2. La politique extérieure
Que dire des relations extérieures ? Comment les
journaux français présentent les liens diplomatiques entre les
Seychelles de RENÉ et les autres nations en excluant la France ? Nous
pouvons avoir une idée assez claire dans ce domaine. En effet, nous
disposons, dans notre corpus, d'une centaine d'articles y faisant allusions. La
majorité provient de la LOI. Voici ce que nous pouvons voir.
On constate que la presse française donnait
l'impression que les Seychelles étaient plus proches des États
marxistes que des Occidentaux. Il est donc arrivé qu'on accuse Victoria
d'être marxiste et d'être à la solde de Moscou. Pourtant, il
s'agit d'une situation beaucoup plus complexe qu'elle en a l'air. Le
régime est en réalité non-aligné, chose que
RENÉ a affirmée à plusieurs reprises. Des journalistes,
comme Jacques de BARRIN, en ont conscience, tels que le prouvent certains
articles sur la difficile tentative d'équilibrer des liens avec l'Ouest
et l'Est, surtout avec les deux Super-grands. RENÉ a même
déclaré au journal Le Point du 7 juin 1987 que s'il lui
fallait choisir un camp, ce serait l'Ouest « largement ».
D'abord, on peut constater que les relations
soviéto-seychelloises étaient très importantes. Elles sont
présentes dans la presse française. Moscou a ouvert une ambassade
dans les heures qui ont suivi le coup d'État de RENÉ. Moscou
soutient ouvertement Victoria, comme le montre la présence d'une flotte
soviétique après le putsch manqué de 1981. L'ambassadeur
soviétique, Mikhaïl ORLOV, est décrit comme exerçant
une influence sur le régime seychellois et tentant d'amener les
Seychelles dans le giron soviétique en créant des tensions.
D'après Jacques de BARRIN, l'ambassadeur entretient chez RENÉ
l'idée d'un complot permanent contre son régime. L'escale des
navires soviétiques est présentée comme plus longue que
celle des Occidentaux. Les deux pays ont développé une
coopération dans le domaine scientifique et culturelle. Les visites
diplomatiques sont citées dès la seconde moitié des
années 80, telle la première visite de membres du PCUS en
août 1987 et celle, en septembre 1987, de James MICHEL qui est
resté trois semaines en URSS pour intensifier la coopération
militaire entre les Seychelles et l'URSS. En avril 1991, des parlementaires
soviétiques visitent les Seychelles.
Si les relations américano-seychelloises étaient
jugées bonnes dès l'arrivée au pouvoir de René, il
semble qu'elles se soient détériorées car le régime
est progressiste. Le premier ambassadeur américain n'a été
nommé qu'en 1982. Certains ambassadeurs américains sont
cités. En 1986, elles sont décrites comme étant non
chaleureuses, surtout après un « complot » avec le Royaume-Uni
et la France. Pourtant, les États-Unis sont satisfaits du non-alignement
de Victoria et une aide massive de 2-3 millions $ est apportée aux
Seychelles. Jusqu'en 1983 aucun navire américain, ni britannique, ne
fait escale aux Seychelles car leurs pays refusent de se plier au
règlement de mouillage dans les eaux seychelloises, d'où la
recherche d'un compromis. Les États-Unis louent une base d'observation
de satellites dont le bail est renouvelé sans cesse jusqu'en 1995. Une
coopération militaire existe : des visites de militaires
américain sont évoquées. En 1989, les relations se
réchauffent : RENÉ accepte de faciliter la marine
américaine aux ports seychellois et le 19 juillet, il effectue sa
première visite aux États-Unis.
Que peut-on dire des relations avec les régimes
progressistes voisins ? Nous pouvons voir que les relations entre les
Seychelles et la Tanzanie du socialiste Julius NYERERE étaient
très importantes. Dès l'arrivée au pouvoir de RENÉ,
l'étroitesse des liens entre les Seychelles et la Tanzanie
inquiètent les Occidentaux. La Tanzanie soutient le régime de
RENÉ. La présence de troupes tanzaniennes et la
coopération militaire sont les aspects les plus évoqués
dans ces relations. L'ambassade tanzanienne ne s'ouvre qu'en octobre 1987.
D'importants liens entre les Seychelles et Maurice existent. La presse
décrit souvent des visites diplomatiques entre ces deux pays. Les liens
sont surtout forts idéologiquement avec le Mouvement milicien mauricien
(MMM). On constate qu'en 1981, les relations diplomatiques étaient
très froides. En novembre 1981, les relations se sont encore
détériorées. Elles ne se sont réchauffées
qu'après la victoire de la gauche à Maurice le 11 juin 1982,
d'où la visite de RENÉ. Des accords de coopération, comme
celui de mars 1984, sont évoqués. La première visite d'un
Premier ministre mauricien est effectuée les 21-24 septembre 1989 afin
de renforcer la coopération bilatérale entre les deux pays. Le
président mozambicain, Samora MACHEL, a effectué sa
première visite aux Seychelles les 16-19 avril 1982 pour définir
plusieurs secteurs de coopération et par solidarité avec
l'archipel. Pour lui, les Seychelles sont « une base arrière
sûre pour l'indépendance et les révolutions du continent
sud-africain ». Les liens seychello-malgaches sont souvent
évoqués sans être véritablement
développés. Coopération militaire avec Madagascar et
soutient malgache au régime de RENÉ.
Dès l'arrivée au pouvoir de RENÉ, la
Chine populaire envoi une vingtaine de représentants. RENÉ voyage
à plusieurs reprises en Chine populaire et plus de quatre fois en
Corée du Nord. La Chine appuie l'idée seychelloise de
démilitariser l'océan Indien. En mars 1988 et en avril 1990, une
délégation de chaque pays a visité la Chine puis les
Seychelles. Des soldats nord-coréens ont remplacé les troupes
tanzaniennes pour entraîner l'armée seychelloise. Ils ont une
influence croissante mais sont remplacés à leur tour par les
Soviétiques. En outre, Cuba se trouve présent aux Seychelles. On
apprend que Giovinella GONTHIER a représenté les Seychelles
à Cuba. En 1983, un accord de coopération est signé entre
les deux pays même si la visite du vice-président cubain les 17-20
janvier 1983 a provoqué un incident diplomatique avec les
États-Unis.
Le Kenya est cité comme une référence
seychelloise. Pourtant, Victoria l'accuse souvent d'être impliqué
dans des complots, surtout celui de 1978. En janvier 1990, un accord de
coopération est signé entre les deux pays. RENÉ visite
pour la première fois le Kenya les 11-12 juillet 1990. Des relations
avec la Libye sont abordées à certaines reprises. Des visites
diplomatiques sont surtout évoquées, comme celle d'Ogilvy
BERLOUIS, ministre seychellois de la Jeunesse et de la Défense, à
Tripoli et son entretien avec le colonel KADHAFI le 18 avril 1982. Il existe
une coopération militaire, intensifiée après le putsch
manqué des mercenaires.
Que dire des liens avec l'ancienne puissance coloniale, le
Royaume-Uni, l'Afrique du Sud et l'Inde qui sont influentes ? Les relations
sont décrites comme bonnes en 1977. Les visites diplomatiques sont
surtout relatées, comme la venue d'une délégation
britannique les 7-13 mars 1982, suivi en mai de la visite de Guy SINON au
Royaume-Uni. Le dernier article identifié portant sur les visites
diplomatiques date du 8 mai 1997. En 1986, avec les ÉtatsUnis et la
France, le Royaume-Uni est en crise avec les Seychelles à cause d'un
« complot » contre Victoria. On constate que les relations avec
l'Afrique du Sud étaient mauvaises à cause du système de
l'apartheid, d'où la recherche de nouveaux partenaires pour l'archipel.
On peut sentir des tensions entre les deux pays, surtout à cause de
l'affaire des mercenaires responsables du coup d'État manqué de
novembre 1981. En effet, l'Afrique du Sud ségrégationniste est
souvent accusée comme étant complice du putsch manqué.
Après l'abolition de l'apartheid, les relations semblent s'être
réchauffées, surtout sous la présidence de Nelson MANDELA.
D'importants liens existent avec l'Inde. Des visites en Inde sont
évoquées à plusieurs reprises. On peut constater que
l'Inde devient de plus en plus présente aux Seychelles comme dans tout
l'océan Indien. Les relations militaires sont importantes : plusieurs
articles de la LOI l'évoquent, par exemple, la participation de
la marine indienne pour le sixième anniversaire de l'arrivée au
pouvoir de RENÉ. En août 1983, une délégation
scientifique indienne est venue aux Seychelles. Un haut-commissariat indien
ouvre en octobre 1987. RENÉ a effectué une visite en Inde au
moins en 1980 et le 22 avril 1986. En novembre 1988, RENÉ confirme les
bonnes relations entre l'Inde et les Seychelles.
La création de la COI en 1982 par Madagascar, Maurice
et les Seychelles est évoquée par la LOI. Les trois pays
ont signé ensemble un accord commercial commun, et un autre sur une
coopération générale en janvier 1984. Le régime a
crée en juin 1984 une fausse ambassade de l'Ordre de Malte
dirigée par le mafieux Mario RICCI, décrit comme
l'éminence grise de RENÉ. L' « ambassade » RICCI prend
fin le 1er mai 1987. 1986 est une année importante pour les Seychelles :
l'archipel a reçu la visite du pape Jean-Paul II. On constate qu'il
arrive que Victoria ferme plusieurs de ses ambassades pour des questions
économiques. Dans la rubrique « Who's Who », plusieurs
diplomates ou allusions diplomatiques sont cités. Par exemple, Claude
MOREL, ambassadeur de Belgique et de l'UE aux Seychelles, ou encore la visite
en Chine de James MICHEL les 4-9 mai 1998. D'autres aspects diplomatiques sont
présentés, par exemples, le Maroc, la Belgique ou encore
Israël.
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