Les relations entre la France et les Seychelles d'après la presse française (1977-2004)( Télécharger le fichier original )par Guillaume BURDEAU Université Paris Ouest - Nanterre - La Défense - Master 2 Histoire 2010 |
3. La visite privée de Georges LEMOINEUn seul article évoquant une visite effectuée par une personnalité française autre que le ministre ou le chef de l'État français a été identifié : celui de la LOI du 10 novembre 1987. L'article évoque la visite privée de 48 h de Georges LEMOINE, secrétaire d'État aux DOMTOM, invité par Michel de L'HOPITAULT, président d'Effi International, son entretien d'une heure avec RENÉ et sa rencontre avec BERLOUIS, le ministre de la Jeunesse et de la Défense. D'après la LOI, le cabinet du secrétaire d'État a démenti ces rencontres. B) Les visites seychelloises D'un point de vue du nombre des articles de presse possédant des éléments sur le sujet, les visites seychelloises semblent beaucoup plus nombreuses que celles des dirigeants français. Pourtant, tout comme pour les déplacements français, ce n'est qu'une partie du nombre de visites réellement effectués158. Comment se sont déroulés les déplacements seychellois d'après la presse française ? 158 Tout comme pour les déplacements français, il est actuellement quasiment impossible de vérifier aux archives de la Courneuve. 159 http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/pays-zones-geo_833/seychelles_401/index.html le vendredi 6 novembre 2009. 1. Les visites de France-Albert RENÉD'après le site internet de la diplomatie française, France-Albert RENÉ a effectué dix-sept voyages en France159. Les visites les plus évoquées dans la presse sont celles effectuées par cet homme. Sur quarante-cinq articles sur les visites seychelloises, vingt-cinq sont consacrées à la présence de RENÉ en France. Que peut-on voir des déplacements effectué par le dirigeant seychellois en France ? La première visite du président seychellois a été consacré par plusieurs articles de plusieurs journaux français : Le Monde, Le Figaro, La Croix, et encore. C'est sans nul doute la visite de RENÉ en France la plus traitée par la presse française. Le Monde présente RENÉ comme « l'hôte du gouvernement français », justifiant le titre de l'article du 12 septembre. Il serait arrivé à Orly le 11 septembre à 11 heures avec le ministre du Plan, du Développement et du Logement, Maxime FERRARI. C'est le ministre de la Coopération, Robert GALLEY qui les a accueillis160. Pour Le Figaro, le président GISCARD D'ESTAING a reçu en audience le président seychellois pour discuter sur la démilitarisation de l'océan Indien et la création d'une zone de paix dans la région - préoccupations présentées par le quotidien comme un leitmotiv de RENÉ -, avant de prendre ensemble le déjeuner161. Ces éléments sont repris par Le Dauphiné libéré. Le président français a défendu la présence française dans l'océan Indien, bien que le dictateur seychellois fasse plutôt allusion à la présence américaine et soviétique162. Le Monde publie un nouvel article le lendemain163. D'après Philippe DECRAENE, qui a profité de la visite du chef de l'État pour l'interviewer, l'audience a été tenu le 12 septembre. Le 11, RENÉ était à l'hôtel de Matignon où il s'est entretenu avec le Premier ministre Raymond BARRE dans l'après-midi. D'après Le Dauphiné libéré, ils ont tous deux évoqué les liens historiques entre les deux pays. Un dîner au Quai d'Orsay a été offert en l'honneur du président seychellois par le ministre de l'environnement et du cadre de vie, Michel d'ORNANO, en l'absence de Louis de GUIRINGAUD, ministre des Affaires étrangères. D'ORNANO a affirmé devant RENÉ la volonté de GISCARD D'ESTAING de poursuivre le dialogue entre la France et l'Afrique, ainsi que l'océan Indien. Le 12 septembre au soir, RENÉ a tenu une conférence de presse à Paris avant de la quitter le lendemain pour un voyage de cinq jours à Londres. Tous ces éléments ont servis d'introduction à l'interview de DECRAENE. Pour La Croix, la visite du 11 au 13 septembre devait permettre à RENÉ à plaider sa cause auprès de Paris, permettre à son pays de vivre dans une zone de paix. Comme dans Le Monde, La Croix présente la France comme étant favorable a ce projet164. En guise de phrase d'accroche, Libération évoque tout simplement la présence de RENÉ à l'Élysée et son inquiétude face à « un coup d'État des services spéciaux français contre son pays ». D'après Frédéric LAURENT, les conseillers du président français se seraient montrés hypocrites, qu'ils étaient « au parfum » et que pour que l'océan Indien reste « une mer française », ils utiliseraient tous les moyens165. Ce genre d'affirmation n'est pas impossible. Il est arrivé que la France agisse défavorablement à l'encontre d'un régime africain essentiellement francophone, le plus souvent grâce aux réseaux Foccart. Donc, on peut voir que RENÉ a une certaine crainte de la France, malgré les liens qui unissent les deux pays. 160 DECRAENE Philippe, « M. France-Albert René est l'hôte du gouvernement français », Le Monde, 12 septembre 1978. 