CHAPITRE III : Le Patrimoine culturel rufisquois
Rufisque, à l'image de nombreuses villes coloniales, comme
Gorée, St-Louis, a hérité d'un patrimoine architectural
qui témoigne encore d'une très longue période de
colonisation et de l'expression d'une civilisation culturelle lointaine mais
surtout étrangère.
Aujourd'hui toute l'histoire de Rufisque ne se résume que
par cet héritage qui marque son espace culturel et symbolise en
même temps l'achèvement d'une ère de dépendance
coloniale.
--A-- De l'origine culturelle :
Une simple visite dans le centre historique de Rufisque et une
contemplation de l'environnement culturel est suffisante pour voir apparaitre
les premiers signes d'interrogations sur l'origine de ces formes qui s'offrent
sous nos yeux.
Tant elles nous paraissent lointaines et méconnues, tant
elles nous inspirent un retrait par rapport à nos pratiques
culturelles.
Quelle est cet autre architecture qui envahie nos cités et
transforme nos paysages ?
--A--1 Le style architectural:
Le style architectural qui domine l'espace culturel rufisquois
est d'origine française et ne constitue qu'une simple réplique,
une copie de celui développé dans la métropole.
On note cependant et dans une moindre mesure le style
architectural portugais.
L'administration coloniale n'a pas cherché à
développer une architecture propre à la colonie, s'inspirant des
formes stylistiques locales, mais a jugé plus bénéfique
d'importer les matériaux de construction afin de réduire les
coûts financiers des travaux (hormis l'utilisation de la pierre de
Rufisque).
Il ne faut pas perdre de vue que cette architecture coloniale a
été sous l'autorité de l'administration qui a pu imposer
ses réglementations et des modèles et qu'elle était
alimentée en grande partie par le génie militaire.
On peut retrouver ce type de construction encore à
Rufisque avec une architecture standardisée et les trames orthogonales
des lotissements produisant un paysage monotone et des formes qui impriment un
ordonnancement militaire.
Petit à petit cette architecture a évolué
pour prendre d'autres dimensions avec l'installation de la famille, la venue
des femmes et des enfants augurant l'introduction des «figures de la
civilité bourgeoise, que les troupes, traditionnellement, ne
véhiculent guère ».
Ce n'est que dans certaine partie du centre historique qu'on note
« la production d'un habitat visuellement plus diversifié » et
prenant en compte la promotion d'un style architectural nouveau.
Cette diversification des formes architecturales est sans doute
une mesure qui vise à affecter une image particulière à
chaque colonie et de proposer un cadre plus adapté à la vie
familiale.
C'est dans ce cadre que le style architectural de Rufisque
propose des formes très diverses :
En effet, à l'image des maisons mère des
sociétés de commerce françaises situées à
Bordeaux et à Marseille, et qui inspirent l'architecture de Saint-Louis,
les constructions du quartier Keury-Kao disposent d'un étage
prolongé par un long balcon suspendu et couvert. Au
rez-de-chaussée, les boutiques pour le commerce.
Les maisons basses sont notées dans leur grande
majorité à Keury Souf mais aussi dans certaines parties de Keury
Kao.
Si le style architectural de Rufisque est très original
dans la forme de ses maisons, il ne faut pas oublier non plus les
matériaux qui le composent et qui lui donnent une toute autre
dimension.
63
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--A-2 Les matériaux de l'architecture coloniale
:
Ils sont divers dans l'ensemble mais la majorité est
constituée de pièces produites depuis la métropole.
Parmi ceux-ci on peut noter la présence sur presque
toutes les toitures du centre historique, des tuiles rouges (pour chaque
îlot on dénombre au moins trois maisons avec une toiture en tuile
mécanique).
« Ces toits en tuiles mécaniques
manufacturées prés de Marseille et les volets en persienne
montés sur des baies de grandes hauteurs nous rappellent les origines
des commerçants (Marseille et Bordeaux) »27.
Sur une tuile mécanique on peut lire «Arnaud Etienne
& Cie - St Henry /Marseille ».
