1.2.2. Le Paillage ou mulching
Cette technique de conservation des eaux et des sols est bien
répandue dans le plateau central du Burkina Faso. En effet, dans cette
région, peu de résidus de culture restent sur le champ
après la récolte du fait qu'ils sont utilisés aussi bien
pour l'alimentation du bétail que pour servir de source
d'énergie.
Le paillage consiste à couvrir le sol avec une
épaisseur d'environ 2 cm d'herbe sèche, ce qui correspond
à une quantité de 3 à 6 tonnes/ha. Pendant les
périodes sèches, les paysans entreprennent la fauche de l'herbe,
le Loudetia togoensi en particulier, généralement
rencontré sur les sols pauvres des collines environnantes. Là
où cette herbe n'est pas suffisante, certains producteurs utilisent les
feuilles sèches de différents arbres, en particulier du
Butyrospermum parkii.
La technique présente des avantages relatifs à
sa simplicité et au fait qu'elle est facilement maîtrisée
par les producteurs. En plus, elle permet la fertilisation des sols grâce
à la décomposition des résidus végétaux
augmentant ainsi les rendements des cultures de l'ordre de 210 kg/ha
(Ouédraogo et al, 2006). Cette fertilisation des sols est aussi soutenue
par l'action des termites qui creusent des couloirs dans les sols et à
la surface des sols. Ainsi, grâce aux termites, la porosité et la
perméabilité du sol augmentent de façon
considérable. L'ensemble de ces facteurs crée des conditions plus
favorables pour le développement des racines. Le relief
créé par les paillages après la consommation par les
termites suffit pour absorber une certaine quantité de pluie et pour
diminuer le ruissellement.
Ouédraogo et al (2006) ont estimé le taux
d'adoption de la technologie de paillage dans le cas du Plateau Central
à 34%.
Cependant, cette technique a des exigences non
négligeables. Il s'agit de la nécessité de respecter
l'utilisation de la paille de 1,5 à 2 tonnes/ha pour contrôler
l'érosion éolienne, de l'augmentation de la sensibilité
des cultures au stress hydrique en raison d'une grande teneur en
matières organiques mal décomposées. En plus, le paillage
expose aux risques de parasitose par les insectes dans le sol (Ouédraogo
et al, 2006).
1.2.3. Les cordons pierreux
Le cordon pierreux est un alignement semi-perméable
constitué de 2 à 3 lignes de pierres rangées selon les
courbes de niveau de façon à se renforcer l'une l'autre. C'est
une technologie locale d'aménagement anti-érosif,
améliorée par la recherche, dans le but de contribuer à la
prévention de la dégradation des terres et à la
réhabilitation ou réduction des terres dégradées.
Cette technique permet de ralentir le ruissellement afin qu'il s'infiltre plus
rapidement provoquant ainsi la sédimentation successive des sables, des
particules fines humifères. Le cordon filtre également les
pailles et diverses matières organiques flottantes.
La pratique de cordons pierreux exige de déterminer
les courbes de niveaux en vue de la détermination de la pente. Il s'agit
alors d'ouvrir un sillon de 10 à 15 cm de profondeur et de 15 à
20 cm de largeur et d'y disposer une ligne de grosses pierres. Cette ligne doit
être renforcée en aval avec une autre ligne de petites pierres.
Enfin, l'on couvre le tout par une couche de terre afin de consolider l'assise
du cordon pierreux. Le temps nécessaire de travail est estimé
à environ 60 à 80 jours et la durée de vie des cordons
pierreux est de 10 ans en moyenne (Ouédraogo et al, 2006).
La technique de cordons pierreux est appliquée dans la
zone nord soudanienne et sahélienne où la pluviométrie
varie entre 300 et 900 mm d'eau par an. La technique exige un travail collectif
ou une main d'oeuvre familiale importante, une disponibilité des
cailloux à proximité des zones à aménager. Elle
exige également une bonne maîtrise des méthodes de
détermination des courbes de niveau, une disponibilité de la
matière organique et/ou une maîtrise des techniques de compostage.
Enfin, la technique de cordons pierreux implique aussi que le producteur soit
propriétaire du terrain à aménager. Ainsi, celui-ci pourra
véritablement bénéficier des retombées de son
investissement et avoir la possibilité d'accéder au crédit
ou d'être subventionné afin de supporter les coûts
d'acquisition du matériel de traçage et de transport des cailloux
sur le site.
Les cordons pierreux, en fonction de leur écartement
et de la pluviosité, permettent une réduction du ruissellement,
des pertes de terre et une augmentation du taux d'humidité du sol
(Ouédraogo et al, 2006). Les tests de mesure d'amélioration des
rendements pour les aménagements de type cordon pierreux ont
révélé des gains de l'ordre de 100 kg/ha pour le sorgho et
le mil (Bandré et al, 1998). Dans le plateau central, le taux d'adoption
des cordons pierreux par les producteurs est compris entre 80 et 90%
(Ouédraogo et al, 2006). Ceci confirme la classification des cordons
pierreux parmi les technologies de gestion des ressources naturelles à
niveau d'adoption élevé dans les pays du CILSS (CILSS/INSAH,
2003).
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