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Les relations entre la France et les Seychelles d'après la presse française (1977-2004)

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par Guillaume BURDEAU
Université Paris Ouest - Nanterre - La Défense - Master 2 Histoire 2010
  

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2. Les visites de personnalités politiques seychelloises

Maxime FERRARI, présenté comme le « numéro deux » du nouveau régime, est le premier membre du gouvernement de RENÉ à se rendre en France. Nous constatons que jusqu'en 1981, il est le seul ministre seychellois en visite à France à être évoqué par la presse. Cela indique l'appréciation que porte la France pour ce personnage, comme semble l'indiquer un dossier paru dans la LOI le 5 décembre 1981.

Sa première visite effectuée en France fut évoqué par Le Monde dans l'édition du 4 septembre 1977, c'est-à-dire trois mois presque jour pour jour après l'arrivée au pouvoir de RENÉ177. Il était ministre de l'Agriculture et des pêches, Maxime FERRARI. D'après Philippe DECRAENE, il a été présent en France pendant au moins une semaine. Pendant sa visite, il aurait tenté de justifier le coup d'État du 5 juin. Nous constatons qu'il a présenté les principales lignes du gouvernement seychellois dans la politique intérieure et extérieure. Maxime FERRARI a effectué une nouvelle visite à Paris en juillet 1978, cette fois en tant que ministre du Développement et du logement. Il serait arrivé à Paris le 19 juillet. Le 20, il a déjeuné avec le ministre de la Coopération, Robert GALLEY, et devait se rendre à Strasbourg pour visiter le Conseil de l'Europe et prononcer une conférence à la chambre de commerce avant de partir pour Bruxelles. D'après Philippe DECRAENE, il est venu en France pour dénoncer « les menaces extérieures qui [...] pèsent sur son pays » - il dénonce les partisans de MANCHAM, la « tentative de coup d'État » d'avril 1978 depuis le Kenya, et Victoria se sent menacé depuis le coup d'État des mercenaires menés aux Comores -, et attirer l'attention de Paris pour développer la coopération bilatérale178. Son passage à Paris et la crainte d'une intervention de mercenaires payés par les partisans de MANCHAM sont évoqués par Frédéric LAURENT dans Libération quelques semaines plus tard179. Entre le 4 et le 5 décembre 1981, une semaine après la tentative de coup d'État des mercenaires, la presse française évoque la présence en France de FERRARI, envoyé spécial de RENÉ pour dénoncer l'attaque et chercher l'aide de la France contre le mercenariat mondial. D'après Pierre HASKI de Libération, il était étroitement accompagné par quatre gardes du corps à cause de cet événement : on craindrait donc pour sa sécurité. Il était prévu qu'il rencontre le ministre de la

Coopération, Jean-Pierre COT, le conseiller du président aux Affaires africaines, Guy PENNE, et le ministre de la Défense, Gaston DEFFERRE180. Le Monde évoque seulement son séjour en France depuis le 2 décembre et ses soupçons le lendemain envers l'Afrique du Sud181.

177 DECRAENE Philippe, « Le socialisme dans la joie ? », Le Monde, 4 septembre 1977.

178 DECRAENE Philippe, « Les dirigeants de Mahé redoutent un éventuel « scénario à la comorienne » », Le Monde, 21 juillet 1978.

179 LAURENT Frédéric, « La route du pétrole passe par les Seychelles », Libération, 13 septembre 1978.

180 HASKI Pierre, « SOS contre les mercenaires », Libération, 4 décembre 1981.

Ensuite, quelques visites de diverses personnalités seychelloises sont évoquées par la LOI. Le 24 avril 1982, dans la rubrique « Agenda », l'hebdomadaire annonce la visite de deux personnalités seychelloises en France pour des raisons économiques : E. DESBOUSSES, directeur général de la SEYCOM, et BRADBORN, directeur général de Wel Supplies182. Dans la même rubrique, on annonce, le 1er mai de la même année, la visite de Guy SINON, secrétaire général du SPPF, et sa rencontre prévue avec Lionel JOSPIN, secrétaire du Parti socialiste183. Enfin, nous avons la visite d'une semaine en France d'une délégation menée par Jacques HODOUL, ministre du Développement national, vers la fin février 1985. Elle se serait entretenue avec des responsables publics et privées du secteur de pêche industrielle, et visitée les installations de l'Armement Coopératif Finistérien, en Bretagne, où des thoniers seychellois sont construits184.

Les 15 octobre 1988 et 23 décembre 1989, la LOI évoque les visites en France de Danielle de SAINT-JORRE, alors secrétaire d'État au Plan et aux Relations extérieures. Comme nous l'avons vu tout à l'heure, SAINT-JORRE a marqué la diplomatie seychelloise. Le 15 octobre, la LOI annonce son voyage en Hongrie et en France. Comme elle a visitée la Hongrie « la semaine dernière », nous pouvons supposer qu'elle est passée en France entre le 7 et le 15 octobre. Elle se serait entretenue avec le ministère de la Pêche pour évoquer l'exportation de thon en boîte en France et à la Réunion18s. Cette visite n'a été développée qu'en trois lignes seulement ! Dans la LOI du 23 décembre 1989, une autre visite en France de SAINT-JORRE est évoquée en cinq lignes. D'après l'hebdomadaire, elle se serait entretenu avec le ministre de la Coopération, Jacques PELLETIER, sur la réunion de la prochaine commission mixte franco-seychelloise prévue du 6 au 8 mars 1990 à Paris, la construction d'un complexe sportif pour les Jeux de l'océan Indien de 1993 prévus aux Seychelles et les projets qui y impliquent186.

Entre 1990 et 1991, à la place des ministres seychellois, nous avons des opposants qui apparaissent dans la LOI. Comme nous le verrons dans une étude postérieure, les opposants, en particulier l'ancien président en exil, James MANCHAM, et Maxime FERRARI, lui aussi exilé ont visité la France pour la sensibilisé sur le combat démocratique aux Seychelles (cf. chapitre VIII « La diplomatie française des droits de l'Homme et de la démocratie aux Seychelles », p.). Ainsi, la LOI du 5 mai 1990 annonce la venue en France de MANCHAM où

il est reçu par Jacques CHIRAC187, une autre le 4 novembre 1991188, avec FERRARI à Paris vers juillet 1991189 et encore. Il faut attendre le 28 septembre 2002 pour qu'on évoque une nouvelle fois le déplacement de l'opposition seychelloise à Paris, justifiant le titre d'un article de la LOI190.

181 ANONYME, « Le gouvernement demande une enquête de l'ONU sur l'attaque des mercenaires », Le Monde, 5 décembre 1981.

182 « Visite en France de deux personnalités des Seychelles », La Lettre de l'Océan Indien, 24 avril 1982.

183 « Seychelles », La Lettre de l'Océan Indien, 1er mai 1982.

184 « Hodoul en France », La Lettre de l'Océan Indien, 2 mars 1985.

185 « Visite en Hongrie et en France », La Lettre de l'Océan Indien, 15 octobre 1988.

186 « Protection de l'environnement », La Lettre de l'Océan Indien, 23 décembre 1989.

187 « La difficile croisade de James MANCHAM », La Lettre de l'Océan Indien, 5 mai 1990.

188 CAMBON Paul, « Lénine au paradis », Quotidien de Paris, 22 octobre 1991.

189 « Contre-offensive diplomatique du président René », La Lettre de l'Océan Indien, 20 juillet 1991.

190 « L'opposition en visite à Paris », La Lettre de l'Océan Indien, 28 septembre 2002.

Le 21 octobre 1995, on apprend par la LOI que Danielle de SAINT-JORRE, alors devenue ministre des Affaires étrangères, du Plan et de l'Environnement, est venue à Paris au début du mois191. Comme le titre de l'article l'indique, la ministre a discuté avec divers ministres français sur les différents axes de coopération bilatérale. Ce serait la dernière fois qu'on évoque la visite en France de cette femme avant sa mort en 1997.

Enfin, les derniers éléments de notre corpus sur la visite de personnalités politiques seychelloises se portent sur celles effectuées par le ministre des Affaires étrangères mais également président en exercice de la COI, Jérémie BONNELAME, entre le 2 et le 4 octobre 2002. Il aurait été reçu par le ministre délégué de la Coopération et de la Francophonie, André WILTZER. Tous deux auraient discuté de la politique intérieure des Seychelles, en particulier sur les élections législatives et les discussions entre les Seychelles et le FMI, des principales questions de la coopération entre la France et les Seychelles, et sur la prochaine réunion de la COI. Ces discussions sont considérées comme « chaleureuses »192.

En l'absence d'un libre accès aux documents sur les Seychelles aux archives des Affaires étrangères193, il nous est impossible de savoir le nombre exact effectué entre les deux pays sous RENÉ, leurs raisons et leurs déroulements. Toutefois, la presse française nous en donne une assez bonne idée. Plusieurs déplacements ont été cités puis présentés par les journalistes, les journaux ou les magazines et leurs déroulements sont plus ou moins décrits. Néanmoins, cela n'aurait pas été possible sans la LOI : les autres journaux ou magazines ne nous auraient présenté moins de

déplacements diplomatiques. Nous remarquons que les articles sur les visites seychelloises en France sont plus nombreux que ceux sur les déplacements français aux Seychelles. Le cas est similaire pour le nombre de visites dans les deux camps que nous pouvons recenser dans notre corpus n°2. Cela indique qu'il y aurait eu davantage de visites seychelloises que françaises. La fréquence des visites rapportées par la presse française semble nous indiquer que les Seychelles paraissent accorder plus d'importance à l'entretien de ses relations avec la France que celle-ci.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote