1.1. Les caractéristiques des ZUS
Pour comprendre la problématique de l'étude, la
méthodologie et les hypothèses qui seront soulevée lors de
l'enquête qualitative ; il faut se pencher sur la contextualisation de
l'étude et comprendre ce que sont les zones urbaines sensibles. On
appelle ZUS les zones urbaines sensibles, les caractéristiques des ZUS
sont liées au national et au dynamisme de leur agglomération. La
ZUS en tant que « territoire marginalisé » doit être
comprise en fonction de l'environnement social, économique et urbain. Il
existe
un lien entre « un territoire en difficulté »
et l'unité urbaine dont il dépend. Pour comprendre certains
phénomènes à l'échelle d'une agglomération,
il faut établir une distinction entre ce qui est local et ce qui
relève de tendances lourdes, et comprendre au niveau national les
écarts de développement social, économique et urbain des
ZUS par rapport au monde urbain.
Par exemple, 56 % des ZUS sont dans les villes de banlieue,
mais le reste dans des villes centre ; c'est le cas des ZUS de la ville de
Nantes (Dervallières, Bellevue, Château Mahaudières...). Il
faut comprendre la réalité urbaine des différentes
régions et l'impact de la répartition des ZUS sur le territoire
national. En France métropolitaine, on dénombre 4 462 851
habitants en ZUS, répartis en 751 quartiers, soit 8 % de la population
nationale, 10,2 % de la population nationale urbaine. La population moyenne par
ZUS est de 6224 habitants. La population varie d'une ZUS à l'autre, de
333 habitants à 50 553 habitants (Centre Nord Marseille). La population
en ZUS est plus jeune que la tendance nationale, même si l'écart a
tendance à diminuer. Si on remarque une baisse de la population
étrangère, elle reste sur représentée. On compte en
1999, environ 820 000 immigrés (personnes vivant en France nées
étrangères à l'étranger) en ZUS, soit 19 % de la
population immigrée vivant en France et 18,3 % de la population des ZUS.
(Algérie : 21,5 % ; Maroc : 20,1 %). Il ne faut pas penser que les
quartiers sont tous également touchés par le chômage. En
1999, le taux de chômage varie largement d'une ZUS à l'autre
autour du taux moyen de 25,4 %. Les études de quartier sur les couches
populaires et immigrées témoignent d'une crise d'identité.
En France, l'attention pour les quartiers d'habitat social a été
renouvelée depuis une vingtaine d'années par le repérage
par les pouvoirs publics de « quartiers difficiles »
nécessitant une présence plus forte des services publics :
chômage important, fort taux de population étrangère et de
jeunes.
François DUBET et Claude LAPEYRONNIE, dans leur
ouvrage, « les quartiers d'exil » (1992) pensent que ces quartiers
correspondent à une société décomposée,
liée au déclin du mouvement ouvrier et à la fin des
solidarités de classes Ils associent ce type d'espace urbain à un
sentiment d'exclusion : ces quartiers relégués deviennent des
zones de non-droit ; (thèse fortement discutée). D'autres auteurs
ne constatent pas de situation d'anomie. Selon eux, l'écart de normes
entre générations provient surtout de la
désintégration du monde et de la culture « ouvrière
» dans la mesure où cette culture se trouve dans
l'impossibilité d'imposer ses valeurs et d'en rétribuer la
conformité.
En définitive, la notion même de « quartiers
difficiles », si elle exprime le sentiment de relégation des
couches populaires, est à manier avec précaution. Même si
des souffrances réelles existent dans ces espaces, les variables
statistiques définissant ces secteurs (pourcentage de jeunes, de
chômeurs, d'étrangers, de familles monoparentales...) renvoient
à des critères qui effraient plus les responsables publics que
les populations qui y vivent.
2
|
ZUS
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Ensemble des agglomérations
comprenant une ZUS
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Part des familles monoparentales.
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18,6 %
|
12,4 %
|
Part des ménages de 6 personnes ou plus.
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7,5 %
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3,1%
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Part des Moins de 25 ans.
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43 %
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34,7 %
|
Part des ménages dont la personne de
référence est de nationalité
étrangère.
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15,8 %
|
8,1 %
|
Part des ménages dont la personne de
référence est de nationalité
ouvrier-employé.
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50,6 %
|
33,2 %
|
Part des 15-24 ans poursuivant leurs études.
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52,8 %
|
60,9 %
|
Part des non-diplômés parmi les 15-24 ans ayant
achevé leurs études.
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36,7 %
|
27,3 %
|
Taux de chômage.
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18,9 %
|
11,6 %
|
Part de logements HLM.
|
62 %
|
22 %
|
Certaines caractéristiques se retrouvent pratiquement
dans toutes les ZUS3 . La population est relativement jeune, le taux
de chômage est élevé, et on remarque une présence
plus importante de familles immigrées ainsi que de nombreuses familles
monoparentales.
Concernant la scolarité et l'emploi, les ZUS sont
marquées par un faible niveau de formation, et une basse qualification
professionnelle.
Généralement les quartiers ZUS ont un aspect
physique dégradé, des immeubles que l'on nomme aussi «
barres ». Cela Joue sur un effet de « marquage » de l'ensemble
du quartier, et une « spirale stigmatisante » : absence d'emploi,
image dégradée du quartier, mise à l'écart des
jeunes de ce quartier quand des possibilités d'emplois apparaissent.
L'implantation dans le quartier est plutôt ancienne, la
majorité des familles habitent le quartier depuis plus de dix ans. Ce
point sera abordé lors des entretiens avec les jeunes des quartiers
nantais pour comprendre les logiques d'attachement au quartier et
l'identité au quartier. Les jeunes dont le père est
étranger sont encore plus enracinés au quartier. Paradoxalement,
une majorité de personnes est
2 M F Golberger, Ph Choffel, JC Letoqueux. Les ZUS, INSEE
Première, avril 98.
3 Étude : insertion professionnelle et effets de quartier.
CREDOC. Patrick DUBECHOT, Isabelle GROC. Département « Evaluation
des politiques Sociales ».
satisfaite de son quartier : Le cadre de vie apparaît
satisfaisant du fait notamment de la sociabilité, on reste
attaché au quartier et on ne veut pas le quitter parce qu'on
connaît tout le monde. Le quartier opère un côté
rassurant parce qu'il favorise la reconnaissance sociale.
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