2.3. Les troubles psychiatriques dans les AVC
Une atteinte cérébrale peut accroître une
vulnérabilité constitutionnelle aux affections psychiatriques
mais surtout altérer la capacité du sujet à s'adapter aux
changements existentiels, entraîner des pertes de statut ou de
rôle, la rupture de relations affectives et de liens
socio-professionnels, jusque-là constitutifs de l'identité. Les
manifestations psychiatriques secondaires aux AVC sont nombreuses. En raison de
leur impact sur l'évolution et la qualité de vie des patients, il
est important de pouvoir les reconnaitre et les soigner.
2.3.1. La dépression
La Dépression Post Accident Vasculaire
Cérébral (DPAVC) est relativement fréquente. Sa
prévalence varie entre 18 et 60% (31). Les critères diagnostiques
du DSM IV de la DPAVC (dépression due à une maladie organique)
sont superposables à ceux d'une dépression fonctionnelle. La
DPAVC se caractérise néanmoins par : une
détérioration cognitive plus sévère, de plus amples
fluctuations de l'humeur, un ralentissement psychomoteur plus important, une
anxiété plus marquée, des signes somatiques et
végétatifs (32). Par contre l'anhédonie, l'état
mélancolique, la culpabilité et les idéations suicidaires
sont plus rares (32-33). Néanmoins, le risque suicidaire, surtout chez
les patients jeunes, n'est pas négligeable (34-35).
Le diagnostic de la dépression se base
généralement sur l'évaluation clinique ou sur
l'utilisation des questionnaires qui peut être rendue difficile par les
déficits cognitifs des patients ayant présenté un AVC.
Les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la
sérotonine (SSRI) ont montré leur efficacité dans la prise
en charge de la DPAVC. Ils ne présentent que des rares effets
secondaires. Les tricycliques ne sont pas recommandés en raison de leurs
effets secondaires. Ils sont moins efficaces que les SSRI (36).
2.3.2. L'anxiété
Les critères diagnostiques de l'anxiété
post accident vasculaire cérébral (APAVC) dans le DSM IV TR sont
ceux de l'anxiété associée à une lésion
cérébrale et superposables à celle de
l'anxiété généralisée. L'APAVC est
fréquente. Entre 25 et 50% des patients manifestent une
anxiété généralisée qui peut être
associée à une dépression jusqu'à deux ou trois ans
après un AVC (37-38). L'APAVC se rapproche par plusieurs aspects du
syndrome de stress post traumatique. Le syndrome de stress post traumatique
proprement dit est rapporté chez près d'un patient sur dix ayant
survécu à un AVC (39).
L'APAVC peut être liée à des facteurs
psychologiques telle la préoccupation de ne pas pouvoir contrôler
ses réactions. Par contre, les mécanismes neurobiologiques sont
mal connus.
Parmi les différentes approches thérapeutiques
explorées, ce sont les thérapies cognitivo-comportementales qui
ont fait l'objet des études les plus structurées. Malgré
des résultats contradictoires, celles-ci font preuve d'une
efficacité démontrée chez certains patients (40).
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