III. Analyse des données de l'enquête
auprès des ménages dans le Plateau Central
3.1. Analyse statistique des données
Les données de l'enquête réalisée
auprès des ménages montrent une très grande similitude
entre les deux provinces du Plateau Central retenues pour l'étude. Bien
qu'étant distantes d'environ 180 km, ces deux provinces ont en commun un
certain nombre de contraintes à savoir les contraintes
pluviométriques qui sont similaires.
Selon les données pluviométriques de la
météorologie, la pluviométrie annuelle enregistrée
au cours de l'année 2006 vaut en moyenne 575,1 mm pour le Yatenga contre
481,7 mm pour le Passoré (Direction Générale de la
Météorologie). La différence pluviométrique entre
ces deux provinces est certes nette, mais le faible niveau
pluviométrique est commun aux deux provinces. Pour l'année 2006,
l'ensemble des ménages enquêtés tant dans le Yatenga que
dans le Passoré ont souligné de façon criarde
l'insuffisance de la pluviométrie. Comme résultat imminent, les
récoltes des cultures ont été précaires manifestant
l'installation d'une famine dans bien des ménages
enquêtés.
De même, quant aux techniques culturales adoptées
par les ménages, l'enquête à révéler dans
l'ensemble que, les mêmes techniques de conservations des eaux et des
sols sont croisées dans les deux provinces. Pour plus de
précision sur ces faits, les données collectées au cours
de l'enquête ont d'abord été traitées sous le
logiciel Excel ainsi que le logiciel Spad (système potentiel d'analyse
des données). Sous Excel, un certain nombre de tableaux ont
été conçus à base des données recueillies
lors de l'enquête.
Il faut noter que pour l'ensemble des deux provinces, la
taille moyenne des ménages enquêtés est de 12,57 personnes.
A côté de ce chiffre, le nombre moyen des actifs que compte chaque
ménage est de 6,66 personnes. De plus, la taille minimale des
ménages vaut 3 personnes tandis que la taille maximale est de 40
personnes. Aussi, le nombre de d'actifs varie entre 2 et 30 individus. Au
regard de ces chiffres, l'on perçoit l'importance de la population dans
ces deux provinces et par ricochet dans le Plateau Central.
En s'intéressant à l'âge des chefs de
ménages, l'on obtient que la moyenne de l'âge de celuici est
d'environ 50 ans. Ceci montre que le chef de ménage représentatif
est assez expérimenter pour prendre des décisions raisonnables et
bénéfique au ménage tout entier.
Pour ce qui est des superficies aménagées en
technologies de conservation des eaux et des sols par les ménages, elles
valent en moyenne 4,33 hectares. Lorsqu'on effectue le ratio
superficie moyenne aménagée/taille moyenne du ménage, l'on
obtient la valeur 0,344 hectare par personne. Ceci traduit la
faible capacité des individus à disposer de terre dans le Plateau
Central. Ce qui explique de même la forte densité de population
relevée dans cette partie du Burkina Faso et rendant ainsi difficile
l'accès à la terre cultivable ou aménageable.
Concernant l'adoption des technologies de conservation des
eaux et des sols, l'on peut noter que pour l'ensemble des deux provinces, les
ménages font face à des coûts très
élevés lorsqu'ils décident de les adopter. Ainsi, en
moyenne, les coûts d'adoption des CES s'élèvent à
477634,27 Fcfa par hectare. L'estimation du coût d'adoption des CES prend
en compte à la fois les aspects financiers et les aspects physiques.
En effet, pour les aspects financiers, les dépenses
engendrées par les amortissements du matériel nécessaire
à la mise en oeuvre de ces techniques sont comptabilisées. Dans
ce cas, le prix de ce matériel signalé par le marché est
considéré de même que la quantité de ce
matériel. Pour la pratique du zaï par exemple, les charrettes, la
pioche, la barre à mine, la dame de 10 kg, la charrue l'épandeuse
sont nécessaires. De plus, pour les ménages en mesure d'embaucher
de la main d'oeuvre, le coût de celle-ci doit être
considéré ainsi que sa quantité. Pour ce qui est des
aspects physiques, l'estimation du coût d'adoption essaie de valoriser
l'effort physique que les ménages consacrent à la mise en
pratique des techniques CES sur leur exploitation. A ce niveau, il est
important de souligner que dans les deux provinces, la majorité des
ménages sont caractérisés par le déploiement de
leur propre effort physique lors de la mise en oeuvre des CES.
