0.2.
Délimitation
Bien que située à la limite orientale de la
chaîne du Mayombe et malgré sa superficie réduite, la
Réserve de Biosphère de Luki constitue un échantillon
assez représentatif de la flore et de la végétation du
Mayombe. Avec quelque 1150 mm de pluie par an, son climat est de type
subéquatorial avec une saison sèche marquée de 3 mois,
dont les effets sont cependant très fortement atténués par
de très abondants brouillards. Le déficit de saturation reste en
effet inférieur, durant presque toute l'année, à ce qu'il
est dans la cuvette centrale zaïroise.
0.3.
Problématique
Botanistes et phytogéographes reconnaissent depuis
longtemps la nature hétérogène et morcelée des
forêts tropicales humides (Richard, 1952 ; Whitmore, 1984), mais le
rôle des variations locales de la topographie (Kahn, 1983 ; Basnet,
1992) ou des paramètres édaphiques (Trichon,
1997 ; Lescure et Boulet, 1985, etc.) sur
l'hétérogénéité structurale de ces
forêts et leur richesse spécifique élevée sont
souvent interprétés en termes de dynamique forestière
(Aubreville, 1938).
Les forêts de Mayombe sont en contradiction avec les
principes écologiques (1400 à 1500 mm) pour leur
développement. Elles existent grâce aux précipitations
occultes (pluies non mesurables ou brouillards) < 1400 mm.
Son relief est caractérisé par une altitude
variant entre 150 et quelque 500 m, avec des vallées très
encaissées et fréquemment sèches; les
dénivellations sont de l'ordre de 40 à 70 m entre les sommets de
colline et les fonds de vallée.
La chaîne du Mayombe en général et celle
de Luki en particulier sont constituées d'une série de collines
qui s'élèvent progressivement en direction Nord-est, depuis les
plateaux littoraux jusqu'aux limites Ouest de la chaîne des monts
Cristal. Dans les limites de la Réserve, ces collines forment des
crêtes dont l'altitude absolue varie entre 150 et plus de 500 m et ces
crêtes créent deux zones dont une orientée à l'Ouest
et l'autre à l'Est ; le versant Ouest est exposé aux vents
humides provenant de l'océan Atlantique et secs sur le versant Est
tandis que les dénivellations relatives (entre les fonds des
vallées et les collines environnantes) sont de l'ordre de 40 à 70
m. Les pentes atteignent des valeurs de 10 à 50%.
La saison sèche dure quatre mois et se
caractérise par une légère température et de
fréquents brouillards matinaux ou brumes, qui compensent le
déficit en eau du sol. Ces brouillards ou brumes sont
considérés comme des précipitations occultes. Les
précipitations moyennes annuelles sont très
irrégulières avoisinant 1.281,6 mm.
A partir de ces principes, les forêts s'adaptent dans
leur fonctionnement physionomique c'est-à-dire une adaptation
morphologique (la hauteur et le diamètre des arbres ainsi que le rythme
saisonnier). L'arbre ne peut atteindre l'optimum de son diamètre et les
forêts de Mayombe sont considérées comme forêts
basses par rapport aux autres forêts. Les forêts de Mayombe
présentent une structure verticale stratifiée comprenant
plusieurs synusies. Cette réalité a été mise en
évidence par les travaux antérieurs notamment, Donis (1948) et
Lubini (1997) ; tels que la discordance écologique, le
problème d'adaptation et la stratification.
L'agriculture et l'exploitation forestière ont
fortement remanié l'aspect de la végétation; la
Réserve de Luki n'échappe que très partiellement à
cette règle générale. L'humidité relative de l'air
reste élevée durant toute l'année (oscillant autour de
73%). Les vents sont très importants et violents surtout dans les
après-midi (Lubini, 1997).
La Réserve de biosphère de Luki se
caractérise par une grande variété de biotope
déterminé par la nature du sol, du relief, les microclimats,
l'action de l'homme ou encore l'hydrographie. On distingue ainsi des
forêts denses humides, des forêts secondaires, des forêts de
lisière, des savanes, des clairières, des champs, des
rivières, des fonds des vallées temporairement inondés,
des pentes ou encore des sommets rocheux et des crêtes (Pendje et Baya,
1992). Cet état de chose, donne une idée sur l'adaptation
morphologique des espèces floristiques (espèces à
contrefort, à empattement et à racines échasses) au niveau
du sol.
Très peu d'études ont abordé les aspects
relatifs aux relevés phytosociologiques et pas d'études relatives
à la toposéquence. Dans le but de combler cette lacune et
valoriser le potentiel écotouristique de la réserve, nous
proposons d'analyser la diversité des ligneux arborescents des
principaux types forestiers de la Réserve.
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