PROBLEMATIQUE ET
METHODOLOGIE
CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE, HYPOTHESES ET OBJECTIFS DE
RECHERCHE
1.1. Contexte général
Le changement climatique est un processus naturel qui
a lieu simultanément à différentes échelles
chronologiques (astronomique, géologique et décennale). Il
concerne la variation au fil du temps du climat mondial ou des climats
régionaux, et peut être causé à la fois par des
forces naturelles et des activités humaines. Or, il semblerait que le
climat actuel à l'échelle mondiale est en pleine mutation.
Ce changement climatique serait consécutif
d'après les données du GIEC (2001) à l'augmentation des
températures mondiales moyennes observée depuis la moitié
du vingtième siècle, phénomène connu sous le nom de
réchauffement de la planète. Celui-ci serait
probablement dû, dans une large mesure, à l'activité
humaine, notamment le brûlage de combustibles fossiles et la
déforestation qui ont accru la quantité de gaz à effet de
serre présents dans l'atmosphère. Le réchauffement est,
à son tour, responsable des changements spectaculaires auxquels nous
assistons : cyclones de plus en plus violents, sécheresses
fréquentes, inondations, hausse du niveau de la mer, etc.
En un siècle, la température moyenne du globe a
augmenté de 0,74 °C. Ce chiffre apparemment faible est pourtant
lourd de conséquences. Ce sont surtout les régions de
l'hémisphère Nord qui se sont réchauffées ; elles
connaissent moins de jours très froids en hiver et plus de
journées très chaudes en été. Depuis 1993, le
niveau de la mer monte en moyenne de 3,1 mm par an. Depuis l'ère
industrielle et les années 1900, il pleut nettement plus en
Amérique du nord et du sud, en Europe du nord et en Asie centrale, et
moins en Asie du sud-est, sur le pourtour méditerranéen et au
Sahel. Les cyclones tropicaux intenses sont plus nombreux en Atlantique Nord.
Si ces faits sont maintenant avérés et les chiffres formels, les
causes précises, elles, sont plus difficiles à déterminer
(CTA, 2008).
Ces dérèglements climatiques ont de plus en
plus des conséquences évidentes sur les activités
humaines.
1.2. Conséquences
générales liées aux changements climatiques
Les pays de l'hémisphère Nord, qui subissent
actuellement le réchauffement le plus marqué, ne sont pourtant
pas les plus pénalisés. La chaleur accrue allonge la
période de végétation des arbres et des plantes. Les
espèces qui ne poussaient qu'au sud de ces pays remontent vers le
nord.
Ce sont les zones tropicales sèches, déjà
fragilisées par la pression démographique, qui subiront de plein
fouet les effets des modifications climatiques. Car là, à
l'inverse des zones tempérées, la période
végétative raccourcit quand la température augmente. Plus
préoccupants encore sont les changements dans la durée des
saisons des pluies et dans l'intensité des précipitations, qui
conditionnent les cultures. Les baisses de production dans ces zones où
les habitants vivent essentiellement de l'agriculture ont des effets ravageurs.
L'Afrique est particulièrement touchée, surtout les pays les
moins avancés, déjà très vulnérables
socialement et économiquement.
L'évolution actuelle du climat entraînera des
conséquences à grande échelle pour des
écosystèmes et occasionnera de grands bouleversements
climatiques. A cet effet, selon le quatrième rapport d'évaluation
du GIEC (2007), la variabilité du climat s'accentuera presque partout.
Comme on peut le constater, les changements climatiques en
cours auront irrémédiablement des conséquences sur la vie
des hommes et les activités qu'ils mènent. A ce niveau, les
activités agricoles semblent les plus vulnérables car
étant très tributaires du climat. Or, le secteur de l'agriculture
emploie, selon le rapport de la banque mondiale (2007) 1,3 milliard de petits
paysans et constitue le principal moyen de subsistance pour 86% des populations
rurales à travers le monde. L'agriculture est donc devenue un secteur
stratégique pour l'économie de nombreux pays du monde et plus
particulièrement des pays en voie de développement. A cet effet,
elle contribue à:
- 5% de croissance économique des pays
développés ;
- 7% de croissance économique des pays en
mutation ;
- 32% de la croissance des pays d'Afrique subsaharienne
Ces données démontrent que l'agriculture
constitue le principal moteur de croissance économique en Afrique
subsaharienne.
Elle a connu d'importants progrès au cours de ces deux
dernières décennies. En effet, pour faire face à une
croissance démographique soutenue au niveau mondial, il a fallu
développer de nouvelles techniques de production agricole. C'est dans ce
contexte que l'agriculture irriguée a été mise à
contribution pour faire face aux besoins alimentaires. De nos jours, la FAO
(2007) dans son rapport sur la situation de l'agriculture mondiale estime que
277 098 000 ha de terres sont irrigués à travers le
monde.
Face à l'insécurité alimentaire et aux
aléas climatiques, les pays d'Afrique subsaharienne ont également
développé les cultures irriguées avec un accent
particulier pour les cultures maraîchères qui, au fil des
années ont pris de l'ampleur et s'imposent aujourd'hui comme une
véritable activité génératrice de revenus majeure.
Un pays comme le Burkina Faso, selon les Statistiques de la
Direction Générale des Prévisions et des Statistiques
Agricoles (DGPSA) du ministère de l'agriculture, comptait au cours de la
campagne maraîchère 2004 - 2005, 170 873 maraîchers
dont 127 127 hommes et 43 746 femmes. Ceux-ci ont emblavé
8 879 ha et produit 166 147 tonnes de produits maraîchers dont
156 636 tonnes ont été vendus. Le chiffre d'affaires
réalisé au cours de cette campagne par les maraîchers est
estimé à 14 987 384 322 F CFA.
Le maraîchage occupe de plus en plus un poids
économique assez important au niveau de l'économie du Burkina et
participe à la lutte contre la pauvreté en milieu rural
conformément aux orientations du CSLP. Avec les données
précédentes, on peut relever aussi que plus de 1% de la
population Burkinabé pratique l'activité maraîchère
et que celle - ci concerne à la fois les hommes et les femmes qui
représentent 25% des maraîchers du Burkina. Autrement dit, un
maraîcher sur quatre est du sexe féminin.
Quant au Maroc, les cultures maraîchères y
occupent une superficie de près de 250 000 ha et assurent une
production moyenne de 6 000 000 de tonnes. Elles interviennent pour 22%
dans la valeur brute des productions végétales et 17% dans
l'emploi global généré par les productions
végétales (Afrique agriculture N° 366 septembre - octobre
2008).
Les cultures maraîchères à
l'échelle mondiale ne sont pas produites dans les mêmes conditions
climatiques ni dans les mêmes conditions techniques. En effet, au niveau
des pays développés qui disposent de puissants moyens financiers
et techniques celles-ci sont pratiquées grâce à des
systèmes ultra modernes d'irrigation. Cela leur permet de produire tout
au long de l'année et d'accroître par ricochet leur
productivité.
En revanche, dans les pays en voie de développement,
l'activité maraîchère est généralement
menée aux abords des cours d'eau ou dans les bas fonds où l'on
creuse des puits traditionnels (8 à 15 m) en vue de pratiquer
l'irrigation des cultures avec des moyens techniques archaïques. Elle est
généralement menée comme activité de contre saison
compte tenu des différentes limites techniques. Malgré toutes ces
insuffisances, l'activité maraîchère demeure une importante
source de revenus pour de millions de producteurs des pays en voie de
développement.
Quelque soit le lieu géographique de production des
cultures maraîchères et les moyens techniques en présence,
le principal facteur de production indispensable reste l'eau. D'après
toujours la FAO (2007), l'agriculture représente environ 70 % de
l'utilisation d'eau mondiale, et jusqu'à 95 % dans de nombreux pays en
développement, ce qui signifie qu'elle a une incidence sur les
disponibilités comme sur la qualité de l'eau disponible pour les
autres utilisations humaines. Or, la disponibilité de la ressource eau
risque de se poser avec acuité dans les décennies à
venir.
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