On les recense sur presque tous les bâtiments
administratifs, sur quelques maisons de Keury KaoKeury Souf et sur les toitures
des hangars au marché.
A coté de la tuile on peut noter également
l'utilisation du métal dans les constructions. «La structure du
bâtiment repose sur une armature métallique, construite par les
industries
françaises, exportée en pièces
détachées dans toutes les colonies et assemblée sur place
»28. Cette structure métallique permet de renforcer la
solidité du bâtiment et offre la possibilité de construire
en hauteur plus facilement.
Photo 31 : exemples de matériaux utilisés
dans l'architecture coloniale
27 Rufisque-réalités urbaines. Direction
des Services Techniques. Mai 2005
28 Sinou, Alain. op. cit., p316
Récemment des bâtiments ont fait l'objet de
réfection et il n'a pas été question d'enlever cette
structure métallique. Il ne s'agit que d'une tentative de
réhabilitation qui conserve l'authenticité des constructions.
Le bois est un autre matériau qui entre dans la
construction, utilisé au niveau des escaliers comme marchepied et
parfois quand il s'agit d'une maison à étage comme plafond pour
le rez-dechaussée.
Sur les murs de quelques maisons que l'érosion n'a
cessé de détruire, apparaissent des briques d'une autre nature,
de couleurs rougeâtres et aux dimensions plus petites.
S'il existe un matériau qui a vraiment joué un
rôle important dans cette architecture c'est surtout « la pierre de
Rufisque ».Son aspect résistant, sa disponibilité et la
possibilité de l'utiliser partout, lui a donné une valeur
inestimable.
Il a servi dans la construction des grands entrepôts de
l'époque coloniale ou « seccos », destinés à la
conservation de l'arachide.
Il est encore présent aujourd'hui dans le paysage
rufisquois tant sa durée de vie est longue.
Sa trace se note dans les murs des maisons du centre
historique, à l'usine Petersen où il constitue le seul
matériau entrant dans la construction des unités de production,
mais également au marché du centre-ville (halle aux poissons,
marché légumes etc.).
Même s'il est vrai qu'au plan architectural, Rufisque n'a
rien à envier aux autres villes coloniales et qu'il a tout à
gagner en matière de valorisation de son patrimoine ; Le
véritable défi auquel il est invité, est d'arriver
à bien entretenir ce patrimoine culturel afin de le sortir dans son
état actuel de décrépitude.
--B-- Etat actuel du Patrimoine :
La notion de patrimoine est ambiguë dans un pays
marqué par un passé colonial, d'autant quand son héritage
est une importation directe dénuée d'influences indigènes.
Le temps aidant, les populations se sont approprié ces architectures
étrangères. Habitées et exploitées, elles ont
vécu au rythme et aux habitudes de la population indifférente au
principe de conservation.
--B--1 La dégradation du cadre bâti
:
Une analyse de l'architecture de Rufisque fait ressortir deux
types de bâtiments : des hangars remarquables par leurs dimensions et
leur appareillage en pierres calcaires, et les maisons commerciales, anciennes
propriétés des établissements d'importation d'arachide,
dont les alignements et le dessin des façades donnent un
caractère exotique à la rue rufisquoise.
Ces constructions, usées par une forte exploitation ou en
ruine à la suite d'un abandon, se dégradent lentement sous
l'action du temps.
Photo 32 : exemples de dégradation du bâti
colonial
Déjà la majorité des toitures sont dans
un état de décrépitude très avancé. Le bois
qui supporte les tuiles mécaniques sont vieux et laissent entrevoir des
parties non couvertes par celles-ci. Il en est de même pour la structure
métallique qui est attaquée par la rouille à plusieurs
endroits.
Mais la dégradation de ce patrimoine est liée
à des facteurs de plusieurs ordres :
Ø Anthropiques : la principale cause de
dégradation de l'architecture est imputable à l'intervention
humaine sur le monument. En effet, l'activité commerciale de Rufisque,
même si elle occupe une place centrale dans l'économie urbaine,
contribue fortement à
détériorer l'image du paysage culturel. Elle a
favorisé des déplacements importants augmentant ainsi la pression
humaine dans cette zone.
Les étales des commerçants, dispersés de
part et d'autre, renforcent cette mauvaise image du paysage culturel (la
taudification gagne le centre-ville).
A cela s'ajoute les restaurations sauvages et multiples faites
dans l'ignorance totale des
règles de l'art, le manque d'entretien par insuffisance de
moyens ou par négligence.
Photo 33 : Utilisation du ciment sur un mur en pierre de
Rufisque
Ces restaurations sauvages sont l'Suvre des particuliers qui
interviennent dans l'architecture et leur importe peu la sauvegarde de
l'esthétique du bâtiment : la seule règle est de
s'accommoder selon ses moyens. « Aujourd'hui, les résidents
permanents s'adaptent aux contrariétés au détriment de
l'authenticité de l'architecture historique de leur ville. Les
restaurations et les réalisations bétonnées contribuent
grandement à la dénaturation du patrimoine
»29.
Ø Naturels : en dehors de l'intervention
humaine, on note également l'érosion côtière dont
les effets continuent de peser sur le patrimoine.
29 Rufisque-réalités urbaines. op. cit.,
p14
Photo 34 : « seccos » en ruines et structure
métallique rouillée
Les vestiges de la glorieuse période coloniale, ces grands
« seccos » ont subis les agressions de la mer et il ne reste que
quelques briques de « pierres de Rufisque» qui nous
rappellent le temps de la traite. Au large, on voit encore les
traces des trois wharfs d'embarcation gagnée par la mer.
Cette attaque de la mer touche également le métal
principal matériau utilisé dans l'armature des toitures de
nombreux bâtiments.
La digue qui devait servir de barrière à
l'avancé de la mer perd de son hauteur : à plusieurs endroits,
elle se confond presque avec le sol soit à 1 ou 2
mètres au dessus de celui-ci.
« Les inondations des mois d'été sont
dramatiques pour la conservation et le maintien de l'architecture du Centre
historique, en particulier pour le quartier Keury-souf. En
effet, pour remédier aux dégradations induites, les habitants du
centre obturent les portes et fenêtres du rez-de-chaussée en
plaçant une allège construite en blocs de béton enduit et
souvent mal mise en Suvre. Ces interventions dénaturent l'architecture
des constructions patrimoniales de l'Escale »30.
A l'heure où la population de Rufisque regarde avec
impuissance cet héritage tomber en ruine, un ensemble de mesures a
été pris pour y faire face et ces dernières entrent dans
la conservation et la valorisation du patrimoine culturel.
30 Rufisque-réalités urbaines. Idem
--B-2 Le Patrimoine classé rufisquois
:
Depuis que la Charte de L'UNESCO, adoptée
en 1972, a invité les Etats sur la
nécessité de préserver le patrimoine, l'Etat du
Sénégal, suite à un arrêté ministériel
pris le 27 mars 2003 conformément à l'article
71-12 du 25 janvier 1971 relatif au
classement des monuments historiques, a procédé à un
recensement des sites susceptibles de renfermer un quelconque
intérêt culturel.
Ainsi, un certain nombre de bâtiments et de monuments du
« vieux Rufisque » ont pu être classés patrimoine
national:
· Le bâtiment abritant le commissariat de police
localisé près de la route nationale ;
· Le bâtiment de l'inspection de l'enseignement
élémentaire Rufisque 1 ;
· Le bâtiment abritant le tribunal
départemental sis à la Rue Adama Lô ;
· La gare ferroviaire de Rufisque, le bâtiment
principal et les entrepôts ;
· L'imprimerie nationale ;
· L'ensemble constitué par le bâtiment
abritant la mairie, la salle des fêtes et dépendances ;
· La maison d'arrêt et de correction;
· L'ex-école normale des jeunes filles (actuel
lycée Abdoulaye Sadji) ;
· La grande mosquée de Keury Souf ;
· L'ex-usine Petersen près du terminus à
Keury Kao ;
· La place Joseph Gabard ;
· L'église Sainte Agnès de Rufisque.
Mais les inventaires déjà établis
désignent le plus souvent des monuments publics abritant une
administration propriété de l'Etat ou d'une collectivité
territoriale.
Les constructions privées sont exclues des listes de
sauvegarde malgré le grand intérêt historique qu'elles
renferment (par exemple la résidence de Maurice Guèye
(ancienne police municipale), la maison de séjour de
Serigne El hadj Malick Sy transformée en école
coranique à Keury Souf).
69
Les pouvoirs publics cherchent à protéger et
à entretenir leur administration en valorisant leurs acquis alors qu'il
y' a urgence à intervenir dans la réfection de certains
bâtiments qui présentent un grand intérêt
historique.
Ils sont nombreux ces maisons au style architectural particulier,
qui attire par leur forme et leur beauté mais dont l'image est atteinte
par l'état de décrépitude du bâti.
Ces maisons doivent aussi bénéficier de cet
arrêté ministériel car elles appartiennent au même
ensemble du centre historique et leur état actuel n'augure point
à améliorer l'image du paysage culturel de Rufisque.
Les bâtiments administratifs classés patrimoine
national sont dans un état de délabrement très
poussé, ce qui a conduit à la mise en route d'un programme de
réhabilitation et de réfection qui complète les objectifs
de classification visant la sauvegarde des monuments.
--B-3 Programme pour la valorisation culturelle
:
Tableau 2: projets de sauvegarde et de mise en valeur du
patrimoine culturel
Nature du projet
|
Maitre d'ouvrage
|
Partenaires
|
Couts/euros
|
Etat
|
Ville de Rufisque Maisons des maires
|
Ville de Rufisque
|
Ville de Nantes
|
95 000 #172;
|
En cours
|
Aménagement de la Place Gabard et de l'hôtel
|
Ville de Rufisque
|
Ville de Nantes
|
150 000 #172;
|
En étude
|
Centre d'artisanat et de culture africaine
|
Ville de Rufisque
|
Ville de Nantes
|
450 000 #172;
|
En étude
|
Aménagement de la rue Ousmane Socé Diop
|
Ville de Rufisque
|
Ville de Nantes
|
874 000 #172;
|
En étude
|
Aménagement du quartier de la gare
|
Ville de Rufisque
|
Ville de Nantes
|
200 000 #172;
|
En cours
|
CEDEPS
|
Ville de Rufisque
|
Ville de Nantes
|
90 000 #172;
|
En étude
|
Aménagement de la halle au poisson
|
Ville de Rufisque
|
Ville de Nantes
|
280 000 #172;
|
En étude
|
Aménagement du marché
|
Ville de Rufisque
|
Ville de Nantes
|
480 000 #172;
|
En étude
|
Aménagement halle aux viandes
|
Ville de Rufisque
|
Ville de Nantes
|
70 000 #172;
|
En étude
|
Source : Réalisation personnelle d'après le
document sur la sauvegarde et la valorisation du patrimoine culturel de
Rufisque.
L'analyse du programme de valorisation culturelle montre que
celle-ci ne concerne que les bâtiments administratifs et une grande
partie des structures du marché.
Ce programme est réalisé avec le concours de
l'école d'architecture de Nantes par le biais de la coopération
Rufisque-Nantes.
Mais parmi cette liste, du moins non exhaustive, deux
bâtiments sont en cours de réfection : La maison des maires et
d'après le constat actuel les travaux ont été interrompus
depuis longtemps.
Les travaux concernant le quartier de la gare se poursuivent et
certains ont été déjà achevés. Il ne faut
pas perdre de vue que ces travaux de réhabilitation et de
réfection exigent de grands
financements et que les coûts globaux estimatifs des
projets, ne permettent pas de les réaliser à court terme.
Si l'on mesure le degré actuel de vétusté du
bâti, il y'a urgence à intervenir le plus tôt possible pour
éviter tout risque d'accident (tout récemment une mesure de
délocalisation du lycée Abdoulaye Sadji a été
avancé par crainte d'effondrement du bâtiment mais les
élèves s'y sont opposés).
