INTRODUCTION GENERALE
0.1.
Etat de la question
La République Démocratique du Congo
présente une grande biodiversité végétale, mais sa
composition floristique demeure très méconnue pour certaines
entités administratives. Il est indispensable que chaque nation dispose
des informations relatives à ses ressources ; à l'heure des
inventaires des ressources naturelles, comme le fait remarquer Mullenders
(1954).
La connaissance claire et précise de ses
potentialités est un des éléments qui permet
d'élaborer un programme de mise en valeur et de développement
local, régional et national qui doivent s'intégrer dans le plan
d'aménagement et de gestion durable des ressources naturelles. En ce qui
concerne les ressources naturelles biologiques en général et
végétales en particulier, les données actuellement
disponibles sont sectorielles et parfois incomplètes. Cela
nécessite le développement des recherches dans des régions
et des zones relativement peu ou pas du tout explorées.
La flore et la végétation de nombreuses
régions congolaises ont fait l'objet de plusieurs travaux floristiques
et phytosociologiques, notamment la région montagneuse de l'est (Lebrun,
1947; Robyns, 1958; Germain, 1952; Léonard, 1962). Ces travaux se
rapportent à la flore du parc national Albert, à la
végétation des plaines alluviales au sud de lac Edouard et
à la végétation de la plaine de la Ruzizi ainsi que
l'étude de la flore du Ruwenzori flanc ouest. Dans le sud-est, on peut
citer Focan et Mullenders (1949), Duvigneaud (1953), Schmitz (1950, 1952,
1963), Mullenders (1954), Malaisse (1997).
Ces travaux traitent la flore et la végétation
des forêts claires zambéziennes et de la zone de transition
régionale guinéo-congolaise et zambézienne ainsi que des
formations herbeuses. Plus récemment le travail de Malaisse sur les
ressources des forêts claires du Haut-Katanga complète les aspects
floristiques et phytosociologiques.
Dans la région de Yangambi, de Kisangani et Mbandaka
dans la cuvette centrale, les travaux sur la flore et la phytosociologie ont
été effectués, notamment par Louis (1947), Léonard
(1947, 1952), Germain et Evrard (1956), Dhetchuvi et Lejoly (1990). Dans cette
dernière contrée, les travaux floristiques, écologiques et
phytosociologiques se sont poursuivis après l'indépendance avec
les chercheurs des Universités de Kinshasa et de Kisangani (Evrard 1968;
Lubini, 1982; Mandango, 1982 et 1988; Nyakabwa, 1982; Mandango & Nyakabwa,
1988; Ntahobavuka & Nyakabwa, 1988; Nyakabwa, 1988; Musango, 1990; Bebwa et
al., 1990; Apema et al., 1994, Nshimba, 2008). Cette zone est parmi les mieux
floristiquement et phytosociologiquement connue.
Dans le sud-ouest, nous retiendrons les travaux de Devred
(1954, 1956, 1957, 1958), Lubini & Mandango (inédit), Lubini (1990,
1997), Masens (1997), etc). Les travaux de ces divers auteurs se rapportent
à l'analyse de la flore, à la phytosociologie et à
l'utilisation des ressources phytogénétiques.
La Réserve de Biosphère de Luki est l'une des
entités phytogéographiques de la R.D.C, floristiquement la moins
connue. Le travail de Donis (1948) a été la première
étude sur la sylviculture du Mayombe avec référence
à la Réserve de Biosphère de Luki. Une seconde
étude de Donis & Maudoux (1951) faisait allusion à une
méthode de conversion des futaies remaniées d'âges
multiples pour l'aménagement des forêts de la Réserve. Une
publication de Maudoux (1954) donnait des observations sur la
régénération naturelle dans les forêts
remaniées du mayombe. Lubini (1984) publiait une étude
préliminaire sur la Réserve de Biosphère de Luki et en
1990, une synthèse sur la flore de cette Réserve.
Le survol de la littérature consacrée à
ce territoire nous permet de signaler les différents travaux de
recherche réalisés par plusieurs chercheurs qui ont
porté sur la flore (A. Lubini ;1984,1997); l'écologie de la
rivière Luki (Mutambue,1984); le plan d'aménagement de la
réserve (Kapa et al, 1987); la conservation des
écosystèmes forestiers du Zaïre( Charles Doumenge,1990); le
patrimoine floristique et faunique (Pendje et Baya,1992); la
biodiversité (Mbemba et Malekani,1995); l' impact des activités
humaines (Gata,1997).
Ce survol rapide de la littérature confirme le
caractère sectoriel des connaissances botaniques de l'espace congolais.
Il apparaît nécessaire de poursuivre et de diversifier les
recherches floristiques et phytosociologiques sur l'ensemble du pays,
particulièrement dans les zones forestières où la
phytodiversité est naturellement élevée. Des connaissances
sur ces aspects des études conduisent à donner au Congo les bases
d'une gestion rationnelle garantissant son développement durable. C'est
ainsi que nous avons choisi pour notre étude la Réserve de
Biosphère de Luki, dans le territoire de Lukula, District du Bas-fleuve,
Province de Bas-Congo.
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