2.1.1.3. Positionnement et marquage des arbres
Le positionnement des arbres dans l'espace a un objectif
essentiel, dans un dispositif où l'on veut effectuer un suivi dans le
temps : donner les moyens de retrouver et d'identifier correctement ces
arbres d'un inventaire au suivant.
En effet, si pour diverses raisons le temps
écoulé entre deux inventaires successifs dépasse deux/
trois ans, une partie des numéros posés sur les arbres aura
disparu. La connaissance de l'espèce et de la taille de l'arbre lors du
précédent inventaire ne suffit généralement
pas : seules les coordonnées prélevées à
l'origine permettent de lever l'incertitude.
A mon avis, non seulement le positionnement initial est
indispensable mais il doit être effectué avec la plus grande
rigueur possible.
Les coordonnées des arbres permettent également
de caractériser leur mode de répartition spatiale :
agrégée à divers degrés, systématique,
aléatoire. Ces modes peuvent être mis en relation avec diverses
caractéristiques biologiques des espèces étudiées
et donner accès à une meilleure connaissance de leur
fonctionnement écologique, donc de leur degré de
résilience face aux perturbations.
2.1.1.4. Positionnement des arbres dans les parcelles
C'est l'opération la plus longue et la plus
délicate. Il faut s'appuyer sur un quadrillage intermédiaire qui
délimite des placeaux au sein desquels la position des arbres sera
déterminée : ce système permet de limiter la
propagation des erreurs. Le quadrillage intermédiaire doit s'appuyer sur
le quadrillage initial de maille 1 ha : il lui superpose une maille plus
petite, de 10 m × 10 m au minimum et de 20 m × 20 m au maximum :
la taille de la maille (donc des placeaux) dépend de la structure
forestière. En effet, tous les arbres doivent être visibles
à un observateur situé au centre du placeau ou, selon la
méthode de localisation retenue, à l'un de ses coins, Picard
& al. (2008).
Dans les forêts non perturbées à
canopée relativement fermée (comme c'est le cas en forêt
ombrophile sempervirente) et sous-bois peu dense, le regard porte plus loin que
dans les forêts mixtes semi-décidues, exploitées ou non.
Ces différences de structure conditionnent également la
matérialisation sur le terrain du quadrillage
intermédiaire : lorsque le sous-bois est peu dense, un simple
piquetage au coin des placeaux et un marquage provisoire au topofil suffisent,
Picard & al. (Op.cit.). Lorsque le sous -bois est très dense,
il est préférable d'ouvrir de véritable layons permanents,
même si cela perturbe un peu la régénération :
on gagne alors beaucoup de temps lors des inventaires ultérieurs du
peuplement.
Deux méthodes peuvent être utilisées pour
localiser les arbres au sein des placeaux :
1. La méthode classique, utilisant boussole et
décamètres ou chaînes d'arpenteur. Deux
décamètres sont positionnés au sol, en x et en y, le long
des layons intermédiaires. Une personne A se déplace au sein du
placeau et passe d'arbre en arbre. Deux personnes B et C se déplacent le
long de chaque décamètre, avec une boussole.
B (resp. C) vise l'arbre Ao désigné par A en se
déplaçant jusqu'à ce que la droite AoB (resp. AoC) soit
perpendiculaire à la direction du layon portant le
décamètre. La lecture du décamètre donne la valeur
x ou y relativement à l'origine du placeau. Cette méthode est
simple à mettre en oeuvre, fournit directement les coordonnées
cartésiennes des arbres, et assure que l'erreur de positionnement est
aléatoire.
2. La méthode par triangulation, utilisant un
télémètre laser. Cette méthode présente deux
variantes. Dans la première variante, une personne A circule au sein du
placeau et désigne successivement chaque arbre Ao. Une personne B se
place à l'un des coins du placeau et vise l'arbre Ao à l'aide
d'un télémètre : l'appareil lui fournit les
coordonnées polaires de l'arbre, c'est-à-dire son azimut et sa
distance au coin du placeau. Cette méthode est plus rapide que la
précédente, et demande moins de main d'oeuvre. Elle entraine
cependant une propagation des erreurs (les erreurs sont de plus en plus
importantes lorsque la distance à l'arbre visé augmente) et
nécessite que les placeaux restent de faible taille.
