A- L'analyse des procédures de mise en place des
crédits
Cette analyse s'articule autour de quatre points que sont : la
conception
des produits de prêts et la diversification du portefeuille
de crédit. 1- La conception des produits de crédit
Au PADME, le service marketing est responsable de la
conception et du développement des nouveaux produits. Au cours de la
période de 2002 à 2006 deux produits ont été
crée, notamment les crédits de montant supérieur à
cinq (5) millions et le crédit immobilier. Ces deux produits sont
nés à la suite des besoins exprimés par les clients ayant
obtenu plusieurs fois le plafond de prêt et éprouvant le
désir de se réaliser. Ces besoins ont été
révélés par les clients du PADME au cours de la recherche
conduite pendant la formation dispensée par MicroSave - Africa du 21
octobre au 01 novembre 2002. En 2003, le PADME y a accédé et les
premiers crédits de montant supérieur à 5 millions ont
été octroyés. En 2004, ce fut le tour des crédits
immobiliers.
Cette réaction prompte du PADME montre au prime
à bord ses capacités à répondre aux besoins
exprimés par ses clients et à saisir les opportunités du
moment.
Ainsi, mis à part le besoin exprimé par les
clients, des entretiens que nous avons eus avec les différents
responsables en charge des services marketing, de crédit, de gestion des
risques, et des ressources humaines, il ressort qu'aucune autre étude
n'a pris en compte les aspects relatifs à la rentabilité des
produits et la formation du personnel crédit à acquérir
les aptitudes nécessaires à l'introduction de ces produits. Aucun
test pilote n'a été réalisé. L'introduction des
produits dans ces conditions a eu pour conséquence l'insatisfaction des
clients. Un an après le lancement du crédit immobilier, ils
désapprouvent les taux d'intérêt qu'ils trouvent
exorbitants13.
13 Etude de satisfaction des clients et des
problèmes de remboursement du crédit immobilier
réalisé en 2005 par le PADME et Planet Finance.
Par exemple pour un crédit de dix millions à
rembourser sur cinq (5) ans, l'intérêt sur prêt est de cinq
(5) millions auquel il faut ajouter les frais d'assurance et de
décès. De même, ils estiment les montants accordés
faibles par rapport leur besoin réel. Cette insatisfaction est une
explication des indicateurs de qualité de portefeuille qui ont
affiché une tendance à la hausse largement au dessus des normes
requises.
La formation qui n'a pas suivi la création de ces
produits a eu aussi un effet négatif. De tout le personnel
interrogé sur leur capacité à analyser les dossiers selon
les différents produits du PADME, le crédit immobilier vient en
3ème position. Cette information a été
révélée à la question de savoir quel est le
degré de facilité à analyser les dossiers en fonction des
produits. Les chargés de prêts affirment mieux analysés
respectivement les crédits individuels ( 81%) ,de groupe (69%) ,
immobiliers (42%) , de groupement ( 31%) et de relais (54%) . Ces taux
indiquent pour chaque position le pourcentage le plus élevé.
C'est ainsi que le crédit immobilier a eu le pourcentage le plus
élevé à la position 3. Cette position avant celle du
crédit groupement et relais pourrait s'expliquer par le fait que le
montage des dossiers du crédit relais a été confié
dans un premier temps à un nombre restreint du personnel, avant qu'il ne
soit autorisé pour tous les chargés de prêts. Les autres
agents l'ont placé en dernière position parce que pour la plupart
ils n'ont jamais fait son montage. Il en est de même pour le
crédit groupement que certains agents retrouvent rarement.
Quant aux crédits de montants supérieurs
à cinq millions, le personnel déclare en majorité avoir
plus de difficulté pour le montage de leurs dossiers comparativement aux
montants inférieurs. Plus le montant est élevé, plus le
personnel a des difficultés à monter les dossiers. Pour la
facilité à monter les dossiers, au niveau des chargés de
prêts le montant inférieur ou égal à 2.000.000 FCFA
a été placé en première position avec 81%, suivi
des
montants de plus de 2000.000 FCFA et inférieur ou
égal à cinq millions avec 78,6% à 5000.000 FCFA, la
3ème position est occupée par les montants de plus de
5.000.000 FCFA avec également 78,6% ; ce, malgré le fait qu'un
client qui sollicite un montant supérieur à 5 millions
possède en général plusieurs historiques positifs avec la
structure.
Toutes ces affirmations des responsables du PADME,
chargés de prêts et chefs d'agence et de bureaux viennent
expliquer et donner des éléments de réponse à la
dégradation du portefeuille de crédit immobilier, de la
comparaison faite des indicateurs PAR et taux de perte sur crédits de
montant supérieur et inférieur à cinq millions.
Après cette présentation, une analyse critique peut être
aussi faite du produit de groupe bien qu'étant conçu avant
2002.
Les crédits de groupe
Les crédits de groupes sont accordés en caution
solidaire à trois personnes ayant chacune une micro entreprise et qui se
portent solidairement responsables de la défaillance de l'une ou
l'autre. Chaque membre du groupe reçoit le même montant de
crédit.
Cette approche a pour avantage de permettre à une
couche de la population défavorisée qui ne possède pas de
garanties réelles d'avoir accès aux produits du PADME. La notion
de groupe se présente comme une approche positive de prévention
et de gestion de la défaillance par l'utilisation de la pression des
membres, les uns sur les autres pour assurer une bonne utilisation et un bon
remboursement du crédit.
Cependant ce produit comporte une faiblesse au niveau d'une de
ses caractéristiques à savoir le montant accordé. En
effet, les trois personnes empruntent le même montant
évalué sur la base du niveau d'activité le plus bas. Dans
un tel contexte, il va s'en dire que si les trois clients n'ont pas le
même niveau d'activité, deux des trois clients
sont sous-financés et ne seront pas satisfaits des montants
accordés. C'est ce que confirme l'étude d'impact
réalisée par le PADME en 2002 qui montre que les clients de
groupe sont ceux qui se plaignent le plus du montant de crédit. Ce fait
est confirmé davantage par les recherches de KAMALAN (2006) sur le PADME
qui montre qu'à 83% ce sont les clients de cautions solidaires qui
jugent les montants de crédit « trop peu ».
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