II-2 TIC et croissance de la productivité
A la suite de l'importance de la productivité pour la
PME, il nous revient maintenant de montrer comment les TIC influencent
celle-ci. Ainsi, nous allons montrer l'influence des TIC sur la
productivité multifactorielle d'une part, et sur la productivité
du travail d'autre part.
II-2-1 La productivité multifactorielle
Nous admettons que Les TIC sont la courroie de transmission
par excellence de l'innovation. En d'autres termes, qu'elles sont le meilleur
outil pour innover. Lorsqu'une innovation est valorisée, les
retombées positives ne se font pas attendre : en effet, la
productivité d'une entreprise s'accroît en conséquence. Il
a été démontré que la productivité des
entreprises novatrices augmente plus rapidement que celles du reste de
l'économie (Griliches-Mairesse(1990), Lichtenberg-Siegel(1991)H,
all-Mairesse(1995), Harhoff(1998), Crépon-Duguet-airesse 1990). Cela
peut s'expliquer par le fait que l'innovation rend l'entreprise plus dynamique,
plus créative et plus audacieuse pour tout ce qui concerne les nouvelles
idées et l'utilisation des nouvelles technologies.
Ainsi, il apparaît clairement que les investissements
dans les TIC poussent les entreprises à innover, ce qui,
conséquemment, accroît la productivité et la
prospérité de ces dernières. L'innovation et sa
valorisation, grâce aux TIC, deviennent donc des éléments
primordiaux.
Le progrès technique non incorporé se
reflétera dans la croissance de la PMF quand il s'agit de progrès
des connaissances scientifiques et de la diffusion du savoir et du
savoir-faire. On pense par exemple à une meilleure gestion des
entreprises et au changement organisationnel. La PMF devrait également
comprendre les effets de retombée du capital et du travail, par exemple
les effets de réseau résultant de l'investissement dans les
technologies de l'information. (Mesurer la productivité, Paul Schreyer,
Dirk Pilat ; numéro économique de l'OCDE,
n°33 2001/2).
La diffusion des TIC dans les branches Utilisatrices de TIC
conduit à une progression de la PMF, ces technologies permettant une
plus grande efficience de la 33
mise en oeuvre conjointe du travail et du capital. C'est ainsi
que l'on a observé qu'aux États-Unis, les branches ayant le plus
investi dans les TIC, comme le commerce et les services financiers, ont connu
une croissance de la PMF plus rapide que les autres branches d'activité
(C. Rigo, 2005). Toutefois, pour qu'elle produise pleinement ses effets,
l'utilisation des TIC doit être associée à des
investissements complémentaires en matière de compétences
appropriées.
La productivité des TIC sur la croissance de la
productivité peut être incorporée ou non.
L'hypothèse d'une approche croissance de
productivité est que : la production Y est une fonction exponentielle
des facteurs (intrants) capital (K) et le travail(L) avec le paramètre A
qui est le multiplicateur technologique, tout ceci se rapporte à la
fonction de production de Cobb-Douglass suivante : Y = a 1 ?
a
AK L
Dans cette formulation, la productivité multifactorielle
(PMF) est définie de la manière suivante :
Y
PMF= K L
a 1 ? a
|
= A Equation1
|
De ce point de vue, les TIC contribuent sur la
productivité par l'augmentation du coefficient A, qui fait grimper
proportionnellement la productivité de chaque facteur. Cet effet n'est
possible que si la principale fonction des TIC est d'améliorer la
coordination en permettant d'augmenter la production avec les mêmes
intrants. Bien que ceci peut expliquer une partie du gain d'utilisation des
TIC, il faut aussi noter la contribution directe des TIC comme progrès
technique, car du faite du caractère générique de cette
technologie, elle est plus productive que tout autre type d'intrant.
Dans les innovations majeures, comme le chemin de fer et
l'électricité, on a connu des scénarios semblables, comme
le montrent certaines études récentes: d'abord le changement
technologique accroît la croissance de la productivité dans le
secteur innovateur; ensuite, la chute des prix encourage les rationalisations
dans les secteurs utilisateurs, et, finalement, il peut y avoir des vagues de
réorganisation dans les secteurs
34
utilisateurs. Ces gains d'efficience ont été les
effets dominants à long terme. Au début du processus, les espoirs
qui naissent de la nouvelle technologie sont exubérants, conduisant
à des excès boursiers comme la tulipo mania au XVIIème
siècle ou la railway mania au XIXème siècle (des actions
des sociétés de chemin de fer au RoyaumeUni sont passées
de l'indice 200 en 1845 à l'indice 60 en 1850) ou la TIC mania
aujourd'hui10.
Une façon de représenter la prise en compte du
progrès technique incorporé est de modéliser la production
ainsi :
1 ?
Y= A x [ ( ) ] a
K 1 L Equation 2
--
K 0 1
+ + 0
Où le capital (K) est décomposé en capital
TIC ( K1 ) et capital non TIC ( K0 ) (
K0 = K - K1 ).a est
l'élasticité de la production par rapport au stock du capital
effectif [ K 0 + (1 + 0
)K1] , et 0 est le
paramètre qui mesure « l'excès de productivité
»
du capital TIC relative au capital non TIC (
K0 ).En introduisant le logarithme, l'équation 2
devient
LnY= LnA + a LnK +a Ln(1+0 x) +
(1-a )LnL Equation3
avec X=
|
K1 qui représente la part du
capital TIC dans le stock de capital total. Ceci
K
|
donne la formulation suivante de la PMF : LnY= LnA + a 0
x Equation 4
L'équation 4 montre bien que l'augmentation de
l'intensité (x) des TIC pourra faire grimper la productivité
multifactorielle seulement si les TIC sont plus productives que tout autre type
de capital11.
10 Exposé donné à l'occasion de la
conférence sur la société de l'information et
cohésion économique et sociale Bruges, 13 et 14 septembre 2001
11 L'hypothèse que la production marginale des TIC est
supérieure à 0 est : a > 0 etO > -- 1
35
|