Elle demande en outre la mise en oeuvre d'un programme de
calcul des coordonnées cartésiennes. La deuxième variante
est décrite par Dallmeier (1992) et reprise par Sunderland et al.
(2004). Deux personnes B et C, situées à deux coins voisins du
placeau, visent l'arbre Ao à l'aide du télémètre et
relèvent les distances qui les séparent de l'arbre. Comme dans le
cas précédent, un programme de calcul doit être mis en
oeuvre pour récupérer les coordonnées cartésiennes
de l'arbre. Dans le cadre de ce travail, nous avons utilisé la
première méthode qui était facile et importante.
Marquage des arbres
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Figure
9 : Marquage d'un Zanthoxylum gilletii
Les arbres suivis dans les parcelles ou le long des sentiers
doivent être identifiés de manière unique, à l'aide
d'un numéro. Pour faciliter les inventaires dans les parcelles et
limiter les risques de mauvaise compréhension entre les mesureurs et le
chef d'équipe (en charge de la notation ou de la saisie des
informations), il est conseillé de limiter autant que possible à
trois chiffres les numéros désignant chaque arbre sur le
terrain : il faut pour cela attribuer un numéro à chaque
parcelle, subdiviser la parcelle en carrés de 1 ha (ou proches de 1 ha),
numéroter les carrés du sud au nord et d'ouest en est.
Il faut ensuite attribuer à chaque arbre un
numéro relatif au carré dans lequel il se trouve, en
commençant par 1 dans chaque carré. Si les carrés ont une
superficie proche de l'hectare, l'effectif des arbres de plus de 10 cm dbh ne
devrait pas dépasser 999 lors du premier inventaire. L'attribution des
numéros se fait lors de virées alternativement nord/ sud et sud/
nord, prenant les placeaux en enfilade : cette logique est utile par la
suite, pour se repérer dans les carrés. Toujours selon cette
logique, les coordonnées cartésiennes des arbres initialement
attribuées relativement aux placeaux, doivent être
recalculées au bureau dans un repère dont l'origine est
située au coin sud-ouest du carré 1, confondu avec l'origine de
la parcelle, Picard & al (2008).
Il existe essentiellement deux techniques de
matérialisation, sur le tronc, du numéro attribué à
chaque arbre :
1. Étiquettes métalliques ou en plastique
pré-imprimées et fixées au tronc par des clous,
2. Peinture au pochoir.
Du point de vu usage, la première technique
présente deux inconvénients majeurs :
- Si les clous sont trop gros, ils provoquent des
déformations parfois importantes du tronc, tandis que s'ils sont trop
petits, ils tombent ou sont rapidement « avalés »
par le tronc des espèces à croissance rapide.
- Lorsque la forêt est fréquentée par les
villageois, étiquettes et clous ont tendance à
disparaître.
Dans le cadre de notre travail, la pose de numéros
à la peinture et au pochoir nous paraît être la technique la
moins traumatisante et la plus durable. Selon Picard & al. (2008),
il convient cependant de prendre quelques précautions :
· Ne pas trop diluer la peinture afin qu'elle
résiste davantage et usage de peintures acycliques, peu sensibles au
lessivage. A défaut, les peintures à l'huile sont
préférables aux peintures à l'eau (Sheil, cité par
Picard & al. 2008) et il est également possible (application
plus rapide mais solution plus coûteuse) d'utiliser des bombes
aérosol. Les couleurs jaune, rouge et bleue sont à
privilégier ;
· Brosser le tronc avant de poser le numéro, afin
de le débarrasser de toutes les particules qui pourraient
entraîner la peinture ;
· Repasser sur les arbres tous les deux ans, afin de
contrôler et rafraîchir les numéros si nécessaire. En
effet certaines espèces ont des troncs qui desquament beaucoup et sur
lesquels les marques à la peinture disparaissent vite ;
· Effacer la vieille marque de peinture avant d'en poser
une nouvelle, afin de ne pas provoquer de confusion dans la lecture des
numéros
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