Exploitation forestière et développement économique en milieu rural. Analyse du problème en territoire de Bagata, province de Bandundu (RDC)( Télécharger le fichier original )par P. Basile Sakata Selebay Université Catholique de Louvain - Master complementaire en Développement, environnement et société 2011 |
1.3.1. Fonction économique et socialeApproximativement, 35 à 40 millions de congolais, soit 70% de la population, vivent de manière quotidienne de la forêt28(*). A lire le rapport 2008 rédigé par le Ministère de l'Agriculture, cette situation vaut encore aujourd'hui29(*). En 1997, le secteur forestier contribuait pour 10 % du PNB30(*). En 1998, la valeur totale du bois exporté en grumes et en sciage a atteint près de 41 millions $ EU31(*). A cause de la guerre dont le terrain de prédilection est la forêt, la contribution de ce secteur au PNB a baissé atteignant en 2007 seulement 8%, à en croire les données du ministère congolais de l'environnement publiées en 2008. Le bois et le charbon de bois procurent 80 % de l'énergie domestique et servent à la construction des maisons d'habitation, des bateaux comme la pirogue. Les exploitants artisanaux produisent la plupart du bois vendu sur le marché local pour divers besoins notamment pour l'ameublement, l'outillage, l'ornement et l'art. Donc, Le bois de forêt est la principale source d'énergie économiquement accessible et culturellement acceptée. Le gibier est probablement le principal aliment forestier, avec une consommation estimée à plus d'un million de tonnes par an32(*). En termes de valeur économique, il a été estimé que le gibier extrait de la forêt congolaise représente à l'heure actuelle une valeur d'un ordre de grandeur supérieur à 1 milliard de dollars par an33(*). En 1990, 32 entreprises forestières étaient enregistrées et employaient près de 9.000 personnes34(*). Ce nombre a chuté depuis lors. Par exemple en 2002, ce secteur employait près de 6.000 personnes pour une masse salariale d'environ 6.5 millions de dollars35(*). Quand la lueur d'une paix est apparue, s'est de nouveau manifesté de l'engouement pour l'exploitation forestière. A titre de preuve, le nombre de sociétés forestières enregistrées s'élevait à près d'une soixantaine en 2006 et la Commission chargée de la conversion des anciens titres forestiers a reçu 156 requêtes36(*). Ce qui prouve que le secteur demeure prometteur, et pourrait devenir, selon certains, le principal employeur du pays après la fonction publique37(*). 1.3.2. Fonction de pharmacopéeDans son livre « sauver la planète », l'ancien vice-Président des Etats-Unis, devenu depuis Prix Nobel de la Paix, AL Gore écrit : « si le rythme de déforestation se maintient, c'est toutes les forêts tropicales qui auront disparu au siècle prochain. Le monde entier aura perdu la mine la plus riche d'informations génétiques de la planète et par voie de conséquence les traitements possibles de bien des maladies, car des centaines de médicaments proviennent des animaux et des plantes des forêts tropicales »38(*). Il va de soi que les grandes industries chimiques et pharmaceutiques les plus connues s'approvisionnent au sein de la vaste étendue forestière tropicale de la RDC. De même, un grand nombre de congolais vivant en milieu rural n'ont pas accès aux soins de santé dans les hôpitaux, ils recourent à la médecine traditionnelle basée sur les plantes. Il n'existe cependant pas de statistiques fiables connues pour évaluer la contribution de la forêt à la pharmacopée. * 28 TREFON, Th. « Industrial logging in the Congo. Is a stakeholder approach possible ? », South african journal of international affairs, vol. 3, Issue 2, 2006, p. 103; également www.greenpeace.org/belgium/fr/afrique sous le titre: Cap sur la RDC. * 29 Ministère congolais de l'Agriculture, Rapport 2008, Kinshasa/Gombe, 275 pp. * 30 Source : Ministère de l'environnement de la RDC, in Rapport sur la stratégie de développement rural, programme de relance du secteur forestier. Note de cadrage, Mai 2000. * 31 Idem. * 32 htp://www.cifor.org/publications. « La forêt en République Démocratique du Congo post conflit » * 33 DEBROUX, L.; HART, T.; KAIMOWITZ, D.; KARSENTY, A.; TOPA, G., op.cit., p. 22. * 34 Source Ministère de l'environnement de la RDC, in Rapport sur la stratégie de développement rural, programme de relance du secteur forestier. Note de cadrage, Mai 2000. * 35 Rapport final du Fond Fiduciaire pour le renforcement de la gouvernance dans le secteur forestier dans la situation post-conflit en RDC, juin 2005, p. 5, point 8. * 36 Lire www.rdc-conversiontitresforestiers.org * 37 Rapport final du Fond Fiduciaire pour le renforcement de la gouvernance dans le secteur forestier dans la situation post-conflit en RDC, ibidem. * 38 Cité par PRIEUR, M., « Conclusions générales », in Droit, Forêts et développement durable, Bruylant, Bruxelles, 1996, p. 506. |
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