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Les conditions d'accès à  l'emploi des jeunes diplômés bac plus deux et plus des zones urbaines sensibles de l'agglomération nantaise

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par Jean-Baptiste DROUET
UFR de Sociologie de Nantes - DESS 2005
  

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1.1. Les caractéristiques des ZUS

Pour comprendre la problématique de l'étude, la méthodologie et les hypothèses qui seront soulevée lors de l'enquête qualitative ; il faut se pencher sur la contextualisation de l'étude et comprendre ce que sont les zones urbaines sensibles. On appelle ZUS les zones urbaines sensibles, les caractéristiques des ZUS sont liées au national et au dynamisme de leur agglomération. La ZUS en tant que « territoire marginalisé » doit être comprise en fonction de l'environnement social, économique et urbain. Il existe

un lien entre « un territoire en difficulté » et l'unité urbaine dont il dépend. Pour comprendre certains phénomènes à l'échelle d'une agglomération, il faut établir une distinction entre ce qui est local et ce qui relève de tendances lourdes, et comprendre au niveau national les écarts de développement social, économique et urbain des ZUS par rapport au monde urbain.

Par exemple, 56 % des ZUS sont dans les villes de banlieue, mais le reste dans des villes centre ; c'est le cas des ZUS de la ville de Nantes (Dervallières, Bellevue, Château Mahaudières...). Il faut comprendre la réalité urbaine des différentes régions et l'impact de la répartition des ZUS sur le territoire national. En France métropolitaine, on dénombre 4 462 851 habitants en ZUS, répartis en 751 quartiers, soit 8 % de la population nationale, 10,2 % de la population nationale urbaine. La population moyenne par ZUS est de 6224 habitants. La population varie d'une ZUS à l'autre, de 333 habitants à 50 553 habitants (Centre Nord Marseille). La population en ZUS est plus jeune que la tendance nationale, même si l'écart a tendance à diminuer. Si on remarque une baisse de la population étrangère, elle reste sur représentée. On compte en 1999, environ 820 000 immigrés (personnes vivant en France nées étrangères à l'étranger) en ZUS, soit 19 % de la population immigrée vivant en France et 18,3 % de la population des ZUS. (Algérie : 21,5 % ; Maroc : 20,1 %). Il ne faut pas penser que les quartiers sont tous également touchés par le chômage. En 1999, le taux de chômage varie largement d'une ZUS à l'autre autour du taux moyen de 25,4 %. Les études de quartier sur les couches populaires et immigrées témoignent d'une crise d'identité. En France, l'attention pour les quartiers d'habitat social a été renouvelée depuis une vingtaine d'années par le repérage par les pouvoirs publics de « quartiers difficiles » nécessitant une présence plus forte des services publics : chômage important, fort taux de population étrangère et de jeunes.

François DUBET et Claude LAPEYRONNIE, dans leur ouvrage, « les quartiers d'exil » (1992) pensent que ces quartiers correspondent à une société décomposée, liée au déclin du mouvement ouvrier et à la fin des solidarités de classes Ils associent ce type d'espace urbain à un sentiment d'exclusion : ces quartiers relégués deviennent des zones de non-droit ; (thèse fortement discutée). D'autres auteurs ne constatent pas de situation d'anomie. Selon eux, l'écart de normes entre générations provient surtout de la désintégration du monde et de la culture « ouvrière » dans la mesure où cette culture se trouve dans l'impossibilité d'imposer ses valeurs et d'en rétribuer la conformité.

En définitive, la notion même de « quartiers difficiles », si elle exprime le sentiment de relégation des couches populaires, est à manier avec précaution. Même si des souffrances réelles existent dans ces espaces, les variables statistiques définissant ces secteurs (pourcentage de jeunes, de chômeurs, d'étrangers, de familles monoparentales...) renvoient à des critères qui effraient plus les responsables publics que les populations qui y vivent.

2

ZUS

Ensemble des agglomérations

comprenant une ZUS

Part des familles monoparentales.

18,6 %

12,4 %

Part des ménages de 6 personnes ou plus.

7,5 %

3,1%

Part des Moins de 25 ans.

43 %

34,7 %

Part des ménages dont la personne de

référence est de nationalité étrangère.

15,8 %

8,1 %

Part des ménages dont la personne de

référence est de nationalité ouvrier-employé.

50,6 %

33,2 %

Part des 15-24 ans poursuivant leurs études.

52,8 %

60,9 %

Part des non-diplômés parmi les 15-24 ans ayant achevé leurs études.

36,7 %

27,3 %

Taux de chômage.

18,9 %

11,6 %

Part de logements HLM.

62 %

22 %

Certaines caractéristiques se retrouvent pratiquement dans toutes les ZUS3 . La population est relativement jeune, le taux de chômage est élevé, et on remarque une présence plus importante de familles immigrées ainsi que de nombreuses familles monoparentales.

Concernant la scolarité et l'emploi, les ZUS sont marquées par un faible niveau de formation, et une basse qualification professionnelle.

Généralement les quartiers ZUS ont un aspect physique dégradé, des immeubles que l'on nomme aussi « barres ». Cela Joue sur un effet de « marquage » de l'ensemble du quartier, et une « spirale stigmatisante » : absence d'emploi, image dégradée du quartier, mise à l'écart des jeunes de ce quartier quand des possibilités d'emplois apparaissent.

L'implantation dans le quartier est plutôt ancienne, la majorité des familles habitent le quartier depuis plus de dix ans. Ce point sera abordé lors des entretiens avec les jeunes des quartiers nantais pour comprendre les logiques d'attachement au quartier et l'identité au quartier. Les jeunes dont le père est étranger sont encore plus enracinés au quartier. Paradoxalement, une majorité de personnes est

2 M F Golberger, Ph Choffel, JC Letoqueux. Les ZUS, INSEE Première, avril 98.

3 Étude : insertion professionnelle et effets de quartier. CREDOC. Patrick DUBECHOT, Isabelle GROC. Département « Evaluation des politiques Sociales ».

satisfaite de son quartier : Le cadre de vie apparaît satisfaisant du fait notamment de la sociabilité, on reste attaché au quartier et on ne veut pas le quitter parce qu'on connaît tout le monde. Le quartier opère un côté rassurant parce qu'il favorise la reconnaissance sociale.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery