L'héritage leibnizien dans la cosmologie d'A.N. Whitehead( Télécharger le fichier original )par Siham EL Fettahi Université Paris 1 Panthéon Sorbonne - Master de Philosophie 2011 |
1.2.3 Un univers en mouvement : procès et métamorphoseWhitehead expose un univers mouvant, actif qui avance et se modifie sans cesse, il déclare que la nature est un procès c'est-à-dire qu'elle se caractérise par l'avancée créatrice, elle est processus, devenir, passage, activité. La créativité est un concept central, c'est ce qui permet la nouveauté : « La créativité est le principe de nouveauté. »33(*). Elle est possible grâce à la concrescence qui caractérise ce monde en processus, la concrescence c'est l'accroissement, c'est le fait de s'agglomérer et de croître ensemble pour former du nouveau : « Ainsi, « la production d'un nouveau être ensemble » est l'ultime notion représentée par le terme de « concrescence ». »34(*) L'univers est un monde en évolution constitué d'événements, de feelings, d'expériences, d'entéléchies (les entités actuelles) en relations conjonctives et disjonctives qui font le monde (sa nouveauté, son processus, sa futurisation.). C'est un monde en bourdonnement. « Il se reproduit et s'enrichit d'additions, grâce aux nouvelles liaisons du sentir avec les actualisations inédites qui le transcendent tout en l'intégrant. Mais ces liaisons conservent toujours leur caractère vectoriel. En conséquence, les entités ultimes de la science physique sont toujours des vecteurs indiquant un transfert. Il n'existe rien de statique dans le monde. »35(*) C'est un monde néo-pythagoricien, un monde mathématique, chromatique c'est-à-dire conçu selon un modèle symbolique numérique qui repose sur une arithmétique, les entités sont des figures et les relations qu'elles entretiennent sont arithmétiques (conjonction, disjonction, multiplication etc.). L'univers chez Leibniz est aussi en accroissement, en procès. C'est un monde en déploiement, qui avance en se métamorphosant. L'univers est la somme de monades, entéléchies, « mini-moi » entièrement closes, en activité interne plus ou moins intense qui en s'agençant et se développant forment un univers avec multiples perspectives ; semblable à une peinture dont les couleurs et les nuances ne cesseraient de se métamorphoser instantanément pour former des illustrations inédites. C'est un monde enchanté, lyrique. Il est plus élégant et sophistiqué que celui de Whitehead. Si les doctrines de Whitehead et Leibniz convergent sur la description d'un monde dynamique (actif, vivant), elles se rejoignent aussi concernant la représentation d'un monde croissant, en processus. CONCLUSION : Alors que Leibniz défend l'idée de « force vive » à l'origine du mouvement dans le monde, Whitehead qui s'inscrit dans le contexte scientifique moderne de l'énergétisme considère que le mouvement est dû à l'énergie sous tendue par la matière. Cela dit, par rapport à ses collègues physiciens qui adoptent une position positiviste et refusent de se prononcer sur la définition ontologique de l'énergie, Whitehead va plus loin et donne une signification mentaliste à l'énergétisme actuelle et c'est pour cela qu'il est parmi ses contemporains, le successeur de Leibniz. Whitehead réhabilite le modèle dynamique, c'est-à-dire qu'il hérite de Leibniz, ce système qui explique les phénomènes de la nature par un principe actif, par une puissance vitale. Cette conception permet à nos deux philosophes de décrire un univers non statique, un univers qui car constitué de parties animées, agitées, fourmillantes devient mouvant et spontané. * 33 P.72, Procès et réalité, Whitehead (cf réf bibliographie) * 34 P.73 ibidem * 35 P.381 Ibidem |
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