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Etude du centre-ville de Rufisque, mutations fonctionnelles et caractéristiques du paysage urbain

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par Mamadou Aliou Diallo
UCAD - Licence 2009
  

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CHAPITRE III : Le Patrimoine culturel rufisquois

Rufisque, à l'image de nombreuses villes coloniales, comme Gorée, St-Louis, a hérité d'un patrimoine architectural qui témoigne encore d'une très longue période de colonisation et de l'expression d'une civilisation culturelle lointaine mais surtout étrangère.

Aujourd'hui toute l'histoire de Rufisque ne se résume que par cet héritage qui marque son espace culturel et symbolise en même temps l'achèvement d'une ère de dépendance coloniale.

--A-- De l'origine culturelle :

Une simple visite dans le centre historique de Rufisque et une contemplation de l'environnement culturel est suffisante pour voir apparaitre les premiers signes d'interrogations sur l'origine de ces formes qui s'offrent sous nos yeux.

Tant elles nous paraissent lointaines et méconnues, tant elles nous inspirent un retrait par rapport à nos pratiques culturelles.

Quelle est cet autre architecture qui envahie nos cités et transforme nos paysages ?

--A--1 Le style architectural:

Le style architectural qui domine l'espace culturel rufisquois est d'origine française et ne constitue qu'une simple réplique, une copie de celui développé dans la métropole.

On note cependant et dans une moindre mesure le style architectural portugais.

L'administration coloniale n'a pas cherché à développer une architecture propre à la colonie, s'inspirant des formes stylistiques locales, mais a jugé plus bénéfique d'importer les matériaux de construction afin de réduire les coûts financiers des travaux (hormis l'utilisation de la pierre de Rufisque).

Il ne faut pas perdre de vue que cette architecture coloniale a été sous l'autorité de l'administration qui a pu imposer ses réglementations et des modèles et qu'elle était alimentée en grande partie par le génie militaire.

On peut retrouver ce type de construction encore à Rufisque avec une architecture standardisée et les trames orthogonales des lotissements produisant un paysage monotone et des formes qui impriment un ordonnancement militaire.

Petit à petit cette architecture a évolué pour prendre d'autres dimensions avec l'installation de la famille, la venue des femmes et des enfants augurant l'introduction des «figures de la civilité bourgeoise, que les troupes, traditionnellement, ne véhiculent guère ».

Ce n'est que dans certaine partie du centre historique qu'on note « la production d'un habitat visuellement plus diversifié » et prenant en compte la promotion d'un style architectural nouveau.

Cette diversification des formes architecturales est sans doute une mesure qui vise à affecter une image particulière à chaque colonie et de proposer un cadre plus adapté à la vie familiale.

C'est dans ce cadre que le style architectural de Rufisque propose des formes très diverses :

En effet, à l'image des maisons mère des sociétés de commerce françaises situées à Bordeaux et à Marseille, et qui inspirent l'architecture de Saint-Louis, les constructions du quartier Keury-Kao disposent d'un étage prolongé par un long balcon suspendu et couvert. Au rez-de-chaussée, les boutiques pour le commerce.

Les maisons basses sont notées dans leur grande majorité à Keury Souf mais aussi dans certaines parties de Keury Kao.

Si le style architectural de Rufisque est très original dans la forme de ses maisons, il ne faut pas oublier non plus les matériaux qui le composent et qui lui donnent une toute autre dimension.

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--A-2 Les matériaux de l'architecture coloniale :

Ils sont divers dans l'ensemble mais la majorité est constituée de pièces produites depuis la métropole.

Parmi ceux-ci on peut noter la présence sur presque toutes les toitures du centre historique, des tuiles rouges (pour chaque îlot on dénombre au moins trois maisons avec une toiture en tuile mécanique).

« Ces toits en tuiles mécaniques manufacturées prés de Marseille et les volets en persienne montés sur des baies de grandes hauteurs nous rappellent les origines des commerçants (Marseille et Bordeaux) »27.

