2. La règlementation des hedge funds
Les hedge funds ou fonds spéculatifs sont des
acteurs financiers dont l'activité est le placement de capitaux pour le
compte d'investisseurs privés et surtout d'investisseurs institutionnels
(fonds de pension, compagnies d'assurance...). Le nombre de hedge
funds a été multiplié par trois entre 2000 et 2007,
et ceux-ci ont géré pour plus de 1860 milliards de dollars en
2008 (Aglietta, Khanniche & Rigot, 2010). La plupart d'entre eux sont
domiciliés aux Etats-Unis et n'obéissent à aucune loi
fédérale régissant la finance. Selon Aglietta et alii, les
hedge funds sont créateurs de risque systémique en
réagissant de manière mimétique et disproportionnée
aux situations de stress sur les marchés financiers, qui ont
contribué à la dernière crise financière. Par
l'utilisation de la titrisation (notamment en spéculant sur des CDO et
en se couvrant du risque par des CDS) et de forts effets de leviers, les hedge
funds sont vulnérables aux cycles financiers et subissent
d'importantes pertes en cas de retournement du marché
(pour illustrer la propagation du risque, voir le schéma de l'Annexe 3,
p. 93). Et, lorsque les fonds proviennent de banques ou de fonds de pension, un
hedge fund en faillite peut entrainer une banque dans sa chute : cela s'est
produit avec la banque new-yorkaise Bear Stearns.
De ce constat accablant, il apparaît nécessaire
une profonde remise en cause du rôle des hedge funds, en
instaurant une règlementation efficace. Les banques d'investissement
subissent le risque de leurs placements auprès des hedge funds,
dont l'opacité est une des principales caractéristiques : il n'y
a aucune incitation règlementaire à révéler les
stratégies de placement, de même que les risques inhérents.
Comme la supervision des hedge funds est quasi-inexistante, ils ne
subissent pas de restriction en matière de transparence des actifs, ni
dans l'ampleur des leviers autorisés.
Tableau 3: Les « hedge funds » (fonds
d'investissement, fonds de couverture)
Les hedge funds sont des organismes financiers
spécialisés dans le portage de risques dont certains
opérateurs souhaitent se défaire. Ces fonds sont
spécialisés dans des opérations spéculatives dans
lesquelles le risque pris va de pair avec des rendements élevés,
partagés entre financeurs et opérateurs.
Les hedge funds privilégient la gestion
alternative, plus rémunératrice mais plus risquée (par
opposition à la gestion indicielle, calquée sur
le CAC 40 par exemple). Ils agissent sur les marchés à terme,
mais aussi lors d'opérations d'arbitrage sur taux de change, sur des
ventes à dévouvert (short sell), c'est-à-dire sur
des titres que l'opérateur ne possède pas.
Les hedge funds ont subi de lourdes pertes lors de la
crise des subprimes, certains d'entre eux faisant
faillite, entrainant la suppression de millions de dollars
d'épargne.
D'après Alternatives Economiques (H-S, 2009)
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Selon Aglietta et alii, la règlementation
existante a montré ses failles lors de la dernière crise
financière. Il importe donc d'approfondir la réglementation des
hedge funds, notamment en limitant les possibilités de leviers
: en effet, les hedge funds (et les banques qui leur prêtent les
fonds) s'exposent à des risques considérables lors
d'opérations impliquant des gains ou des pertes qui peuvent atteindre
plusieurs dizaines de fois les montants engagés. Au delà, c'est
l'ensemble du système permissif instauré par la titrisation et
les produits dérivés qui doit être repensé et
règlementé (comme nous l'avons vu précédemment). Il
convient en outre de forcer les dirigeants de hedge funds à
s'enregistrer et déclarer leurs activités auprès d'une
autorité de régulation ; mais aussi d'inciter à la
transparence des actifs, des leviers de placements (limites précises et
chiffrées des
leviers), des risques qui sont liés, tout en veillant
à ne pas violer le secret bancaire. Les auteurs précisent que
cela ne sera efficace qu'en parallèle à une règlementation
des paradis fiscaux (ce que nous verrons dans la sous-partie 5.) Enfin,
même si les coûts de mise en place d'une telle régulation
des hedge funds peuvent paraître considérables, une
analyse coût avantage intégrant le gain de transparence pour les
marchés (condition indispensable à leur efficience),
révèle l'intérêt de la réglementation.
Nous avons donc montré la nécessaire
régulation des hedge funds, par une règlementation
efficace. Cela permettrait d'éviter les faillites à cause de
prises de risque démesurées, et de favoriser la stabilité
financière internationale en limitant le risque systémique. Mais
au delà de la régulation et la règlementation des acteurs,
qui est nécessaire, il faut encourager l'émergence de nouveaux
acteurs de la finance internationale, qui provoquent moins de
déséquilibres. Cela amène à repenser le
Système Financier International, et en particulier favoriser les
investisseurs de long terme.
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