WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Analyse des déterminants de l'adoption des technologies de conservation des eaux et des sols au Burkina Faso

( Télécharger le fichier original )
par Janvier Kini
Université de Ouagadougou - DEA 2007
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

III. Analyse des données de l'enquête auprès des ménages dans le Plateau Central

3.1. Analyse statistique des données

Les données de l'enquête réalisée auprès des ménages montrent une très grande similitude entre les deux provinces du Plateau Central retenues pour l'étude. Bien qu'étant distantes d'environ 180 km, ces deux provinces ont en commun un certain nombre de contraintes à savoir les contraintes pluviométriques qui sont similaires.

Selon les données pluviométriques de la météorologie, la pluviométrie annuelle enregistrée au cours de l'année 2006 vaut en moyenne 575,1 mm pour le Yatenga contre 481,7 mm pour le Passoré (Direction Générale de la Météorologie). La différence pluviométrique entre ces deux provinces est certes nette, mais le faible niveau pluviométrique est commun aux deux provinces. Pour l'année 2006, l'ensemble des ménages enquêtés tant dans le Yatenga que dans le Passoré ont souligné de façon criarde l'insuffisance de la pluviométrie. Comme résultat imminent, les récoltes des cultures ont été précaires manifestant l'installation d'une famine dans bien des ménages enquêtés.

De même, quant aux techniques culturales adoptées par les ménages, l'enquête à révéler dans l'ensemble que, les mêmes techniques de conservations des eaux et des sols sont croisées dans les deux provinces. Pour plus de précision sur ces faits, les données collectées au cours de l'enquête ont d'abord été traitées sous le logiciel Excel ainsi que le logiciel Spad (système potentiel d'analyse des données). Sous Excel, un certain nombre de tableaux ont été conçus à base des données recueillies lors de l'enquête.

Il faut noter que pour l'ensemble des deux provinces, la taille moyenne des ménages enquêtés est de 12,57 personnes. A côté de ce chiffre, le nombre moyen des actifs que compte chaque ménage est de 6,66 personnes. De plus, la taille minimale des ménages vaut 3 personnes tandis que la taille maximale est de 40 personnes. Aussi, le nombre de d'actifs varie entre 2 et 30 individus. Au regard de ces chiffres, l'on perçoit l'importance de la population dans ces deux provinces et par ricochet dans le Plateau Central.

En s'intéressant à l'âge des chefs de ménages, l'on obtient que la moyenne de l'âge de celuici est d'environ 50 ans. Ceci montre que le chef de ménage représentatif est assez expérimenter pour prendre des décisions raisonnables et bénéfique au ménage tout entier.

Pour ce qui est des superficies aménagées en technologies de conservation des eaux et des sols par les ménages, elles valent en moyenne 4,33 hectares. Lorsqu'on effectue le ratio superficie moyenne aménagée/taille moyenne du ménage, l'on obtient la valeur 0,344 hectare par personne. Ceci traduit la faible capacité des individus à disposer de terre dans le Plateau Central. Ce qui explique de même la forte densité de population relevée dans cette partie du Burkina Faso et rendant ainsi difficile l'accès à la terre cultivable ou aménageable.

Concernant l'adoption des technologies de conservation des eaux et des sols, l'on peut noter que pour l'ensemble des deux provinces, les ménages font face à des coûts très élevés lorsqu'ils décident de les adopter. Ainsi, en moyenne, les coûts d'adoption des CES s'élèvent à 477634,27 Fcfa par hectare. L'estimation du coût d'adoption des CES prend en compte à la fois les aspects financiers et les aspects physiques.

En effet, pour les aspects financiers, les dépenses engendrées par les amortissements du matériel nécessaire à la mise en oeuvre de ces techniques sont comptabilisées. Dans ce cas, le prix de ce matériel signalé par le marché est considéré de même que la quantité de ce matériel. Pour la pratique du zaï par exemple, les charrettes, la pioche, la barre à mine, la dame de 10 kg, la charrue l'épandeuse sont nécessaires. De plus, pour les ménages en mesure d'embaucher de la main d'oeuvre, le coût de celle-ci doit être considéré ainsi que sa quantité. Pour ce qui est des aspects physiques, l'estimation du coût d'adoption essaie de valoriser l'effort physique que les ménages consacrent à la mise en pratique des techniques CES sur leur exploitation. A ce niveau, il est important de souligner que dans les deux provinces, la majorité des ménages sont caractérisés par le déploiement de leur propre effort physique lors de la mise en oeuvre des CES.

