Chapitre III : Présentation des articles sur
les
relations franco-seychelloises sous
René
Cette étude est plus statistique et analytique que
n'importe quel chapitre de ce mémoire. Tous les chiffres que nous
donnons sont issus de nos propres calculs. Cela nous permet de voir la place de
chaque journal dans notre corpus sur les relations entre la France et les
Seychelles de France-Albert RENÉ. De quels types d'informations
traitent-ils et en quelle quantité ? Quelle place les relations
franco-seychelloises tiennent-elles dans la presse française ?
A) Les articles sur les relations franco-seychelloises
par rapport aux articles sur les Seychelles de René en
général
Nous distinguons deux catégories d'articles de presse
écrite française. D'un côté, les articles sur les
Seychelles de France-Albert RENÉ dans tous les domaines (politiques
intérieure, extérieure, économiques). De l'autre, les
articles sur les relations franco-seychelloises pendant le « règne
» de « Papa » - terme utilisé pour dire «
président » en créole seychellois, très souvent
utilisé pour désigner RENÉ - issus de la première
catégorie d'articles. Nous avons donc deux corpus que nous
désignons respectivement de « corpus n°1 » et «
corpus n°2 ». Nous jugeons qu'il est utile de faire une étude
comparative pour avoir une idée de la place de la couverture
journalistique française des relations franco-seychelloises sous
RENÉ dans l'investigation générale de la presse
écrite française dans l'archipel à l'époque qui
nous intéresse.
D'abord, nous allons étudier les articles composant
notre premier corpus avant de le comparer au second (cf. annexes
n°1 et 2). Ce premier corpus peut être utilisé dans notre
étude pour présenter de façon générale les
Seychelles de RENE d'après la presse écrite française ou
pour renforcer notre étude sur les relations bilatérales. Plus de
1180 articles de presse française sur les Seychelles de France-Albert
RENÉ ont été identifiés. Tous ces articles sont
incorporés dans nos sources (cf. « Sources »).
Comme nous pouvons le constater, les articles de la LOI
dominent largement le corpus n°1 avec 990 sur plus de 1180. Le
Monde, malgré ses 120 articles, n'est que peu de choses
comparé à cet hebdomadaire : il couvre 10 % du corpus seulement.
Si nous supprimons de ce corpus les articles de la LOI, les
statistiques changent radicalement: nous passons de 1180 articles à
approximativement 185 articles, donc nous aurions supprimé 84 % des
articles de ce corpus. Cela montre que la LOI est un document
indispensable pour la recherche sur l'histoire des Seychelles sur plusieurs
domaines. Sans la LOI, Le Monde regroupe les deux tiers du
corpus. Dans l'annexe n°4 intitulé « Relevés des
articles de La Lettre de l'Océan Indien (LOI) » (cf.
« Annexes »), nous pouvons voir l'évolution du nombre
d'articles de la LOI entre 1981 et 2004. Nous constatons d'abord que
les 990 articles ont été publiés sur 24 ans, soit une
moyenne de 40
articles par an. En consultant les articles, nous avons
remarqué qu'entre 1981 et 1985, il y avait davantage d'articles sur la
politique économique seychelloise qu'intérieure ou
extérieure. Entre 1982 et 1989, les articles sur les Seychelles
deviennent de moins en moins nombreux. Puis, jusqu'en 1993, leur
quantité est instable avant de tomber à 26 articles cette
année là. Puis, probablement grâce à l'apparition en
1992 d'une nouvelle rubrique intitulé « Who's Who », les
articles redeviennent de plus en plus nombreux jusqu'en 1996 avant de chuter
légèrement en 1997. Le nombre d'articles devient quasiment stable
jusqu'en 2003. En 2004, en raison du départ du pouvoir de RENÉ,
il était inévitable que le nombre d'articles sur les Seychelles
sous sa présidence s'écroule. Pour Le Monde, nos
relevés intégrés dans l'annexe n°3 (cf.
« Annexes ») nous donnent les indications suivantes. Avec 120
articles sur 27 ans, cela nous donne une moyenne de quatre articles par an :
c'est extrêmement peu. De 18 articles en 1977, nous descendons
progressivement jusqu'à atteindre trois articles seulement en 1980. En
1981 et 1982, leur nombre augmente jusqu'à atteindre le pic de 22 en
1982 en raison du coup d'État manqué des mercenaires, leur
procès et la mutinerie militaire. Puis leur nombre redescend brutalement
à deux articles en 1983. Jusqu'en 2004, leur nombre tourne autour de
notre moyenne calculée, c'est-àdire quatre par an. Mais aucun
article sur les Seychelles n'a été publié en 1987-1988 et
2003. Donc, bien qu'il soit considéré comme l'un des journaux
français les mieux renseignés sur les Seychelles, Le Monde
ne couvre pas tant que cela ce micro-État. Quant au reste de nos
principales presses écrites françaises, à savoir Le
Figaro, La Croix et Libération, tout en incluant
Le Matin de Paris, nous constatons qu'ils sont écrasés
par la LOI, Le Monde, et le reste des articles de journaux ou
de magazines. Cette dernière catégorie regroupe les presses
écrites possédant chacune entre un à trois articles qui
ont été identifiés puis intégrés dans notre
corpus n°1.
Parmi les articles qui composent le corpus n°1, plus de
250 seulement possèdent des éléments concernant les
relations franco-seychelloises pendant le « règne » de
RENÉ : ils constituent notre second corpus. C'est ce corpus que nous
allons particulièrement utiliser dans la suite de notre étude. Ce
corpus représente approximativement 21 % des articles composant notre
corpus sur les Seychelles, donc un article sur cinq, ce qui est relativement
faible.
Comme dans le corpus n°1, la LOI domine
largement le corpus n°2. Toutefois, le poids de ses articles sur les
autres est moins pesant: de 84 % dans le premier corpus, on passe à 66
%, soit les deux-tiers, de la composition du second corpus. Les autres articles
prennent donc plus d'importance, mais cela confirme une nouvelle fois
l'importance de l'hebdomadaire dans la recherche sur l'histoire des Seychelles
à partir de 1981. Sans lui, notre vision sur les relations
franco-seychelloises serait beaucoup plus réduite. Bien que les articles
de la LOI couvrent une large partie du corpus n°2, en revanche,
ils ne représentent que 17 % des articles du même journal
intégrés dans le corpus n°1 : l'hebdomadaire accorde donc
une faible place aux relations francoseychelloises. Nous pouvons le justifier
par la place accordée par la LOI aux affaires
intérieures et économiques des Seychelles, ainsi que des
relations de l'archipel avec les autres pays comme l'Inde par exemple. Le
Monde prend davantage d'importance par rapport au corpus n°1 : de 10
%, nous passons au double. Ses articles évoquant les relations
franco-seychelloises sous France-Albert RENÉ couvrent 42 % des articles
sur les Seychelles sous la férule de cet homme : Le Monde
accorde plus d'importance que la LOI sur ces relations. Il y a
des périodes où tous les articles publiés par Le Monde
contiennent des informations sur les relations franco-seychelloises : en 1986,
1990, 1994, 1996, 2000 et 2002. En revanche, on ne trouve aucun
élément d'informations sur ces relations dans les articles
publiés en 1980, 1983-1985, 1991, 1993, 1999,
2001 et 2004 : neuf ans sur vingt-huit en comptant
l'année du coup d'État des partisans de RENÉ ! Quant au
Figaro, La Croix, Libération et
Le Matin de Paris, ils semblent être
moins écrasés par la LOI, Le Monde et le
reste des presses écrites françaises contrairement au corpus
n°1.
À présent, il est utile de présenter les
articles de notre corpus contenant des informations sur les relations
franco-seychelloises en matière de diplomatie et de politique.
B) Présentation des articles sur les relations
franco-seychelloises
Dans cette partie, nous écartons les
éléments comportant des informations sur la coopération
franco-seychelloise afin de nous intéresser aux articles évoquant
les relations diplomatiques et politiques sur plusieurs formes. Nous allons
d'abord évoquer les relations franco-seychelloises dans la LOI
et Le Monde. Nous préférons éviter
d'évoquer le mieux que possible les articles portant sur la
coopération bilatérale dans un souci de les présenter dans
une partie à part. Ces articles seront traités
ultérieurement.
De 1981 à 2004, plus de 165 articles de la
LOI, soit 7 articles par an en moyenne, contiennent des
éléments sur les relations franco-seychelloises sous la
présidence de France-Albert RENÉ. Ces articles connaissent leur
apogée entre 1981 et 1987 en couvrant approximativement 23 % (70 sur 306
dont un pic de 19 articles en 1982) des articles de l'hebdomadaire.
Après 1987, les articles sur les relations franco-seychelloises couvrent
en moyenne près de 15 % des articles de la LOI par an. De 1981
à 1985, les articles provenant de la rubrique économie
étaient plus nombreux que le reste. Nous constations grâce
à l'annexe n°4 que le nombre d'articles sur les relations
franco-seychelloises est quasiment stable, avoisinant effectivement la moyenne
de 7 articles par an. En publiant 50 articles sur les relations
francoseychelloises, Le Monde fait paraître en moyenne deux
articles par an seulement. Son pic a été atteint en 1978 avec 8
articles (cf. annexe n°3). Contrairement à la
LOI, la courbe concernant le nombre d'articles sur les relations
franco-seychelloises sous RENÉ n'est pas stable. Leur nombre chute entre
1978 et 1980, suivant celui des articles sur les Seychelles de RENÉ en
général, avant de remonter entre 1981 et 1982 pour chuter
l'année suivante. De 1983 à 1993, la courbe est quasiment stable
: durant cette période, entre un et trois articles, voir aucun, sont
paru. Puis, dès 1994, leur nombre augmente avant de tomber en 1997 et
d'être de nouveau quasiment stable jusqu'en 2004. En dehors de la LOI
et du Monde, nous avons 45 articles, donc 18 % du corpus
n°2.
Que peut-on dire sur les articles contenant des informations
sur les relations diplomatiques et politiques entre la France et les Seychelles
de RENÉ ? En justifiant notre plan d'étude, nous avons
distingué sept groupes d'articles que nous pouvons assimiler à
des aspects des relations diplomatiques et politiques : les acteurs des
relations franco-seychelloises, les visites diplomatiques, l'état des
relations, les relations entre la Réunion et les Seychelles, ce que nous
appelons « l'imbrication des États », la politique
française des droits de l'Homme aux Seychelles, et enfin les relations
par le biais des sommets internationaux (cf. la légende de
l'annexe n°5).
Les plus importants d'entre eux sont sans doute les suivants :
les acteurs, les visites, l'état des relations et les liens
seychello-réunionnaises. Près de 80 articles, soit un tiers de
notre corpus n°2, possèdent des informations sur des
personnalités ayant joué un rôle plus ou moins important
(ministres, diplomates, et encore) : nous avons une bonne idée de
l'identité de l'ensemble de ces protagonistes, même si beaucoup
d'entre eux ne sont cités qu'une seule fois. Nous avons autant
d'informations sur les personnalités françaises que seychelloises
(cf. chapitre IV). Ce sont surtout la LOI et Le Monde
qui nous renseignent le plus : la LOI couvre plus de la
moitié des articles sur ces personnes tandis que Le Monde, lui,
le quart. Sur les visites diplomatiques, plus de 50 articles - le
cinquième des articles sur les relations diplomatiques et politiques -
évoquent une visite effectuée par une personnalité
française ou seychelloise. Les visites diplomatiques est l'un des
aspects les plus évidents des relations bilatérales,
peut-être même l'un des plus importants. Bien que tous ces
déplacements ne soient pas cités par la presse écrite
française, nous pouvons avoir une bonne idée de leurs
déroulements, que ce soit du côté français ou
seychellois. La LOI couvre 56 % tandis que Le Monde et le
reste concernent respectivement 22 %. L'état des relations
francoseychelloises sous France-Albert RENÉ est également
important. La presse française semble l'avoir cerné puisque plus
de 50 articles - autrement dit le cinquième des articles - ont
été recensés puis incorporés dans notre corpus. 43
% des articles sur ce sujet proviennent de la LOI tandis que 35 %
viennent du Monde : ainsi, à eux deux ils couvrent 78 % des
articles sur l'état des relations franco-seychelloises. Nous pouvons
avoir une assez bonne idée quant à la qualité des
relations franco-seychelloises sous RENÉ à travers
l'étroitesse et la nature amicale de ces liens, ainsi que l'image
donnée de ces relations par le biais de la coopération et la
solidarité. Il ne faut pas oublier d'inclure les divers
éléments qui ont empoisonné ces relations. Quant à
la Réunion, parce qu'elle a une place importante à la fois dans
la géopolitique et les relations diplomatiques dans l'océan
Indien et qu'elle est indispensable pour la France dans la région, il
nous a semblé naturel de lui donner un rôle conséquent dans
les relations franco-seychelloises, et donc, dans notre étude. Or, la
presse française et les journalistes ne l'évoquent que peu et
semblent s'intéresser à d'autres sujets d'information sur les
Seychelles de RENÉ ou sur les relations francoseychelloises sous la
présidence de cet homme : plus de 15 articles seulement - à peine
6 % des articles sur les relations diplomatiques et politiques -,
composé aux trois quart des articles provenant de la LOI, ont
été identifié et incorporé à notre corpus.
Le Monde semble trop peu renseigné. Bien que nous puissions
avoir une idée des liens entre ces îles, en particulier à
travers la coopération, la presse française ne nous donne pas
assez d'information dans les autres domaines, en particulier diplomatique, ce
qui est fort regrettable en raison de l'importance de la Réunion.
En dehors de ces sujets d'études que nous
considérons comme étant les aspects les plus conséquents
ou les plus évidents des relations franco-seychelloises sous le
président France-Albert RENÉ, nous avons « l'imbrication des
États », la politique française des droits de l'Homme aux
Seychelles, et enfin les liens franco-seychellois à travers les sommets
internationaux. L'imbrication des États représente
approximativement 13 % des informations sur les relations diplomatiques et
politiques entre la France et les Seychelles de France-Albert RENÉ. Nous
remarquons que contrairement aux autres chapitres, la LOI n'est pas le
journal le mieux informé, ne couvrant que 22 % des articles sur ce
domaine. Le Monde fait mieux en couvrant le quart des articles, mais
il est largement battu par le reste des journaux et magazines français,
ces derniers étant présents dans 53 % de notre corpus sur «
l'imbrication des États ». Sur la politique française de la
promotion de la démocratie et de la défense des droits de l'Homme
aux Seychelles,
en excluant les informations sur les aspects dictatoriaux du
régime de France-Albert RENÉ, c'est la LOI qui nous
fournit largement les informations à 78 % contre un seul article pour
Le Monde69 et environ 18 articles pour le reste. Ces
articles couvrent environ 7 % des articles sur les relations diplomatiques et
politiques entre les deux pays. Quant aux articles traitant de l'entretien des
relations franco-seychelloises par le biais des sommets internationaux, ils
représentent également près de 7 %. C'est principalement
la LOI qui nous donne des renseignements sur les relations
franco-seychelloises à travers la Francophonie par exemple en assurant
65 % des articles. Le Monde et le reste regroupent à eux deux que
quelques articles seulement.
69 Celui de Jacques AMALRIC intitulé « M.
Mitterrand réaffirme que Paris reste à l'écoute du
tiers-monde » et publié dans l'édition du 13 juin 1990.
Concernant les relations diplomatiques et politiques, nous
pouvons donc compter majoritairement sur la LOI. Le Monde,
journal pourtant primordial dans la presse française, semble
présenter des faiblesses quant au niveau de ses informations.
C) Présentation des articles sur la
coopération bilatérale
La coopération bilatérale est différente
de la diplomatie ou de la politique étrangère consistant à
entretenir, maintenir et affermir les liens unissant deux pays. Elle se
distingue par la volonté des deux États à coopérer
dans l'objectif d'aider le pays bénéficiaire d'un renforcement de
son développement par le transfert de moyens lui permettant surtout un
décollage économique.
Nous estimons que les articles contenant des informations sur
la coopération bilatérale couvrent entre la moitié et les
deux tiers de notre corpus sur les relations franco-seychelloises pendant la
présidence de France-Albert RENÉ. Généralement, la
LOI domine largement les articles dans les différents
thèmes de notre étude sur la coopération
bilatérale. Il n'y a que le secteur militaire où Le Monde
rattrape la LOI. Dans nos échantillons, nous trouvons
quatre secteurs : la santé, la culture, la défense et
l'économie (cf. « Sommaire »), ce qui correspond aux
domaines les plus importants d'une coopération bilatérale
effectuée entre deux États. Nous n'avons trouvé que trop
peu d'article décrivant une coopération dans le domaine
technique, énergétique ou encore environnemental : nous ne
pouvons pas les utiliser dans notre étude. D'après l'annexe
n°6 (cf. « Annexes »), la santé est le secteur
de la coopération francoseychelloise le moins développé
par la presse française : il ne couvre que 5 % des articles seulement.
Les relations culturelles sont davantage traitées par la presse
française en couvrant 10 % des articles sur la coopération
franco-seychelloise. Si la culture est présentée comme
étant plus importante que le domaine militaire, celui-ci est davantage
décrit par la presse en couvrant 20 % des articles. Enfin, nous
constatons que la coopération économique et financière
dépasse largement tous les secteurs réunis : 65 % des articles
sur la coopération bilatérale. Donc, la presse privilégie
les relations économiques et financières au reste.
Dans le domaine de la santé, il n'y a que très
peu de choses à dire. On ne peut pas le diviser en plusieurs secteurs :
la santé peut être présentée sous un seul et unique
aspect. On trouve essentiellement des accords sur la coopération, le
financement et le développement de la santé
entre la France et les Seychelles, voire entre l'archipel et
la Réunion. Les articles proviennent majoritairement de la LOI
: cinq articles contre deux du Monde. La coopération
culturelle peut être plus variée. Les articles peuvent être
regroupés dans trois domaines : la culture en
général70, les médias et la
télévision, l'éducation et la langue. Dans l'annexe
n°7 (cf. « Annexes »), on peut voir que la
répartition des articles de ces trois domaines est presque parfaitement
équilibrée avec sept articles pour les
télécommunications et la langue-éducation chacun, et huit
pour la culture en générale. Les articles
échantillonnés sur la coopération culturelle proviennent
à 44 % de la LOI tandis que Le Monde, quant à
lui, n'en compte que deux. Dans notre échantillon sur le domaine
militaire, on peut diviser les articles en deux catégories pouvant
correspondre à deux souschapitres : d'un côté les articles
sur les escales et les visites diplomatiques, et de l'autre sur la
coopération bilatérale. Chacune de ces sous-parties couvre la
moitié de notre échantillon sur le domaine militaire : sur 34
articles, 17 couvrent les escales et les 17 autres la coopération. Nous
constatons que la moitié des articles proviennent de la LOI.
Les articles du Monde, eux, ne représentent que le tiers.
Enfin, nous avons la coopération économique qui est sans nul
doute le domaine de coopération le mieux renseigné par la presse
française. Si nous sommes en mesure de les présenter avec une
certaine précision, c'est parce qu'elles sont très
fréquemment présentes dans la LOI et presque toujours
dans la rubrique « Économie ». Plus des deux tiers des
articles échantillonnés dans ce domaine proviennent de cet
hebdomadaire. Le Monde, lui, ne représente pas moins de 5 % de
cet échantillonnage. Les articles sur l'économie peuvent
être regroupés en cinq secteurs : les relations économiques
et financières en général - domaine divisé en trois
secteurs, à savoir l'aide financière, les liens
économiques et commerciaux, et la dette seychelloise - les transports,
l'agro-alimentaire, le tourisme et la pêche. D'après l'annexe
n°8 (cf. « Annexes »), ce sont les articles sur
l'économie qui sont majoritaires avec 49 articles sur 108, donc 45 % du
corpus sur la coopération économique. Dans ce secteur, c'est
l'aide financière au développement qui domine avec 26 articles
sur 49, donc 53 % des articles, et 24 % du corpus sur les relations
économiques. Suivent ensuite les liens économiques et commerciaux
avec 17 articles et la dette seychelloise avec 6. Avec 14 articles, les
transports couvrent 13 %. Ce sont essentiellement des articles sur le transport
aérien. Pour l'agro-alimentaire, c'est 10 % avec ses 11 articles. Comme
nous l'avons vu précédemment, le tourisme est la principale
ressource économique des Seychelles. La coopération entre la
France et les Seychelles de France-Albert RENÉ devait donc être
importante. Or, nous constatons que les articles sur la coopération ne
couvrent que 9 % seulement de notre corpus sur la coopération
économique avec ses 10 articles. Cela ne signifie pas que la
coopération franco-seychelloise sur le tourisme aux Seychelles
n'était pas importante. Néanmoins nous pouvons constater que la
presse ne prête que peu d'attention à ce secteur. Les articles
concernent surtout la coopération entre les Seychelles et la
Réunion, et ils sont étroitement liés aux informations sur
les transports. Enfin, nous avons la pêche. Comme nous l'avons vu, la
pêche au thon a une très grande importance aux yeux du
régime de RENÉ car elle permet à la fois de diversifier
l'économie longtemps écrasée par le tourisme et parce
qu'elle apporte des revenus considérables à l'État
seychellois. Avec l'aide financière au développement, elle est le
sujet économique le plus traité par la presse française
avec 24 articles, donc 22 % du corpus sur les relations économiques
entre la France et les Seychelles de RENÉ.
Nous avons pu constater, au fil de cette étude, que les
relations franco-seychelloises représentent un cinquième de
l'ensemble des articles sur les Seychelles de France-Albert RENÉ. Si les
Seychelles possèdent une faible place dans la presse française,
celle des relations francoseychelloises l'est encore plus. La LOI a
une très grande importance pour l'étude des Seychelles quel que
soit le domaine : elle est indispensable pour notre étude sur les
relations francoseychelloises sous RENÉ. Sans elle, notre vision serait
beaucoup plus restreinte malgré les articles du Monde. Le reste
des articles de presse est, certes, utiles mais ils ne sont que peu de choses
comparés à ceux de la LOI et du Monde. La
presse française semble avoir assez bien couvert dans son ensemble les
principaux aspects de ces relations, excepté pour les liens
seychello-réunionnais. D'autres aspects sont évoqués mais
mériteraient un développement approfondi, comme les relations
à travers les sommets franco-africains. Dans le domaine de la
coopération bilatérale, les journalistes ou les journaux semblent
cibler leurs informations en privilégiant l'économie et la
défense au détriment de la culture, ignorant pratiquement
d'autres secteurs. Toutefois, il convient d'analyser certains chiffres fournis
avec prudence. Ces chiffres sont globaux et de ce fait loin d'être d'une
précision sans faille. Les informations se confondent presque toujours
dans un même article. Par exemple, dans un article de Philippe DECRAENE
publié le 21 juillet 1978 dans Le Monde, nous avons à la
fois des informations sur la visite d'un ministre seychellois, l'état
des relations à travers les coopérants français et
l'ouverture de l'ambassade des Seychelles, l'aide financière de la
France, l'aide au développement de la pêche, et encore.
DEUXIÈME PARTIE :
LES RELATIONS DIPLOMATIQUES ET
POLITIQUES FRANCO-SEYCHELLOISES
D'APRÈS LA PRESSE FRANCAISE
Chapitre IV : Des acteurs des relations
franco-
seychelloises dans la présence
française
Les relations bilatérales sont toujours entretenues par
divers acteurs. Ces acteurs sont soient des diplomates, soient des hommes
politiques. Les chefs d'État semblent être les plus importants. Le
Premier ministre français a un rôle limité car l'Afrique
est le « domaine réservé » du président de la
République. Il y a les ministres des Affaires étrangères
et de la Coopération, les coopérants et les « Messieurs
Afrique » (conseillers du président français sur
l'Afrique)71. Nous allons voir quels acteurs sont
identifiés par les médias et les journalistes français et
de quelles façons chacun d'entre eux sont présentés. Nous
écartons les chefs d'entreprise ou d'autres noms moins importants.
71 DOMERGUE-CLOAREC Danielle, La France et l'Afrique
après les indépendances, Paris, Sedès, collection
Regards Sur L'histoire, 1995, p. 47, 82, 96-97, 100 et 105.
A) Les acteurs français
La presse française a retenue davantage de noms
français que seychellois. En comptant les trois présidents de la
République durant la présidence de RENÉ, nous avons une
longue liste de cinquante-cinq noms. Comme ils sont évoqués
brièvement sans aucun portrait ou présentation, nous allons vous
citer ces personnes qui ont participé aux relations
franco-seychelloises.
1. Les hommes politiques
Il semble qu'il n'est pas nécessaire de
présenter les présidents de la République
française. La raison est que nous, Français, nous connaissons nos
présidents au point que ça devient une quasi-évidence. La
seule chose que nous pouvons constater, c'est qu'ils ont une forte
présence dans les articles échantillonnés : trois articles
avec GISCARD D'ESTAING, vingt-deux avec MITTERRAND - le président le
plus évoqué - et dix pour CHIRAC en incluant les articles
où ce dernier n'était pas encore président.
Sur onze Premiers ministres, quatre sont présents dans
nos échantillons en ne comptant pas CHIRAC : Raymond BARRE (1976-1981),
Michel ROCCARD (1988-1991), Lionel JOSPIN (1997-2002) et Jean-Pierre RAFFARIN
(2002-2005). BARRE est cité dans deux articles de notre
corpus72. ROCCARD et RAFFARIN ne sont cités qu'une
seule fois dans nos échantillons73. Lionel JOSPIN a
d'abord été cité en tant que
secrétaire-général du parti socialiste74
(1981-1988). Puis il a été évoqué dans
quatre articles, tous en rapport avec l'aide au développement des
Seychelles75. Dans la LOI du 30 août 1986,
Jacques FOCCART, le premier « Monsieur Afrique », a été
présenté comme Premier ministre par erreur et sous le nom de
« Jacques FOCCARD ».
72 BOURGEOIS Claude, « Le président des Seychelles
à Paris », Le Dauphiné libéré, 13
septembre 1978 ; DECRAENE Philippe, « La visite du président des
Seychelles », Le Monde, 13 septembre 1978.
73 « France-Albert René à Paris »,
La Lettre de l'Océan Indien, 30 juillet 1988 ; «
Jean-Pierre Raffarin répond à Graham Watson », La Lettre
de l'Océan Indien, 17 janvier 2004.
74 « Seychelles », La Lettre de l'Océan
Indien, 1er mai 1982.
75 DUPONT Stéphane, « Jospin - la disparition du
ministère du ministère de la Coopération préservera
l'aide française », Les Échos, 5 février
1998 ; HAREL Xavier, « Jospin veut accroître l'aide au
développement », La Tribune, 15 février 2002 ; TOVI
Laurence, « Jospin se flatte d'avoir enrayé la baisse de l'aide
française », Les Échos, 15 février 2002 ;
LÉON-DUFOUR Sixtine, « Querelle sur l'aide au développement
», Le Figaro, 18 février 2002.
76 DECRAENE Philippe, « La visite du président des
Seychelles », Le Monde, 13 septembre 1978.
77 « René en visite à Paris », La
Lettre de l'Océan Indien, 30 août 1986.
78 « Le président René à Paris »,
La Lettre de l'Océan Indien, 12 septembre 1992.
79 « La goutte qui fait déborder le vase »,
La Lettre de l'Océan Indien, 13 septembre 2003.
80 Le Monde, 24 juin 1977 ; DECRAENE Philippe, «
Les dirigeants de Mahé redoutent un éventuel «
scénario à la comorienne » », Le Monde, 21
juillet 1978 ; DECRAENE Philippe, « M. France-Albert René est
l'hôte du gouvernement français », Le Monde, 12
septembre 1978 ; LANGELLIER Jean-Pierre, « La constitution «
socialiste » va officialiser le système du parti unique »,
Le Monde, 14 novembre 1978.
81 « Signature d'un accord de coopération »,
La Lettre de l'Océan Indien, 14 janvier 1984 ; « La France
reconnue comme pays riverain », La Lettre de l'Océan
Indien, 11 févier 1984 ; « René à Paris »,
La Lettre de l'Océan Indien, 4 mai 1985 ; « Paris remercie
Victoria », La Lettre de l'Océan Indien, 1er mars 1986.
82 « Who's Who », La Lettre de l'Océan
Indien, 17 février 2001 ; « Josselin fait la leçon
à René », La Lettre de l'Océan Indien, 24
février 2001 ; La Lettre de l'Océan Indien, 17
février 2001 ; « À noter : Élysée 11 heures :
voeux des forces vives », Le Figaro, 8 janvier 2002.
83 HASKI Pierre, « Seychelles : SOS contre les mercenaires
», Libération, 4 décembre 1981 ; «
Coopération renforcée avec Paris », La Lettre de
l'Océan Indien, 27 février 1982.
84 « René en visite en France », La Lettre
de l'Océan Indien, 30 août 1986 ; « Commerce croissant
avec la France », La Lettre de l'Océan Indien, 16 janvier
1988.
85 « France-Albert René à Paris », La
Lettre de l'Océan Indien, 30 juillet 1988 ; « Protection de
l'environnement », La Lettre de l'Océan Indien, 23
décembre 1989.
86 « Le président René à Paris »,
La Lettre de l'Océan Indien, 12 septembre 1992.
Seuls quatre ministres des Affaires étrangères
sur onze sont identifiés, tous dans la LOI : Louis de
GUIRINGAUD76 (1976-1978), Jean Bernard RAIMOND77
(1986-1988), Roland DUMAS78 (1984-1986 et 1988-1993)
et Dominique de VILLEPIN (2002-2004)79. Tous les deux font
chacun une apparition unique. Les ministres des Affaires
étrangères sont pourtant très importants en tant que chefs
de la diplomatie française. En revanche, les ministres de la
Coopération sont davantage présents dans nos échantillons
: huit sur quatorze. Cela confirme qu'en Afrique, les ministres de la
Coopération prennent plus d'importance que ceux des Affaires
étrangères. Parmi ces huit ministres nous avons : Robert
GALLEY80 (1976-1981), Christian NUCCI81
(1982-1986) et Charles JOSSELIN82 (1997-2002) qui
sont présents dans quatre articles ; Jean-Pierre COT83
(1981-1982), Michel AURILLAC84 (1986-1988) et Jacques
PELLETIER85 (1988-1991) qui sont cités à deux
reprises ; Marcel DEBARGE (1992-1993) qui n'apparait que dans un seul
article86 ; Jacques GODFRAIN,
ministre-délégué de la Coopération (1995-1997), qui
fait trois apparitions87 ; enfin, le plus
évoqué, André WILTZER, d'abord en tant qu'observateur pour
des élections, puis à quatre reprises en tant que ministre de la
Coopération et de la Francophonie (2002-2004)88.
87 « Axe de coopération française »,
La Lettre de l'Océan Indien, 21 octobre 1995 ; « Paris
modère la critique de l'UE », La Lettre de l'Océan
Indien, 27 avril 1996 ; « Le français, la TV et la dette
», La Lettre de l'Océan Indien, 21 novembre 1996.
88 « Des observateurs pour les élections »,
La Lettre de l'Océan Indien, 25 juillet 1992 ; Bulletins de
News Press des 1er, 4 octobre 2002 et 13 février 2003 ; «
L'Afrique dans le monde », Afrique contemporaine 2/2003 (no
206).
89 Op. cit. HASKI Pierre, « Seychelles : SOS contre
les mercenaires », Libération, 4 décembre 1981.
90 Op. cit. DECRAENE Philippe, « La visite du
président des Seychelles », Le Monde, 13 septembre
1978.
91 Op. cit. « Axe de coopération
française », La Lettre de l'Océan Indien, 21
octobre 1995.
92 « En concurrence avec la Réunion », La
Lettre de l'Océan Indien, 24 décembre 1983.
93 La Lettre de l'Océan Indien, 11 janvier
1997.
94 La Lettre de l'Océan Indien, 9 juin 1984.
95 « Visite privée d'un ministre et d'industriels
français », La Lettre de l'Océan Indien, 10
novembre 1987.
96 « France-Albert René à Paris », La
Lettre de l'Océan Indien, 30 juillet 1988 ; La Lettre de
l'Océan Indien, 11 mai 1991.
97 « Quatrième Festival Créole », La
Lettre de l'Océan Indien, 11 novembre 1989 ; « La francophonie
au coeur de la commission mixte », La Lettre de l'Océan
Indien, 3 mars 1990.
98 Op. cit « Axes de coopération
française », La Lettre de l'Océan Indien, 21
octobre 1995.
Cinq conseillers aux Affaires africaines sont
évoqués par la presse française. D'abord René
JOURNIAC, conseiller du président GISCARD D'ESTAING, dans le
Libération paru le 13 septembre 1978. Guy PENNE, conseiller du
président MITTERRAND (1981-1986) est cité quatre fois dans la
LOI et deux articles aux Libération des 27 novembre et
4 décembre 1981. Jean-Christophe MITTERRAND, conseiller sur l'Afrique de
son père (1986-1992), surnommé « Papamadi » et
particulièrement mêlé aux réseaux de la
Françafrique (en particulier dans l'Angolagate), n'est cité que
par la LOI du 15 octobre 1988. Et enfin, Michel DUPUCH, conseiller du
président CHIRAC (1995-2002) dans un article de la LOI du 21
octobre 1995.
Ceux qui suivent ne sont que des ministres ou autres
personnalités politiques. Le ministre de l'Intérieur et de la
Décentralisation, Gaston DEFFERRE89 (1981-1984), ceux de
l'Environnement, Michel d'ORNANO90 (1978-1981) et Corinne
LEPAGE91 (1995-1997), le secrétaire d'État
à la Mer Guy LENGAGNE92 (1983-1984), Pierre COULON et
Alain AZOUAOU qui dirigeaient la sous-direction d'Afrique australe et de
l'océan Indien du Ministère des Affaires
étrangères93, et enfin, Danielle MITTERRAND qui
représentait la France aux célébrations du 5
juin94, font tous une brève et unique apparition. Deux
ministres aux DOM-TOM et deux ministres délégués de la
Francophonie apparaissent eux aussi brièvement, tous dans la LOI
: Georges LEMOINE95 (1983-1986) et Louis LE
PENSEC96 (1988-1993) pour les DOMTOM, Alain DECAUX97
(1988-1991) et Margie SUDRE98 (1995-1997) pour la
Francophonie. Enfin, Charles HERNU, ministre de la Défense (1982-1986),
est évoqué dans Le Monde du 18 février 1982, la
LOI du 6 mars 1982 et Le Matin du 19 août 1982.
|
|