1.3.1. L'école, un vecteur de l'assimilation :
La formation générale est susceptible de modifier
la relation au marché du travail des jeunes issus d l'immigration,
vis-à-vis de la génération antérieure.
L'école s'avère un vecteur essentiel de l'assimilation, en
tant qu'instrument de diffusion de la culture du groupe dominant, de
différenciation
6 Le taux de chômage des ZUS au niveau national
est très proche (25,4 %), même si celui-ci varie largement d'une
ZUS à l'autre.
et de hiérarchisation des cultures. Elle contribue, du
moins, à rapprocher les chances de réussite entre les filles et
les garçons. Les filles en tire souvent un bénéfice plus
important, dans la mesure où elles y voient la seule issue possible
à une condition qui les assigne par avance à la sphère
domestique. Toutefois, l'analyse des trajectoires professionnelles
révèle que les conditions d'entrée dans la vie active
diffèrent fortement selon le sexe, y compris à niveau de
diplôme identique.
L'école contribue, en tout cas, à apporter des
représentations différentes de celles qui sont
véhiculées au sein de la famille. Elle contribue largement
à la construction de modèle d'identification.
Mais le décalage est en réalité important
entre le milieu social des enseignants et celui des parents. Les connaissances
distribuées (qui privilégient les domaines abstraits) sont
souvent éloignées de celles qui peuvent être utiles dans la
vie courante.
Par ailleurs, en contribuant à dénier la culture
des parents, l'école peut mener à un échec des projets
individuels. De plus, étant donné l'insuffisance des classes
d'accueil ou de transition (permettant notamment le passage d'une
filière vers une autre), nombreux sont les élèves qui ont
atteint un niveau d'études dans l'enseignement général
sans avoir les pré requis pour suivre dans certaines disciplines.
L'accès à la formation est toutefois susceptible de modifier le
rapport à l'emploi. L'appropriation de technologies nouvelles est ainsi
devenue un enjeu pour la construction des identités professionnelles,
aussi bien dans les métiers de l'industrie que dans ceux du tertiaire
marqués par l'introduction de la bureautique ou de l'informatique.
Cette question est au coeur d'une transformation des rapports
sociaux et ses relations avec les segmentations se révèlent
complexes.
« Le fait d'être né en France ou à
l'étranger, ainsi que l'âge, d'arrivée en France, semblent
tout aussi importants que la provenance. Une arrivée en France tardive
implique généralement une orientation peu valorisante et une
durée globale des études courte. Les taux d'activité
à la sortie des études sont plus homogènes parmi les
jeunes nés en France. La situation est très défavorable
pour les femmes arrivées en France à un âge tardif (plus de
dix ans), et pour lesquelles les familles n'ont souvent manifesté aucune
aspiration professionnelle. Les variables discriminantes pour l'accès
à l'emploi, établies au travers de différentes
enquêtes, sont le fait d'être diplômés ou non (quel
que soit le type de diplôme) ; le fait d'être diplômé
d'une filière professionnelle ou d'une filière d `enseignement
général et le fait d'être bachelier ou non7.
»
La massification de l'accès aux études survenue
pendant les années1980, a par ailleurs continué
à accentuer la dérive en matière d'exigence de
diplômes de la part des employeurs. La prolongation de la
scolarité dans les filières d'enseignement professionnelle n'est
pas toujours le signe d'une réussite,
7 Odile MERCKLING. « Emploi, migration et genre » Des
années 1950 aux années 1990 ». Logiques sociales. L
`Harmattan. P 206 à 209.
car son efficacité dépend fortement des
spécialités et des régions. Les jeunes issus de
l'immigration restent marqués par une orientation massive vers ces
filières, compte tenu de leur prolongement vers le baccalauréat
professionnel. Ils connaissent une faible motivation qui résulte d'une
orientation souvent non choisie, d'une inadéquation fréquente
entre les formations et les emplois qu'on leur propose. Les formations qu'ils
détiennent montrent cependant un déplacement par rapport aux
métiers qui étaient exercés par leurs parents, même
si ceux-ci constituent encore une référence : profession de la
mécanique et de la maintenance industrielle, de la réparation
automobile, des transports, du second oeuvre du BTP... »
Les choix professionnels sont influencés à la
fois par une image sociale dévalorisée du père et la
volonté de s'en démarquer, ainsi que par des mécanismes de
relégation souvent liés à une localisation dans des zones
urbaines défavorisées. Les difficultés d'accès aux
emplois administratifs des secteurs public ou privé seraient
liées à une méconnaissance des usages à adopter.
L'orientation privilégiée des filles vers des secteurs
liés à l'enfance ou à la santé (aides-soignantes,
puéricultrices, infirmières...), ou bien vers ceux liés
à l'esthétique, à la couture et à la coiffure
s'appuie en revanche largement sur des pratiques développées au
sein du milieu familial.
Les conditions de scolarisation se révèlent en
tout cas peut articulées avec la position sur le marché du
travail. Par exemple, la position des femmes algériennes sur le
marché du travail est très défavorable, alors que leur
position vis-à-vis de la détention de diplômes
apparaît favorable. L'effet des diplômes en matière
d'accès à l'emploi est nettement différencié selon
le sexe enquête FQP, Formation Qualification Professionnelle,
menée par l'INSEE8.
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