2. La question de la Réunion
La question du statut de la Réunion était un
sujet de contentieux entre la France et les Seychelles de RENÉ. En
effet, les Seychelles ont fais partie du Comité had hoc de
l'OUA pour la Réunion. Avec le Malgache RATSIRAKA - le premier à
remettre en cause le statut de la Réunion le 30 décembre
1976221 - et le Libyen KADHAFI - le premier à
évoquer la question à l'OUA en 1978222 -,
RENÉ est l'un des plus farouches opposants à la Réunion
française. L'article qui
semble l'illustrer le plus est certainement celui du magazine
Afrique-Asie des 11-24 juin 1979. Interviewé, RENÉ
présentait la Réunion française comme étant «
un anachronisme que l'Histoire finira tôt ou tard par éliminer
». En dehors de cet article, comment la presse française
traite-t-elle du conflit opposant la France et les Seychelles sur la
Réunion ?
La question réunionnaise semble moins suivie que la
crise diplomatique. À l'exception de l'article
d'Afrique-Asie, le seul article identifié sur la
question à l'époque du conflit est la LOI du 13 mars
1982. Dans ce petit article avant tout consacré sur la possible visite
de MITTERRAND aux Seychelles (cf. chapitre V) on apprend que
RENÉ, avec le Mauricien Paul BÉRENGER, a affirmé que
c'était « aux Réunionnais de décider du statut de
leur île conformément au principe de l'autodétermination
». En effet, un référendum d'autodétermination fut
prévu afin de régler la question, mais il ne s'est jamais
déroulé car les Réunionnais perçoivent les
faiblesses de leur île sans la France223. Cet article
correspond donc au contexte d'abandon de l'idée d'indépendance de
la Réunion par l'ensemble du Comité had hoc auxquels
président les Seychelles224. Si les Seychelles et
Madagascar ont abandonné l'idée d'indépendance de la
Réunion c'est parce qu'ils auraient pris une certaine conscience de
l'importance de la présence française par le biais de la
Réunion grâce aux programmes de la coopération
française mais aussi l'évolution du contexte régional qui
les auraient incité à être plus
pragmatiques225.
223 LA GRANGE Arnaud de, La France dans la
géopolitique du Sud-Ouest de l'océan Indien, Paris,
Paris4-Sorbonne, 1988.
224 Op. cit., Centre de hautes études sur
l'Afrique et l'Asie modernes, La Réunion dans l'océan
Indien, Paris, CHEAM, 1986.
225 Op. cit. BALENCIE Jean-Marc, La Diplomatie
navale française en Océan Indien (1967-1992), Lille, Atelier
national de reproduction de thèses, 1992.
Deux articles postérieurs au conflit franco-seychellois
sur la question du statut de la Réunion sont identifiés et
incorporés dans notre corpus : l'un a paru le 11 février 1984
dans la LOI à l'occasion de la reconnaissance seychelloise de
la France comme pays riverain de l'océan Indien, l'autre le 13 juin 1990
dans Le Monde au moment du passage de MITTERRAND aux Seychelles. Le
premier évoque la formation du comité ad hoc
chargé de préparer l'indépendance de la
Réunion. On peut constater que vers 1984 la question réunionnaise
est définitivement close. L'article du Monde du 13 juin 1990
affirme que la Réunion n'est plus depuis longtemps « une pomme de
la discorde », indiquant qu'elle était autrefois un sujet de
conflit entre la France et les Seychelles. L'auteur de cet article, Jacques
AMALRIC, rappelle uniquement le fait que « France-Albert RENÉ
interpellait vivement la France pour lui reprocher l'entreprise «
coloniale » de la Réunion ».
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