Sur une tuile mécanique on peut lire «Arnaud Etienne & Cie - St Henry /Marseille ».

On les recense sur presque tous les bâtiments administratifs, sur quelques maisons de Keury KaoKeury Souf et sur les toitures des hangars au marché.

A coté de la tuile on peut noter également l'utilisation du métal dans les constructions. «La structure du bâtiment repose sur une armature métallique, construite par les industries

françaises, exportée en pièces détachées dans toutes les colonies et assemblée sur place »28. Cette structure métallique permet de renforcer la solidité du bâtiment et offre la possibilité de construire en hauteur plus facilement.

Photo 31 : exemples de matériaux utilisés dans l'architecture coloniale

27 Rufisque-réalités urbaines. Direction des Services Techniques. Mai 2005

28 Sinou, Alain. op. cit., p316

Récemment des bâtiments ont fait l'objet de réfection et il n'a pas été question d'enlever cette structure métallique. Il ne s'agit que d'une tentative de réhabilitation qui conserve l'authenticité des constructions.

Le bois est un autre matériau qui entre dans la construction, utilisé au niveau des escaliers comme marchepied et parfois quand il s'agit d'une maison à étage comme plafond pour le rez-dechaussée.

Sur les murs de quelques maisons que l'érosion n'a cessé de détruire, apparaissent des briques d'une autre nature, de couleurs rougeâtres et aux dimensions plus petites.

S'il existe un matériau qui a vraiment joué un rôle important dans cette architecture c'est surtout « la pierre de Rufisque ».Son aspect résistant, sa disponibilité et la possibilité de l'utiliser partout, lui a donné une valeur inestimable.

Il a servi dans la construction des grands entrepôts de l'époque coloniale ou « seccos », destinés à la conservation de l'arachide.

Il est encore présent aujourd'hui dans le paysage rufisquois tant sa durée de vie est longue.

Sa trace se note dans les murs des maisons du centre historique, à l'usine Petersen où il constitue le seul matériau entrant dans la construction des unités de production, mais également au marché du centre-ville (halle aux poissons, marché légumes etc.).

Même s'il est vrai qu'au plan architectural, Rufisque n'a rien à envier aux autres villes coloniales et qu'il a tout à gagner en matière de valorisation de son patrimoine ; Le véritable défi auquel il est invité, est d'arriver à bien entretenir ce patrimoine culturel afin de le sortir dans son état actuel de décrépitude.

--B-- Etat actuel du Patrimoine :

La notion de patrimoine est ambiguë dans un pays marqué par un passé colonial, d'autant quand son héritage est une importation directe dénuée d'influences indigènes. Le temps aidant, les populations se sont approprié ces architectures étrangères. Habitées et exploitées, elles ont vécu au rythme et aux habitudes de la population indifférente au principe de conservation.

--B--1 La dégradation du cadre bâti :

Une analyse de l'architecture de Rufisque fait ressortir deux types de bâtiments : des hangars remarquables par leurs dimensions et leur appareillage en pierres calcaires, et les maisons commerciales, anciennes propriétés des établissements d'importation d'arachide, dont les alignements et le dessin des façades donnent un caractère exotique à la rue rufisquoise.

Ces constructions, usées par une forte exploitation ou en ruine à la suite d'un abandon, se dégradent lentement sous l'action du temps.

Photo 32 : exemples de dégradation du bâti colonial

Déjà la majorité des toitures sont dans un état de décrépitude très avancé. Le bois qui supporte les tuiles mécaniques sont vieux et laissent entrevoir des parties non couvertes par celles-ci. Il en est de même pour la structure métallique qui est attaquée par la rouille à plusieurs endroits.

