CONCLUSION
GÉNÉRALE
Au terme de ce travail, nous pouvons dire que l'alcool est
une drogue dont la nocivité n'est plus à mettre en doute.
D'après l'OMS, l'alcool fait partie des premiers risques de
morbidité et de mortalité dans le monde. La revue de la
littérature montre que les théories économiques expliquent
parfaitement la corrélation qui existe entre les problèmes de
santé et d'éducation au Cameroun. De plus, pour lutter contre la
consommation d'alcool, les économistes de la santé proposent aux
pouvoirs publics d'interdire la commercialisation ou de taxer fortement les
boissons alcoolisées. Les victimes de l'alcool doivent être prises
en charge rapidement car l'alcool a un fort effet de dépendance. En
dépit des nombreuses mesures de prévention contre l'alcoolisme,
initiées par certains agents économiques, le marché des
boissons alcoolisées se porte très bien. L'offre et la demande
sont sans cesse croissantes. Or, la consommation d'alcool détruit
l'organisme, cause des troubles familiaux, occasionne des déperditions
scolaires... ; il s'agit d'un véritable problème de santé
publique.
Par ailleurs, cette étude nous a permis
d'apprécier les attitudes alcooliques des jeunes scolaires.
D'abord, nous observons que la majorité des
scolaires (30% de l'ensemble) ont entre 15 et 18 ans. De plus, le nombre
d'apprenants par classe décroît de la 6ème (145
élèves) en 1ère (137 élèves).
Mais les élèves, sous l'effet des échecs au BAC, culminent
en classe de terminale (160 élèves). Par ailleurs, la plupart des
parents offrent à leurs enfants (44,7%) un enseignement public à
moindre coût.
Ensuite, concernant la consommation des boissons
alcoolisées, nous apercevons que la proportion des garçons
ayant déjà goûté à l'alcool (84,3%) est
supérieure à celle des filles (82,4%). La majorité des
apprenants (36,6%) ont commencé à prendre de l'alcool entre 6 et
12 ans à l'école primaire. Ce sont la curiosité (42,5%),
les initiations en famille (35,6%) et par les amis (15,3%) qui sont les
premiers motifs de consommation d'alcool. Actuellement, la
quasi-totalité des élèves (83,5% des garçons et
81,5% des filles) sont des buveurs d'alcool. Environ 20% d'entre ces derniers
dépensent au moins 10 000 FCFA par mois dans l'achat des boissons
alcoolisées. Ces élèves buveurs d'alcool connaissent de
graves difficultés sanitaires dont 32% sont victimes de l'alcoolisme
aigu, 30,4% sont en phase de dépendance et 3,7% des buveurs ont
déjà connu la cirrhose alcoolique. De même, les
élèves consommateurs (12,5%) ont de graves difficultés
scolaires liées à l'alcool, entre autre, 3,7% ont
déjà négligé ou interrompu un cours.
Généralement les élèves
n'achètent pas les alcools qu'ils boivent avec leur argent de poche ;
ils consomment grâce aux offres de leurs aînés et amis
(78,7%). C'est avec l'argent donné (à d'autres fins) par les
parents que les majorités des élèves (72,7%) offrent
souvent à boire.
En outre, les politiques de vente des alcooliers n'influencent
pas beaucoup les prises d'alcool ; alors que 38% des apprenants sont sensibles
à la promotion des ventes, seuls 13,6% des buveurs trouvent que les
supports publicitaires sont agressifs. De plus, la consommation d'alcool est
imputée à d'autres risques corporels, puisque la moitié
des élèves (53,9%) aiment boire à des heures tardives
(entre 19 h et 05 h) accompagnés de leurs pairs (50,9%).
Par ailleurs, c'est pendant les fêtes, les foires et les
manifestations que la plupart des élèves se soûlent
« la gueule », soient 32,7%. D'autres élèves
boivent souvent dans des domiciles privés (26,8%). En plus, les
apprenants affirment généralement qu'ils ne connaissent pas la
raison de leur engouement à l'alcool (41,7%).
Concernant la lutte contre l'alcoolisme juvénile, c'est
la politique d'augmentation des prix qui fonctionne le mieux (61,5% des
élèves trouvent la boisson chère). Seuls 29,8% des
scolaires prétendent qu'il n'y a aucun débit de boisson dans le
voisinage de leur établissement et 7% se sont souvent vu refuser la
vente de boissons alcoolisées. Alors que la majorité des
enseignants (54%) abordent souvent des problèmes d'alcoolisme dans les
salles de classes, les parents (57,4%), quant à eux, ne font pas
attention aux prises d'alcool de leurs enfants. Généralement les
élèves connaissent les personnes alcooliques (83,9%), mais la
plupart (53,8%) ne tiennent pas à arrêter leur consommation
d'alcool. De plus, la ténacité à rester dans l'alcool
croit en fonction de la classe fréquentée (de 41,2% en
6ème à 66,4% en terminale).
Enfin, l'analyse des différentes variables montre que
l'âge, la religion, l'état matrimoniale du chef de ménage,
le niveau d'étude, le nombre de redoublement, la connaissance des
hallucinations auditives en cas d'ivresse, la première prise d'alcool et
la consommation du tabac pourraient expliquer le fait pour un
élève d'être consommateur d'alcool ou non. L'analyse en
correspondances multiples (ACM) indique, quant à elle, une nette
opposition entre les habitudes alcooliques des élèves
âgés du second cycle qui consomment beaucoup d'alcool par rapport
à leurs cadets. De plus, les élèves des familles
désunies et ceux ayant connu un nombre élevé
d'échecs sont plus disposés à consommer des alcools.
L'application du modèle LOGIT nous a conduit à proposer un
modèle de la situation de consommation d'alcool ou non dont les
variables exogènes sont l'âge, la situation familiale, la
première prise d'alcool et la consommation du tabac.
Au vu de ce qui précède nous suggérons
que :
Ø les autorités compétentes mettent
plus de rigueur sur les politiques antialcooliques telles que l'interdiction de
vente des boissons alcoolisées aux alentours des établissements
et l'augmentation des prix des alcools ;
Ø le Comité National de Lutte contre la Drogue
(CNLD) intervienne dans les établissements ;
Ø les élèves bénéficient de
plus d'assistances sociales qui les écoutent et leur proposent des
solutions aux problèmes familiaux ;
Ø les méthodes de prévention des
enseignants soient améliorées par des séminaires. Les
enseignants sont parmi les premières personnes qui peuvent sensibiliser
les élèves ;
Ø les parents s'activent à lutter contre
l'alcoolisme en portant plus d'attention aux difficultés de leurs
enfants ;
Ø les élèves prennent conscience du grave
danger que constitue l'alcoolisme pour leur santé et leur
éducation. L'avenir du Cameroun est entre leur main.
En définitive, en croyant avoir apporté notre
modeste contribution à la lutte contre l'alcoolisme, nous avons
terminé ce mémoire avec un sentiment de satisfaction. Cependant,
cette étude peut être approfondie en traitant les problèmes
spécifiques de consommation d'alcool dans le premier ou le second cycle,
des garçons ou des filles ; des drogues en générale ou des
rapports sexuels à risque.
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