En rapport avec la notion de ménages pauvres et non pauvres, les données de l'enquête ont permis d'estimer le revenu de chaque ménage enquêté ainsi que le revenu par tête dans chacune des deux provinces. L'estimation du revenu s'est basée sur l'inventaire des différentes activités pouvant générer un revenu pour le ménage et de la contribution de chacune des activités au revenu total reçu par le ménage. En moyenne, pour l'ensemble des deux provinces, le revenu d'un ménage est de 340 109,18 Fcfa selon les données de l'enquête. Le revenu moyen par tête est estimé à 31657,54 Fcfa (données de l'enquête). En comparant ce revenu par tête avec le seuil de pauvreté estimé dans le Burkina à 82 672 Fcfa en 2003 selon les données du Ministère de l'économie et des finances. L'on peut alors faire le constat qu'en moyenne, l'ensemble des ménages enquêtés dans les deux provinces est pauvre.

Analysons le tableau ci-dessous

Tableau1 : Valeurs moyennes de quelques variables par province

Province taille

âge

actifs

Rescomp Superficecoutad

coutent

revenu

revenu/tête Indice

 

Yatenga

12,54

51,62

6,9

923,41

4,2

2821116,9

2062718

144760

2094,15

6,32

Passoré

12,61

48,48

6,44

1587,32

4,44

1400036,7

1245461

383688

35311,87

0,74

Source : Données de l'enquête réalisée par l'auteur

La taille moyenne des ménages dans le Yatenga est estimée à 12,54 contre 12,61 individus dans le Passoré. Quant au nombre d'actifs des ménages, dans le Yatenga leur moyenne vaut 6,90 individus contre 6,44 individus dans le Passoré Cela montre une relative identité entre ces deux provinces en matière de population et réaffirme la similitude dans les caractéristiques de la population évoquée plus haut..

De même, l'âge moyen du chef de ménage dans le Yatenga est de 51,62 contre 48,48 ans dans le Passoré. Ceci traduit une plus grande expérience des ménages du Yatenga pour la prise de décision sur la mise en oeuvre des CES que les ménages du Passoré.

En considérant la superficie aménagée, en moyenne 4,20 hectares sont aménagés au Yatenga tandis qu'au Passoré l'on a 4,44 hectares. Pour ce qui est des coûts d'adoption des CES (coutad), la différence entre les deux provinces est assez remarquable car dans le Yatenga, ce coût est estimé à 2 821 116,87 Fcfa en moyenne contre 1 400 036,70 Fcfa pour le Passoré, soit un écart de 1 421 080,1 Fcfa.

Le revenu moyen par tête au sein des ménages du Yatenga s'estime à 31657,3327 Fcfa contre 35261,1126 Fcfa.

Pour la diversification des cultures dans les deux provinces, l'indice moyen de diversification des cultures vaut 0,74 au Passoré tandis qu'il est de 0,72. Cet indice est élevé dans chacune des deux provinces et montre que les ménages diversifient leurs cultures pour se prémunir contre le risque auquel ils sont confrontés. Cependant, cette diversification n'est pas assez forte. En effet, lors de l'enquête, la majorité des ménages pratiquaient quatre cultures différentes sur leurs exploitations. Il s'agit du sorgho blanc, du sorgho rouge, du mil local et du niébé pour le Passoré. Par contre dans le Yatenga, presque tous les ménages enquêtés cultivent à la fois le sorgho blanc, le mil local, le niébé et les arachides.

Analysons le graphique suivant afin de faire une comparaison entre les différents villages qui ont été retenus pour l'enquête.

Graphique spad1 : graphique montrant la position relative des villages sur les deux axes
factoriels

Sur le graphique, sont représentés les cinq villages Bouro, Boursouma (Bours) pour le Yatenga et Baniou, Dana et Gomponsom (Gomp) pour le Passoré.

En se référant à l'axe factoriel 1 dont l'obtention a été effectuée avec une reconstitution de 14,22% de l'information totale fournie par la matrice des données, l'on peut observer les oppositions suivantes. Le village Baniou et Gomponsom dans le Passoré sont situé sur le même coté droit du graphique. L'explication sous jacente est que ces deux villages sont semblables. Autrement dit, les facteurs qui influencent l'adoption des techniques de conservation des eaux et des sols tendent à être identiques pour ces deux villages.

De même les trois villages Bouro, Boursouma et Dana opposés au premier groupe sont semblables sur le même axe factoriel signifiant la ressemblance du comportement de mise en oeuvre des CES. Rappelons que les villages Bouro et Boursouma sont de la province du Yatenga tandis que Dana est du Passoré. C'est dire que malgré la distance séparant ces deux

village

risque

facilité

utilité

fertilisant

semences
pesticides
crédit

niveau

mo

information

provinces, il se trouvent que les ménages ont une certaine similitude dans leur comportement face aux CES.

Cependant, prenons le cas des villages du Passoré. L'on peut remarquer que Dana est opposé aux deux villages Baniou et Gomponsom sur l'axe factoriel 1 montrant ainsi l'opposition des facteurs qui motivent les ménages à adopter les CES. Pourtant ces trois villages sont issus du même département de Gomponsom et sont voisins l'un de l'autre. Ceci traduit la nature complexe du comportement des ménages selon l'espace et même le temps. Quant à Bouro et Boursouma, ces deux villages du Yatenga sont semblables sur l'axe1 traduisant la ressemblance dans le comportement des ménages face aux techniques CES.

Pour compléter cette analyse graphique, utilisons le tableau ci-dessous qui présente la proportion des ménages affectée à chacune des variables ou facteurs influençant l'adoption des techniques de conservation des eaux et des sols.

Tableau 2 : Regroupement des ménages selon certains facteurs d'adoption des CES

 

Bouro

Boursouma Total Yatenga Baniou

Dana

Gomponsom Total Gompon

1

0

9,52

9,52

1,41

9,86

29,58

40,85

2

0

4,76

4,76

-

4,23

12,68

16,90

3

19,05

66,67

85,71

26,76

7,04

8,45

42,25

2

17,46

58,73

76,19

16,90

11,27

19,72

47,89

6

1,59

19,05

20,63

7,04

7,04

22,54

36,62

9

0,00

3,17

3,17

4,23

2,82

8,45

15,49

2

0

11,11

11,11

0

2,82

5,63

8,45

6

6,35

22,22

28,57

4,23

4,23

15,49

23,94

9

12,70

47,62

60,32

23,94

14,08

29,58

67,61

0

15,87

47,62

63,49

11,27

14,08

19,72

45,07

1

3,17

33,33

36,51

16,90

7,04

30,99

54,93

0

11,11

46,03

57,14

16,90

12,68

25,35

54,93

1

7,94

34,92

42,86

11,27

8,45

25,35

45,07

0

0

7,94

7,94

23,94

9,86

22,54

56,34

1

19,05

73,02

92,06

4,23

11,27

28,17

43,66

0

19,05

74,60

93,65

28,17

21,13

45,07

94,37

1

0,00

6,35

6,35

0

0

5,63

5,63

0

11,11

57,14

68,25

21,13

14,08

29,58

64,79

1

7,94

15,87

23,81

7,04

0,00

9,86

16,90

2

0

7,94

7,94

0,00

5,63

9,86

15,49

0

14,29

50,79

65,08

18,31

14,08

19,72

52,11

1

4,76

30,16

34,92

9,86

7,04

30,99

47,89

0

3,17

14,29

17,46

5,63

1,41

5,63

12,68

1

15,87

66,67

82,54

22,54

19,72

45,07

87,32

Source : Données de l'enquête réalisée par l'auteur

A partir du tableau l'on constate qu'en fonction du degré d'exposition des ménages au risque
pluviométrique et de leur attitude face à ce risque 9,52% des ménages du Yatenga contre