Mais la dégradation de ce patrimoine est liée à des facteurs de plusieurs ordres :

Ø Anthropiques : la principale cause de dégradation de l'architecture est imputable à l'intervention humaine sur le monument. En effet, l'activité commerciale de Rufisque, même si elle occupe une place centrale dans l'économie urbaine, contribue fortement à

détériorer l'image du paysage culturel. Elle a favorisé des déplacements importants augmentant ainsi la pression humaine dans cette zone.

Les étales des commerçants, dispersés de part et d'autre, renforcent cette mauvaise image du paysage culturel (la taudification gagne le centre-ville).

A cela s'ajoute les restaurations sauvages et multiples faites dans l'ignorance totale des

règles de l'art, le manque d'entretien par insuffisance de moyens ou par négligence.

Photo 33 : Utilisation du ciment sur un mur en pierre de Rufisque

Ces restaurations sauvages sont l'Suvre des particuliers qui interviennent dans l'architecture et leur importe peu la sauvegarde de l'esthétique du bâtiment : la seule règle est de s'accommoder selon ses moyens. « Aujourd'hui, les résidents permanents s'adaptent aux contrariétés au détriment de l'authenticité de l'architecture historique de leur ville. Les restaurations et les réalisations bétonnées contribuent grandement à la dénaturation du patrimoine »29.

Ø Naturels : en dehors de l'intervention humaine, on note également l'érosion côtière dont les effets continuent de peser sur le patrimoine.

29 Rufisque-réalités urbaines. op. cit., p14

Photo 34 : « seccos » en ruines et structure métallique rouillée

Les vestiges de la glorieuse période coloniale, ces grands « seccos » ont subis les agressions de la mer et il ne reste que quelques briques de « pierres de Rufisque» qui nous

rappellent le temps de la traite. Au large, on voit encore les traces des trois wharfs d'embarcation gagnée par la mer.

Cette attaque de la mer touche également le métal principal matériau utilisé dans l'armature des toitures de nombreux bâtiments.

La digue qui devait servir de barrière à l'avancé de la mer perd de son hauteur : à plusieurs endroits, elle se confond presque avec le sol soit à 1 ou 2 mètres au dessus de celui-ci.

« Les inondations des mois d'été sont dramatiques pour la conservation et le maintien de l'architecture du Centre historique, en particulier pour le quartier Keury-souf. En effet, pour remédier aux dégradations induites, les habitants du centre obturent les portes et fenêtres du rez-de-chaussée en plaçant une allège construite en blocs de béton enduit et souvent mal mise en Suvre. Ces interventions dénaturent l'architecture des constructions patrimoniales de l'Escale »30.

A l'heure où la population de Rufisque regarde avec impuissance cet héritage tomber en ruine, un ensemble de mesures a été pris pour y faire face et ces dernières entrent dans la conservation et la valorisation du patrimoine culturel.

30 Rufisque-réalités urbaines. Idem

--B-2 Le Patrimoine classé rufisquois :

Depuis que la Charte de L'UNESCO, adoptée en 1972, a invité les Etats sur la nécessité de préserver le patrimoine, l'Etat du Sénégal, suite à un arrêté ministériel pris le 27 mars 2003 conformément à l'article 71-12 du 25 janvier 1971 relatif au classement des monuments historiques, a procédé à un recensement des sites susceptibles de renfermer un quelconque intérêt culturel.

Ainsi, un certain nombre de bâtiments et de monuments du « vieux Rufisque » ont pu être classés patrimoine national:

· Le bâtiment abritant le commissariat de police localisé près de la route nationale ;

· Le bâtiment de l'inspection de l'enseignement élémentaire Rufisque 1 ;

· Le bâtiment abritant le tribunal départemental sis à la Rue Adama Lô ;

· La gare ferroviaire de Rufisque, le bâtiment principal et les entrepôts ;

· L'imprimerie nationale ;

· L'ensemble constitué par le bâtiment abritant la mairie, la salle des fêtes et dépendances ;

· La maison d'arrêt et de correction;

· L'ex-école normale des jeunes filles (actuel lycée Abdoulaye Sadji) ;

· La grande mosquée de Keury Souf ;

· L'ex-usine Petersen près du terminus à Keury Kao ;

· La place Joseph Gabard ;

· L'église Sainte Agnès de Rufisque.

Mais les inventaires déjà établis désignent le plus souvent des monuments publics abritant une administration propriété de l'Etat ou d'une collectivité territoriale.

Les constructions privées sont exclues des listes de sauvegarde malgré le grand intérêt historique qu'elles renferment (par exemple la résidence de Maurice Guèye (ancienne police municipale), la maison de séjour de Serigne El hadj Malick Sy transformée en école coranique à Keury Souf).

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Les pouvoirs publics cherchent à protéger et à entretenir leur administration en valorisant leurs acquis alors qu'il y' a urgence à intervenir dans la réfection de certains bâtiments qui présentent un grand intérêt historique.

Ils sont nombreux ces maisons au style architectural particulier, qui attire par leur forme et leur beauté mais dont l'image est atteinte par l'état de décrépitude du bâti.

Ces maisons doivent aussi bénéficier de cet arrêté ministériel car elles appartiennent au même ensemble du centre historique et leur état actuel n'augure point à améliorer l'image du paysage culturel de Rufisque.

Les bâtiments administratifs classés patrimoine national sont dans un état de délabrement très poussé, ce qui a conduit à la mise en route d'un programme de réhabilitation et de réfection qui complète les objectifs de classification visant la sauvegarde des monuments.

--B-3 Programme pour la valorisation culturelle :

Tableau 2: projets de sauvegarde et de mise en valeur du patrimoine culturel

Nature du projet

Maitre d'ouvrage

Partenaires

Couts/euros

Etat

Ville de Rufisque Maisons des maires

Ville de Rufisque

Ville de Nantes

95 000 #172;

En cours

Aménagement de la Place Gabard et de l'hôtel

Ville de Rufisque

Ville de Nantes

150 000 #172;

En étude

Centre d'artisanat et de culture africaine

Ville de Rufisque

Ville de Nantes

450 000 #172;

En étude

Aménagement de la rue Ousmane Socé Diop

Ville de Rufisque

Ville de Nantes

874 000 #172;

En étude

Aménagement du quartier de la gare

Ville de Rufisque

Ville de Nantes

200 000 #172;

En cours

CEDEPS

Ville de Rufisque

Ville de Nantes

90 000 #172;

En étude

Aménagement de la halle au poisson

Ville de Rufisque

Ville de Nantes

280 000 #172;

En étude

Aménagement du marché

Ville de Rufisque

Ville de Nantes

480 000 #172;

En étude

Aménagement halle aux viandes

Ville de Rufisque

Ville de Nantes

70 000 #172;

En étude

Source : Réalisation personnelle d'après le document sur la sauvegarde et la valorisation du patrimoine culturel de Rufisque.

L'analyse du programme de valorisation culturelle montre que celle-ci ne concerne que les bâtiments administratifs et une grande partie des structures du marché.

Ce programme est réalisé avec le concours de l'école d'architecture de Nantes par le biais de la coopération Rufisque-Nantes.

Mais parmi cette liste, du moins non exhaustive, deux bâtiments sont en cours de réfection : La maison des maires et d'après le constat actuel les travaux ont été interrompus depuis longtemps.

Les travaux concernant le quartier de la gare se poursuivent et certains ont été déjà achevés. Il ne faut pas perdre de vue que ces travaux de réhabilitation et de réfection exigent de grands

financements et que les coûts globaux estimatifs des projets, ne permettent pas de les réaliser à court terme.

Si l'on mesure le degré actuel de vétusté du bâti, il y'a urgence à intervenir le plus tôt possible pour éviter tout risque d'accident (tout récemment une mesure de délocalisation du lycée Abdoulaye Sadji a été avancé par crainte d'effondrement du bâtiment mais les élèves s'y sont opposés).

C'est le cas pour bon nombre de bâtiments, notamment vers la place du marché, qui risquent aussi de tomber.

--B--4 L'héritage colonial, une opportunité pour Rufisque ?

Force est de constater que l'héritage colonial rufisquois, même si dans certaine situation bloque l'élan de la ville, peut constituer une source de valorisation culturelle mais seulement s'il est bien exploité.

En effet, le centre ville représente l'une des plus grandes richesses architecturales du Sénégal dont la restauration devrait permettre le développement d'activités touristiques et ludiques.

Certes les autorités locales l'ont compris et font de leur possible pour réussir le pari de faire figurer le nom de Rufisque sur la liste du Patrimoine mondial, à l'instar de Saint-Louis et de Gorée.

Pour ce faire, il faut déjà achever les travaux en cours car il ne suffit pas seulement de mettre en place des structures à usage touristique qui n'ont rien à valoriser sinon de vieux bâtiments.

La priorité doit être donnée à la revalorisation de l'image de la ville qui suppose déjà l'implication des usagers du centre historique dans la nécessité de préserver leur cadre de vie (des primes ou subventions pour les y inciter).

Mais également mener des campagnes de sensibilisation sur l'importance de la valorisation du patrimoine historique et enfin agir.

Victime de son histoire, Rufisque a hérité d'un marché qui côtoie le centre historique et par là même accentue la pression des hommes et des activités sur son héritage.

Que deviendrait le « vieux Rufisque » avec son marché délocalisé ?

Force est de constater que l'essentiel des dégradations sont notées dans la zone du marché, et que la délocalisation de celui-ci permettrait de mieux apprécier l'état de décrépitude du bâti et réduire du même coup la forte pression qui y est observée.

En attendant que cette valorisation du patrimoine voie le jour, certains particuliers se sont appropriés leur propre espace et l'exploitent selon leur vision de la modernité.

--C-- Entre sauvegarde et valorisation, la modernité :

Cette situation nouvelle de la modernité s'observe petit à petit dans l'espace du « vieux Rufisque » et prend une dimension importante dans l'amélioration de son image.

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C'est parce qu'elle se veut une composition entre l'héritage colonial et une nouvelle orientation architecturale, en phase avec le XXI ème siècle, qu'elle attire l'attention de tout promeneur.

A Rufisque, on nous a toujours habitué avec une architecture vielle depuis le temps de la traite et, marquant du coup une certaine indifférence avec ce milieu qui nous parait si familier mais qu'on distingue à peine.

Or, il est important pour tout individu, à travers les différents signaux qui caractérisent son environnement, d'y voir un signe d'appartenance culturelle ou sinon les soubassements de son époque.

Aujourd'hui, la situation évolue au vue des nombreuses constructions modernes qui voient le jour dans « le vieux Rufisque ».

Photo 35 : Le paysage de la modernité

Cette nouvelle disposition se matérialise soit par des démolitions d'anciennes maisons, soit par la valorisation d'anciennes friches, ou soit par la construction d'un étage supplémentaire, mais moderne, sur les bâtiments coloniaux.

Dès fois même sous d'autres formes comme par exemple l'emploi de matériaux modernes pour valoriser soit les portes ou les fenêtres des maisons coloniaux.

Pour les nouvelles constructions, il n'est pas question de reprendre les matériaux de l'architecture coloniale, ni le style mais la tendance est surtout de varier, quitte même à démolir le bâti.

Le style colonial n'est pris en compte que s'il s'agit de travaux de réhabilitation de bâtiment à caractère culturel, comme par exemple la réfection de l'école élémentaire Ibra Seck, le bâtiment de l'inspection d'académie de Rufisque 1, les bâtiments administratifs etc.

On peut constater aussi que cette impression de modernité se remarque, pour une grande part, le long de la route nationale et à la périphérie de l'hôtel de ville.

Elle est le fait d'agences bancaires (Crédit mutuel ou Pamécas), d'agences de la Sonatel et de la Sénélec, et de bureaux d'assurances si l'on exclut les nouvelles maisons d'habitation.

Il en est autre vers la zone côtière et au marché, où règne une image de grande vétusté du bâti. Même si cette tendance de la modernité évolue de jour en jour, elle ne peut masquer pour le moment l'image, à certains endroits, d'une ville qui a fait son temps.

Cependant la nouvelle orientation architecturale montre qu'il y'a de la place pour une redynamisation de l'image du « vieux Rufisque ».

Pour vendre cette image il faudra compter sur la valorisation des nombreuses friches et cela peut contribuer au renforcement des fonctions de la ville.

Une analyse des caractéristiques du paysage urbain de Rufisque a été un prétexte afin de revoir le patrimoine culturel dans son ensemble et également étudier cette nouvelle image de mixité paysagère qui est entrain de voir le jour.

Rufisque rencontre de nombreuses difficultés, notamment financières, pour sauvegarder son héritage colonial et valoriser son patrimoine culturel, mais n'empêche qu'un programme de réhabilitation est en cours d'étude et son application lui permettrait de « redorer son blason touristique ».

L'espoir est permis depuis que les autorités étatiques ont classé Rufisque comme patrimoine national et qu'un regain d'intérêt pour la valorisation de l'héritage a vu le jour. Mais le véritable défi, loin de figurer sur la liste du patrimoine mondial, est l'application du programme de réhabilitation le plus tôt possible afin de promouvoir la destination Rufisque et de lutter contre la dégradation progressive de l'héritage culturel.

Cela passera par la réappropriation du paysage culturel rufisquois, sinon une profonde mutation de ses fonctions ou de ses structures.

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TROISIEME PARTIE : LES MUTATIONS FONCTIONNELLES

Les mutations fonctionnelles au centre-ville de Rufisque n'ont connu leur importance que depuis quelques années.

En effet, la ville anciennement dominée par la fonction administrative et commerciale, a été témoin ces dernières années de la naissance de nouveaux secteurs d'activités qui viennent renforcer sa nomenclature fonctionnelle.

La ville de Rufisque, véritable terrain d'expression de la culture de l'arachide, symbole de la puissance des anciennes maisons de commerce, s'est vue transformée en un espace de perpétuels changements d'activités.

Cette mutation des fonctions s'est opérée dernièrement à un rythme très rapide avec une diversification de l'offre en services dans beaucoup de domaines, et la création de nouveaux secteurs exploitables pour l'avenir de la ville.

Elle est une opportunité pour Rufisque d'échapper à son héritage commercial et administratif, de développer de véritables pôles de services et d'activités variées, de devenir un authentique outil fonctionnel capable de promouvoir de nouveaux pôles concurrentiels.

Elle est, en outre, à l'origine de nombreuses recompositions des structures au niveau du centreville de Rufisque, qui a vu un bon nombre de ses bâtiments faire l'objet de réaffectation et de servir à d'autres fonctions.

Cependant avant de se prononcer sur la dimension que pourrait prendre ces mutations fonctionnelles sur le renforcement des activités de la ville, il serait prudent d'étudier d'abord leur nature et leur forme.

A la fin de cette étude il nous sera plus aisé de recadrer la véritable place du centre-ville de Rufisque, et de réfléchir sur de nouvelles possibilités de renforcement des structures.

Afin de bien réussir ce travail, il serait tout à fait acceptable de prendre comme repère l'étude des activités principales qui ont toujours marqué l'espace du centre-ville de Rufisque. Partant de leur nature et de leur localisation, nous pouvons répertorier toute activité récente qui peut entrer dans le nouveau paysage fonctionnel de la ville.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld