IV. 2. Les insuffisances
La réflexion sur la formalisation des accords a
engrangé des acquis considérables. Toutefois, il y a lieu de
s'interroger sur le caractère participatif du processus. Les accords
sont-ils le fruit d'une participation réelle de tous les acteurs?
N'existe-t-il pas des catégories de la population qui se trouvent
oubliées, délaissées voire sacrifiées par ces
accords de formalisation?
IV. 2. 1. « Migrants
de première génération » / « migrant
de deuxième génération »
A travers ces accords tels que conclus, les migrants peuvent
se trouver avantagés par les accords de jouissance permanente et
désavantagés, dans une certaine mesure, par les prêts
à durée déterminée. Les migrants de première
génération, qui ont le plus souvent acquis leurs terres par
défrichement, se sont vu accordér la jouissance permanente. Ils
pourront donc profiter de façon permanente, de la sécurisation
qu'elle offre. Leur situation diffère de celle des migrants qui sont
arrivés par la suite et qui ont le plus souvent obtenu leurs terres sur
d'anciennes jachères: les migrants dits de deuxième
génération. Eux ne pourront prétendre qu'à un
prêt à durée déterminée. Quand le prêt
arrivera à terme, il leur faudra trouver d'autres terres. Pour ceux qui
n'y parviendront pas, la seule issue sera de partir. Aussi les migrants de
première génération sont-ils plus avantagés. Des
groupes de migrants, eux seuls, auront réussi à se
sécuriser à long terme, peut-être au détriment des
autres migrants. En vérité, les migrants de première
génération sont mieux intégrés et
bénéficient ainsi, d'une plus grande légitimité
dans le processus de participation.
IV. 2. 2.
« Autochtones de premier degré » /
« autochtones de second degré »
Ce qui se passe au sein du grand groupe de migrants se passe
également entre les différents lignages et familles
d'autochtones. Tous les autochtones Bobos ne sont pas traités de la
même manière. Les autochtones qui n'appartiennent pas aux familles
fondatrices et qui ont été installés par d'autres
autochtones n'ont pas de représentants au sein des GR. Quoi de plus
normal, que certains ne se sentent pas pris en compte ou s'estiment
floués. Les autochtones de second degré jouissant de droits de
gestion délégués ont pu prêter des terres à
des migrants. Du coup, eux aussi se trouvent avantagés par les
prêts à durée déterminée. Toutefois, ils se
trouvent potentiellement désavantagés par l'attestation de
possession foncière qui leur est refusée. En effet, ils ne sont
pas détenteurs de droits coutumiers sur la terre. Ils ne pourront donc
prétendre qu'à la jouissance permanente qui leur offre moins
d'avantages que la possession foncière. Ceux qui ont été
installés sur des jachères devront se contenter de contracter des
prêts à durée déterminée: leur statut de
migrant est ainsi conforté.
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