40,85% au Passoré y expriment leur faible degré d'exposition. Par contre, 85,71% des ménages dans le Yatenga contre 42,25% au Passoré estiment que le risque pluviométrique est une contrainte qui les enfonce en permanence dans l'angoisse. Ceci explique en partie le comportement de ces ménages vis-à-vis du risque car presque tous les chefs de ménages enquêtés adoptent les mesures de conservation des eaux et des sols et surtout les techniques CES améliorées. Rappelons que ces techniques améliorées sont une combinaison de différentes techniques CES traditionnelles.

La perception de la facilité d'utilisation des CES est un facteur déterminant de l'adoption de ces technologies et son importance est révélée par les chefs de ménages interrogés dans chacune des localités. Pour les ménages des deux provinces, l'adoption ou la mise en oeuvre des CES n'est pas une chose aisée car celles-ci nécessitent d'énormes efforts physiques. Ainsi, 76,19% des ménages au Yatenga contre 47,89% au Passoré perçoivent les CES comme des techniques très difficiles à mettre en oeuvre. A l'inverse, 3,17% des ménages du Yatenga contre 15,49% au Passoré estiment que ces pratiques sont relativement faciles à utiliser. Quant à la perception de l'utilité des CES, 60,32% des ménages du Yatenga contre 67,61% au Passoré perçoivent aux CES des techniques très utiles en ce sens qu'elles accroissent fortement leur capacité de production. L'on peut alors comprendre la raison qui emmène ces ménages à adopter plusieurs techniques à la fois. Par contre, 11,11% des ménages du Yatenga contre 8,45% des ménages du Passoré perçoivent en ces techniques un faible degré d'utilité.

L'intensification agricole suppose une utilisation plus accrue des facteurs production tels les fertilisants agricoles et tous les autres inputs. Ainsi, 36,51% des ménages du Yatenga adoptent, en plus du compost nécessaire à la mise en oeuvre des CES, des fertilisants en particulier les engrais chimiques NPK. En revanche, dans le Passoré 54,93% des ménages utilisent les fertilisants. Pour les ménages qui n'utilisent pas ces fertilisants chimiques, deux groupes se distinguent. Les ménages qui reconnaissent l'importance de l'utilisation des engrais en ce qu'ils accroissent fortement leur productivité agricole. Cependant, les coûts d'accès à ces fertilisants demeurent élevés puisqu'en moyenne, le sac de 50 kg de NPK vaut 15000 Fcfa. Ceci est coûteux selon ce groupe de ménages. Par contre, le deuxième groupe est celui des ménages qui pensent qu'en utilisant les engrais chimiques, ils détruiront davantage leur environnement déjà soumis à des contraintes de sécheresse sévères. Ainsi, par soucis de conservation de l'environnement ces ménages décident de ne pas utiliser les fertilisants sur leur exploitation. Pour ce qui est des semences améliorées, il faut dire que l'intensification

suppose également leur utilisation dans les activités agricoles. Dans ce sens, 42,82% des ménages du Yatenga contre 45,07% au Passoré adoptent les semences améliorées dans leurs activités. Par contre 58,18% des ménages du Yatenga contre 54,93% au Passoré n'utilisent pas les semences améliorées. L'on peut remarquer que les ménages qui adoptent les semences améliorées ont un nombre inférieur à ceux qui n'en adoptent pas. Ceci est dû au fait que la plupart des chefs de ménages enquêtés manifestent leur incapacité à y accéder. Ce faible accès des ménages aux semences s'explique selon eux par leur indisponibilité sur le marché local ainsi que par leur coût relativement élevé. Notons que certains chefs de ménages enquêtés avouent connaître les caractéristiques des semences améliorées tandis que bien d'être eux les ignorent. Il est alors évident que l'ignorance sur ces semences ne favorise pas leur adoption par les paysans.

Les pesticides entrent dans le cadre de l'intensification agricole. Dans le présent cas, les pesticides utilisés par les ménages sont en particulier celles qui permettent d'éliminer les insectes dévastateurs des semences. A l'exception de la poudre avec laquelle on mélange les semences lors des semis, les autres types de pesticides ne sont pas utilisés. Ainsi, 92,06% des ménages du Yatenga contre 43,66% au Passoré utilisent ces pesticides pour garantir la germination des semences.

Pour ce qui concerne l'accès à l'information sur les technologies CES, 82,54% des ménages du Yatenga contre 87,32% dans le Passoré affirment qu'il leur est facile d'accéder à celle-ci. En effet, pour les ménages du Passoré, des projets de développement rural tels que l'ex PSCES/AGF, le PDRD aident les paysans dans l'adoption des technologies CES. Des formations sont organisées par le projet pour le compte des paysans soit directement dans les villages ou par l'intermédiaire des représentants des groupements villageois. Quant aux 17,46% et des 12,68% des ménages qui trouvent difficile l'accès à l'information respectivement pour le Yatenga et pour le Passoré, les raisons avancées sont le manque de formation à domicile occasionnant des coûts de déplacement vers les centres de formations ou les lieux d'expérimentation des CES.

Le crédit est un élément important dans toute activité de production car il permet de produire efficacement dans la mesure où l'on doit le rembourser à partir de ses rendements. Dans ce sens, l'observation du tableau montre que 93,65% des ménages du Yatenga contre 94,37% au Passoré n'ont pas accès ou n'ont pas contracté de crédit agricole. Selon certains chefs de ménages, il leur est impossible d'obtenir un crédit même auprès des institutions de microfinance au regard des conditions que celles-ci exigent. Un des exemples est le cas de la

Baoré Traditionnelle d'Epargne et de Crédit à Gomponsom dans le Passoré et répandue un peu partout dans le Plateau Central. Les conditions minimales exigées par cette institution c'est la fourniture de documents attestant la possession de d'engin à deux roues, d'un âne et que les 75% du crédit au moins doit être utilisé dans l'activité de production. Si autant de ménages ne peuvent accéder à ce crédit, cela traduit dans une certaine mesure la pauvreté des ménages dans la localité. D'autres chefs de ménages par contre estiment être à mesure de contracter le crédit pour financer leurs activités. Cependant, ce qui les empêche de le faire est le risque pluviométrique auquel ils sont confrontés. En effet, pour eux, lorsque l'on contracte un crédit et qu'à la récolte la production n'est pas à mesure de couvrir les besoins du ménage du fait du manque de pluie, il serait alors difficile d'honorer les engagements pris vis-à-vis de l'institution de crédit.

Cette analyse sommaire sur les facteurs est complétée par l'analyse en composantes principales des mêmes variables en vue de percevoir lesquelles semblent les plus pertinentes. Le tableau spad2 dénommé matrice des corrélations en annexe montre l'ensemble des relations existant entre les différentes variables qui ont fait l'objet de l'enquête. En particulier, la corrélation entre la variable tech « nombre de technologies adoptées » et les autres variables y est bien indiquée. Il s'agit en fait des coefficients de corrélation partielle entre le nombre de technologies CES adoptées et les autres variables sensées être les facteurs déterminants de leur adoption. Ainsi, la taille du ménage est liée à la variable technologie (tech) à 21%. Cette liaison, certes faible indique une relation positive entre les deux variables. L'âge du chef de ménage et l'adoption des technologies sont corrélés à 13%, donc existence d'une relation positive entre les deux variables.

De même, la quantité de main d'oeuvre, la perception de l'utilité des CES, le rendement escompté, la superficie aménagée, l'utilisation des pesticides et des semences améliorées, le coût d'adoption et le coût d'entretien et enfin le revenu sont positivement liés à au nombre de techniques CES adopté par les ménages. On a par contre une corrélation négative entre la variable « technologie » et les autres variables telles que le niveau d'instruction du chef de ménage, l'utilisation ou pas de la main d'oeuvre, le coût de la main d'oeuvre, l'accès au crédit, la valeur du crédit, la facilité d'utilisation, l'accès à l'information, l'utilisation des fertilisants et les rendements avant les CES.

