L'héritage leibnizien dans la cosmologie d'A.N. Whitehead( Télécharger le fichier original )par Siham EL Fettahi Université Paris 1 Panthéon Sorbonne - Master de Philosophie 2011 |
1.3.5 Forme subjective, subjective aim et appétitionLa seconde phase après la perception et la préhension, c'est la transformation de la monade et de l'entité actuelle, ce processus a lieu grâce à l'appétition chez Leibniz et la forme subjective ou subjective aim chez Whitehead. Par « appétition », Leibniz entend le passage d'une perception à une autre dans la monade, c'est un mouvement interne : « l'action du principe interne qui fait le changement ou le passage d'une perception à une autre peut être appelé appétition : il est vrai que l'appétit ne saurait toujours parvenir entièrement à la perception où il tend, mais il en obtient toujours quelque chose, et parvient à des perceptions nouvelles. »59(*) La monade appète vers telle ou telle perception. L'appétition est synonyme de volition, volonté de chaque particulier d'atteindre ce vers quoi il tend. Whitehead s'inspire clairement de Leibniz, la forme subjective, c'est cette appétition, volition qui dans l'entité actuelle se manifeste par « l'inquiétude » à l'origine de la recherche de la satisfaction du but subjectif de chaque entité. « L'appétition est un fait immédiat qui inclut en lui-même un principe d'inquiétude, contenant une réalisation de ce qui n'est pas mais est susceptible d'être. »60(*) Non seulement, Whitehead reprend le terme leibnizien d'appétition mais il lui donne la même signification, c'est cette volition qui tend vers une fin particulière. Effectivement, une entité actuelle se modifie, atteint sa satisfaction parce qu'elle est dotée d'une forme subjective, elle tend à un but subjectif, le subjective aim qui se résout en une décision finale. Autrement dit, une fois que l'entité actuelle réalise son but personnel, elle atteint sa satisfaction et devient réelle. Une fois la satisfaction atteinte, l'entité devient matérielle et n'a plus de raison d'être, elle cesse d'être sujet et devient datas (données) pour la constitution et l'émergence d'autres entités. C'est ainsi que le passé contribue à faire le présent chez Whitehead. L'entité actuelle contrairement à la monade de Leibniz périt. Mais si le sujet périt, le but atteint, le résultat subsiste, il a une immortalité objective, les datas deviennent ces potentialités qui participent à l'avancée créatrice de monde. « Les entités actuelles « dépérissent perpétuellement » subjectivement, mais sont immortels objectivement. En dépérissant, l'actualisation acquiert l'objectivité, tout en perdant son immédiateté subjective. Elle perd la causalité finale qui est son principe interne d'inquiétude et elle acquiert une causalité efficiente par laquelle elle devient le fondement de l'obligation qui caractérise la créativité. »61(*) Whitehead avec la subjectivité, c'est à dire les attitudes mentales personnelles des entités, introduit le principe d'intentionnalité et reprend en d'autres termes l'appétition de Leibniz. * 59 £15, Monadologie, Leibniz P.223 (cf réf bibliographie) * 60 P.87, P.R, Whitehead (cf bibliographie) * 61 P.84, P.R, Whitehead (cf bibliographie) |
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