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Le facteur culturel dans la coopération sino-camerounaise:le cas de l'implantation de l'institut Confucius a l'institut des relations internationales du Cameroun(IRIC)

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par Jean Cottin Gelin KOUMA
Universite de Yaounde II-Soa - Master II en Relations Internationales option Diplomatie 2010
  

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SECTION II : L'IRIC : UNIQUE LABORATOIRE DE LANGUE CHINOISE EN AFRIQUE CENTRALE

Compte tenu du statut international que revêt l'IRIC, l'Institut Confucius dont la mission principale consiste à enseigner le mandarin, exerce une influence considérable en Afrique centrale (Paragraphe 1), et constitue un moyen de stimulation des échanges et de dialogue entre les peuples africain et chinois (Paragraphe 2).

PARAGRAPHE I : LA LANGUE CHINOISE COMME VECTEUR D'INFLUENCE EN AFRIQUE CENTRALE

Selon le Dictionnaire des Sciences humaines (2004), «  une langue serait (...) un dialecte qui a pris le pouvoir dans un pays »220(*). La langue représente aussi un système de signes verbaux et non verbaux propre à une communauté d'individus qui l'utilisent pour s'exprimer et communiquer entre eux. Il s'agit d'un outil propice à la communication qui permet les échanges entre les peuples. D'après Luc Sindjoun, « la langue, tout en étant un outil de communication, participe d'une culture c'est-à-dire d'une manière de penser, de nommer et d'imaginer »221(*). C'est notamment dans ce sens que Pierre Bourdieu estime que la langue n'est pas un moyen de communication neutre. Selon lui, « elle est en effet un facteur de pouvoir et de domination »222(*). Il s'agit là pour les Etats, de reconsidérer l'exercice de la puissance en termes d'influence. Anne Grazeau-Secret estime à propos de l'influence, « qu'elle ne se décrète pas, elle va de pair avec les facteurs de puissance d'un pays (...) et que ses effets ne se font sentir qu'à long terme »223(*). La diplomatie culturelle rappelle donc l'utilisation de la culture comme moyen d'influence dans une zone géographique. La stratégie d'influence est clairement définie en Chine et affichée par l'Institut Confucius à travers la diffusion du mandarin. Narcisse Moeuellé Kombi pense à ce propos que « la langue chinoise est le vecteur de la puissance chinoise à travers le monde »224(*). Mais comme le souligne Luc Sindjoun, le mandarin est « la langue parlée par le plus grand nombre de personnes. Cependant, le critère du nombre à lui tout seul ne suffit pas, il faut prendre en considération l'expansion géographique et l'usage par l'élite dominante »225(*). C'est ce qui semble faire la Chine pour rendre sa langue plus influente et plus utilisée dans la communication internationale. Ce qui importe à présent, c'est de relever l'engouement dont fait l'objet la langue chinoise (A), et de souligner l'influence qui ressort dans l'apprentissage de celle-ci (B).

A) Un engouement croissant de l'apprentissage du mandarin

L'apprentissage du mandarin suscite de l'enthousiasme au Cameroun. Le constat qui se dégage est que depuis que le Centre linguistique a été ouvert au public en 2001 et transformé en Institut Confucius, le chinois fait l'objet d'une attraction particulière. De ce qui précède, Pauline Zang Atangana, enseignante de chinois à l'Institut déclare que : « ce centre accueillait quelques étudiants de l'IRIC, des enfants de cinq à sept ans, et une poignée d'hommes d'affaires »226(*). Elle poursuit son propos en déclarant qu' « aujourd'hui, la structure a fait des émules : des pôles ont été crées à travers le pays, regroupant près de deux mille étudiants. Nous sommes submergés ». Ce que confirme Narcisse Mouellé Kombi, lorsqu'il dit qu'il y a « un engouement croissant pour l'enseignement de la langue chinoise. Cet intérêt est de plus en plus croissant depuis la mise en place de l'Institut Confucius à l'IRIC en 2007 »227(*). Cet Institut dispose des structures annexes implantées dans des établissements scolaires et universitaires du Cameroun. On peut par exemple citer, l'Ecole Normale Supérieure (ENS) de l'Université de Maroua, l'ENS de l'Université de Yaoundé I, à l'Université de Buea où une annexe pour les traducteurs-interprètes sera bientôt opérationnelle, l'Ecole publique St. André de Douala. Précisons qu'en dehors des cours que l'Institut dispense à ceux qui y sont inscrits, le mandarin est enseigné à l'Université de Maroua comme matière obligatoire au Département de Communication Interculturelle et Interprétation, et dans les autres établissements comme seconde langue optionnelle. Les demandes en annexes ne font que s'accroitre. Et Etienne Songa le confirme, lorsqu'il évoque le traitement des dossiers en cours pour les Universités de Douala, Bamenda, Dschang et N'gaoundéré228(*).

