3. La politique économique
Une vingtaine d'articles évoquent des aspects de la
politique économique de RENÉ. Toutefois, c'est la LOI
qui nous renseigne le plus sur ce domaine. Dans cet hebdomadaire, les
articles sont regroupés dans la rubrique « Économie » :
plus de trois cent articles économiques sont estimés ! Que
pouvons-nous souligner concernant la politique économique de RENÉ
grâce à la presse française ? Il existe de très
nombreux aspects, ce qui aurait nécessité une étude
largement plus importante : tout ce qui est évoqué ici n'est
qu'un petit aperçu global de la politique économique du
régime de RENÉ.
La politique économique du régime de RENÉ
est celle du développement67. Nous pouvons le voir
ainsi dans l'ensemble des articles. D'après Jean-Pierre LANGELLIER,
trois domaines sont privilégiés par le nouveau régime : la
hausse de la production agricole, le logement pour tous et la réforme de
l'éducation68. Plusieurs plans économiques sont
dressés, comme celui de 1985-1989 évoqué par la LOI
du 12 janvier 1985. Sous RENÉ, qui était aussi ministre de
l'Économie et des Finances, l'école et la médecine
deviennent gratuites, la sécurité sociale est instaurée,
et tous les Seychellois sont logés avec eau et
électricité. Une grande partie de l'activité
économique - les deux tiers des activités économiques -
est contrôlée par le régime qui tente d'établir un
système d'économie mixte. On évoque des nationalisations
qui seraient, aux yeux de Jacques AMALRIC, souvent peu efficaces.
67 PAVARD Claude, « Un officier sud-africain avoue »,
Le Matin, 8 décembre 1981.
68 LANGELLIER Jean-Pierre, « La constitution «
socialiste » va officialiser le système du parti unique »,
Le Monde, 14 novembre 1978.
Les journaux présentent très souvent les
Seychelles bénéficiant de l'aide internationale pour l'aider dans
son développement, par exemple, pour développer la côte Est
de Mahé. Parmi ces aides, nous pouvons citer celles du Japon et de
l'Union soviétique, celui-ci faisant souvent des dons, comme celui du
carburant. Les Seychelles sont souvent perçues comme étant un
paradis fiscal. Dès le début du régime, des
réformes agraires sont engagées dès le début du
régime socialiste visant à s'approprier des terres mal mises en
valeur. Des terres agricoles sont nationalisées. Ainsi, au début
des années 80, le régime cherche à relancer la cannelle,
une des plus importantes sources économiques de l'archipel. Ensuite, il
cherche à la développer, par exemple en construisant une
distillerie. On constate aussi une volonté de diversifier l'agriculture.
Plusieurs articles en matière de transports, surtout aériens,
sont publiés particulièrement dans la LOI. On peut voir
qu'au fil du temps, de nouvelles liaisons aériennes se
développent. Air Seychelles inaugure son premier vol international le 27
octobre 1983, mais connait des difficultés. On évoque même
dans plusieurs articles de la LOI la recherche
pétrolière dans la région. En effet, les Seychelles sont
présentées comme étant « sur la route du
pétrole ».
La pêche et le tourisme sont les principales ressources
économiques des Seychelles. La pêche au thon est
présentée en 1978 comme étant le grand espoir de
l'économie seychelloise. De très nombreux articles traitent de la
politique économique de Victoria dans ce domaine. Plusieurs accords de
pêche sont signés avec divers États tels que l'URSS. On
peut constater que l'industrie thonière se développe très
bien. En 1986, 140 000 tonnes de
thons sont pêchés. Les Seychelles sont souvent
décrites comme étant un paradis touristique. Si le nouveau
régime n'affecte pas le tourisme, on peut voir à certaines
reprises qu'il cherche à diversifier l'économie pour que celle-ci
n'en soit plus dépendante. Dès 1979, le nombre de touristes
diminue avant de revenir à la hausse dès 1984. Et si en 1990 le
tourisme continue son accroissement, la pêche au thon, en revanche,
diminue. 1991 est considérée comme une mauvaise année pour
le tourisme.
L'inflation est faible (4 %) en 1981, mais l'économie
subissait un déficit commercial record à cause de la baisse du
tourisme depuis 1979. Pour faire face à cela, un plan de redressement
puis de relance économique est dressé en 1983. Le déficit
commercial baisse en 1984 avant de repartir à la hausse en 1986. En
1985, la LOI s'interroge sur la maîtrise de l'inflation. Les
Seychelles connaissent des difficultés économiques à la
fin des années 80 : un dossier parait dans la LOI du 2 avril
1988. Un nouveau plan de redressement économique est dressé. Si
l'économie seychelloise connait de bons résultats en 1988, deux
ans plus tard, « l'avenir économique s'assombrit » comme le
titrait la LOI du 13 octobre 1990. Avec la hausse du tourisme (100 000
touristes au début des années 90) et le développement
économique présidé par RENÉ, le PNB par habitant
passe à 5 000 $ dans les années 80-90, soit plus que le Portugal,
contre 1000 $ en 1978. Mais dès 1990, on évoque le
problème de la dette qui absorbe plus de 40 % des recettes
budgétaires. Entre 1990 et1991, les Seychelles ont perdu 100 millions de
dollars de recettes à cause d'un modèle en faillite -
marxiste-léniniste - et le poids jugé excessif du secteur public.
La gestion centralisatrice « à la soviétique » aurait
« ruiné » les Seychelles. Mais les acquis économiques
et sociaux ne sont nullement contestés par ses opposants au moment du
passage du monopartisme au multipartisme, période où
l'économie se libéralise. Cela a permis à René
d'être réélu en 1993 lors des premières
élections présidentielles libres.
Après la libéralisation du régime,
plusieurs articles évoquent des privatisations, par exemple dans
l'hôtellerie et l'activité portuaire. Entre 1994 et 2004, la LOI
publie de très nombreux articles économiques aux thèmes
très variés. Durant cette période, l'hebdomadaire traite
le plus souvent de l'hôtellerie, l'offshore, la compagnie Cable
&Wireles, l'aviation, la Gold Card, la vente des passeports,
la controverse autour de l'EDA, la crise financière, le refus
de RENÉ de dévaluer la roupie comme le recommande le FMI,
Beachcomber, ou encore la baisse du tourisme dès la fin des
années 90.
L'indépendance seychelloise a été assez
bien présentée par Le Monde sans être trop
détaillée. On a pu voir que la coopération
franco-seychelloise a été établie très rapidement
et couverte par la presse. Les Seychelles de MANCHAM ne semblent pas suivies
dans leur actualité, mais les articles postérieurs à sa
présidence nous ont permis de voir que l'archipel rencontrait de graves
difficultés, ce qui aurait conduit au coup d'État du 5 juin 1977
portant RENÉ au pouvoir. Ce coup d'État a été
relativement bien suivi par la presse, celle-ci nous fournissant de nombreuses
informations. Les principaux événements qui ont marqué les
Seychelles, comme le putsch de 1981 et la rébellion de 1982, où
encore les élections
seychelloises, ont été suivis et la LOI
nous fournit de nombreuses informations sur la politique
intérieure, mais aussi extérieure et économique de
l'archipel. Sur les relations extérieures, on peut voir qu'on avait
l'impression que les Seychelles de RENÉ s'alignaient sur les
régimes communistes et s'éloignait de l'Occident, alors qu'en
réalité il y a un nonalignement, une neutralité et un
équilibrage délicat. Enfin, on peut voir que le régime de
RENÉ a développé l'économie seychelloise et le
niveau de vie des habitants à travers une diversification
économique et des réformes sociales, mais qu'il n'a jamais
cessé de rencontrer des difficultés, surtout dès les
années 90. Donc, bien que les Seychelles soient peu couvertes, nous
pouvons avoir une bonne idée de son évolution sous la
présidence de France-Albert RENÉ.
|