161 ANONYME, « Les Seychelles : clés de l'océan Indien », Le Figaro, 12 septembre 1978. 162 BOURGEOIS Claude, « Le président des Seychelles à Paris », Le Dauphiné libéré, 13 septembre 1978. 163 DECRAENE Philippe, « Nous n'accepterions en aucun cas une base militaire dans l'archipel », Le Monde, 13 septembre 1978. 164 ANONYME, « France-Albert René : Une zone de paix pour les Seychelles », La Croix, 13 septembre 1978. 165 LAURENT Frédéric, « La route du pétrole passe par les Seychelles », Libération, 13 septembre 1978. Dans son édition du 15 septembre 1979, Le Monde, quant à lui, annonce simplement la visite privée de 48 heures de RENÉ en France. Ensuite nous avons une série d'articles liant la visite de France-Albert RENÉ en visite en France et l'attaque des mercenaires du 25 novembre 1981. Le 27 novembre 1981 Le Monde, Le Figaro et Le Matin évoquent la visite prévue en France du président RENÉ la semaine suivante, le 4 décembre, et sa réception par le président MITTERRAND166. D'après Le Figaro, citant l'AFP, l'AP et Reuter, sa venue devait être confirmée ou non le jour même de la publication de son article. En effet, le coup d'État manqué des mercenaires remet en cause cette visite. Ce n'est que dans son édition du 1er décembre que Le Monde annonce l'annulation de la visite du président RENÉ en France167. Dans son édition du 18 février 1982, Le Monde annonce la proclamation d'une « ère nouvelle de coopération » par le président RENÉ après avoir été reçu par MITTERRAND le 16. Il a également discuté avec le ministre de la Défense, Charles HERNU sur la coopération militaire, mais le journal ignore les détails168. D'après Jean-Marc BALENCIE, ce voyage qui s'est déroulé du 12 au 16 était un signe de remerciement du régime seychellois pour le soutien apporté par la France après l'épreuve du 25 novembre 1981169. Un article de la LOI paru le 6 mars 1982 évoque ce séjour. RENÉ se serait entretenu avec le ministre de la Défense, Charles HERNU sur le renforcement de la coopération militaire entre les deux pays parce que l'armée seychelloise n'a pas su avoir les bonnes réactions face aux mercenaires170. 166 ANONYME, « Coup de force manqué aux Seychelles », Le Figaro, 27 novembre 1981 ; C. Y., « Cent mercenaires font vaciller le pouvoir », Le Matin, 27 novembre 1981 ; LANGELLIER Jean-Pierre, « Aucune organisation ne revendique la responsabilité de la tentative de coup d'État », Le Monde, 28 novembre 1981. 167 ANONYME, « Le président des Seychelles annule sa visite en France », Le Monde, 1er décembre 1981. 168 ANONYME, « « Une ère nouvelle » de coopération », Le Monde, 18 février 1982. 169 BALENCIE Jean-Marc, La Diplomatie navale France en océan Indien (1967-1992), Lille, Atelier nationale de reproduction des thèses, 1993, p. 288. 170 « Coopération militaire », La Lettre de l'Océan Indien, 6 mars 1982. 171 « Aide française et américaine », La Lettre de l'Océan Indien, Après, nous avons plusieurs articles sur les diverses visites de RENÉ en France. Dans son édition du 14-15 septembre 1982, Le Monde annonce la visite de travail de RENÉ dès le 13 février et son entretien avec MITTERRAND les 16 et 17, sans plus de précisions. La LOI du 15 octobre 1983 a, de manière sous-entendue, annoncé la visite de RENÉ en France dans la semaine du 4 octobre 1983. En effet, l'hebdomadaire a présenté avoir réalisé l'interview du président seychellois le 4 octobre lors de son passage à Paris. Aucune précision sur cette visite, ni dans aucun journal français. D'après la LOI du 6 avril 1985, une visite du président RENÉ était prévue pour les 27 et 28 avril. Selon l'hebdomadaire, cette visite devait probablement définir de nouveaux objectifs entre la France et les Seychelles en raison de la fin d'une phase de la nouvelle ère de coopération soulignée par le nouvel ambassadeur de France, Robert MARSAN171. Un mois plus tard, la LOI publie un petit article intitulé « René à Paris ». Dans son analyse, l'hebdomadaire trouve que dorénavant les déplacements du chef de l'État sont « entourés du plus grand secret » : la presse seychelloise a annoncé la visite de RENÉ pour le 21 avril tandis qu'à son arrivée l'ambassade à Paris annonce que cette visite était terminée depuis plusieurs jours ! Le président RENÉ aurait été reçu le 26 avril par le ministre de la Coopération, Christian NUCCI, la veille de son départ pour Maurice. Tous deux auraient discuté sur la pêche et la santé. La semaine du 30 août 1986, France-Albert RENÉ est de nouveau en France. La LOI publie ce jour là un nouvel article intitulé « René en visite en France ». C'était une visite privée d'une semaine suivi d'une visite de travail. Il a été reçu par le ministre des Affaires étrangères, Jean-Bernard RAIMOND, celui de la Coopération, Michel AURILLAC, le conseiller aux Affaires africaines, Guy PENNE, et Jacques FOCCART, l'homme de la Françafrique et fondateur des fameux réseaux Foccart. Le Premier ministre Jacques CHIRAC n'a pas pu le recevoir pour des raisons « d'emploi du temps ». L'hebdomadaire annonce la publication pour la semaine suivante d'une interview exclusive de RENÉ. Cet interview fut publié les 6 et 13 septembre. Deux ans plus tard, le 30 juillet 1988, l'article intitulé « France-Albert René à Paris » paraît dans la LOI. Vers la mi-juillet, RENÉ était déjà en visite privée. Il s'est entretenu avec le Premier ministre Michel ROCCARD et plusieurs membres du gouvernement. Le 28 juillet, il est reçu par MITTERRAND. Avec ces personnalités politiques françaises, RENÉ a parlé d'économie, surtout sur la pêche, sur la COI, et des projets culturels. Après une tournée en Malaisie et en Europe, en mars 1990, RENÉ a effectué un séjour privé en France à la fin du mois. D'après la LOI, il a pris le temps de visiter en Bretagne le chantier naval qui construit les thoniers seychellois172. Dans une note parue le 11 mai 1991, la LOI signale la visite effectuée par RENÉ durant la semaine. Il devait rencontrer des responsables du ministère de la Coopération et le ministre des DOM-TOM, Louis LE PENSEC. Cette visite a été développée par l'hebdomadaire le 25 mai. RENÉ aurait expliqué à MITTERRAND sur les réformes de structure adopté par le parti unique en raison de la contestation démocratique en cours aux Seychelles tandis que le président français aurait parlé de démocratie. Ce dernier n'a pris aucun engagement sur le rééchelonnement de la dette seychelloise contractée à l'égard de la France demandé par RENÉ173. Ces faits sont rappelés et développés par Paul CAMBON au Quotidien de Paris le 22 octobre 1991. Sur la demande de rééchelonnement de la dette seychelloise, MITTERRAND l'aurait accueilli avec une « certaine fraîcheur »174. Un nouvel article de la LOI avec un titre semblable à d'autres que nous venons de voir a été publié le 12 septembre 1992. D'après cet article, RENÉ était en visite privée en France la semaine du 8 septembre. Il se serait entretenu avec plusieurs responsables français. L'entretien avec le nouveau conseiller aux Affaires africaines, Bruno DELAYE, a été développé : il était question d'évolution politique des Seychelles, la réduction de la dette et la question sud-africaine. Le 8 mai, il s'est entretenu avec les ministres des Affaires étrangères et la Coopération, Roland DUMAS et Marcel DEBARGES sur la pêche et le prochain sommet de la Francophonie175. Dans une note parue le 13 juillet 1996, la LOI annonce une visite de deux jours prévue pour le 16 septembre 1996. Cette visite est évoquée par l'hebdomadaire le 21 septembre 1996176. Pendant sa visite, un déjeuner en son honneur lui a été offert par le ministre de la Coopération Jacques GODFRAIN. Ce dernier a décoré le président seychellois de la médaille de la coopération française. La francophonie, la télévision et la dette ont été les trois sujets de discussion. Après, aucun autre article n'a été identifié. Cela semble correspondre à la réduction des relations entre la France et les Seychelles suite à l'arrêt de financement de projets de développement des Seychelles par l'AFD comme nous l'avons vu précédemment. Au final, nous constatons que douze voyages sur dix-sept ont été traités ou évoqués. 172 « Le président René en Malaisie et en Europe », La Lettre de l'Océan Indien, 7 avril 1990. 173 « Apparition d'un parti clandestin », La Lettre de l'Océan Indien, 25 mai 1991. 174 CAMBON Paul, « Lénine au paradis », Quotidien de Paris, 22 octobre 1991. 175 « Le président René à Paris », La Lettre de l'Océan Indien, 12 septembre 1992. 176 « Le français, la TV et la dette », La Lettre de l'Océan Indien, 21 novembre 1996. |
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