3.4. Modification des précipitations en Afrique de
l'Ouest
La région Ouest africaine semble être la
région du monde qui a connu le plus fort déficit de pluies depuis
plus de 30 ans puisque la pluviosité annuelle aurait diminué de
40% entre 1968 et 1990. La situation semble ces dernières années
revenir à la normale avec toutefois une occurrence plus fréquente
de phénomènes extrêmes : périodes sèches en
saison des pluies, inondations graves à certains moments. Aujourd'hui,
les pluies s'arrêtent parfois inopinément durant plusieurs
semaines, tombent brusquement en trombes ou se prolongent anormalement.
Aucune conclusion ne peut être tirée concernant
le régime des précipitations en Afrique de l'Ouest puisque les
prévisions varient beaucoup d'un modèle à l'autre pour la
région. Certains penchent pour un retour vers une période plus
humide, d'autres au contraire pour le retour de la sécheresse.
Les fluctuations pluviométriques observées dans
la zone Afrique de l'Ouest sont aussi valables pour un pays comme le Burkina
Faso qui est sous l'influence de la mousson Ouest africaine.
Modification des précipitations au Burkina
Faso
Les manifestations des changements climatiques au niveau des
précipitations sont également perceptibles au Burkina à
travers :
- une baisse de la pluviométrie au cours des cinquante
dernières années et qui s'est accentuée au cours de la
décennie 1981-1990 qui est considérée comme la plus
sèche avec la disparition de l'isohyète 1 100 mm au sud et
l'apparition au nord de l'isohyète 300 mm ;
- les migrations des isohyètes moyennes annuelles vers
le sud ;
- la fréquence des poches de
sécheresse, etc.
Selon PANA (2003), on note globalement que la
pluviométrie moyenne annuelle au Burkina Faso, a connu une baisse
sensible comme l'atteste la carte n° 1 qui montre le déplacement
latitudinal des isohyètes moyennes vers le sud en l'espace de trois
normales (période de 30 années consécutives) 1951-1980,
1961-1990 et 1971-2000.
Carte 1: migration des
isohyètes 600mm, 800mm, 1000mm de 1951 à 2000 au Burkina
Faso
Source : PANA, 2003
Ces migrations des isohyètes moyennes annuelles ont
aussi eu pour conséquences des changements notables dans la
délimitation des domaines climatiques du pays. En effet, la comparaison
des cartes n° 2 et n° 3 montre un rétrécissement
très important du domaine soudanien entre les deux normales
précitées. Le climat soudano-sahélien (pluviométrie
annuelle < 900 mm) et le climat sahélien (pluviométrie <
600 mm) sont respectivement descendus d'environ 100 km vers le sud.
Carte
2: domaines climatiques du Burkina Faso (1951-1980)
Source : PANA, 2003
Carte 3: domaines climatiques du Burkina Faso
(1971-2000)
Source : PANA 2003
Au cours des cinq dernières années
également, la variabilité a été très forte
se traduisant par des débuts ou des fins de saison pluvieuse
précoces en certains endroits et trop tardifs en d'autres, par des
poches de sécheresses fréquentes en cours de saison. Cette
situation a plutôt renforcé la pluviométrie de la
moitié nord du pays tout en réduisant celle de la partie sud du
pays sans toutefois bouleverser l'allure générale du gradient
sud-nord de la répartition spatiale générale de la
pluviométrie.
Cette forte variabilité de la pluviométrie a
nettement réduit en définitive la quantité globale de la
pluviométrie annuelle tout en compliquant sa gestion pour les besoins de
l'agriculture pluviale (SP/ CONNED 2008).
Les différents modèles climatiques
prévoient une tendance à la baisse de la pluviométrie au
niveau du Burkina. Cette hypothèse confirmerait en fait les grandes
tendances annoncées au niveau mondial et aura des répercussions
énormes sur l'agriculture irriguée et plus
particulièrement les cultures maraîchères.
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