ouvert des deux pays aux mouvements hostiles au régime de l'autre en se
servant de base arrière aux troupes de ceux-ci. De même que MOBUTU
a toujours soutenu l'UNITA, la contribution du MPLA aux deux mouvements
sécessionnistes était évidente. Ces diverses tensions
entre les deux pays fortement impliqué la RDC dans la situation
conflictuelle angolaise. Il comporte en effet plusieurs dimensions :
· Conflit entre angolais pour le contrôle de leur
espace politique ;
· Conflit entre congolais de Kinshasa pour ramener leur
propre espace politique à l'intérieur de leurs frontières
;
· Conflit de l'engagement de la RDC dans le conflit
angolais
21 Idem
22 François Soudan, Jeune Afrique l'intelligent n°
2089 du 23-29 janvier 2001. P 30
23 Jean Barrea, op. cit P 62
L'engagement de la RDC dans le conflit angolais était
motivé par des considérations d'ordre idéologique. Mais
l'intervention de l'Angola aux cotés du régime de KABILA a des
motivations purement sécuritaires dans le seul souci de prendre
contrôle des positions abandonnées par les forces de l'UNITA qui
se trouvaient aux cotés des forces armées zaïroises de
MOBUTU.
Enfin, l'intervention de l'Angola dans les conflits de
l'ex-zaïre et du Congo Brazzaville pour couper l'UNITA de ses soutiens lui
donne une stature de puissance dans la sous-région Afrique centrale.
Paradoxalement, elle a favorisé SAVIMBI qui s'est appuyé sur les
adversaires de KABILA et de SASSOU NGUESSO.
Toutes choses étant égale par ailleurs, la
vulnérabilité absolue de l'Angola, est la destruction totale du
pays depuis près de trente (30) ans, exception faite de
l'économie de guerre limitée exclusivement au secteur
pétrolier et diamantifère. Maintenant que la mort en
février 2002 de Jonas SAVIMBI a mis fin à la guerre civile,
l'Angola ne peut être une puissance sousrégionale que si elle
devient économiquement et industriellement forte. Or à la
lumière des dégâts causés par la guerre, on est loin
du compte24.
En définitive, la paix en Afrique en
général et en Afrique centrale en particulier repose sur les
africains : sans leur volonté de modifier radicalement certaines
pratiques actuelles, sans leur participation ouverte, sans la prise en compte
de leurs solidarités, rien n'est possible. C'est dans cet élan
des choses que les gouvernements du Congo, de l'Angola et de la RDC, dans le
souci d'instaurer la paix en général et particulièrement
au niveau de leurs frontières respectives, ont été la base
de la signature d'un protocole d'accord de coopération en matière
de sécurité.