C'est le cas pour bon nombre de bâtiments, notamment vers
la place du marché, qui risquent aussi de tomber.
--B--4 L'héritage colonial, une opportunité
pour Rufisque ?
Force est de constater que l'héritage colonial rufisquois,
même si dans certaine situation bloque l'élan de la ville, peut
constituer une source de valorisation culturelle mais seulement s'il est bien
exploité.
En effet, le centre ville représente l'une des plus
grandes richesses architecturales du Sénégal dont la restauration
devrait permettre le développement d'activités touristiques et
ludiques.
Certes les autorités locales l'ont compris et font de leur
possible pour réussir le pari de faire figurer le nom de Rufisque sur la
liste du Patrimoine mondial, à l'instar de Saint-Louis
et de Gorée.
Pour ce faire, il faut déjà achever les travaux en
cours car il ne suffit pas seulement de mettre en place des structures à
usage touristique qui n'ont rien à valoriser sinon de vieux
bâtiments.
La priorité doit être donnée à la
revalorisation de l'image de la ville qui suppose déjà
l'implication des usagers du centre historique dans la nécessité
de préserver leur cadre de vie (des primes ou subventions pour les y
inciter).
Mais également mener des campagnes de sensibilisation sur
l'importance de la valorisation du patrimoine historique et enfin agir.
Victime de son histoire, Rufisque a hérité d'un
marché qui côtoie le centre historique et par là même
accentue la pression des hommes et des activités sur son
héritage.
Que deviendrait le « vieux Rufisque » avec son
marché délocalisé ?
Force est de constater que l'essentiel des dégradations
sont notées dans la zone du marché, et que la
délocalisation de celui-ci permettrait de mieux apprécier
l'état de décrépitude du bâti et réduire du
même coup la forte pression qui y est observée.
En attendant que cette valorisation du patrimoine voie le jour,
certains particuliers se sont appropriés leur propre espace et
l'exploitent selon leur vision de la modernité.
--C-- Entre sauvegarde et valorisation, la
modernité :
Cette situation nouvelle de la modernité s'observe petit
à petit dans l'espace du « vieux Rufisque » et prend une
dimension importante dans l'amélioration de son image.
71
C'est parce qu'elle se veut une composition entre
l'héritage colonial et une nouvelle orientation architecturale, en phase
avec le XXI ème siècle, qu'elle attire l'attention de
tout promeneur.
A Rufisque, on nous a toujours habitué avec une
architecture vielle depuis le temps de la traite et, marquant du coup une
certaine indifférence avec ce milieu qui nous parait si familier mais
qu'on distingue à peine.
Or, il est important pour tout individu, à travers les
différents signaux qui caractérisent son environnement, d'y voir
un signe d'appartenance culturelle ou sinon les soubassements de son
époque.
Aujourd'hui, la situation évolue au vue des nombreuses
constructions modernes qui voient le jour dans « le vieux Rufisque
».
Photo 35 : Le paysage de la modernité
Cette nouvelle disposition se matérialise soit par des
démolitions d'anciennes maisons, soit par la valorisation d'anciennes
friches, ou soit par la construction d'un étage supplémentaire,
mais moderne, sur les bâtiments coloniaux.
Dès fois même sous d'autres formes comme par exemple
l'emploi de matériaux modernes pour valoriser soit les portes ou les
fenêtres des maisons coloniaux.
Pour les nouvelles constructions, il n'est pas question de
reprendre les matériaux de l'architecture coloniale, ni le style mais la
tendance est surtout de varier, quitte même à démolir le
bâti.
Le style colonial n'est pris en compte que s'il s'agit de travaux
de réhabilitation de bâtiment à caractère culturel,
comme par exemple la réfection de l'école
élémentaire Ibra Seck, le bâtiment de
l'inspection d'académie de Rufisque 1, les bâtiments
administratifs etc.
On peut constater aussi que cette impression de modernité
se remarque, pour une grande part, le long de la route nationale et à la
périphérie de l'hôtel de ville.
Elle est le fait d'agences bancaires (Crédit mutuel ou
Pamécas), d'agences de la Sonatel et de la Sénélec, et de
bureaux d'assurances si l'on exclut les nouvelles maisons d'habitation.
Il en est autre vers la zone côtière et au
marché, où règne une image de grande vétusté
du bâti. Même si cette tendance de la modernité
évolue de jour en jour, elle ne peut masquer pour le moment l'image,
à certains endroits, d'une ville qui a fait son temps.
Cependant la nouvelle orientation architecturale montre qu'il y'a
de la place pour une redynamisation de l'image du « vieux Rufisque
».
Pour vendre cette image il faudra compter sur la valorisation des
nombreuses friches et cela peut contribuer au renforcement des fonctions de la
ville.
Une analyse des caractéristiques du paysage urbain de
Rufisque a été un prétexte afin de revoir le patrimoine
culturel dans son ensemble et également étudier cette nouvelle
image de mixité paysagère qui est entrain de voir le jour.
Rufisque rencontre de nombreuses difficultés, notamment
financières, pour sauvegarder son héritage colonial et valoriser
son patrimoine culturel, mais n'empêche qu'un programme de
réhabilitation est en cours d'étude et son application lui
permettrait de « redorer son blason touristique ».
L'espoir est permis depuis que les autorités
étatiques ont classé Rufisque comme patrimoine national et qu'un
regain d'intérêt pour la valorisation de l'héritage a vu le
jour. Mais le véritable défi, loin de figurer sur la liste du
patrimoine mondial, est l'application du programme de réhabilitation le
plus tôt possible afin de promouvoir la destination Rufisque et de lutter
contre la dégradation progressive de l'héritage culturel.
Cela passera par la réappropriation du paysage culturel
rufisquois, sinon une profonde mutation de ses fonctions ou de ses
structures.
73
TROISIEME PARTIE : LES MUTATIONS
FONCTIONNELLES
Les mutations fonctionnelles au centre-ville de Rufisque n'ont
connu leur importance que depuis quelques années.
En effet, la ville anciennement dominée par la fonction
administrative et commerciale, a été témoin ces
dernières années de la naissance de nouveaux secteurs
d'activités qui viennent renforcer sa nomenclature fonctionnelle.
La ville de Rufisque, véritable terrain d'expression de la
culture de l'arachide, symbole de la puissance des anciennes maisons de
commerce, s'est vue transformée en un espace de perpétuels
changements d'activités.
Cette mutation des fonctions s'est opérée
dernièrement à un rythme très rapide avec une
diversification de l'offre en services dans beaucoup de domaines, et la
création de nouveaux secteurs exploitables pour l'avenir de la ville.
Elle est une opportunité pour Rufisque
d'échapper à son héritage commercial et administratif, de
développer de véritables pôles de services et
d'activités variées, de devenir un authentique outil fonctionnel
capable de promouvoir de nouveaux pôles concurrentiels.
Elle est, en outre, à l'origine de nombreuses
recompositions des structures au niveau du centreville de Rufisque, qui a vu un
bon nombre de ses bâtiments faire l'objet de réaffectation et de
servir à d'autres fonctions.
Cependant avant de se prononcer sur la dimension que pourrait
prendre ces mutations fonctionnelles sur le renforcement des activités
de la ville, il serait prudent d'étudier d'abord leur nature et leur
forme.
A la fin de cette étude il nous sera plus aisé de
recadrer la véritable place du centre-ville de Rufisque, et de
réfléchir sur de nouvelles possibilités de renforcement
des structures.
Afin de bien réussir ce travail, il serait tout
à fait acceptable de prendre comme repère l'étude des
activités principales qui ont toujours marqué l'espace du
centre-ville de Rufisque. Partant de leur nature et de leur localisation, nous
pouvons répertorier toute activité récente qui peut entrer
dans le nouveau paysage fonctionnel de la ville.
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