5.5. Relations entre les
troubles psychiatriques et les facteurs sociodémographiques et
cliniques
Cinquante-six pour cent des sujets de cette étude
présentaient un trouble psychiatrique. Le trouble psychiatrique le plus
observé est la DPAVC. Sont examinés ici les rapports entre les
facteurs sociodémographiques et cliniques et les troubles psychiatriques
post-AVC.
5.5.1. Sexe
Dans le cadre de cette étude, contrairement aux
données de la littérature (36,85,89,123-125) les TPPAVC
étaient uniformément repartis dans les deux sexes. Par contre,
l'étude d'Oladiji et al. a relevé la vulnérabilité
du sexe féminin chez les patients hospitalisés à Lagos au
Nigéria (98).
5.5.2. Age
Dans le cadre de cette étude, les troubles
psychiatriques ont été observés aussi bien chez les
patients de moins de 65 ans (56,3%) que chez les patients de 65 ans ou plus
(55,6%). La différence entre les deux groupes n'était pas
statistiquement significative. Et pourtant, il a été
rapporté que l'âge inférieur à 65 ans est un facteur
de risque de survenue des troubles psychiatriques(125).
5.5.3. Niveau scolaire
Les sujets de l'étude ont été
séparés en deux groupes en fonction du diplôme
obtenu : le premier groupe comprenait les patients porteur de tout au plus
un certificat d'école primaire et le deuxième groupe comprenait
les porteurs d'un diplôme du secondaire ou plus. Les troubles
psychiatriques étaient présents chez 64,5% des patients du
premier groupe et chez 42,1% des patients du deuxième groupe. La
différence n'était pas statistiquement significative. Cependant,
en ce qui concerne l'anxiété, elle était présente
chez 29% des patients du premier groupe contre 5,3% des patients du
deuxième groupe (p=0.04). Les patients ayant un niveau
d'éducation supérieur (diplôme du secondaire ou plus)
étaient moins anxieux que ceux ayant un faible niveau (diplôme du
primaire ou moins), comme ceci a du reste été constaté
ailleurs, notamment en ce qui concerne la dépression (127). Cependant,
ces résultats vont à l' encontre du constat qui souligne le
fait que les troubles psychiatriques post-AVC sont généralement
associés à un haut niveau d'éducation(126).
Par rapport à l'anxiété, Jopson et al.
ont observé des résultats analogues chez des patients atteints de
sclérose en plaque (incompréhensible). Pour ces auteurs,
l'étude des croyances face à la maladie montre qu'il peut exister
une distance importante entre la compréhension du patient et son
état de santé objectif tel qu'il est perçu par le
médecin. Plus cette distance est importante, plus elle laisse la place
à des interprétations parfois préjudiciables tant sur le
plan de l'impact psychologique de la maladie (anxiété,
dépression) que sur le plan des comportements de santé
(compliance médicamenteuse, habitudes de vie, etc.). Dans le cadre de la
sclérose en plaques (SEP), Jopson et al. ont montré qu'une
mauvaise compréhension de la maladie augmentait l'anxiété
(128). Il est possible que l'anxiété des sujets de cette
étude aient en partie procédé du même
mécanisme psychopathologique. L'AVC est une maladie qui peut survenir
brutalement sans aucun prodrome. Il oblige les patients et les membres de
famille à mettre en place des mécanismes d'adaptation rapidement
opérationnels dans un contexte de pauvreté de ressources. Les
patients à faible niveau d'éducation, qui sont souvent les plus
pauvres semblent plus vulnérables (74).
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