Au regard de ces différentes valeurs des coefficients de corrélation, il se dégage que certaines variables ont effectivement une liaison plus au moins importante que d'autres par rapport à la variable expliquée, le nombre de technologies adoptées. Dans la suite du travail, il ne sera considéré que les variables dont le coefficient de corrélation partielle est supérieur ou égal à

14%. Ceci permet de d'éliminer avant l'estimation économétrique les variables qui semblent ne pas être pertinentes et ne garder que celles qui peuvent l'être.

Cependant, avec les facteurs préalablement retenus lors de la formalisation du modèle logit multinomial, certains seront exclus pour des raisons de conformité avec la théorie. En effet, le coût d'entretien des technologies ne sera pas utilisé dans les estimations dans la mesure où ce coût n'est pas en réalité différent du coût d'adoption. Lors de l'enquête, la majorité des ménages ont signifié que l'entretien des technologies était une nouvelle adoption de celles-ci. En d'autres termes, ces coûts concernent le renouvellement des technologies sur le champ aménagé.

Au finish, les variables explicatives de l'adoption des technologies CES retenues sont le coût d'adoption, le nombre de techniques adoptées (tech), le coût d'adoption (cout), la perception de la facilité d'utilisation (facilte) la perception de l'utilité des CES (utilite), la superficie aménagée (superficie), la taille du ménage (taille), les rendements escomptés (escompt) et le risque pluviométrique (risque).Soit le tableau :

Tableau3 : pourcentages d'adoption des technologies

CES améliorées

 
 

Technologies

Pourcentage d'adoption

Aucune (0)

4,48

Cordon (1)

6,72

Cordon+compost (2)

17,16

Cordon+compost+zaï (3)

36,57

Cordon+comp+demi-lune (3)

2,24

Zaï +compost (2)

14,77

Demi-lune+compost

7,46

Zaï+demi-lune+compost (3)

0,00

Cordon+ zaï+paillage+demilune+compost (5)

0,00

Cordon+zaï+demi-lune+compost+haies vives (5)

0,75

Fumure ou compost (1)

 
 

0,75

Cordon+zaï+RNA (3)

5,97

Cordon+zaï (2)

0,75

Zaï (1)

1,49

Compost+zaï+cordon+paillage (4)

0,75

Source : données de l'enquête réalisé par l'auteur

Ce tableau montre que 4.48% des ménages enquêtés n'adoptaient aucune technologie de
conservation des eaux et des sols. Sur les 6 chefs de ménages n'adoptant aucune CES, 5 sont

du Passoré tandis que l'autre est du Yatenga. Les raisons avancées par ces derniers sont de deux ordres. Pour les uns, leur exploitation est située dans une zone assez fertile ne nécessitant pas une prise des mesures CES. Par contre, pour les autres, le manque de droits de propriété sur les terres qu'ils exploitent est un frein à leur mise en valeur. Pour eux, si l'on valorise ces terres dégradées par la pratique des CES, il est fort probable que le propriétaire de la terre vienne la récupérer.

La combinaison de technologies CES la plus utilisée par les ménages dans les deux provinces est celle portant sur le cordon pierreux, le compost et le zaï. Ainsi, sur les 49 ménages adoptant cette combinaison, 35 sont du Yatenga contre 14 du Passoré. Ceci montre l'importance ou l'expérience acquise par les ménages du Yatenga dans la mise en oeuvre des zaï par rapport au Passoré. Par contre, les technologies qui combinent cinq et quatre techniques CES sont les moins adoptées par les ménages qui ont été enquêtés. En effet, seulement deux ménages sur les 134 adoptent ces combinaisons et représentent 0,75% de l'effectif total pour chacune d'elles.

Il faut noter que seule dans la province du Passoré, les ménages utilisent uniquement la combinaison cordon pierreux + compost. De même, l'on peut remarquer que les demi-lunes sont plus utilisées dans le Yatenga que dans le Passoré au regard des données du tableau1 en annexe.

L'observation du tableau3 permet en outre de comprendre le nombre de technologies adoptées par les ménages dont il est question dans les estimations économétriques.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault