Exploitation forestière et développement économique en milieu rural. Analyse du problème en territoire de Bagata, province de Bandundu (RDC)( Télécharger le fichier original )par P. Basile Sakata Selebay Université Catholique de Louvain - Master complementaire en Développement, environnement et société 2011 |
1.3.3. Fonction écologiqueIl existe un lien étroit entre la préservation des forêts et les variations climatiques. L'ONG internationale Greenpeace estime que jusqu'à un quart des émissions totales mondiales de gaz à effet de serre est imputable à la déforestation tropicale. Elle explique que 8% du carbone terrestre stocké dans les forêts vivantes au niveau mondial se trouvent dans les forêts de la RDC. C'est, poursuit-elle, plus que n'importe quel autre pays d'Afrique et on estime que la RDC possède le quatrième plus grand réservoir forestier de carbone du monde. Elle estime que d'ici à 2050, la déforestation en RDC pourrait libérer jusqu'à 34,4 milliards de tonnes de CO2, soit à peu près l'équivalent des émissions de CO2 du Royaume-Uni au cours des soixante dernières années39(*). 1.3.4. Fonction récréative et touristiqueLes écosystèmes forestiers avec leur physionomie nous offrent des paysages à plusieurs facettes et d'une beauté qui présente un intérêt pour le tourisme, l'industrie cinématographique, et de manière générale, pour toute activité compatible avec la préservation et la quiétude en forêt. Jadis, les touristes s'y rendaient pour observer les espèces exotiques comme Okapis, Bonobos. Cette activité a été fortement ralentie aujourd'hui à cause de la guerre. Cependant, la forêt n'a pas pour autant perdu sa capacité attractive. 1.3.5. Fonction morale et culturelleEn RDC comme dans beaucoup d'autres pays africains, la forêt comporte une dimension hautement symbolique. En son sein, se déroulent les cérémonies initiatiques et les rituels magiques. Elle est source des mythes et légendes comme ceux qui interdisent de parler haut et fort en forêt à la tombée de la nuit, parce que, raconte-t-on, les ancêtres bienveillants se pressent à cette heure, de prendre leur repas en vue de se rendre au village et y assurer la protection des habitants pendant la nuit. Malheur aux bavards car leurs toits ne seront pas protégés ! De même, il existe plusieurs espaces forestiers qui sont frappés d'interdits d'exploitation pour des raisons rituelles. La fonction morale et culturelle de la forêt est reconnue par plusieurs acteurs, y compris, non africains. Dans son discours d'ouverture aux journées scientifiques organisées par le Réseau « Droit de l'environnement », B. Devallois explique que jadis les forêts jouaient un rôle de sanctuaire à l'état pur40(*). Il poursuit : « L'arbre représente un symbole de vie, véritable lien entre la Terre où il plonge ses racines et la voûte du Ciel qu'il tente de joindre par sa cime. La forêt symbolise l'inconscient par son obscurité et son enracinement profond »41(*). A. DE DECKER déclare dans son discours introductif à la conférence internationale de Bruxelles : « Dans les mythes fondateurs de toutes les civilisations, la forêt apparaît comme un lieu légendaire et archaïque, celui où vivaient les faunes et les nymphes, le domaine des sorciers et des esprits, le jardin des origines, la source des savoirs, le lieu de la profusion et de l'exubérance de la nature. La forêt, et l'immense forêt tropicale en particulier, est dans l'inconscient collectif l'image spatiale de l'inépuisable, de l'absence de lois, une figure du désordre originel, le lieu aussi où se construit la vérité. La forêt, les arbres et les fruits, les animaux et les forces naturelles sont partout étroitement liées, et si c'est bien dans la forêt d'Eden qu'Eve mangea le fruit défendu, c'est dans cette même forêt des origines que grandit l'arbre de vie, l'arbre de la science, de la connaissance, de la victoire sur la mort et sur le mal »42(*). Cette fonction conserve encore une grande emprise sur le monde rural et joue un rôle équivalent à toutes les autres pour la protection de la forêt. * 39 Toutes ces données sont consultables sur le web de cette ONG, www.greenpeace.org sous le titre Le pillage des forêts du Congo. La destruction en chiffres. Des pistes d'exploitations à la destruction du climat, avril 2007. * 40 DEVALLOIS, B., « Discours d'ouverture », in Droit, Forêts et développement durable, Bruylant, Bruxelles, 1996, p. 23. * 41 Ibidem. * 42 Discours introductif de Monsieur Armand DE DECKER, ministre belge de la Coopération au développement à la Conférence internationale de Bruxelles portant sur la gestion durable des forêts en RDC, Palais d'Egmont, 26 et 27 février 2007. |
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