En rapport avec la notion de ménages pauvres et non
pauvres, les données de l'enquête ont permis d'estimer le revenu
de chaque ménage enquêté ainsi que le revenu par tête
dans chacune des deux provinces. L'estimation du revenu s'est basée sur
l'inventaire des différentes activités pouvant
générer un revenu pour le ménage et de la contribution de
chacune des activités au revenu total reçu par le ménage.
En moyenne, pour l'ensemble des deux provinces, le revenu d'un ménage
est de 340 109,18 Fcfa selon les données de l'enquête. Le revenu
moyen par tête est estimé à 31657,54 Fcfa (données
de l'enquête). En comparant ce revenu par tête avec le seuil de
pauvreté estimé dans le Burkina à 82 672 Fcfa en 2003
selon les données du Ministère de l'économie et des
finances. L'on peut alors faire le constat qu'en moyenne, l'ensemble des
ménages enquêtés dans les deux provinces est pauvre.
Analysons le tableau ci-dessous
Tableau1 : Valeurs moyennes de quelques
variables par province
Province taille
|
âge
|
actifs
|
Rescomp Superficecoutad
|
coutent
|
revenu
|
revenu/tête Indice
|
|
Yatenga
|
12,54
|
51,62
|
6,9
|
923,41
|
4,2
|
2821116,9
|
2062718
|
144760
|
2094,15
|
6,32
|
Passoré
|
12,61
|
48,48
|
6,44
|
1587,32
|
4,44
|
1400036,7
|
1245461
|
383688
|
35311,87
|
0,74
|
Source : Données de l'enquête
réalisée par l'auteur
La taille moyenne des ménages dans le Yatenga est
estimée à 12,54 contre 12,61 individus dans le Passoré.
Quant au nombre d'actifs des ménages, dans le Yatenga leur moyenne vaut
6,90 individus contre 6,44 individus dans le Passoré Cela montre une
relative identité entre ces deux provinces en matière de
population et réaffirme la similitude dans les caractéristiques
de la population évoquée plus haut..
De même, l'âge moyen du chef de ménage dans
le Yatenga est de 51,62 contre 48,48 ans dans le Passoré. Ceci traduit
une plus grande expérience des ménages du Yatenga pour la prise
de décision sur la mise en oeuvre des CES que les ménages du
Passoré.
En considérant la superficie aménagée, en
moyenne 4,20 hectares sont aménagés au Yatenga tandis qu'au
Passoré l'on a 4,44 hectares. Pour ce qui est des coûts d'adoption
des CES (coutad), la différence entre les deux provinces est assez
remarquable car dans le Yatenga, ce coût est estimé à 2 821
116,87 Fcfa en moyenne contre 1 400 036,70 Fcfa pour le Passoré, soit un
écart de 1 421 080,1 Fcfa.
Le revenu moyen par tête au sein des ménages du
Yatenga s'estime à 31657,3327 Fcfa contre 35261,1126 Fcfa.
Pour la diversification des cultures dans les deux provinces,
l'indice moyen de diversification des cultures vaut 0,74 au Passoré
tandis qu'il est de 0,72. Cet indice est élevé dans chacune des
deux provinces et montre que les ménages diversifient leurs cultures
pour se prémunir contre le risque auquel ils sont confrontés.
Cependant, cette diversification n'est pas assez forte. En effet, lors de
l'enquête, la majorité des ménages pratiquaient quatre
cultures différentes sur leurs exploitations. Il s'agit du sorgho blanc,
du sorgho rouge, du mil local et du niébé pour le Passoré.
Par contre dans le Yatenga, presque tous les ménages
enquêtés cultivent à la fois le sorgho blanc, le mil local,
le niébé et les arachides.
Analysons le graphique suivant afin de faire une comparaison
entre les différents villages qui ont été retenus pour
l'enquête.
Graphique spad1 : graphique montrant la
position relative des villages sur les deux axes factoriels
Sur le graphique, sont représentés les cinq
villages Bouro, Boursouma (Bours) pour le Yatenga et Baniou, Dana et Gomponsom
(Gomp) pour le Passoré.
