1.3.5. Les discriminations et la perte du sentiment
d'appartenance à la République :
Ce sentiment d'exclusion est aggravé par le fait que les
discriminations touchent également les jeunes d'origine
maghrébine qui ont réussi leurs études.
L'intégration des jeunes Français d'origine
maghrébine est en difficulté et le taux de chômage,
à diplôme égal, est anormalement plus élevé
parmi eux, ce qui nourrit évidemment beaucoup de frustration. En mars
2000, une étude du ministère de l'emploi révélait
que le taux de chômage des actifs les plus diplômés se
situait à 5 % chez les Français d'origine, à 11 % chez les
Français de parents étrangers et à 20 % chez les
étrangers d'origine maghrébine.
On peut citer à ce propos M. Michel Tubiana,
président de la Ligue des droits de l'homme : « On peut enseigner
toutes les valeurs que l'on souhaite à l'école, mais
lorsqu'à sa sortie, l'on est systématiquement refusé dans
les entreprises parce que votre nom n'est pas de consonance berrichonne ou
autre, que cette mésaventure se reproduit au quotidien, pour trouver un
appartement ou dans les rapports aux autorités publiques, vous pouvez
enseigner toutes les valeurs que vous voulez à l'école, vous
n'avez aucune légitimité à les enseigner, tout simplement
parce qu'elles sont violées chaque jour à l'extérieur
». Selon lui la vraie question est donc celle de l'intégration.
Mme Aline Sylla, membre du Haut Conseil à
l'intégration, a fait allusion au monde difficile de l'entreprise «
où l'on se prend la discrimination en pleine face (...) plus ce choc est
tardif, plus il est mal ressenti : on le voit avec les jeunes
diplômés qui, au prix de grands efforts, sont parvenus à
entrer dans le système et qui se heurtent à la discrimination
quand ils se mettent à chercher du travail »
1.3.6. Emploi et insertion professionnel : Interaction
entre le quartier et l'origine ethnique :
Entre l'école et l'insertion dans l'emploi,
l'inactivité ou le chômage concernent une frange relativement
marginale de jeunes de la tranche d'âge 15-19 ans, puis nettement plus
importante à partir de 20 ans.
Un tiers de la population 20-29 ans habitant en ZUS est inactif
ou au chômage, soit 12 % des effectifs se trouvant dans la même
situation dans l'ensemble de la France métropolitaine.
Pour tous les niveaux de formation, allant du BEPC au BAC ou
équivalent, les taux de chômage sont environ deux fois plus
élevés dans les ZUS qu'au niveau national. À partir du
niveau BAC+2, le handicap semble se réduire sensiblement.
Il apparaît que le rôle du niveau de formation,
qui paraît similaire pour les hommes et pour les femmes dans les
quartiers urbains situés hors ZUS, est en fait très
différent dans les ZUS. Pour les hommes, un capital scolaire important
protège moins du chômage ceux qui résident en ZUS que les
habitants des autres quartiers. L'effet contraire prévaut pour les
femmes.
La ZUS confère un handicap qui augmente de près
de 10 % en moyenne le temps nécessaire à la sortie du
chômage, par rapport à un demandeur d'emploi n'habitant pas en ZUS
et présentant les mêmes caractéristiques. L'effet ZUS
apparaît comme significatif.
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