1.3.3. Le chômage des jeunes diplômés :
Il faut considérer le chômage comme un
problème social. Le fait de ne pas pouvoir rentrer sur le marché
du travail avec un certain niveau de diplôme peut nourrir un certain
nombre de sentiments, de l'ordre du mal-être, de la déception, de
l'injustice, de la colère...
Comment comprendre et analyser les trajectoires de ces jeunes
diplômés ?
Ont-ils uniquement connu le chômage à la sortie
du diplôme ? Il faut aussi s'intéresser aux trajectoires, c'est
à travers les trajectoires que l'on peut comprendre les logiques, les
processus...Qui nourrissent peut-être des formes de résistance.
Selon l'enquête « Génération 98
» du CEREQ, on dénombre, en 1998, 370 000 sorties de l'enseignement
du supérieur. Sur ces sorties, 17 500 sont originaires par leurs parents
du Maghreb et 16 500 d'Europe du Sud. En regardant les sorties sans
diplôme au niveau du premier cycle supérieur :
46 % des jeunes ont des parents qui proviennent du Maghreb.
29 % des jeunes ont des parents qui proviennent d'Europe du Sud.
23 % des jeunes ont des parents français.
Et concernant les Etudes Supérieures :
60 % des sortants Bac+5, dont les parents sont originaires du
Maghreb sont des filles contre 44 % des sortants Français « de
souche ».
46,3 % des originaires du Maghreb arrêtent leurs
études 1an après le Bac (validée ou non), contre 23,2 %
pour les Français.
Parmi les sortants Bac+5, originaires du Maghreb, 21,3 % ont un
père ouvrier contre 4,3 % pour les sortants Français.
Quand est-il de la transition des études à la vie
professionnelle et des inégalités de devenir en fonction des
origines ?
La détention d'un titre de l'enseignement supérieur
renforce-il « l'effet de signalement » au détriment de «
l'effet de discrimination ?»9.
Les diplômés vivant en ZUS, et titulaires d'un
diplôme de l'enseignement supérieur constituent une
minorité.
En termes de constat, plus de la moitié des jeunes
originaires des pays du Maghreb inscrits dans un établissement
d'enseignement supérieur n'ont jamais pu franchir le cap de la
première année d'étude, alors que seulement un quart des
jeunes issus de parents nés en France sont dans le même cas.
Concernant les caractéristiques
sociodémographiques des étudiants de l'enseignement
supérieur, les jeunes originaires du Maghreb notamment Algérie,
Maroc, Tunisie, ne ressemblent pas à ceux dont les parents sont
nés en France. Ils viennent de milieux sociaux plus populaires et
ouvriers ; les parents sont plus affectés par une marginalisation du
travail (chômage, retraite, inactivité), et les mères
natives
9 R Silberman ; I Fournier, « quelle insertion
pour les enfants d'immigrés » Problèmes économiques.
2631. 1999.
des pays du Maghreb connaissent une forte inactivité
professionnelle (un grand nombre n'a jamais travaillé
professionnellement).
Certains organismes peuvent renseigner sur l'insertion
professionnelle des jeunes, sur l'emploi sous contrats aidés et sur le
réseau d'accueil des jeunes10. Ainsi, l'équipe «
Emploi-Insertion » à Nantes, s'occupe de renforcer l'accès
à l'emploi et l'insertion professionnelle des jeunes et peut donner des
informations sur les outils qui permettent de suivre l'évolution du
chômage et des besoins en entreprise.
Plusieurs dispositifs publics d'insertion par le travail ont
été mis en place favorisant l'arrivée en entreprise des
personnes cumulant de grandes difficultés sociales.
En 2002, on assiste à une dégradation de
l'emploi et à une augmentation des demandeurs d'emploi de 4,8 % en 1an,
et de 6,2 % chez les moins de 25ans. C'est à partir de cette
période que « les dispositifs d'accompagnement à l'emploi
» se sont renforcés : le Trajet d'accès à l'emploi
(TRACE).a pour objectif l'insertion durable des jeunes (il s'adresse aux jeunes
les plus en difficulté), on voit se développer les permanences
d'accueil, d'information et d'orientation. (PAIO), les annexes de l'ANPE, les
Centre d'information et de Documentation jeunesse...
La Charte nationale des missions locales et PAIO
adoptée le 12 décembre 1990, et le protocole 2000 des missions
locales, signé le 20 avril 2000 ; aident les jeunes de 16 à 25ans
à surmonter les difficultés qui font obstacle à leur
insertion (professionnelle et sociale), il s'agit de garantir à tous un
accès égal aux droits sociaux et à l'emploi en faisant
reculer les pratiques discriminatoires.
D'autres organismes se créent : L'EREF (les espaces
ruraux pour l'emploi et la formation), cadre des territoires ruraux de
développement prioritaire et favorise l'égalité
d'accès au service public, des chances en matière d'emploi et de
formation, des services de proximité pour l'accueil, et une orientation
en matière d'emploi et de formation. La MGI (Mission
générale d'insertion de l'Education nationale) accompagne des
diplômés ou non dés leur sortie du système
éducatif.
Pour les jeunes, le fait d'être issu de l'immigration
influe sur les possibilités de mise en oeuvre d'un projet professionnel,
les difficultés d'accès au marché du travail peuvent
être interprétées de plusieurs manières.
Par des données culturelles ou un éloignement des
réalités de la société Française.
Par l'existence de discriminations ou bien de dispositifs
spécifiques comprenant plusieurs échelons (formateurs,
responsables d'associations ou d'entreprises intermédiaires, qui sont
d'ailleurs souvent eux-mêmes dans la précarité).
10 ASH. Supplément au n°2303 des ASH du 21 mars
2003.
Par la configuration de réseaux sociaux et le
fonctionnement de marchés locaux.
Dans la réalité, leurs ressources sont souvent
faibles, qu'il s'agisse de ressources matérielles ou d'un capital
social. On peut estimer que 80 % des personnes issues de l'immigration sont
fils ou filles d'ouvriers au lieu de 30 % des Français par filiation ;
et que 80 % ont eu des pères totalement dépourvus de
diplômes au lieu de 38%11.
De plus, près des deux tiers des personnes issues de
l'immigration ont eu des mères inactives, au lieu de 35 % des
Français par filiation, et le nombre moyen par famille est beaucoup plus
élevé.
Ainsi, par exemple, selon les données de
l'enquête MGIS, les jeunes de milieux algériens vivaient dans des
familles qui comprenaient en moyenne 7,6 enfants au lieu de 4,4 pour ceux de
milieux portugais, de 3,9 pour ceux de milieux espagnols et de moins de deux
pour les français par filiation.
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