Eu égard à la montée en puissance de la Chine, l'on est tenté d'affirmer que le chinois est la langue internationale d'avenir. Aussi, les opportunités actuelles et futures qu'offre la Chine, constituent-elles dans une certaine mesure une grande motivation pour les apprenants du mandarin. Ainsi, les étudiants inscrits à l'Institut, poursuivent un objectif bien précis : soit on apprend le chinois pour poursuivre les études en Chine, soit pour coopérer avec les chinois, soit pour enseigner le chinois. C'est la raison pour laquelle à l'Institut, on trouve des apprenants divers, composés d'étudiants, hommes d'affaires, cadres d'administration publics et privés et autres. A cette catégorie d'apprenants s'ajoutent des étudiants en relations internationales, des enseignants, et bientôt des traducteurs-interprètes, qui apprennent le chinois comme langue optionnelle ou obligatoire. Le constat qui se dégage à l'ENS de Yaoundé, est qu'un nombre impressionnant d'étudiants se sont rués à l'apprentissage du chinois. Gabriel Nicolas Andjiga, directeur de cette institution, atteste de cet engouement : « nous sommes retrouvés avec 1565 étudiants qui ont choisi d'apprendre le chinois »229(*). Pour faire une évaluation globale de l'engouement dont la langue chinoise fait l'objet au Cameroun, Mme Zhang estime que « plus de 2500 personnes apprennent la langue chinoise au Cameroun. Ils viennent de tous les horizons, sont d'âges divers et appartiennent à différents milieux professionnels »230(*). Tout cet attrait dont la langue chinoise semble faire l'objet, n'est que les prémices de l'influence que cette action éducative exerce sur les apprenants.

B) L'influence par l'éducation

Le terme éducation vient du latin educatio qui signifie « action d'élever ». Emmanuel Kant l'exprimait clairement en ces termes : « l'homme ne peut devenir homme que par l'éducation. Il n'est que ce que l'éducation fait de lui (...). C'est au fond de l'éducation que gît le grand secret de la perfection de la nature humaine »231(*). Pour Emile Durkheim, chaque société, considérée à un moment déterminé de son développement, a un système d'éducation qui s'impose aux individus. Il pense donc que : «  l'éducation est l'action exercée par les générations adultes sur celles qui ne sont pas encore mures pour la vie sociale. Elle a pour objet de susciter et de développer chez l'enfant un certain nombre d'états physiques, intellectuels et moraux ... »232(*). Vu sous cet angle, pour qu'il y ait action éducative, il faut qu'il y ait un éducateur et un éduqué. C'est donc une relation asymétrique233(*) dans la mesure où l'éducateur exerce une certaine influence sur l'éduqué. Selon François Géré, l'influence ne vise pas seulement un adversaire mais aussi des alliés et des partenaires auprès desquels, par tous les ressorts de la séduction, on cherche à faire prévaloir son propre vue et à les entrainer sur les voies qu'on a choisies pour eux. Dans ce cas, elle résulte avant tout d'une stratégie économique et culturelle qui vise à proposer des valeurs, représentation du monde, un certain mode de vie, de manière à créer des perceptions et des comportements spontanément favorables. L'influence constitue donc un effet recherché de tous temps dans les relations entre Etats234(*). C'est ce qui semble fonder la coopération entre la Chine et le Cameroun. Le réseau des Instituts Confucius constitue un pilier stratégique dans le dispositif chinois de conquête du monde par les idées. C'est ce qui justifie l'idée de soft power de Joseph Nye au lendemain de la guerre froide, pour montrer comment se manifeste une puissance symbolique ou douce d'un Etat, fondée sur l'attrait culturel ou idéologique. La Chine, à travers sa montée en puissance, s'impose comme « le porte parole » des pays dits du Sud, et comme celle là même qui se soucie de leurs conditions de vie. Mais comme le souligne Christian Harbulot, « les actions culturelles chinoises ne sont qu'un alibi sous prétexte de respect mutuel, ce n'est pas le bien commun des deux parties qui est recherché mais la domination de la Chine sur le continent africain »235(*). A cet effet, l'enseignement du mandarin et la diffusion de la culture chinoise via l'Institut Confucius, constituent un moyen d'influence non négligeable dans la politique étrangère de la Chine.

* 220 J-F. Dortier, Dictionnaire des Sciences humaines, Paris, Editions Sciences humaines, 2004, p.398.

* 221 L. Sindjoun, loc. cit., p.26.

* 222L. M. Onguene Essono, « Le français en Afrique : moteur pour une éclosion scientifique ou soupape de blocage à la recherche scientifique ? », in www2.univ-paris8.fr/colloque-mai/.../Essono_Franco_en_Afrik.pdf, (consulté le 08/04/2011).

* 223 A. Grazeau-Secret, Pour un « soft power » à la française : du rayonnement culturel à la diplomatie d'influence », mars 2010, p.9.

* 224 Le Jour, loc. cit., p.38.

* 225 L. Sindjoun, loc. cit., p.26

* 226 M. Houmfa, loc. cit., p.44.

* 227 S. Dongmo, Journal Le Jour du 19/08/2010.

* 228 Nous tenons cette déclaration de l'entretien du 21/02/2011.

* 229 E. Elouga, Cameroon Tribune, loc.cit., p.53.

* 230 Le Jour, loc. cit., p.51.

* 231 E. Kant, Réflexions sur l'éducation, pp.73-74., cité par J. C. Filloux in « Emile Durkheim », Perspectives, Vol XXIII, N°1-2, 1993, pp.305-322.

* 232 E. Durkheim, Education et sociologie, p.51. cité par J. C. Filloux, loc.cit.,

* 233 Cette relation est asymétrique dans la mesure où l'influent et l'influencé n'ont pas le même statut, les mêmes objectifs et souvent pas la même conscience du phénomène. Voire : http:// www.huyghe.fr/dyndoc-actu, (consulté le 29/03/2011).

* 234 F. Géré (dir), Puissances et influences, Annuaire géopolitique et géostratégique, Paris, Descartes&Cie, pp.196-197.

* 235 C. Harbulot, loc.cit., p.6.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon