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Les relations entre la France et les Seychelles d'après la presse française (1977-2004)

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par Guillaume BURDEAU
Université Paris Ouest - Nanterre - La Défense - Master 2 Histoire 2010
  

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Chapitre III : Présentation des articles sur les

relations franco-seychelloises sous René

Cette étude est plus statistique et analytique que n'importe quel chapitre de ce mémoire. Tous les chiffres que nous donnons sont issus de nos propres calculs. Cela nous permet de voir la place de chaque journal dans notre corpus sur les relations entre la France et les Seychelles de France-Albert RENÉ. De quels types d'informations traitent-ils et en quelle quantité ? Quelle place les relations franco-seychelloises tiennent-elles dans la presse française ?

A) Les articles sur les relations franco-seychelloises par rapport aux articles sur les Seychelles de René en général

Nous distinguons deux catégories d'articles de presse écrite française. D'un côté, les articles sur les Seychelles de France-Albert RENÉ dans tous les domaines (politiques intérieure, extérieure, économiques). De l'autre, les articles sur les relations franco-seychelloises pendant le « règne » de « Papa » - terme utilisé pour dire « président » en créole seychellois, très souvent utilisé pour désigner RENÉ - issus de la première catégorie d'articles. Nous avons donc deux corpus que nous désignons respectivement de « corpus n°1 » et « corpus n°2 ». Nous jugeons qu'il est utile de faire une étude comparative pour avoir une idée de la place de la couverture journalistique française des relations franco-seychelloises sous RENÉ dans l'investigation générale de la presse écrite française dans l'archipel à l'époque qui nous intéresse.

D'abord, nous allons étudier les articles composant notre premier corpus avant de le comparer au second (cf. annexes n°1 et 2). Ce premier corpus peut être utilisé dans notre étude pour présenter de façon générale les Seychelles de RENE d'après la presse écrite française ou pour renforcer notre étude sur les relations bilatérales. Plus de 1180 articles de presse française sur les Seychelles de France-Albert RENÉ ont été identifiés. Tous ces articles sont incorporés dans nos sources (cf. « Sources »).

Comme nous pouvons le constater, les articles de la LOI dominent largement le corpus n°1 avec 990 sur plus de 1180. Le Monde, malgré ses 120 articles, n'est que peu de choses comparé à cet hebdomadaire : il couvre 10 % du corpus seulement. Si nous supprimons de ce corpus les articles de la LOI, les statistiques changent radicalement: nous passons de 1180 articles à approximativement 185 articles, donc nous aurions supprimé 84 % des articles de ce corpus. Cela montre que la LOI est un document indispensable pour la recherche sur l'histoire des Seychelles sur plusieurs domaines. Sans la LOI, Le Monde regroupe les deux tiers du corpus. Dans l'annexe n°4 intitulé « Relevés des articles de La Lettre de l'Océan Indien (LOI) » (cf. « Annexes »), nous pouvons voir l'évolution du nombre d'articles de la LOI entre 1981 et 2004. Nous constatons d'abord que les 990 articles ont été publiés sur 24 ans, soit une moyenne de 40

articles par an. En consultant les articles, nous avons remarqué qu'entre 1981 et 1985, il y avait davantage d'articles sur la politique économique seychelloise qu'intérieure ou extérieure. Entre 1982 et 1989, les articles sur les Seychelles deviennent de moins en moins nombreux. Puis, jusqu'en 1993, leur quantité est instable avant de tomber à 26 articles cette année là. Puis, probablement grâce à l'apparition en 1992 d'une nouvelle rubrique intitulé « Who's Who », les articles redeviennent de plus en plus nombreux jusqu'en 1996 avant de chuter légèrement en 1997. Le nombre d'articles devient quasiment stable jusqu'en 2003. En 2004, en raison du départ du pouvoir de RENÉ, il était inévitable que le nombre d'articles sur les Seychelles sous sa présidence s'écroule. Pour Le Monde, nos relevés intégrés dans l'annexe n°3 (cf. « Annexes ») nous donnent les indications suivantes. Avec 120 articles sur 27 ans, cela nous donne une moyenne de quatre articles par an : c'est extrêmement peu. De 18 articles en 1977, nous descendons progressivement jusqu'à atteindre trois articles seulement en 1980. En 1981 et 1982, leur nombre augmente jusqu'à atteindre le pic de 22 en 1982 en raison du coup d'État manqué des mercenaires, leur procès et la mutinerie militaire. Puis leur nombre redescend brutalement à deux articles en 1983. Jusqu'en 2004, leur nombre tourne autour de notre moyenne calculée, c'est-àdire quatre par an. Mais aucun article sur les Seychelles n'a été publié en 1987-1988 et 2003. Donc, bien qu'il soit considéré comme l'un des journaux français les mieux renseignés sur les Seychelles, Le Monde ne couvre pas tant que cela ce micro-État. Quant au reste de nos principales presses écrites françaises, à savoir Le Figaro, La Croix et Libération, tout en incluant Le Matin de Paris, nous constatons qu'ils sont écrasés par la LOI, Le Monde, et le reste des articles de journaux ou de magazines. Cette dernière catégorie regroupe les presses écrites possédant chacune entre un à trois articles qui ont été identifiés puis intégrés dans notre corpus n°1.

Parmi les articles qui composent le corpus n°1, plus de 250 seulement possèdent des éléments concernant les relations franco-seychelloises pendant le « règne » de RENÉ : ils constituent notre second corpus. C'est ce corpus que nous allons particulièrement utiliser dans la suite de notre étude. Ce corpus représente approximativement 21 % des articles composant notre corpus sur les Seychelles, donc un article sur cinq, ce qui est relativement faible.

Comme dans le corpus n°1, la LOI domine largement le corpus n°2. Toutefois, le poids de ses articles sur les autres est moins pesant: de 84 % dans le premier corpus, on passe à 66 %, soit les deux-tiers, de la composition du second corpus. Les autres articles prennent donc plus d'importance, mais cela confirme une nouvelle fois l'importance de l'hebdomadaire dans la recherche sur l'histoire des Seychelles à partir de 1981. Sans lui, notre vision sur les relations franco-seychelloises serait beaucoup plus réduite. Bien que les articles de la LOI couvrent une large partie du corpus n°2, en revanche, ils ne représentent que 17 % des articles du même journal intégrés dans le corpus n°1 : l'hebdomadaire accorde donc une faible place aux relations francoseychelloises. Nous pouvons le justifier par la place accordée par la LOI aux affaires intérieures et économiques des Seychelles, ainsi que des relations de l'archipel avec les autres pays comme l'Inde par exemple. Le Monde prend davantage d'importance par rapport au corpus n°1 : de 10 %, nous passons au double. Ses articles évoquant les relations franco-seychelloises sous France-Albert RENÉ couvrent 42 % des articles sur les Seychelles sous la férule de cet homme : Le Monde accorde plus d'importance que la LOI sur ces relations. Il y a des périodes où tous les articles publiés par Le Monde contiennent des informations sur les relations franco-seychelloises : en 1986, 1990, 1994, 1996, 2000 et 2002. En revanche, on ne trouve aucun élément d'informations sur ces relations dans les articles publiés en 1980, 1983-1985, 1991, 1993, 1999,

2001 et 2004 : neuf ans sur vingt-huit en comptant l'année du coup d'État des partisans de
RENÉ ! Quant au Figaro, La Croix, Libération et Le Matin de Paris, ils semblent être moins
écrasés par la LOI, Le Monde et le reste des presses écrites françaises contrairement au corpus

n°1.

À présent, il est utile de présenter les articles de notre corpus contenant des informations sur les relations franco-seychelloises en matière de diplomatie et de politique.

B) Présentation des articles sur les relations franco-seychelloises

Dans cette partie, nous écartons les éléments comportant des informations sur la coopération franco-seychelloise afin de nous intéresser aux articles évoquant les relations diplomatiques et politiques sur plusieurs formes. Nous allons d'abord évoquer les relations franco-seychelloises dans la LOI et Le Monde. Nous préférons éviter d'évoquer le mieux que possible les articles portant sur la coopération bilatérale dans un souci de les présenter dans une partie à part. Ces articles seront traités ultérieurement.

De 1981 à 2004, plus de 165 articles de la LOI, soit 7 articles par an en moyenne, contiennent des éléments sur les relations franco-seychelloises sous la présidence de France-Albert RENÉ. Ces articles connaissent leur apogée entre 1981 et 1987 en couvrant approximativement 23 % (70 sur 306 dont un pic de 19 articles en 1982) des articles de l'hebdomadaire. Après 1987, les articles sur les relations franco-seychelloises couvrent en moyenne près de 15 % des articles de la LOI par an. De 1981 à 1985, les articles provenant de la rubrique économie étaient plus nombreux que le reste. Nous constations grâce à l'annexe n°4 que le nombre d'articles sur les relations franco-seychelloises est quasiment stable, avoisinant effectivement la moyenne de 7 articles par an. En publiant 50 articles sur les relations francoseychelloises, Le Monde fait paraître en moyenne deux articles par an seulement. Son pic a été atteint en 1978 avec 8 articles (cf. annexe n°3). Contrairement à la LOI, la courbe concernant le nombre d'articles sur les relations franco-seychelloises sous RENÉ n'est pas stable. Leur nombre chute entre 1978 et 1980, suivant celui des articles sur les Seychelles de RENÉ en général, avant de remonter entre 1981 et 1982 pour chuter l'année suivante. De 1983 à 1993, la courbe est quasiment stable : durant cette période, entre un et trois articles, voir aucun, sont paru. Puis, dès 1994, leur nombre augmente avant de tomber en 1997 et d'être de nouveau quasiment stable jusqu'en 2004. En dehors de la LOI et du Monde, nous avons 45 articles, donc 18 % du corpus

n°2.

Que peut-on dire sur les articles contenant des informations sur les relations diplomatiques et politiques entre la France et les Seychelles de RENÉ ? En justifiant notre plan d'étude, nous avons distingué sept groupes d'articles que nous pouvons assimiler à des aspects des relations diplomatiques et politiques : les acteurs des relations franco-seychelloises, les visites diplomatiques, l'état des relations, les relations entre la Réunion et les Seychelles, ce que nous appelons « l'imbrication des États », la politique française des droits de l'Homme aux Seychelles, et enfin les relations par le biais des sommets internationaux (cf. la légende de l'annexe n°5).

Les plus importants d'entre eux sont sans doute les suivants : les acteurs, les visites, l'état des relations et les liens seychello-réunionnaises. Près de 80 articles, soit un tiers de notre corpus n°2, possèdent des informations sur des personnalités ayant joué un rôle plus ou moins important (ministres, diplomates, et encore) : nous avons une bonne idée de l'identité de l'ensemble de ces protagonistes, même si beaucoup d'entre eux ne sont cités qu'une seule fois. Nous avons autant d'informations sur les personnalités françaises que seychelloises (cf. chapitre IV). Ce sont surtout la LOI et Le Monde qui nous renseignent le plus : la LOI couvre plus de la moitié des articles sur ces personnes tandis que Le Monde, lui, le quart. Sur les visites diplomatiques, plus de 50 articles - le cinquième des articles sur les relations diplomatiques et politiques - évoquent une visite effectuée par une personnalité française ou seychelloise. Les visites diplomatiques est l'un des aspects les plus évidents des relations bilatérales, peut-être même l'un des plus importants. Bien que tous ces déplacements ne soient pas cités par la presse écrite française, nous pouvons avoir une bonne idée de leurs déroulements, que ce soit du côté français ou seychellois. La LOI couvre 56 % tandis que Le Monde et le reste concernent respectivement 22 %. L'état des relations francoseychelloises sous France-Albert RENÉ est également important. La presse française semble l'avoir cerné puisque plus de 50 articles - autrement dit le cinquième des articles - ont été recensés puis incorporés dans notre corpus. 43 % des articles sur ce sujet proviennent de la LOI tandis que 35 % viennent du Monde : ainsi, à eux deux ils couvrent 78 % des articles sur l'état des relations franco-seychelloises. Nous pouvons avoir une assez bonne idée quant à la qualité des relations franco-seychelloises sous RENÉ à travers l'étroitesse et la nature amicale de ces liens, ainsi que l'image donnée de ces relations par le biais de la coopération et la solidarité. Il ne faut pas oublier d'inclure les divers éléments qui ont empoisonné ces relations. Quant à la Réunion, parce qu'elle a une place importante à la fois dans la géopolitique et les relations diplomatiques dans l'océan Indien et qu'elle est indispensable pour la France dans la région, il nous a semblé naturel de lui donner un rôle conséquent dans les relations franco-seychelloises, et donc, dans notre étude. Or, la presse française et les journalistes ne l'évoquent que peu et semblent s'intéresser à d'autres sujets d'information sur les Seychelles de RENÉ ou sur les relations francoseychelloises sous la présidence de cet homme : plus de 15 articles seulement - à peine 6 % des articles sur les relations diplomatiques et politiques -, composé aux trois quart des articles provenant de la LOI, ont été identifié et incorporé à notre corpus. Le Monde semble trop peu renseigné. Bien que nous puissions avoir une idée des liens entre ces îles, en particulier à travers la coopération, la presse française ne nous donne pas assez d'information dans les autres domaines, en particulier diplomatique, ce qui est fort regrettable en raison de l'importance de la Réunion.

En dehors de ces sujets d'études que nous considérons comme étant les aspects les plus conséquents ou les plus évidents des relations franco-seychelloises sous le président France-Albert RENÉ, nous avons « l'imbrication des États », la politique française des droits de l'Homme aux Seychelles, et enfin les liens franco-seychellois à travers les sommets internationaux. L'imbrication des États représente approximativement 13 % des informations sur les relations diplomatiques et politiques entre la France et les Seychelles de France-Albert RENÉ. Nous remarquons que contrairement aux autres chapitres, la LOI n'est pas le journal le mieux informé, ne couvrant que 22 % des articles sur ce domaine. Le Monde fait mieux en couvrant le quart des articles, mais il est largement battu par le reste des journaux et magazines français, ces derniers étant présents dans 53 % de notre corpus sur « l'imbrication des États ». Sur la politique française de la promotion de la démocratie et de la défense des droits de l'Homme aux Seychelles,

en excluant les informations sur les aspects dictatoriaux du régime de France-Albert RENÉ, c'est la LOI qui nous fournit largement les informations à 78 % contre un seul article pour Le Monde69 et environ 18 articles pour le reste. Ces articles couvrent environ 7 % des articles sur les relations diplomatiques et politiques entre les deux pays. Quant aux articles traitant de l'entretien des relations franco-seychelloises par le biais des sommets internationaux, ils représentent également près de 7 %. C'est principalement la LOI qui nous donne des renseignements sur les relations franco-seychelloises à travers la Francophonie par exemple en assurant 65 % des articles. Le Monde et le reste regroupent à eux deux que quelques articles seulement.

69 Celui de Jacques AMALRIC intitulé « M. Mitterrand réaffirme que Paris reste à l'écoute du tiers-monde » et publié dans l'édition du 13 juin 1990.

Concernant les relations diplomatiques et politiques, nous pouvons donc compter majoritairement sur la LOI. Le Monde, journal pourtant primordial dans la presse française, semble présenter des faiblesses quant au niveau de ses informations.

C) Présentation des articles sur la coopération bilatérale

La coopération bilatérale est différente de la diplomatie ou de la politique étrangère consistant à entretenir, maintenir et affermir les liens unissant deux pays. Elle se distingue par la volonté des deux États à coopérer dans l'objectif d'aider le pays bénéficiaire d'un renforcement de son développement par le transfert de moyens lui permettant surtout un décollage économique.

Nous estimons que les articles contenant des informations sur la coopération bilatérale couvrent entre la moitié et les deux tiers de notre corpus sur les relations franco-seychelloises pendant la présidence de France-Albert RENÉ. Généralement, la LOI domine largement les articles dans les différents thèmes de notre étude sur la coopération bilatérale. Il n'y a que le secteur militaire où Le Monde rattrape la LOI. Dans nos échantillons, nous trouvons quatre secteurs : la santé, la culture, la défense et l'économie (cf. « Sommaire »), ce qui correspond aux domaines les plus importants d'une coopération bilatérale effectuée entre deux États. Nous n'avons trouvé que trop peu d'article décrivant une coopération dans le domaine technique, énergétique ou encore environnemental : nous ne pouvons pas les utiliser dans notre étude. D'après l'annexe n°6 (cf. « Annexes »), la santé est le secteur de la coopération francoseychelloise le moins développé par la presse française : il ne couvre que 5 % des articles seulement. Les relations culturelles sont davantage traitées par la presse française en couvrant 10 % des articles sur la coopération franco-seychelloise. Si la culture est présentée comme étant plus importante que le domaine militaire, celui-ci est davantage décrit par la presse en couvrant 20 % des articles. Enfin, nous constatons que la coopération économique et financière dépasse largement tous les secteurs réunis : 65 % des articles sur la coopération bilatérale. Donc, la presse privilégie les relations économiques et financières au reste.

Dans le domaine de la santé, il n'y a que très peu de choses à dire. On ne peut pas le diviser en plusieurs secteurs : la santé peut être présentée sous un seul et unique aspect. On trouve essentiellement des accords sur la coopération, le financement et le développement de la santé

entre la France et les Seychelles, voire entre l'archipel et la Réunion. Les articles proviennent majoritairement de la LOI : cinq articles contre deux du Monde. La coopération culturelle peut être plus variée. Les articles peuvent être regroupés dans trois domaines : la culture en général70, les médias et la télévision, l'éducation et la langue. Dans l'annexe n°7 (cf. « Annexes »), on peut voir que la répartition des articles de ces trois domaines est presque parfaitement équilibrée avec sept articles pour les télécommunications et la langue-éducation chacun, et huit pour la culture en générale. Les articles échantillonnés sur la coopération culturelle proviennent à 44 % de la LOI tandis que Le Monde, quant à lui, n'en compte que deux. Dans notre échantillon sur le domaine militaire, on peut diviser les articles en deux catégories pouvant correspondre à deux souschapitres : d'un côté les articles sur les escales et les visites diplomatiques, et de l'autre sur la coopération bilatérale. Chacune de ces sous-parties couvre la moitié de notre échantillon sur le domaine militaire : sur 34 articles, 17 couvrent les escales et les 17 autres la coopération. Nous constatons que la moitié des articles proviennent de la LOI. Les articles du Monde, eux, ne représentent que le tiers. Enfin, nous avons la coopération économique qui est sans nul doute le domaine de coopération le mieux renseigné par la presse française. Si nous sommes en mesure de les présenter avec une certaine précision, c'est parce qu'elles sont très fréquemment présentes dans la LOI et presque toujours dans la rubrique « Économie ». Plus des deux tiers des articles échantillonnés dans ce domaine proviennent de cet hebdomadaire. Le Monde, lui, ne représente pas moins de 5 % de cet échantillonnage. Les articles sur l'économie peuvent être regroupés en cinq secteurs : les relations économiques et financières en général - domaine divisé en trois secteurs, à savoir l'aide financière, les liens économiques et commerciaux, et la dette seychelloise - les transports, l'agro-alimentaire, le tourisme et la pêche. D'après l'annexe n°8 (cf. « Annexes »), ce sont les articles sur l'économie qui sont majoritaires avec 49 articles sur 108, donc 45 % du corpus sur la coopération économique. Dans ce secteur, c'est l'aide financière au développement qui domine avec 26 articles sur 49, donc 53 % des articles, et 24 % du corpus sur les relations économiques. Suivent ensuite les liens économiques et commerciaux avec 17 articles et la dette seychelloise avec 6. Avec 14 articles, les transports couvrent 13 %. Ce sont essentiellement des articles sur le transport aérien. Pour l'agro-alimentaire, c'est 10 % avec ses 11 articles. Comme nous l'avons vu précédemment, le tourisme est la principale ressource économique des Seychelles. La coopération entre la France et les Seychelles de France-Albert RENÉ devait donc être importante. Or, nous constatons que les articles sur la coopération ne couvrent que 9 % seulement de notre corpus sur la coopération économique avec ses 10 articles. Cela ne signifie pas que la coopération franco-seychelloise sur le tourisme aux Seychelles n'était pas importante. Néanmoins nous pouvons constater que la presse ne prête que peu d'attention à ce secteur. Les articles concernent surtout la coopération entre les Seychelles et la Réunion, et ils sont étroitement liés aux informations sur les transports. Enfin, nous avons la pêche. Comme nous l'avons vu, la pêche au thon a une très grande importance aux yeux du régime de RENÉ car elle permet à la fois de diversifier l'économie longtemps écrasée par le tourisme et parce qu'elle apporte des revenus considérables à l'État seychellois. Avec l'aide financière au développement, elle est le sujet économique le plus traité par la presse française avec 24 articles, donc 22 % du corpus sur les relations économiques entre la France et les Seychelles de RENÉ.

Nous avons pu constater, au fil de cette étude, que les relations franco-seychelloises représentent un cinquième de l'ensemble des articles sur les Seychelles de France-Albert RENÉ. Si les Seychelles possèdent une faible place dans la presse française, celle des relations francoseychelloises l'est encore plus. La LOI a une très grande importance pour l'étude des Seychelles quel que soit le domaine : elle est indispensable pour notre étude sur les relations francoseychelloises sous RENÉ. Sans elle, notre vision serait beaucoup plus restreinte malgré les articles du Monde. Le reste des articles de presse est, certes, utiles mais ils ne sont que peu de choses comparés à ceux de la LOI et du Monde. La presse française semble avoir assez bien couvert dans son ensemble les principaux aspects de ces relations, excepté pour les liens seychello-réunionnais. D'autres aspects sont évoqués mais mériteraient un développement approfondi, comme les relations à travers les sommets franco-africains. Dans le domaine de la coopération bilatérale, les journalistes ou les journaux semblent cibler leurs informations en privilégiant l'économie et la défense au détriment de la culture, ignorant pratiquement d'autres secteurs. Toutefois, il convient d'analyser certains chiffres fournis avec prudence. Ces chiffres sont globaux et de ce fait loin d'être d'une précision sans faille. Les informations se confondent presque toujours dans un même article. Par exemple, dans un article de Philippe DECRAENE publié le 21 juillet 1978 dans Le Monde, nous avons à la fois des informations sur la visite d'un ministre seychellois, l'état des relations à travers les coopérants français et l'ouverture de l'ambassade des Seychelles, l'aide financière de la France, l'aide au développement de la pêche, et encore.

DEUXIÈME PARTIE :

LES RELATIONS DIPLOMATIQUES ET

POLITIQUES FRANCO-SEYCHELLOISES

D'APRÈS LA PRESSE FRANCAISE

Chapitre IV : Des acteurs des relations franco-

seychelloises dans la présence française

Les relations bilatérales sont toujours entretenues par divers acteurs. Ces acteurs sont soient des diplomates, soient des hommes politiques. Les chefs d'État semblent être les plus importants. Le Premier ministre français a un rôle limité car l'Afrique est le « domaine réservé » du président de la République. Il y a les ministres des Affaires étrangères et de la Coopération, les coopérants et les « Messieurs Afrique » (conseillers du président français sur l'Afrique)71. Nous allons voir quels acteurs sont identifiés par les médias et les journalistes français et de quelles façons chacun d'entre eux sont présentés. Nous écartons les chefs d'entreprise ou d'autres noms moins importants.

71 DOMERGUE-CLOAREC Danielle, La France et l'Afrique après les indépendances, Paris, Sedès, collection Regards Sur L'histoire, 1995, p. 47, 82, 96-97, 100 et 105.

A) Les acteurs français

La presse française a retenue davantage de noms français que seychellois. En comptant les trois présidents de la République durant la présidence de RENÉ, nous avons une longue liste de cinquante-cinq noms. Comme ils sont évoqués brièvement sans aucun portrait ou présentation, nous allons vous citer ces personnes qui ont participé aux relations franco-seychelloises.

1. Les hommes politiques

Il semble qu'il n'est pas nécessaire de présenter les présidents de la République française. La raison est que nous, Français, nous connaissons nos présidents au point que ça devient une quasi-évidence. La seule chose que nous pouvons constater, c'est qu'ils ont une forte présence dans les articles échantillonnés : trois articles avec GISCARD D'ESTAING, vingt-deux avec MITTERRAND - le président le plus évoqué - et dix pour CHIRAC en incluant les articles où ce dernier n'était pas encore président.

Sur onze Premiers ministres, quatre sont présents dans nos échantillons en ne comptant pas CHIRAC : Raymond BARRE (1976-1981), Michel ROCCARD (1988-1991), Lionel JOSPIN (1997-2002) et Jean-Pierre RAFFARIN (2002-2005). BARRE est cité dans deux articles de notre corpus72. ROCCARD et RAFFARIN ne sont cités qu'une seule fois dans nos échantillons73. Lionel JOSPIN a d'abord été cité en tant que secrétaire-général du parti socialiste74 (1981-1988). Puis il a été évoqué dans quatre articles, tous en rapport avec l'aide au développement des Seychelles75. Dans la LOI du 30 août 1986, Jacques FOCCART, le premier « Monsieur Afrique », a été présenté comme Premier ministre par erreur et sous le nom de « Jacques FOCCARD ».

72 BOURGEOIS Claude, « Le président des Seychelles à Paris », Le Dauphiné libéré, 13 septembre 1978 ; DECRAENE Philippe, « La visite du président des Seychelles », Le Monde, 13 septembre 1978.

73 « France-Albert René à Paris », La Lettre de l'Océan Indien, 30 juillet 1988 ; « Jean-Pierre Raffarin répond à Graham Watson », La Lettre de l'Océan Indien, 17 janvier 2004.

74 « Seychelles », La Lettre de l'Océan Indien, 1er mai 1982.

75 DUPONT Stéphane, « Jospin - la disparition du ministère du ministère de la Coopération préservera l'aide française », Les Échos, 5 février 1998 ; HAREL Xavier, « Jospin veut accroître l'aide au développement », La Tribune, 15 février 2002 ; TOVI Laurence, « Jospin se flatte d'avoir enrayé la baisse de l'aide française », Les Échos, 15 février 2002 ; LÉON-DUFOUR Sixtine, « Querelle sur l'aide au développement », Le Figaro, 18 février 2002.

76 DECRAENE Philippe, « La visite du président des Seychelles », Le Monde, 13 septembre 1978.

77 « René en visite à Paris », La Lettre de l'Océan Indien, 30 août 1986.

78 « Le président René à Paris », La Lettre de l'Océan Indien, 12 septembre 1992.

79 « La goutte qui fait déborder le vase », La Lettre de l'Océan Indien, 13 septembre 2003.

80 Le Monde, 24 juin 1977 ; DECRAENE Philippe, « Les dirigeants de Mahé redoutent un éventuel « scénario à la comorienne » », Le Monde, 21 juillet 1978 ; DECRAENE Philippe, « M. France-Albert René est l'hôte du gouvernement français », Le Monde, 12 septembre 1978 ; LANGELLIER Jean-Pierre, « La constitution « socialiste » va officialiser le système du parti unique », Le Monde, 14 novembre 1978.

81 « Signature d'un accord de coopération », La Lettre de l'Océan Indien, 14 janvier 1984 ; « La France reconnue comme pays riverain », La Lettre de l'Océan Indien, 11 févier 1984 ; « René à Paris », La Lettre de l'Océan Indien, 4 mai 1985 ; « Paris remercie Victoria », La Lettre de l'Océan Indien, 1er mars 1986.

82 « Who's Who », La Lettre de l'Océan Indien, 17 février 2001 ; « Josselin fait la leçon à René », La Lettre de l'Océan Indien, 24 février 2001 ; La Lettre de l'Océan Indien, 17 février 2001 ; « À noter : Élysée 11 heures : voeux des forces vives », Le Figaro, 8 janvier 2002.

83 HASKI Pierre, « Seychelles : SOS contre les mercenaires », Libération, 4 décembre 1981 ; « Coopération renforcée avec Paris », La Lettre de l'Océan Indien, 27 février 1982.

84 « René en visite en France », La Lettre de l'Océan Indien, 30 août 1986 ; « Commerce croissant avec la France », La Lettre de l'Océan Indien, 16 janvier 1988.

85 « France-Albert René à Paris », La Lettre de l'Océan Indien, 30 juillet 1988 ; « Protection de l'environnement », La Lettre de l'Océan Indien, 23 décembre 1989.

86 « Le président René à Paris », La Lettre de l'Océan Indien, 12 septembre 1992.

Seuls quatre ministres des Affaires étrangères sur onze sont identifiés, tous dans la LOI : Louis de GUIRINGAUD76 (1976-1978), Jean Bernard RAIMOND77 (1986-1988), Roland DUMAS78 (1984-1986 et 1988-1993) et Dominique de VILLEPIN (2002-2004)79. Tous les deux font chacun une apparition unique. Les ministres des Affaires étrangères sont pourtant très importants en tant que chefs de la diplomatie française. En revanche, les ministres de la Coopération sont davantage présents dans nos échantillons : huit sur quatorze. Cela confirme qu'en Afrique, les ministres de la Coopération prennent plus d'importance que ceux des Affaires étrangères. Parmi ces huit ministres nous avons : Robert GALLEY80 (1976-1981), Christian NUCCI81 (1982-1986) et Charles JOSSELIN82 (1997-2002) qui sont présents dans quatre articles ; Jean-Pierre COT83 (1981-1982), Michel AURILLAC84 (1986-1988) et Jacques PELLETIER85 (1988-1991) qui sont cités à deux reprises ; Marcel DEBARGE (1992-1993) qui n'apparait que dans un seul article86 ; Jacques GODFRAIN, ministre-délégué de la Coopération (1995-1997), qui fait trois apparitions87 ; enfin, le plus évoqué, André WILTZER, d'abord en tant qu'observateur pour des élections, puis à quatre reprises en tant que ministre de la Coopération et de la Francophonie (2002-2004)88.

87 « Axe de coopération française », La Lettre de l'Océan Indien, 21 octobre 1995 ; « Paris modère la critique de l'UE », La Lettre de l'Océan Indien, 27 avril 1996 ; « Le français, la TV et la dette », La Lettre de l'Océan Indien, 21 novembre 1996.

88 « Des observateurs pour les élections », La Lettre de l'Océan Indien, 25 juillet 1992 ; Bulletins de News Press des 1er, 4 octobre 2002 et 13 février 2003 ; « L'Afrique dans le monde », Afrique contemporaine 2/2003 (no 206).

89 Op. cit. HASKI Pierre, « Seychelles : SOS contre les mercenaires », Libération, 4 décembre 1981.

90 Op. cit. DECRAENE Philippe, « La visite du président des Seychelles », Le Monde, 13 septembre 1978.

91 Op. cit. « Axe de coopération française », La Lettre de l'Océan Indien, 21 octobre 1995.

92 « En concurrence avec la Réunion », La Lettre de l'Océan Indien, 24 décembre 1983.

93 La Lettre de l'Océan Indien, 11 janvier 1997.

94 La Lettre de l'Océan Indien, 9 juin 1984.

95 « Visite privée d'un ministre et d'industriels français », La Lettre de l'Océan Indien, 10 novembre 1987.

96 « France-Albert René à Paris », La Lettre de l'Océan Indien, 30 juillet 1988 ; La Lettre de l'Océan Indien, 11 mai 1991.

97 « Quatrième Festival Créole », La Lettre de l'Océan Indien, 11 novembre 1989 ; « La francophonie au coeur de la commission mixte », La Lettre de l'Océan Indien, 3 mars 1990.

98 Op. cit « Axes de coopération française », La Lettre de l'Océan Indien, 21 octobre 1995.

Cinq conseillers aux Affaires africaines sont évoqués par la presse française. D'abord René JOURNIAC, conseiller du président GISCARD D'ESTAING, dans le Libération paru le 13 septembre 1978. Guy PENNE, conseiller du président MITTERRAND (1981-1986) est cité quatre fois dans la LOI et deux articles aux Libération des 27 novembre et 4 décembre 1981. Jean-Christophe MITTERRAND, conseiller sur l'Afrique de son père (1986-1992), surnommé « Papamadi » et particulièrement mêlé aux réseaux de la Françafrique (en particulier dans l'Angolagate), n'est cité que par la LOI du 15 octobre 1988. Et enfin, Michel DUPUCH, conseiller du président CHIRAC (1995-2002) dans un article de la LOI du 21 octobre 1995.

Ceux qui suivent ne sont que des ministres ou autres personnalités politiques. Le ministre de l'Intérieur et de la Décentralisation, Gaston DEFFERRE89 (1981-1984), ceux de l'Environnement, Michel d'ORNANO90 (1978-1981) et Corinne LEPAGE91 (1995-1997), le secrétaire d'État à la Mer Guy LENGAGNE92 (1983-1984), Pierre COULON et Alain AZOUAOU qui dirigeaient la sous-direction d'Afrique australe et de l'océan Indien du Ministère des Affaires étrangères93, et enfin, Danielle MITTERRAND qui représentait la France aux célébrations du 5 juin94, font tous une brève et unique apparition. Deux ministres aux DOM-TOM et deux ministres délégués de la Francophonie apparaissent eux aussi brièvement, tous dans la LOI : Georges LEMOINE95 (1983-1986) et Louis LE PENSEC96 (1988-1993) pour les DOMTOM, Alain DECAUX97 (1988-1991) et Margie SUDRE98 (1995-1997) pour la Francophonie. Enfin, Charles HERNU, ministre de la Défense (1982-1986), est évoqué dans Le Monde du 18 février 1982, la LOI du 6 mars 1982 et Le Matin du 19 août 1982.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld