II-2-2 Productivité des facteurs.
Pour comprendre l'impact général des TIC sur le
niveau d'une PME, il est nécessaire de commencer par regarder l'impact
qualitatif de l'introduction des TIC dans le processus de production de la
structure. Les recherches dans ce sens ont permis de distinguer l'utilisation
des TIC pour automatiser les processus, pour fournir les meilleures
informations et pour transformer le processus entier (Zuboff, 1988). L'impact
de l'automation est premièrement la substitution directe au capital
travail, qui conduit elle-même à l'approfondissement du capital.
Par exemple, le caissier pour la chaîne de vente des provisions, utilise
l'ordinateur avec un système d'information.
La caractéristique d'adaptabilité permet
l'utilisation des TIC dans tout secteur de l'entreprise, leurs applications
répandues et leurs possibilités de s'adapter aux convenances
individuelles, facilite la complémentarité ou la substitution du
capital TIC avec le travail.
Les TIC sont aussi des outils de production qui affectent,
dans certains cas, les conditions même de la production de biens et
services : Amélioration des techniques et des systèmes de
production, évolution des logiques des tâches composant les
processus de production, rapprochement des fonctions de conception, production
et vente, intégration des technologies de production, incorporation des
clients et partenaires dans la gestion de production. Tout ceci concourt
à réduire les coûts de productions qui rendent l'entreprise
plus compétitive. Avec ces outils de production complémentaires,
les travailleurs sont plus productifs parce que le capital investi dans les
moyens de production mis à leur disposition a augmenté.
Ceci dit, les firmes ont plus de possibilité de
consacrer moins de moyens pour investir, mais comme les prix relatifs de ces
investissements diminuent, il doit en résulter une augmentation de la
part des investissements en termes réels. Donc en volume ou à
prix constants, les firmes investissent proportionnellement plus, tout en y
consacrant proportionnellement moins d'argent. Les conséquences de ceci
sont une
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hausse de la productivité du travail, aux prix quelques
fois de rationalisations, d'une substitution du travail par des technologies de
l'information et des communications.
Cette croissance de l'investissement n'est durable que si les
prix des TIC continuent à diminuer et que ceux-ci intègrent de
nouvelles innovations.
Les TIC permettent de réduire la
pénibilité du travail humain, en fait l'introduction des
équipements (ordinateurs, téléphone, fax, etc....) et
applications réalisant à la place des hommes des tâches
rebutantes offre des heures de travail supplémentaires qui peuvent
être exploitées à accroître la production. Les
tâches répétitives sont ainsi exécutées dans
les entreprises d'une manière transparente sans que l'on ne se rende
compte. Par exemple avec un système de gestion des ventes, on n'a plus
besoin de faire les opérations tous les soirs pour se rendre compte du
stock et des ventes journalières, aussi il devient plus facile et rapide
d'établir une facture au client.
Dans les relations à l'intérieur et avec
l'extérieur, les PME peuvent bénéficier de nombreux
avantages dus à la complémentarité et la
substituabilité du capital TIC.
Les TIC rendent le système d'information plus dynamique
et plus flexible, ce qui entraîne un gain de temps dans la circulation de
l'information tant en interne que entre les entreprises ; ceci en conservant
l'intégrité des données. Elles représentent ainsi
un dynamogène pour le système d'information (Régis
Meissonier, Décembre 1999). Elles offrent de ce fait la
possibilité aux décideurs d'une auto organisation de leur
système de décision, par l'apport d'une meilleure
adaptabilité du système d'information aux systèmes de
décision.
En définitive au niveau du système
d'information, on note une hausse de la productivité du travail pour la
saisie de l'information, donc baisse des coûts. Meilleure connaissance de
l'environnement, réactivité plus forte face à cet
environnement, amélioration de l'efficacité de la prise de
décision permise par une veille stratégique plus performante.
La formulation de la productivité du travail (Y/L)
découlant de l'équation 3 est :
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Y K
Ln ( ) = LnA Ln
+ a ( ) + aO x Equation 5
L L
Une interprétation du paradoxe de la
productivité est que, dans les deux dernières décennies, x
s'accroît mais (Y/L) baisse. Mais l'équation 5 montre que la
productivité du travail dépend aussi bien de l'intensité
du capital (K/L) que de la qualité du capital (x), ainsi cette recherche
n'aurait pas été paradoxale si l'approfondissement du capital
était décéléré.
En effet, au cas où il n'y a pas d'excès de
retour du capital TIC, on peut prétendre à une maximisation du
profit sous conditions de l'égalité entre ce que nous pouvons
appeler le taux de substitution de production marginale du capital TIC et le
ratio des
coûts d'utilisation du capital Tic et de celui non TIC i.e
2
R
2
où MPKi est la
MPK
production marginale du capital Ki, Ri est le coût
d'utilisation du capital Ki.
Il est bien possible que la substitution du capital travail ne
soit pas rentable dans les pays sous développés du fait des
coûts très faibles de la main d'oeuvre par rapport aux
dépenses d'investissement TIC. C'est en fait l'explication que donne
certains auteurs (Jason Dedrick, Viijay Gurbaxani, Kenneth L. Kraemer ,
Août 2002 ) pour justifier une possible rentabilité de cette
substitution dans le cas contraire (coût de main d'oeuvre plus important
que le coût des investissements TIC), c'est généralement le
cas des Pays développés.
Des études sur les entreprises ont montré que le
capital TIC était un vrai substitut au travail, car l'utilisation des
TIC permet à l'entreprise d'accroître sa production un peu plus
que le fait l'employé( Dewan and Min, 1997).
Toutes les facilités de production ne peuvent
être exploitées que si la PME emploie un personnel motivé,
dévoué et compétent. Tout cela est conditionné par
un meilleur suivi et un recrutement rationnel du personnel. Les applications
des TIC offrent des possibilités de gestion plus efficace des ressources
humaines.
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La structure de la production est beaucoup plus complexe que
ce qui a été utilisé dans les équations ci-dessus.
En effet, le facteur travail est hétérogène et la
production est aussi fonction des investissements intangibles
générés par les investissements de Recherche et
Développement passés). Ceci montre que la série des
variables adoptées à l'équation 3 est incomplète et
ne représente pas entièrement la liste des déterminants de
la productivité. Ainsi il devient plus probable que ce qu'on a
appelé paradoxe de la productivité devienne une erreur(Bill Lehr
et Frank lichtenberg, CSLS Avril 1997). Pour évaluer de manière
précise la productivité marginale des TIC, il est
nécessaire d'analyser les données d'entreprise comme l'ont fait
Brynjolffson et Hitt(1993), Lichtenberg (1995) et bien d'autres. Pour cela, il
est bon de considérer une version un peu différente de la
fonction de production :
Ln y
( ) = a LnK + a LnK + -- --
(1 a a ) LnL
0 0 1 1 0 1 Equation 6
En taux de croissance, ceci devient :
Y ? = a 0 0 a 1 1 (1 a
0 a 1 )
K + K + -- - L ' Equation 7
Où Y' désigne le taux de croissance de Y,
0K celui de K0 etc... La
contribution de la croissance des investissements en TIC sur la
croissance de la
production est a 1K? 1 .
Une autre évidence se présente aussi, il s'agit
du fait que le capital TIC peut bien être positivement
corrélé avec la qualité de la main d'oeuvre (c'est
à dire la part de l'expertise des travailleurs). Certains
résultats de recherche (Chennells and Van Reenen, 1999) ont
démontré que les travailleurs utilisant les TIC étaient
plus payés que leurs collègues non utilisateurs. Cela suppose que
la production varie non seulement avec la qualité du capital (x), mais
aussi avec la qualité du travail, que nous notons ici y :
LnPTF = LnA + aOx + (1 --a
)?y Equation 8 où y est la part des employés qui
ont
un expertise en TIC (y= L1 ). Si nous
échouons dans la prise en compte de la dépendance
L
de la production à y, alors nous obtiendrons l'estimation
du biais de a au cas où x et y
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sont corrélés. Nous pourrons considérer
l'évidence d'une corrélation positive entre
K1
l'utilisation des TIC et l'éducation (et les salaires). Ce
qui suggère que ( L ) et y sont
positivement corrélés. Cependant, la
corrélation entre x et y dépendra aussi du niveau
général de l'intensité du capital puisque
K K
? x
L L
Si nous supposons que
)( ) ( ) .
K ?
1
L
(1 K K
la corrélation entre x et y est donnée par '
(c'est à dire, x= ?y + E, ainsi nous pouvons
penser à la hausse du biais. La solution à ce problème
consisterait à prendre en compte la mesure de la qualité de la
main d'oeuvre.
Les difficultés de mesure de la
productivitéIl existe quelques difficultés dont il faudra
tenir compte lorsque nous voulons
mesurer l'impact des TIC sur la productivité.
Une première raison de l'échec de la mesure de
productivité des TIC réside dans le fait qu'il faut un temps
substantiel d'attente avant la réalisation du gain. Paul David (1990)
dit que, comme d'autres technologies, les TIC peuvent requérir un
changement substantiel pour que la complémentarité des
infrastructures (exemple : le Capital Humain et la connaissance, les
infrastructures globales de communication, etc.) soit établi avant que
son gain ne puisse se réaliser.
L'insuffisante capture adéquate des
améliorations de la qualité est une autre raison importante des
erreurs de mesure qui tendent à tirer vers le bas les estimations du
retour sur l'investissement TIC (Siegel, 1994). Si les prix reflètent
généralement le changement de qualité, utiliser les ventes
comme mesure de la production aidera à corriger ce problème, mais
réellement, les prix ne peuvent pas refléter entièrement
l'amélioration de la qualité.
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PARTIE II Chapitre 2 :
Conclusion
Conclusion
La caractérisation du concept des TIC a permis
d'identifier les différentes fonctions de celles-ci dans les PME.
D'autre part, l'examen de leur rôle dans ces PME a permis de se rendre
compte des apports bénéfiques de cette technologie dans le
système d'information d'une part, et dans la gestion des
activités propres de la structure d'autre part.
Cette capacité des TIC à améliorer la
circulation et le traitement de l'information, à soutenir le
système de production, à améliorer la gestion des
ressources dans les PME débouche sur la réduction des
coûts, sur l'amélioration de la qualité du service ou de
l'output, toute chose qui conduit à l'augmentation de la
productivité. Toutefois, cette amélioration de la
productivité n'est pas toujours facilement perceptible, car il y'a quand
même quelques difficultés liées à la mesure de
celle-ci.
En définitive, le caractère unique des TIC fait
de cette technologie un outil indispensable proposé aux PME pour leur
fonctionnement et pour l'accroissement de leur productivité.
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