CHAPITRE I : Des pôles fonctionnels non
négligeables
Figure 6 : Carte de la localisation des fonctions
principales du centre-ville de Rufisque
Source : réalisation personnelle
--A-- La fonction commerciale :
Photo 36 : le marché de Rufisque à
l'époque colonial
Il n'est pas étonnant de voir, aujourd'hui, la place
prépondérante occupée par le commerce dans l'espace de
Rufisque. A l'origine, la fonction commerciale s'est très tôt
intégrée dans ses activités majeures et avait pris une
dimension importante dans l'économie de traite.
Cette époque est achevée mais la fonction
commerciale est toujours présente dans le centreville et constitue la
principale activité à travers laquelle Rufisque est reconnue en
tant que pôle commercial exerçant son influence sur un vaste
hinterland.
Cette fonction s'exerce au Marché Central du centre-ville
dont les limites n'ont cessé de s'agrandir (sur la photo ci-dessus on
peut apprécier les débuts du marché), et tout au tour des
îlots qui le bordent (figure 9).
Ce commerce était localisé sur presque trois
îlots avec comme composantes : le marché fruits et légumes,
la halle aux poissons, le marché « bric à brac » tissus
+ produits secs, halle aux viandes. Mais ses franges ont connu une progression
avec l'étalement de l'aire commerciale vers le Nord, du fait des
nombreuses boutiques de grossistes et les différents étales qui
ont conquis les alentours du marché. Le marché est composé
de l'autre coté de la route nationale (au nord) par
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des magasins de produits électroniques (radios, portables,
téléviseurs etc.) et boutiques de réparateurs de radios,
téléviseurs etc.
Même si sa contribution au budget municipal parait faible,
la fonction commerciale apparaît comme le principal
élément, favorisant le dynamisme de l'espace urbain et
constituant le vecteur de développement de la ville.
Les autorités locales sont conscientes de la part qu'elle
représente dans la mobilisation de recettes de fonctionnement et ont
signé un contrat de ville avec l'Agence de Développement
Municipal (en 1999) pour l'amélioration du niveau de recettes avec la
réalisation d'équipements marchands.
--A--1Distribution des recettes commerciales:
Tableau 3 : Les recettes commerciales de la ville de
Rufisque
Impôts locaux
|
Montant (francs CFA)
|
Contribution patente
|
3
|
056
|
558
|
453
|
Produits domaniaux
|
|
|
|
|
Droit de place
|
|
92
|
915
|
800
|
Location souks
|
|
26
|
626
|
700
|
Total
|
3
|
176
|
100
|
953
|
Source : Réalisation personnelle d'après
les données recueillies auprès du responsable du bureau des
recettes
Ces chiffres ont été arrêtés à
la date du 30 septembre 2009 et représentent l'ensemble
des recettes commerciales de la ville. La contribution patente
représente 96,2% des recettes commerciales,
67,66 % du taux de recouvrement appartenant à la
commune. Le reste va sur le compte de l'Etat (soit 32 %).
--A-- 2 Les recettes non commerciales :
Tableau 4 : recettes diverses
Impôts locaux
|
Montant (francs CFA
|
Le foncier bâti
|
384 173 363
|
Le non bâti
|
24
|
156
|
250
|
Taxe sur les véhicules
|
62
|
444
|
227
|
Taxe sur la plus value immobilière
|
30
|
931
|
779
|
Produits d'exploitation
|
|
|
|
Produits des abattoirs
|
19
|
220
|
000
|
Frais de bornage
|
35
|
846
|
000
|
Taxes municipales
|
|
|
|
Véhicules automobiles
|
7
|
053
|
400
|
Sur la publicité
|
38
|
122
|
900
|
Total
|
601
|
947
|
919
|
Source : Réalisation personnelle d'après
les données recueillies auprès du responsable du bureau des
recettes
L'analyse des deux tableaux montre que la ville de Rufisque tire
l'essentiel de ses ressources de fonctionnement des recettes commerciales.
