1.3.4. L'échec scolaire frappe lourdement les
enfants issus de l'immigration12 :
Le fractionnement social de l'espace urbain et
périurbain n'est pas un phénomène nouveau. Il est
aujourd'hui un facteur de profondes inégalités et de
discriminations parce qu'il fait obstacle à la mobilité sociale
et géographique.
Dans un document de contribution au débat sur
l'éducation en date du 1er octobre 2003, le Conseil national des villes
(CNV) analyse certains aspects des blocages de la politique éducative.
Sous l'effet de la « captivité territoriale », et de
l'isolement des quartiers, les inégalités entre territoires
continueraient de s'accroître. Certains établissements scolaires
se trouvent ainsi « spécialisés » sur une base souvent
sociale ou ethnique, renforcée par les stratégies
d'évitement des familles qui en ont la possibilité. De
surcroît, l'investissement en matière éducative
(modernisation des infrastructures, accompagnement extrascolaire) varie
fortement d'une collectivité à une autre et dépend du
niveau des ressources des communes. Le CNV voit dans l'échec scolaire,
qui se traduit par le départ chaque année du système
scolaire sans diplôme ni qualification de 160 000 élèves,
une des causes de la violence à la fois physique et verbale qui a fait
irruption à l'école.
Dans un récent rapport, le Conseil d'analyse
économique (CAE) démontre que l'égalité
d'accès à l'éducation et à la formation est
gravement remise en cause par « le système ségrégatif
urbain ». Un premier constat est rappelé : les zones
d'éducation prioritaires (ZEP) coïncident à 95,5 % avec les
zones urbaines sensibles (ZUS) caractérisées, notamment, par un
habitat dégradé, un taux de chômage et de jeunes ayant
quitté le système scolaire sans diplôme élevé
et une sur représentation des familles immigrées. Le second
constat est que 10 % des établissements scolaires accueillent 90 % des
élèves
11 Odile MERCKLING. « Emploi, migration et genre » Des
années 1950 aux années 1990 ». Logiques sociales. L
`Harmattan.
12 Rapport sur la mission d'information de
l'Assemblée Nationale française sur la question du port des
signes religieux à l'école, « le repli communautaire : une
présentation pour les jeunes en difficultés ».
issus de l'immigration. Ces derniers sont majoritaires dans les
sections d'enseignement général et professionnel (SEGPA) et dans
les filières d'enseignement professionnel du secondaire.
Selon le CAE, il en résulte de grandes
déceptions, alors que les familles immigrées ont des attentes
fortes vis-à-vis de l'enseignement. Ces déceptions peuvent
conduire à divers types de réaction de la part des
élèves : absentéisme, décrochage, perte d'estime de
soi, perte de confiance dans la société, voire obsession
identitaire.
La probabilité de sortir du système scolaire
sans qualification est très liée à l'origine sociale et
nationale des parents des élèves. Elle s'échelonne de 1,9
à 30,8 % entre les parents appartenant au corps enseignant et les
parents inactifs en passant par 15,6 % pour les ouvriers non qualifiés.
Elle est de 8,7 % pour les élèves français et de 15,1 %
pour les élèves étrangers avec des variations importantes
suivant les nationalités des familles, 14,8 % pour les familles
originaires d'Algérie et 12,5 % pour celles originaires du Maroc, par
exemple.
|