2.3. La théorie de l'action raisonnée
C'est un modèle provenant de la psychologie sociale
développé par Fishbein et Ajzen en 1975. Ce modèle
définit les liens entre les croyances, les attitudes, les normes, les
intentions et les comportements des individus. Selon cette théorie,
l'attitude d'une personne serait déterminée par son intention
comportementale à adopter. Cette intention serait quant à elle
déterminée par l'attitude de la personne et par
ses normes subjectives relatives au comportement en question. Fishbein et Ajzen
(1975) définissent alors les normes subjectives comme étant la
perception de l'individu sur le fait que la plupart des personnes qui sont
importantes à ses yeux, sont d'avis qu'il devrait ou ne devrait pas
adopter le comportement en question.
Selon la théorie de l'action raisonnée,
l'attitude d'une personne envers un comportement serait
déterminée par ses croyances sur les conséquences de ce
comportement multiplié par son évaluation de ces
conséquences. Ainsi, les croyances sont définies par la
probabilité subjective de l'individu sur le fait qu'adopter un
comportement particulier va produire des résultats spécifiques.
Ce modèle se base donc sur le postulat que les stimuli externes
influencent les attitudes et cela modifie la structure des croyances de
l'individu. Par ailleurs, l'intention d'effectuer un comportement est
également déterminée par les normes subjectives, elles
mêmes déterminée par les croyances normatives d'un individu
et par sa motivation à se plier aux normes. La théorie de
l'action raisonnée postule en outre que tous les autres facteurs
influençant le comportement le font de manière indirecte, ce qui
a un impact sur l'attitude ou sur les normes subjectives. Ces autres facteurs
sont considérés comme des variables externes selon Fishbein et al
(1975). Ce sont entre autres les caractéristiques des tâches, de
l'interface ou de l'utilisateur ; la nature du développement, les
influences politiques, la structure organisationnelle (Davis et al, 1989).
Sheppard et al (1982), par une méta-analyse, montrent que le
modèle de l'action raisonnée permettait d'effectuer de bonnes
prédictions sur les choix que faisait un individu lorsqu'il se trouve
face à plusieurs alternatives.
2.4. Théorie de la pression créatrice de
la population et la théorie de l'innovation induite
· La théorie de la pression
créatrice de la population
Cette théorie a été mise au point par E.
Boserup en 1965. C'est une théorie qui donne une vision optimiste face
à ce que l'on peut qualifier de désastre malthusien. Il faut
rappeler que Malthus dans sa première publication en 1798 affirmait la
croissance géométrique de la population face à une
croissance arithmétique de la production alimentaire. Ainsi, Malthus
montrait que les pressions démographiques peuvent dégrader
l'environnement et conduire à la famine, la guerre, la maladie elles
mêmes à mesure de contrôler la population. Pour Boserup
(1965), du fait que les densités de population augmentent,
l'intensification agricole fait de
même, et cela n'accroît pas seulement la
production mais aussi stimule l'adoption des techniques de gestion des terres
conservatrices des ressources naturelles. Boserup affirme donc que la pression
démographique entraîne une réorganisation de la production
agricole. Contrairement à l'analyse malthusienne, on ne peut
séparer l'évolution de la production agricole de celle de la
population. C'est la taille de la population et donc le niveau de subsistance
nécessaire qui conduit à des modifications dans les
modèles d'exploitations des terres. Ainsi, la pression
démographique par exemple a obligé les pays du Nord à
adopter la charrue afin d'augmenter la productivité des terres
agricoles. Boserup ajoute qu'une population clairsemée n'incite pas la
société à changer le système d'utilisation du sol.
La croissance démographique joue donc un rôle moteur dans le
changement des techniques, c'est la pression créatrice.
· La théorie de l'innovation
induite
Dotation culturelle
Dotation en ressources
Innovations technologiques
Innovations sociales
Innovations institutionnelles
La théorie de l'innovation induite a été
développée par Hayami et Ruttan en 1985. Selon eux, les
progrès techniques et institutionnels sont : i) endogènes au
système économique ; ii) en mutuelle interaction ; iii)
dépendants des spécificités culturelles propres à
chaque nation. C'est dire que les innovations qu'elles soient techniques,
sociales ou instrumentales ne sont ni des phénomènes
extérieurs venant influencer l'agriculture, ni des
événements isolés les uns des autres. Le modèle de
l'innovation induite stipule l'existence d'un équilibre
général résultant également de l'interaction entre
cinq éléments comme le montre le graphique cidessous
Ainsi, une modification dans la dotation en ressources, une
diminution de la surface cultivable par exemple, aura une incidence sur le
choix des innovations technologiques comme les variétés à
hauts rendements ou l'utilisation d'intrants. L'inverse est également
vrai : l'utilisation de variétés à hauts rendements pourra
provoquer une diminution de la surface des terres et, de ce fait, une
réduction de la charge de travail. Entre les innovations, des
interactions réciproques existent également. L'organisation
coopérative du crédit facilitera l'utilisation d'intrants. De
même, l'utilisation d'une variété pluviale modifiera la
gestion de distribution de l'eau d'irrigation.
Il faut remarquer que la majorité de ces
théories sur l'adoption de technologies portent sur les technologies de
l'information et informatiques à l'exception de la théorie de la
pression créatrice. Bien que n'étant pas
développées pour les technologies de conservation des eaux et des
sols, leur application dans le domaine agricole est judicieuse. En effet, la
question qui est commune aux deux situations est de connaître les
déterminants de l'adoption d'une technologie quelconque par un individu.
De ce fait, les mêmes facteurs peuvent être à la base de la
motivation de l'individu d'adopter ou de ne pas adopter la technologie. Ainsi,
les déterminants de l'adoption de technologie développés
dans ces théories sont essentiellement psychologiques et
sociologiques.
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