A elle seule, la contribution patente dépasse de loin le
cumul de l'ensemble des autres recettes, d'où la part importante qu'elle
occupe dans celles-ci. Cependant, il ne faut pas oublier les autres recettes
qui représentent une part non négligeable.
--B-- La fonction administrative:
Du fait de son statut de chef lieu de département, la
ville de Rufisque continue encore de «porter son blason »
administratif et d'être un outil important dans l'organisation de ses
différentes activités.
Ainsi le pôle administratif peut être divisé
en deux entités.
--B--1 Le conseil municipal et
l'administration:
Ø Le conseil municipal, conformément à
l'article 98 du code des collectivités locales, (Loi no 96-06 du 22
mars 1996), « est l'organe délibérant de la commune ».
Il est divisé en
plusieurs commissions composées de conseillers et de
conseillères, parmis lesquelles nous pouvons citer les commissions
commerce et finance. Il est l'organe principal qui vote le budget de la
commune.
> L'administration municipale, quand à elle est «
l'organe exécutif de la commune ».Elle est
composée de plusieurs services et de directions parmi
lesquels la DAF, la DST etc.
Force est de constater que l'administration municipale,
même si elle semble respecter une certaine organisation, n'est pas
indépendante pour mener à bien sa mission. Elle fait l'objet
à chaque élection municipale, d'un changement de personnel, qui
contribue à freiner le travail déjà entamé (les
élections du mois de mars 2009 le confirment).
--B-2 L'administration décentralisée
:
Avec la décentralisation, la ville s'est vue attribuer
de nouvelles compétences (9 domaines de
compétence), en application de la loi no 96-07
du 22 mars 1996, notamment dans les secteurs suivants
:
> L'environnement et la gestion des ressources naturelles,
> La santé,
> la population et l'action sociale,
> La jeunesse, les sports et les loisirs,
> La culture,
> L'éducation,
> L'aménagement du territoire,
> La planification,
> L'urbanisme et l'habitat.
Pour mener à bien ses missions, la ville s'appuie en plus
de l'administration municipale, sur les services de l'administration centrale
et déconcentrée.
A Rufisque, nous pouvons noter le service des impôts et
domaines, le service de l'urbanisme, le service du cadastre, le service de
l'inspection départementale, qui sont les véritables symboles de
la coopération décentralisée.
Cependant le véritable défi pour la ville de
Rufisque est de lutter contre les carences manifestes qui gangrènent son
administration, surtout l'administration municipale : manque d'expertise,
moyens techniques limités, effectifs pléthoriques qui absorbent
la plus grande part du budget de fonctionnement de la municipalité.
Il est plus qu'urgent de réorganiser le mode de
fonctionnement de l'administration municipale et de recruter un personnel
qualifié pour une amélioration des capacités du personnel
en activité grâce à une politique de formation
adéquate (la majeure partie est embauchée à la faveur de
la politique).
--C-- La fonction éducative:
Si la fonction éducative a pris une dimension aussi
importante au centre-ville de Rufisque, ce n'est que récemment. En
effet, jusque dans les années 80, le centre-ville était encore
doté que de quelques établissements scolaires dont ces quatre du
secondaire :
Tableau 5 : établissements scolaires au
centre-ville de Rufisque jusque dans les années 1980
Etablissements
|
Date de fondation
|
Niveau
|
CEM Matar Seck
|
1958
|
Secondaire moyen
|
Lycée Abdoulaye Sadji
|
1965
|
Secondaire 2 o degré
|
CEM Abdoulaye Sadji et Ex --annexe
|
1970
|
Secondaire moyen
|
Bloc Scientifique et Technique
|
1981
|
Secondaire moyen
|
Source : réactualisation d'après
Guèye Mamadou, l'évolution de la population dans les quartiers
centraux de Rufisque depuis 1970,1990-91
Les établissements primaires étaient
déjà présents à Rufisque mais la majorité se
trouvait dans les zones périphériques (sept écoles
primaires dont la première école de Rufisque construite en
1885).
Aujourd'hui cette situation est autre avec l'apparition à
chaque coin de rue du centre-ville, de nouveaux établissements scolaires
qui viennent augmenter le lot existant.
Il s'agit pour l'essentiel de groupes d'enseignement
privés crées par les professeurs qui exercent dans les
établissements publics du centre-ville (par exemple le Groupe scolaire
« les académiciens » appartenant aux professeurs du
Lycée Abdoulaye Sadji).
Ce sont en grande majorité des établissements
d'enseignement Général, regroupant les différents cycles,
de l'enseignement élémentaire au secondaire 2o
degré.
Nous pouvons citer l'école privée «
synergie », le groupe scolaire« les
académiciens », le groupe scolaire « les
trois dauphins », l'école privée Mansour
Sy, l'école privée El Hadji Ibrahima
sakho, le groupe scolaire « les rufisquoises
», le privé catholique St-Joseph (qui
regroupe le préscolaire et l'élémentaire) etc.
La formation professionnelle est également présente
au centre-ville avec l'école de formation « technisys
».
Ces écoles de formations sont pour la grande
majorité des « échappatoires » pour les nombreuses
élèves dont l'enseignement public n'a pas été
favorable.
Aujourd'hui nous somme à mesure de dire que la fonction
éducative occupe une part non négligeable au centre-ville de
Rufisque.
Ce qu'il faut craindre, ce n'est point la dimension qu'elle ait
prise aujourd'hui puisse qu'elle contribue à renforcer son poids
fonctionnel, mais la manière dont elle se manifeste sur l'espace du
centre-ville avec une perpétuelle conquête de tout bâtiment
susceptible de l'accueillir.
Le renforcement des fonctions doit se faire en rapport avec une
réelle volonté de délocalisation vers la proche
périphérie afin de désengorger l'« ancien tissu
» et d'asseoir les bases d'une réelle politique de valorisation
culturelle.
--D-- Une fonction industrielle très
limitée :
Elle est présente au centre-ville de Rufisque mais dans
des proportions moindres. On peut citer l'ex-usine Petersen (actuel SENARH) qui
avait repris ses activités de production il y'a trois années de
cela. Mais des plaintes venant des populations, concernant la pollution dont
elle était responsable, ont précipité l'arrêt de ses
activités. Actuellement, il fonctionne en tant qu'usine
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d'embouteillage et d'ensachage de l'huile produite depuis Dakar
et fabrique à certaine occasion des bouteilles.
Il y'a aussi une usine de biscuits, une usine de conservation de
produits halieutiques et une usine de glace localisées au quartier Keury
Kao.
Si cette fonction industrielle est évaluée
au-delà des limites du centre-ville, nous pouvons noter la
présence de pôles industriels à grand rayonnement comme :
la SOCOCIM, une usine de produits pharmaceutiques (VALDA), une usine de
textiles COSETEX, une usine de textiles et de production de sacs à jute,
des sociétés nationales représentées comme la
Sénégalaise Des Eaux, la SONATEL ou la SENELEC.
Ces fonctions traditionnellement reconnues à Rufisque sont
ses principaux moyens d'expression, qui lui permettent de faire figure de grand
pôle dans l'armature urbaine du pays, en raison de leur forte influence
sur un vaste hinterland.
Rufisque c'est avant tout le commerce, une source de revenus
sûre, à travers laquelle elle trouve les moyens d'alimenter son
budget de fonctionnement et d'être reconnue comme pôle
commercial.
Mais au-delà de ces pôles qui l'ont toujours
caractérisé, le centre-ville de Rufisque propose un nouveau
paysage fonctionnel, très divers, symbole d'une réappropriation
et d'une revalorisation du « vieux tissu ».
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