En se référant à l'axe factoriel 1 dont
l'obtention a été effectuée avec une reconstitution de
14,22% de l'information totale fournie par la matrice des données, l'on
peut observer les oppositions suivantes. Le village Baniou et Gomponsom dans le
Passoré sont situé sur le même coté droit du
graphique. L'explication sous jacente est que ces deux villages sont
semblables. Autrement dit, les facteurs qui influencent l'adoption des
techniques de conservation des eaux et des sols tendent à être
identiques pour ces deux villages.
De même les trois villages Bouro, Boursouma et Dana
opposés au premier groupe sont semblables sur le même axe
factoriel signifiant la ressemblance du comportement de mise en oeuvre des CES.
Rappelons que les villages Bouro et Boursouma sont de la province du Yatenga
tandis que Dana est du Passoré. C'est dire que malgré la distance
séparant ces deux
village
risque
facilité
utilité
fertilisant
semences pesticides crédit
niveau
mo
information
provinces, il se trouvent que les ménages ont une
certaine similitude dans leur comportement face aux CES.
Cependant, prenons le cas des villages du Passoré. L'on
peut remarquer que Dana est opposé aux deux villages Baniou et Gomponsom
sur l'axe factoriel 1 montrant ainsi l'opposition des facteurs qui motivent les
ménages à adopter les CES. Pourtant ces trois villages sont issus
du même département de Gomponsom et sont voisins l'un de l'autre.
Ceci traduit la nature complexe du comportement des ménages selon
l'espace et même le temps. Quant à Bouro et Boursouma, ces deux
villages du Yatenga sont semblables sur l'axe1 traduisant la ressemblance dans
le comportement des ménages face aux techniques CES.
Pour compléter cette analyse graphique, utilisons le
tableau ci-dessous qui présente la proportion des ménages
affectée à chacune des variables ou facteurs influençant
l'adoption des techniques de conservation des eaux et des sols.
Tableau 2 : Regroupement des
ménages selon certains facteurs d'adoption des CES
|
Bouro
|
Boursouma Total Yatenga Baniou
|
Dana
|
Gomponsom Total Gompon
|
1
|
0
|
9,52
|
9,52
|
1,41
|
9,86
|
29,58
|
40,85
|
2
|
0
|
4,76
|
4,76
|
-
|
4,23
|
12,68
|
16,90
|
3
|
19,05
|
66,67
|
85,71
|
26,76
|
7,04
|
8,45
|
42,25
|
2
|
17,46
|
58,73
|
76,19
|
16,90
|
11,27
|
19,72
|
47,89
|
6
|
1,59
|
19,05
|
20,63
|
7,04
|
7,04
|
22,54
|
36,62
|
9
|
0,00
|
3,17
|
3,17
|
4,23
|
2,82
|
8,45
|
15,49
|
2
|
0
|
11,11
|
11,11
|
0
|
2,82
|
5,63
|
8,45
|
6
|
6,35
|
22,22
|
28,57
|
4,23
|
4,23
|
15,49
|
23,94
|
9
|
12,70
|
47,62
|
60,32
|
23,94
|
14,08
|
29,58
|
67,61
|
0
|
15,87
|
47,62
|
63,49
|
11,27
|
14,08
|
19,72
|
45,07
|
1
|
3,17
|
33,33
|
36,51
|
16,90
|
7,04
|
30,99
|
54,93
|
0
|
11,11
|
46,03
|
57,14
|
16,90
|
12,68
|
25,35
|
54,93
|
1
|
7,94
|
34,92
|
42,86
|
11,27
|
8,45
|
25,35
|
45,07
|
0
|
0
|
7,94
|
7,94
|
23,94
|
9,86
|
22,54
|
56,34
|
1
|
19,05
|
73,02
|
92,06
|
4,23
|
11,27
|
28,17
|
43,66
|
0
|
19,05
|
74,60
|
93,65
|
28,17
|
21,13
|
45,07
|
94,37
|
1
|
0,00
|
6,35
|
6,35
|
0
|
0
|
5,63
|
5,63
|
0
|
11,11
|
57,14
|
68,25
|
21,13
|
14,08
|
29,58
|
64,79
|
1
|
7,94
|
15,87
|
23,81
|
7,04
|
0,00
|
9,86
|
16,90
|
2
|
0
|
7,94
|
7,94
|
0,00
|
5,63
|
9,86
|
15,49
|
0
|
14,29
|
50,79
|
65,08
|
18,31
|
14,08
|
19,72
|
52,11
|
1
|
4,76
|
30,16
|
34,92
|
9,86
|
7,04
|
30,99
|
47,89
|
0
|
3,17
|
14,29
|
17,46
|
5,63
|
1,41
|
5,63
|
12,68
|
1
|
15,87
|
66,67
|
82,54
|
22,54
|
19,72
|
45,07
|
87,32
|
Source : Données de l'enquête
réalisée par l'auteur
A partir du tableau l'on constate qu'en fonction du
degré d'exposition des ménages au risque pluviométrique
et de leur attitude face à ce risque 9,52% des ménages du Yatenga
contre
40,85% au Passoré y expriment leur faible degré
d'exposition. Par contre, 85,71% des ménages dans le Yatenga contre
42,25% au Passoré estiment que le risque pluviométrique est une
contrainte qui les enfonce en permanence dans l'angoisse. Ceci explique en
partie le comportement de ces ménages vis-à-vis du risque car
presque tous les chefs de ménages enquêtés adoptent les
mesures de conservation des eaux et des sols et surtout les techniques CES
améliorées. Rappelons que ces techniques améliorées
sont une combinaison de différentes techniques CES traditionnelles.
