CONCLUSION GENERALE
La quête de la reconnaissance sociale entretient-elle
une relation avec les stratégies d'insertion professionnelle dans le
domaine de l'insertion professionnelle ? Tel a été le fil
conducteur au moment où nous démarrions cette recherche. Au cours
du voyage devant nous conduire à la réponse à cette
question, deux escales importantes ont été envisagées,
question de nous procurer les nécessaires provisions pour le voyage. La
gare d'embarquement était constituée des observations empiriques
inhérentes à toutes ces déviances sociétales
(prolifération des sectes, pratique de l'homosexualité, «
droit de cuissage», etc.). Ces dernières sont en rapport avec le
questionnement sur les pratiques tant sectaires que sexuelles relayées
en grande pompe par les médias.
Le premier point d'ancrage était la littérature
sur les principales notions en relation avec le sujet d'étude. Y ont
été identifiés, les principaux concepts en rapport avec le
thème central de notre recherche à savoir le besoin d'estime
sociale chez les jeunes demandeurs d'emploi. Le choix de cette population se
trouve dans les statistiques liées au chômage dans lesquelles les
jeunes tiennent le haut du pavé. Au sortir de cette étape, nous
nous sommes orientés vers notre domaine d'étude, la psychologie
sociale pour nous enquérir de la considération à ce
thème accordée. Cet exercice a permis de constater que les
recherches sur le besoin d'estime sociale ont un fondement en psychologie
sociale. On le situe dans le domaine de la motivation et principalement sur les
approches théoriques des besoins.
Fort de ces constats, nous avons posé le
problème de l'étude : la présumée relation entre le
besoin d'estime sociale et les stratégies d'insertion professionnelle.
Aussi, la question de recherche posée était la suivante :
Existe-t-il un lien entre le niveau de besoin d'estime sociale et les
stratégies d'insertion professionnelle ? A cette question de recherche,
une réponse provisoire a été donnée. Elle constitue
notre hypothèse générale, libellée ainsi que suit :
Il existe un lien entre le besoin d'estime sociale et les stratégies
d'insertion professionnelle. L'opérationnalisation de cette
hypothèse a donnée lieu à trois hypothèses de
recherche. Ce sont :
HR1 : Il existe un lien entre le fort besoin
d'estime sociale et les stratégies d'insertion professionnelle
HR2 : Il existe un lien entre le moyen
besoin d'estime sociale et les stratégies d'insertion
professionnelle
HR3 : Il existe un lien entre le faible
besoin d'estime sociale et les stratégies d'insertion
professionnelle.
Le second point d'ancrage nous a mené sur le terrain
pour collecter les données nécessaires à la
vérification des hypothèses. Devant travailler avec les
demandeurs d'emploi, notre investigation nous a conduit au FNE, retenu comme
cadre d'étude. Ont en définitive constitué
l'échantillon, 110 sujets obtenus par la méthode
d'échantillonnage aléatoire. Ce sont des jeunes, demandeurs
d'emploi, diplômés de l'enseignement supérieur.
L'instrument de collecte de données, l'inventaire d'estime de soi
sociale (IES) de Bouvard, a été adapté pour permettre une
application de nos facteurs dans la détermination des différents
niveaux de besoin. Ces niveaux sont issus du score global obtenu à
partir des items inhérents au dit besoin d'estime sociale.
Les données collectées ont été
saisies sur le logiciel informatique Excel, puis ont été
transportées pour exploitation vers le logiciel statistique SPSS version
10.0
L'outil d'analyse retenu pour la vérification des
hypothèses était le test du coefficient de corrélation
d'échantillon de Bravais-Pearson. Les résultats ci après
ont été obtenus.
En ce qui concerne l'hypothèse de recherche
no 1, il existe un lien entre le fort besoin d'estime sociale et
les stratégies d'insertion professionnelle, le test de
corrélation indique une relation positive entre la variable
indépendante et la variable dépendante. Cette relation est
faiblement significative.
Pour ce qui est de l'hypothèse de recherche
no 2, à savoir il existe un lien entre le moyen besoin
d'estime sociale et les stratégies d'insertion professionnelle, la
relation est, elle aussi, positive mais faible en terme de signification.
La dernière hypothèse de recherche
intitulée, il existe un lien entre le faible besoin d'estime sociale
et les stratégies d'insertion professionnelle, n'est pas
vérifiée car elle est invalide du point de vue statistique. Cette
situation est inhérente au fait qu'il n'existe qu'un seul sujet chez qui
s'exprime le faible besoin d'estime sociale, dans notre échantillon.
Dès lors, la méthode d'analyse conseillée est une analyse
de contenu soutendue par un entretien comme instrument de collecte de
données, entre autres.
Les hypothèses de recherche no 1 et
no 2 étant confirmées et dans l'ensemble
significatives, l'hypothèse générale est confirmée
: il existe un lien entre le niveau de besoin
d'estime sociale et les stratégies d'insertion
professionnelle des jeunes demandeurs d'emploi.
De ces résultats, quelques observations peuvent
être dégagées. Premièrement, seules deux dimensions
du besoin d'estime sociale s'expriment majoritairement dans notre
échantillon. Ce sont le fort et le moyen besoin d'estime sociale. Ceci
est en confirmation le développement de la question du pouvoir financier
dans notre contexte au mépris des valeurs éthiques et morales qui
fondent la vie sociale et déterminent, par conséquent, l'individu
qui s'y meut. C'est dans cette optique que s'inscrit, à notre sens,
l'usage des stratégies informelles. Ainsi, avons-nous constaté
que plus le besoin d'estime sociale croît, plus la tendance est à
l'utilisation des stratégies informelles d'insertion professionnelle
reléguant par là même la qualification et la
compétence, maîtres mots du discours officiel et par ricochet, des
stratégies formelles. Secondairement, nous constatons que
l'environnement social est un facteur coercitif favorable à l'usage d'un
type de stratégies. Aussi, les stratégies sont liées au
contexte et les jeunes s'orientent en fonction de la donne sociale en terme
d'offres professionnelles. Ceci revient à dire que ce travail ne saurait
être généralisable du fait du fait de l'emprise de
l'environnement dans le choix des stratégies.
Cependant, au plan théorique, il convient de dire que
l'approche stratégique dans l'insertion professionnelle doit prendre en
compte la notion de motivation en général, et en particulier le
besoin d'estime sociale. Ce dernier ne s'inscrivant pas dans la perspective de
Maslow par une succession hiérarchique, il correspond davantage au
schéma d'Alderfer et se situe au niveau II, le besoin de rapports
sociaux, sans prise en compte d'une quelconque préséance. En
outre, il convient à l'approche stratégique de s'inscrire dans la
contextualisation des démarches d'insertion professionnelle afin
d'accroître son efficacité. C'est, en définitive, sous cet
angle que nous entreprenons d'axer nos recherches à venir.
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