Deuxième partie : La méthodologie et les
difficultés de l'enquête
2.1. Les premiers temps de l'étude, le choix
méthodologique et ses difficultés
2.1.1. Les principes méthodologiques :
La problématique de la discrimination des jeunes
diplômés des ZUS sur le marché du travail pose des
difficultés méthodologiques certaines.
Parmi ces difficultés, on pourra retenir :
Celle technique du repérage des jeunes
concernés.
Celle plus méthodologique de la comparaison des situations
entre les jeunes concernés issus de ces quartiers et ceux non
originaires de la géographie prioritaire.
Celle plus systémique de la compréhension des
processus même de discrimination dont ils peuvent faire l'objet.
Enfin celle plus sociologique de la détermination
singulière des territoires de la géographie prioritaire dans ces
processus.
Elle nous oblige par conséquent à
préciser le questionnement et à faire un choix
méthodologique clair qui nous permette tout à la fois d'esquisser
la mesure du phénomène et d'en comprendre les principaux facteurs
dynamiques.
Il y a par conséquent nécessité pour
répondre le plus justement à la commande de trouver un
équilibre entre une approche quantitative du phénomène et
une approche qualitative, entre une représentation photographique
à un temps T0 et ce qui détermine une nouvelles photographie
à un temps T+1, entre le constat brut et factuel des situations
repérées et identifiées et l'analyse d'un processus dont
on a pu faire l'hypothèse que celui-ci est la résultante d'un
système d'acteurs où chacun a sa part de responsabilité
dans la situation créée. On pense en particulier :
Au public lui même qui, s'il est souvent victime de la
discrimination peut également en être l'un des acteurs,
Les professionnels intervenant au titre du service public de
l'emploi dont le rôle de passeur entre la formation et le marché
du travail constitue un maillon important de la chaîne
d'accessibilité à l'offre et ont ainsi tant en terme de
diagnostic que de stratégie à l'égard de ces publics et
des entreprises une implication essentielle dans les perspectives d'insertion
proposées.
Et bien entendu les entreprises elles mêmes qui restent
les ultimes décideurs d'un processus qui tient à la fois à
leurs critères d'embauches et donc à l'existence ou non d'a
priori plus ou moins fortement marqués à l'égard des sites
de la géographie prioritaire, mais bien sûr aussi aux processus
amonts de construction et d'élaboration de la demande d'emploi à
leur égard et à la manière dont se négocie la
relation aux entreprises.
La méthodologie privilégiera l'approche
qualitative sur les processus de discrimination plutôt que de chercher
à saisir plus quantitativement les phénomènes et ainsi
tracer la photographie d'un constat sur les écarts de situation, qui en
soit ne nous dira rien sur leurs fondements et les mécanismes qui les
produisent.
Il apparaît plutôt nécessaire de substituer
à la simple image d'un tel constat une analyse qualitative des processus
mis en cause dans les phénomènes de discrimination.
Seule cette approche qualitative permettra d'identifier les
facteurs de risque ou au contraire les facteurs de résistance à
ces phénomènes.
C'est à partir d'une telle approche que nous serons en
mesure d'identifier les marges de manoeuvre sur lesquelles l'action publique
pourrait infléchir certaines tendances. C'est par conséquent sur
la base de
cette analyse qualitative que des pistes de réflexion et
d'action pourront être proposée et qui, à l'avenir,
faciliteront l'élaboration de réponses adaptées aux
problèmes posés.
La démarche consiste sur le plan méthodologique
à entrer par la voix de filières diversifiées de
formations diplômantes et professionnalisantes qui soient significatives
d'un risque limité des difficultés d'accès au
marché de l'emploi.
On peut faire effectivement l'hypothèse que plus on
réduira les facteurs parasites de l'accès à l'emploi, plus
on aura de chance de faire apparaître et rendre lisible les facteurs de
discrimination. Dés lors à partir de ces filières de
formation initiale, il faut interroger aussi bien des jeunes des quartiers de
la géographie prioritaire que des jeunes non originaires de ces
quartiers afin de connaître, de manière comparative, leurs
perceptions et représentations des difficultés relatives à
leur insertion par l'emploi. Par ailleurs, il faut interroger dans un
deuxième temps les autres éléments du système local
(professionnels en lien avec le service public de l'emploi) et les
entreprises.
C'est la confrontation de ces discours qui permettra in fine
d'identifier les principaux noeuds des difficultés d'accès
à l'emploi pour les publics concernés (ceux des ZUS) et les
leviers sur lesquels l'action publique pourrait améliorer son dispositif
d'intervention tant à l'égard des publics eux mêmes,
qu'à l'égard des entreprises ou encore du service public en
charge d'établir en quelque sorte une médiation entre la
formation et l'emploi.
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