La perception de la facilité d'utilisation des CES est
un facteur déterminant de l'adoption de ces technologies et son
importance est révélée par les chefs de ménages
interrogés dans chacune des localités. Pour les ménages
des deux provinces, l'adoption ou la mise en oeuvre des CES n'est pas une chose
aisée car celles-ci nécessitent d'énormes efforts
physiques. Ainsi, 76,19% des ménages au Yatenga contre 47,89% au
Passoré perçoivent les CES comme des techniques très
difficiles à mettre en oeuvre. A l'inverse, 3,17% des ménages du
Yatenga contre 15,49% au Passoré estiment que ces pratiques sont
relativement faciles à utiliser. Quant à la perception de
l'utilité des CES, 60,32% des ménages du Yatenga contre 67,61% au
Passoré perçoivent aux CES des techniques très utiles en
ce sens qu'elles accroissent fortement leur capacité de production. L'on
peut alors comprendre la raison qui emmène ces ménages à
adopter plusieurs techniques à la fois. Par contre, 11,11% des
ménages du Yatenga contre 8,45% des ménages du Passoré
perçoivent en ces techniques un faible degré d'utilité.
L'intensification agricole suppose une utilisation plus accrue
des facteurs production tels les fertilisants agricoles et tous les autres
inputs. Ainsi, 36,51% des ménages du Yatenga adoptent, en plus du
compost nécessaire à la mise en oeuvre des CES, des fertilisants
en particulier les engrais chimiques NPK. En revanche, dans le Passoré
54,93% des ménages utilisent les fertilisants. Pour les ménages
qui n'utilisent pas ces fertilisants chimiques, deux groupes se distinguent.
Les ménages qui reconnaissent l'importance de l'utilisation des engrais
en ce qu'ils accroissent fortement leur productivité agricole.
Cependant, les coûts d'accès à ces fertilisants demeurent
élevés puisqu'en moyenne, le sac de 50 kg de NPK vaut 15000 Fcfa.
Ceci est coûteux selon ce groupe de ménages. Par contre, le
deuxième groupe est celui des ménages qui pensent qu'en utilisant
les engrais chimiques, ils détruiront davantage leur environnement
déjà soumis à des contraintes de sécheresse
sévères. Ainsi, par soucis de conservation de l'environnement ces
ménages décident de ne pas utiliser les fertilisants sur leur
exploitation. Pour ce qui est des semences améliorées, il faut
dire que l'intensification
suppose également leur utilisation dans les
activités agricoles. Dans ce sens, 42,82% des ménages du Yatenga
contre 45,07% au Passoré adoptent les semences améliorées
dans leurs activités. Par contre 58,18% des ménages du Yatenga
contre 54,93% au Passoré n'utilisent pas les semences
améliorées. L'on peut remarquer que les ménages qui
adoptent les semences améliorées ont un nombre inférieur
à ceux qui n'en adoptent pas. Ceci est dû au fait que la plupart
des chefs de ménages enquêtés manifestent leur
incapacité à y accéder. Ce faible accès des
ménages aux semences s'explique selon eux par leur
indisponibilité sur le marché local ainsi que par leur coût
relativement élevé. Notons que certains chefs de ménages
enquêtés avouent connaître les caractéristiques des
semences améliorées tandis que bien d'être eux les
ignorent. Il est alors évident que l'ignorance sur ces semences ne
favorise pas leur adoption par les paysans.
Les pesticides entrent dans le cadre de l'intensification
agricole. Dans le présent cas, les pesticides utilisés par les
ménages sont en particulier celles qui permettent d'éliminer les
insectes dévastateurs des semences. A l'exception de la poudre avec
laquelle on mélange les semences lors des semis, les autres types de
pesticides ne sont pas utilisés. Ainsi, 92,06% des ménages du
Yatenga contre 43,66% au Passoré utilisent ces pesticides pour garantir
la germination des semences.
Pour ce qui concerne l'accès à l'information sur
les technologies CES, 82,54% des ménages du Yatenga contre 87,32% dans
le Passoré affirment qu'il leur est facile d'accéder à
celle-ci. En effet, pour les ménages du Passoré, des projets de
développement rural tels que l'ex PSCES/AGF, le PDRD aident les paysans
dans l'adoption des technologies CES. Des formations sont organisées par
le projet pour le compte des paysans soit directement dans les villages ou par
l'intermédiaire des représentants des groupements villageois.
Quant aux 17,46% et des 12,68% des ménages qui trouvent difficile
l'accès à l'information respectivement pour le Yatenga et pour le
Passoré, les raisons avancées sont le manque de formation
à domicile occasionnant des coûts de déplacement vers les
centres de formations ou les lieux d'expérimentation des CES.
Le crédit est un élément important dans
toute activité de production car il permet de produire efficacement dans
la mesure où l'on doit le rembourser à partir de ses rendements.
Dans ce sens, l'observation du tableau montre que 93,65% des ménages du
Yatenga contre 94,37% au Passoré n'ont pas accès ou n'ont pas
contracté de crédit agricole. Selon certains chefs de
ménages, il leur est impossible d'obtenir un crédit même
auprès des institutions de microfinance au regard des conditions que
celles-ci exigent. Un des exemples est le cas de la
Baoré Traditionnelle d'Epargne et de Crédit
à Gomponsom dans le Passoré et répandue un peu partout
dans le Plateau Central. Les conditions minimales exigées par cette
institution c'est la fourniture de documents attestant la possession de d'engin
à deux roues, d'un âne et que les 75% du crédit au moins
doit être utilisé dans l'activité de production. Si autant
de ménages ne peuvent accéder à ce crédit, cela
traduit dans une certaine mesure la pauvreté des ménages dans la
localité. D'autres chefs de ménages par contre estiment
être à mesure de contracter le crédit pour financer leurs
activités. Cependant, ce qui les empêche de le faire est le risque
pluviométrique auquel ils sont confrontés. En effet, pour eux,
lorsque l'on contracte un crédit et qu'à la récolte la
production n'est pas à mesure de couvrir les besoins du ménage du
fait du manque de pluie, il serait alors difficile d'honorer les engagements
pris vis-à-vis de l'institution de crédit.
Cette analyse sommaire sur les facteurs est
complétée par l'analyse en composantes principales des
mêmes variables en vue de percevoir lesquelles semblent les plus
pertinentes. Le tableau spad2 dénommé matrice des
corrélations en annexe montre l'ensemble des relations existant entre
les différentes variables qui ont fait l'objet de l'enquête. En
particulier, la corrélation entre la variable tech « nombre de
technologies adoptées » et les autres variables y est bien
indiquée. Il s'agit en fait des coefficients de corrélation
partielle entre le nombre de technologies CES adoptées et les autres
variables sensées être les facteurs déterminants de leur
adoption. Ainsi, la taille du ménage est liée à la
variable technologie (tech) à 21%. Cette liaison, certes faible indique
une relation positive entre les deux variables. L'âge du chef de
ménage et l'adoption des technologies sont corrélés
à 13%, donc existence d'une relation positive entre les deux
variables.
De même, la quantité de main d'oeuvre, la
perception de l'utilité des CES, le rendement escompté, la
superficie aménagée, l'utilisation des pesticides et des semences
améliorées, le coût d'adoption et le coût d'entretien
et enfin le revenu sont positivement liés à au nombre de
techniques CES adopté par les ménages. On a par contre une
corrélation négative entre la variable « technologie »
et les autres variables telles que le niveau d'instruction du chef de
ménage, l'utilisation ou pas de la main d'oeuvre, le coût de la
main d'oeuvre, l'accès au crédit, la valeur du crédit, la
facilité d'utilisation, l'accès à l'information,
l'utilisation des fertilisants et les rendements avant les CES.
Au regard de ces différentes valeurs des coefficients
de corrélation, il se dégage que certaines variables ont
effectivement une liaison plus au moins importante que d'autres par rapport
à la variable expliquée, le nombre de technologies
adoptées. Dans la suite du travail, il ne sera considéré
que les variables dont le coefficient de corrélation partielle est
supérieur ou égal à
14%. Ceci permet de d'éliminer avant l'estimation
économétrique les variables qui semblent ne pas être
pertinentes et ne garder que celles qui peuvent l'être.
Cependant, avec les facteurs préalablement retenus lors
de la formalisation du modèle logit multinomial, certains seront exclus
pour des raisons de conformité avec la théorie. En effet, le
coût d'entretien des technologies ne sera pas utilisé dans les
estimations dans la mesure où ce coût n'est pas en
réalité différent du coût d'adoption. Lors de
l'enquête, la majorité des ménages ont signifié que
l'entretien des technologies était une nouvelle adoption de celles-ci.
En d'autres termes, ces coûts concernent le renouvellement des
technologies sur le champ aménagé.
Au finish, les variables explicatives de l'adoption des
technologies CES retenues sont le coût d'adoption, le nombre de
techniques adoptées (tech), le coût d'adoption (cout), la
perception de la facilité d'utilisation (facilte) la perception de
l'utilité des CES (utilite), la superficie aménagée
(superficie), la taille du ménage (taille), les rendements
escomptés (escompt) et le risque pluviométrique (risque).Soit le
tableau :
Tableau3 : pourcentages d'adoption des
technologies
|
CES améliorées
|
|
|
Technologies
|
Pourcentage d'adoption
|
Aucune (0)
|
4,48
|
Cordon (1)
|
6,72
|
Cordon+compost (2)
|
17,16
|
Cordon+compost+zaï (3)
|
36,57
|
Cordon+comp+demi-lune (3)
|
2,24
|
Zaï +compost (2)
|
14,77
|
Demi-lune+compost
|
7,46
|
Zaï+demi-lune+compost (3)
|
0,00
|
Cordon+ zaï+paillage+demilune+compost (5)
|
0,00
|
Cordon+zaï+demi-lune+compost+haies vives (5)
|
0,75
|
Fumure ou compost (1)
|
|
|
0,75
|
Cordon+zaï+RNA (3)
|
5,97
|
Cordon+zaï (2)
|
0,75
|
Zaï (1)
|
1,49
|
Compost+zaï+cordon+paillage (4)
|
0,75
|
Source : données de l'enquête
réalisé par l'auteur
Ce tableau montre que 4.48% des ménages
enquêtés n'adoptaient aucune technologie de conservation des
eaux et des sols. Sur les 6 chefs de ménages n'adoptant aucune CES, 5
sont
du Passoré tandis que l'autre est du Yatenga. Les
raisons avancées par ces derniers sont de deux ordres. Pour les uns,
leur exploitation est située dans une zone assez fertile ne
nécessitant pas une prise des mesures CES. Par contre, pour les autres,
le manque de droits de propriété sur les terres qu'ils exploitent
est un frein à leur mise en valeur. Pour eux, si l'on valorise ces
terres dégradées par la pratique des CES, il est fort probable
que le propriétaire de la terre vienne la récupérer.
La combinaison de technologies CES la plus utilisée par
les ménages dans les deux provinces est celle portant sur le cordon
pierreux, le compost et le zaï. Ainsi, sur les 49 ménages adoptant
cette combinaison, 35 sont du Yatenga contre 14 du Passoré. Ceci montre
l'importance ou l'expérience acquise par les ménages du Yatenga
dans la mise en oeuvre des zaï par rapport au Passoré. Par contre,
les technologies qui combinent cinq et quatre techniques CES sont les moins
adoptées par les ménages qui ont été
enquêtés. En effet, seulement deux ménages sur les 134
adoptent ces combinaisons et représentent 0,75% de l'effectif total pour
chacune d'elles.
Il faut noter que seule dans la province du Passoré,
les ménages utilisent uniquement la combinaison cordon pierreux +
compost. De même, l'on peut remarquer que les demi-lunes sont plus
utilisées dans le Yatenga que dans le Passoré au regard des
données du tableau1 en annexe.
L'observation du tableau3 permet en outre de comprendre le
nombre de technologies adoptées par les ménages dont il est
question dans les estimations économétriques.
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