Evaluation de la participation des populations au débat foncier dans le département de Padéma( Télécharger le fichier original )par Inoussa MAIGA Université de Ouagadougou - Maitrise en scientes et techniques de l'information et de la communication 2010 |
IV. 2. 3. Les oubliés de la participationL'axe de formalisation des accords fonciers locaux est, le moins que l'on puisse dire, une affaire d'hommes. Le débat a surtout mis en confrontation les intérêts des autochtones détenteurs de maîtrise foncière coutumière et ceux des migrants. Dans ce « combat de titans », les femmes aussi bien autochtones que migrantes n'ont pas été suffisamment impliquées. Ignorées ou oubliées, elles « attendent » la formalisation des accords entre les hommes afin qu'elles entreprennent leurs activités en toute quiétude et en sachant à quoi s'en tenir véritablement. Pour la femme, le seul moyen d'obtenir un lopin de terre, c'est son époux. Aussi se trouvent-elles reléguées au second degré dans les négociations pour la formalisation des accords. Les jeunes non mariés sont encore moins impliqués. La quasi-totalité des enquêtés ignore complètement ce qui se passe. Pour eux, c'est l'affaire des chefs de familles. Ont-ils seulement l'assurance d'avoir de la terre dans l'avenir? Certains s'estiment déjà condamnés à la migration. « Le débat, c'est entre les vieux. Ce sont eux qui ont des champs. Nous on a rien, donc on ne peut rien dire là-bas. On n'a pas d'avenir ici »70(*). Au terme de l'analyse de la participation sur l'axe de formalisation des accords fonciers locaux, il convient de nuancer les oppositions trop frontales. Dans ce type de négociations, on aurait tendance à opposer les autochtones aux migrants. Pourtant au cours de ce processus, les autochtones membres des familles fondatrices et les migrants de première génération ont réussi à collaborer sans problème et à trouver des accords qui arrangent chacune des deux parties: l'accord de jouissance permanente. Au bout du compte, les autochtones de « second degré » et les migrants de « deuxième génération » se trouvent plus ou moins lésés par ces accords. Eux ne peuvent prétendre véritablement qu'à un prêt à durée déterminée. On peut affirmer qu'ils ont été moins intégrés dans les discussions. Dans ce processus, les femmes et les jeunes non mariés n'ont pas été suffisamment impliqués. Il semble que ces deux catégories d'acteurs n'aient pas leur destin en main. * 70 Koalga Issouf, jeune mossi rencontré à Djigouèma |
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