Le facteur culturel dans la coopération sino-camerounaise:le cas de l'implantation de l'institut Confucius a l'institut des relations internationales du Cameroun(IRIC)( Télécharger le fichier original )par Jean Cottin Gelin KOUMA Universite de Yaounde II-Soa - Master II en Relations Internationales option Diplomatie 2010 |
SECTION II : LA RECEPTION LOCALE ET REGIONALE DE L'INSTITUT CONFUCIUSLe soft power constitue l'une des ressources symboliques dont dispose un Etat. Il lui permet de devenir plus influent à travers la séduction. « Par soft power, nous entendons la force d'attraction d'une culture, d'un pays, sa capacité à séduire par ses oeuvres, ses découvertes, ses modèles, ses valeurs »295(*). L'Institut Confucius multiplie les activités pour séduire. A cet effet, il a mis en place en place une panoplie d'activités éducatives et culturelles. Ces opérations de charme chinois exerce un impact considération au plan local et régional (Paragraphe I) et suscite des perceptions de la part des populations concernées (Paragraphe II). PARAGRAPHE I : L'INSTITUT CONFUCIUS VU PAR LE CAMEROUNLa perception exprime la représentation que se fait tout décideur de l'environnement national, régional ou global296(*). Ainsi, l'Institut Confucius semble produire des résultats exceptionnels qui séduisent et forcent l'admiration des populations camerounaises. Pour rendre compte de cette offensive de charme, il est nécessaire de dégager l'image que les uns et les autres se font l'Institut Confucius de l'IRIC. Selon Boulding, « l'image est la représentation organisée d'un objet dans le système cognitif de l'individu »297(*). Il s'agit donc de s'interroger sur la place qu'occupe l'Institut Confucius dans l'imaginaire de l'IRIC (A) et du gouvernement camerounais (B). Les imaginaires des différentes composantes sociologiques de l'IRIC sur l'Institut Confucius ont en général un sens positif. Des responsables administratifs de l'Institut jusqu'aux enseignants et étudiants, il se dégage une construction positive de l'image de cette structure qui fait tant d'émules. L'Institut Confucius se présente comme la vitrine de la coopération sino-camerounaise et d'après Jean Tabi Manga, Président du Conseil d'Administration (PCA) dudit Institut, « c'est le lieu de convergence des sensibilités africaines éprises de multiculturalisme. L'Institut Confucius sera un creuset pour faire triompher la pluralité du monde dans un environnement menacé par l'uniformité »298(*). Outre cet aspect culturel, l'Institut Confucius représente aussi une plate-forme économique. A ce titre, Tabi Manga poursuit en disant qu'à l'Institut Confucius, « les hommes d'affaires camerounais et chinois pourront désormais apprendre la langue et améliorer de ce fait leurs affaires ». Narcisse Mouellé Kombi, Directeur de l'IRIC, quant à lui affirme que : « l'Institut Confucius de l'Université de Yaoundé II, c'est le premier du genre en Afrique francophone au sud du Sahara. (...) Il n'a jamais cessé de s'affirmer comme une plaque tournante de l'enseignement de la langue et de la civilisation chinoise au Cameroun »299(*). D'après Etienne Songa, l'Institut Confucius de l'IRIC se distingue par de bons résultats sur le plan du travail. Il dit à ce sujet que, « pour la deuxième année consécutive le Cameroun a reçu le prix de l'excellence des Instituts Confucius. Ce qui veut dire que sur environ 25 Instituts Confucius que compte l'Afrique, nous avons été les meilleurs (...). Tout cela fait que le Cameroun s'ouvre davantage sur le plan linguistique à la Chine et c'est un atout pour développer la coopération dans les autres domaines »300(*). Fort de ce constat, l'aide à l'éducation que la Chine octroie aux Instituts Confucius est à la mesure de ses ambitions. Selon les déclarations d'Etienne Songa, « l'Institut Confucius gère environ un budget d'un montant de 100 millions par an »301(*). Ainsi la Chine multiplie son appui à l'éducation au Cameroun, à travers l'octroi des bourses d'études, des formations diverses, des dons de matériel didactique, etc. La coopération sino-camerounaise se caractérise par plusieurs rencontres au sommet, ainsi qu'une intense activité diplomatique entre les deux pays. Depuis la création de l'Institut Confucius, cette coopération, dans le domaine culturel, est intense et fructueuse et le gouvernement camerounais salue cette initiative chinoise. Le Ministère de l'Enseignement Supérieur du Cameroun, tutelle de l'IRIC où est logé cet Institut, ne cesse de louer les efforts entrepris par la partie chinoise, en vue de valoriser la coopération dans le domaine culturel via l'Institut Confucius. De l'avis de Jacques Fame Ndongo, « les Instituts Confucius sont une unification fédératrice des peuples. C'est pourquoi l'objectif, à long terme, est de doter toutes les universités d'Etat du Cameroun de ces Instituts. Le Cameroun comprend déjà cinq pôles d'enseignement du chinois(...). Les Instituts Confucius ont pour objectif d'apporter l'expérience du peuple chinois, en matière de langue et autre savoir, contribuant ainsi au développement du continent »302(*). Pour le gouvernement camerounais, à travers l'Institut Confucius, le Cameroun peut prendre appui sur la Chine afin d'atteindre ses objectifs de développement. * 295 Connexions, loc. cit., p.56. * 296 M. Hearn, « La perception »,in Revue Française de science politique, 36e année, 1986, p.323. * 297 Cité par M. Hearn, loc. cit., p.76. * 298 Voir : http://www.quotidienlejour.com/actualites/3522-cameroun--la-langue-chinoise-aujourdhui-et-demain, (consulté le 07/05/2011). * 299 Cameroon Tribune, du 10/01/2011. * 300 Ibid., N°9566, du 25/03/2010. * 301 Propos tenus dans un entretien avec l'intéressé. * 302 http://www.quotidienlejour.com/actualites/3522-cameroun--la-langue-chinoise-aujourdhui-et-demain, loc.cit., p.75. |
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